Saint Denis, apôtre de la France, et premier
évêque de
Paris, fut envoyé de Rome dans les Gaules vers le milieu du IIIème siècle. On atreibue à ce saint missionnaire ou à ses
disciples (1) la fondation des
églises de
Chartres, de
Senlis, de
Meaux, de
Cologne et quelques autres qui étaient déjà florissantes dans le IVème siècle. On
lit dans les actes de St-Denis, que cet
évêque convertit un grand nombre d'idolâtres, qu'il fit bâtir une
église à
Paris, où il avait fixé son siège, et qu'il termina sa carrière
apostolique par le
martyre en l'an 272, pendant la persécution de Valérien. Grégoire de
Tours, Fortunat et les
martyrologistes d'Occident qui suivent les actes de St-Denis
(2) rapportent qu'il avait souffert une longue détention lorsqu'il périt par le
glaive avec le
prêtre Rustique et le diacre Eleuthère ses
compagnons (3) ; que les
corps des trois
martyrs furent jetés dans la Seine ; mais qu'une chrétienne, nommée
Catulla, les recueillit et les enterra auprès du lieu où ils avaient été décapités. Les chrétiens bâtirent une chapelle sur leur tombeau. On
lit dans Grégoire de
Tours que sainte Geneviève fit élever en 469 une
église sur les ruines de cette chapelle ; que les fidèles la visitaient avec une grande dévotion, et qu'elle était située hors des murs de
Paris, quoiqu'elle n'en fût pas éloignée. Il paraît, par une donation de
Clotaire II, qu'à cette
église était réunie une communauté
religieuse gouvernée par un abbé.
Suivant plusieurs auteurs, ce n'est pas à St-Denis, mais à Montmartre que l'apôtre de la France reçut la palme du
martyre. Frédégaire appelle cette
montagne Mons Mercore, et
Hilduin,
Mons Mercurii, d'un temple de
Mercure dont on voyait encore les ruines en 1618. Cependant,
Hilduin dit que cette
montagne était aussi appelée
Mons Martis, d'un temple de
Mars, qui était situé un peu plus bas que celui de
Mercure, et dont les restes furent détruits en 1590 pendant le siège de
Paris. Mais cette même
montagne est appelée
Mons Martyrum dans l'
histoire manuscrite des miracles de
saint Denis, qui fut composée sous le règne de
Charles le Chauve, et on croit que c'est là sa véritable
étymologie.
Flodoard, écrivain du Xème siècle, dit qu'en 944 il y avait sur la partie la plus basse de la
montagne une ancienne
église, et l'on conclut de ce passage que les
corps de l'apôtre et de ses deux
compagnons furent conservés dans une chapelle souterraine au bas de Montmartre jusqu'à ce qu'on les transférât à St-Denis. En creusant de nouvelles fondations pour agrandir les bâtiments de l'
abbaye de Montmartre, on découvrit, en 1611, sous la chapelle dite des Sts
Martyrs, une
crypte ou catacombe de 32 pieds de longueur, ayant un
autel et une
croix de pierre à l'orient. On a cru que c'était l'ancienne chapelle de St-Denis, où les chrétiens s'assemblaient pour prier
pendant les persécutions des premiers temps de l'
Eglise. C'est sur la voûte
de cette catacombe que fut bâtie avant l'an 700 une
église en l'honneur de
saint Denis.
Louis le Gros et la reine Adélaïde fondèrent en cet endroit, en l'an 1134, un
monastère de bénédictines, dont le pape Eugène III fit la dédicace en l'an 1147, étant assisté à l'
autel de saint
Bernard et de Pierre le
Vénérable. Les
religieux de St-Denis allaient tous les ans en procession à Montmartre, portant avec eux le chef du saint
martyr.
Mabillon et Félibien ont prétendu que l'apôtre des Gaules et ses
compagnons avaient souffert le
martyre à l'endroit même où fut bâtie l'
abbaye de St-Denis ; mais leurs preuves manquent de solidité. Les
corps des trois
martyrs furent portés à St-Denis, où on les conservait dans trois châsses d'
argent. De Marca attribue à Fortunat une
Vie de saint Denys que Fr. Bosquet a recueillie dans son
Hist. eccl. Gallicanæ. On a la
Chronique de saint Denys, pasteur de France, in-4°, gothique, sans date, et une
Vie de saint Denys en vers français, par Courtot,
Paris, 1629, in-4°.
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(1) Saint Materne de
Cologne, saint Fuscien et saint Victorin, saint Crépin et saint Crépinien, saint Rufin et saint Valère,
saint Lucien de
Beauvais,
saint Quentin,
saint Piat, et saint Rieul de
Senlis.
(2) Ces actes, rédigés
vers la fin du VIIème siècle, n'ont pas une grande autorité, ayant été
composés sur des traditions et sur des bruits populaires. Bosquet les a recueillis dans son
Hist. eccl. gall., et don félibien dans les preuves de son
Histoire de l'abbaye de St-Denys. On n'a plus les actes qu'avait écrits Massus,
évêque de
Paris, sous
Constance Chlore, et qui était presque contemporain de
Denys.
(3) Quelques auteurs modernes pensent que
saint Denis ne fut mis à mort que sous
Maximien Hercule, qui fit sa principale résidence dans les Gaules depuis l'an 286 jusqu'à l'an 292.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 10 - Page 437)