Dictionnaire M. Bescherelle
Substantif masculin [Du latin sanctuarium, du radical sanctus, saint]
Nom donné, chez les Juifs à la partie la plus secrète et la plus intime du temple de Jérusalem, dans laquelle était l'arche d'alliance et où le seul grand
prêtre pouvait entrer et seulement une fois l'an, au
jour de l'
expiation solennelle.
Sanctuaire :
Chez les chrétiens, endroit d'une
église où est le maître-autel, et qui est ordinairement enfermé d'une balustrade.
Un beau
sanctuaire. Il se réfugia dans le
sanctuaire de telle
église.
Les pénitents demeuraient autrefois prosternés aux portes des temples
sacrés, avant que d'oser approcher du
sanctuaire. (Fléch.)
Loin d'ici cette piété d'imitation et de complaisance qui porte dans le
sanctuaire des vux intéressés et
profanes.
(Fléch.)
Il est indécent à des sujets de paraître sans pudeur au pied du
sanctuaire devant lequel les princes et les rois eux-mêmes s'anéantissent. (Mass.)
Faut-il que le
sanctuaire lui-même devienne presque toujours l'asile d'une passion si méprisable ? (Mass.)
Hélas ! le
sanctuaire devrait être l'asile de la paix ; mais l'ambition est entrée même dans le lieu saint. (Mass.)
Retirons-nous à l'ombre salutaire
Du redoutable sanctuaire.
(Racine)
Ne nous endormons pas sur la foi de nos prêtres,
Au pied du sanctuaire il est souvent des traîtres.
(Racine)
Sanctuaire : Par analogie
Lieu le plus saint d'un temple même des païens. La Pythie rendait ses oracles du fond du
sanctuaire.
Le
sanctuaire d'un temple chinois.
Sanctuaire :
Jean-Baptiste Rousseau dit du
ciel :
Qui pourra, grand Dieu, pénétrer
Ce sanctuaire impénétrable
Où tes saints inclinés, d'un il respectueux,
Contemplent de ton front l'éclat majestueux ?
Sanctuaire :
Eglise, sacerdoce.
Les droits, les prérogatives du
sanctuaire.
Sanctuaire : Figuré
La justice s'est construit un
sanctuaire éternel et incorruptible dans le cur du sage Michel Le Tellier. (Bossuet)
Il crut qu'il fallait cacher honorablement dans le sein des pauvres comme dans un
sanctuaire vivant, les trésors cachés qu'il retirait du
sanctuaire même. (Mass.)
Que le
feu de la volupté ne
profane jamais, ô mon
Dieu, un
sanctuaire
que vous vous êtes réservé. (Mass.)
Sanctuaire : Figuré
Lieu spécialement consacré à une chose. C'est en ce sens que l'on dit : le
sanctuaire des arts.
Le
sanctuaire des lois, de la justice. Cette maison est le
sanctuaire de l'honneur, de la vertu.
Ne croyez pas que M. de Lamoignon fût entré sans vocation dans le
sanctuaire de la justice. (Fléch.)
Il est entre la terre et la voûte des cieux,
Un sanctuaire auguste où le maître des dieux
A disposé les plans de ses vastes ouvrages.
(Del.)
Sanctuaire :
En parlant du Louvre, Thomas a dit :
C'est le palais des arts, c'est le séjour sacré ;
Ils s'y rendent en foule, et dans ce sanctuaire
Chaque art a son génie et son dieu tutélaire.
Sanctuaire :
Il a un sens bien délicatement rendu dans ces vers de Baour-Lormian :
Il voit Elma dans toute sa beauté
Et toute nue : une main tutélaire
Des doux plaisirs cache le sanctuaire.
Sanctuaire :
Nom donné autrefois aux linges qu'on faisait
toucher aux tombeaux des saints et qu'on plaçait ensuite avec respect dans les
églises comme des
reliques. Cet usage avait lieu pour ne pas séparer les ossements des saints.
Peser quelque chose au poids du sanctuaire :
Proverbe
Le peser à un poids juste et exact. Cette expression vient de ce que chez les Juifs, les
prêtres gardaient des poids de pierre qui servaient d'étalon
pour régler et étalonner tous les autres.
Cette délicatesse de conscience qui lui faisait peser toutes ses actions au poids du
sanctuaire. (Fléch.)
Faire du bien seulement pour en faire,
Etre équitable au poids du sanctuaire.
(Sénecé)
M. Bescherelle, aîné, Dictionnaire national ou Dictionnaire universel de la langue française - Volume II (G-Z) (1856), p. 1261.