CHAPITRE II
Quelques exemples contemporains
Même à notre époque d'incrédulité, en plein
tourbillon de notre civilisation du
XIXème siècle, malgré
le dogmatisme de notre science et la mortelle froideur de notre
protestantisme,
il est possible, pour tout homme qui veut s'en donner la peine, de relever des
cas d'interventions, inexplicables au point de
vue matérialiste. Pour le
prouver au lecteur, je résumerai brièvement quelques exemples pris,
de côté et d'autre, dans des ouvrages récents consacrés
à ce genre de faits. J'en ajouterai un ou deux autres que j'ai eu l'occasion
d'observer personnellement.
Ces exemples plus récents présentent une particularité
remarquable : l'intervention semble presque toujours s'être produite pour
secourir ou sauver des
enfants.
Un cas intéressant s'est présenté à
Londres, il y a peu d'années : la préservation d'une vie d'
enfant
dans un terrible
incendie qui, éclatant dans une rue située non
loin de Holborn, y détruisit entièrement deux maisons. Les
flammes
avaient fait de tels progrès, avant qu'on s'en aperçût, que
les pompiers ne purent sauver les maisons. Ils parvinrent cependant à sauver
tous les habitants, sauf deux, une vieille femme qui fut asphyxiée par
la fumée avant d'être secourue et un
enfant de cinq ans environ,
dont la présence dans la maison avait été oubliée
dans ces instants de précipitation et d'affolement.
La mère était, paraît-il, une amie ou
une parente de la propriétaire et lui avait confié pour la nuit
ce petit
enfant, étant elle-même appelée à Colchester
pour une affaire. Tout le monde avait été sauvé, la maison
entière était en
flammes, quand la propriétaire se souvint,
avec une terrible angoisse, du dépôt qui lui avait été
confié. Essayer de monter jusqu'à la
mansarde où l'on avait
couché l'
enfant semblait une tentative inutile, mais un pompier résolut,
héroïquement, de faire cet effort désespéré.
Muni d'explications minutieuses concernant la position exacte de la
chambre, il
s'élança dans la fumée et dans les
flammes.
Il trouva l'
enfant et le ramena sain et sauf, mais, en rejoignant
ses camarades, il eut un singulier récit à faire. Il déclara
qu'en atteignant la
chambre, il la trouva en
flammes, la plus grande partie du
plancher s'étant déjà effondrée. Seulement le
feu
décrivait une courbe qui allait vers la fenêtre en suivant les murs.
Ce n'était ni naturel, ni explicable, et il n'avait jamais rien vu de pareil.
Le coin où couchait l'
enfant était, par suite, resté intact,
bien que les solives mêmes fussent à moitié consumées.
La terreur de l'
enfant était naturellement extrême, mais le pompier
déclara d'une façon nette et réitérée qu'en
se dirigeant vers lui, au prix des plus grands risques, il vit ce qui ressemblait
à un
ange.
C'était pour citer ses propres paroles
quelque chose de superbement blanc et argenté, se penchant sur
le lit et lissant, de la main, le couvre-pieds. Impossible de s'y tromper, disait-il
encore, car l'apparition resta visible pendant un instant, dans une lueur intense,
et, en somme, ne disparut qu'à quelques pieds de moi.
Cette
histoire présente une autre particularité
curieuse. La mère ne put dormir, cette même nuit, à Colchester,
étant tourmentée par le sentiment persistant et impérieux
qu'il arrivait quelque chose à son
enfant ; si bien qu'elle dut se lever
et rester assez longtemps en prières, demandant avec ferveur que le petit
fût préservé du danger qu'elle sentait instinctivement planer
sur lui.
Ici l'intervention était donc, évidemment,
ce qu'un chrétien appellerait l'exaucement d'une prière. Un théosophe,
exprimant la même idée en termes plus scientifiques, dirait que l'
amour
maternel, par l'intensité de son
effusion, avait constitué une
force
que l'un de nos aides invisibles avait pu employer pour sauver l'
enfant d'une
mort terrible.
Un cas remarquable, où des
enfants furent protégés
d'une manière analogue, s'est présenté sur les bords de la
Tamise, près de Maidenhead, quelques années avant l'épisode
précédent. Cette fois, le danger dont ils furent préservés
ne venait pas du
feu, mais de l'
eau. Trois petits
enfants qui habitaient, si je
ne me trompe, Shottesbrook ou les environs, avaient été emmenés
à la promenade par leur bonne, le long du chemin de halage. Ayant tourné
un coin en courant, ils rencontrèrent subitement un
cheval qui halait un
chaland et, dans l'instant de confusion qui en résulta, d'eux d'entre eux
se trouvèrent pris par la corde et jetés à l'
eau.
Le batelier,
voyant l'accident, s'élança pour
leur porter secours. Or, il remarqua qu'ils surnageaient, suivant son expression,
« d'une manière pas du tout naturelle », et qu'ils se dirigeaient
tranquillement vers la berge. Ni lui, ni la bonne n'en virent davantage, mais
chacun des
enfants déclara « qu'une belle personne, toute blanche
et toute brillante », s'était tenue près d'eux dans l'
eau
et les avait soutenus et dirigés vers le bord. Or, leur récit se
trouva corroboré, car la petite fille du batelier, qui était sortie
bien vite de la cabine en entendant les cris de la bonne, affirma, elle aussi,
avoir vu dans 1'
eau une belle
dame qui tirait les deux
enfants vers la berge.
Sans détails plus complets que ceux donnés
par cette
histoire, il est impossible de dire d'une manière certaine à
quelle catégorie d'aides appartenait « l'
ange » en question. Il
est probable, cependant, que c'était un être humain développé,
fonctionnant dans le
corps astral, comme nous le verrons en étudiant notre
sujet sous son autre face, pour ainsi dire, et nous plaçant plutôt
au point de
vue des aides qu'à celui des personnes secourues.
Un cas, où la nature de l'intervention se reconnaît
plus nettement, est rapporté par le clergyman bien connu Dr John Mason
Neale. Voici son récit :
« Un homme, ayant perdu récemment sa femme,
vint, avec ses petits
enfants, faire un séjour dans la maison de campagne
d'un ami. C'était un vieux manoir, de construction irrégulière.
Dans le sous-sol se trouvaient de longs corridors obscurs, où les
enfants
jouaient avec délices. Mais voilà qu'ils remontèrent, très
graves, à l'étage supérieur, et deux d'entre eux racontèrent
qu'en courant dans un de ces corridors ils avaient rencontré leur mère.
Elle leur dit de revenir sur leurs pas, puis disparut. L'examen des lieux montra
que, quelques pas plus loin, les
enfants seraient tombés dans un puits
profond et découvert, qui s'ouvrait sur leur chemin. L'apparition de leur
mère les avait donc sauvés d'une mort presque certaine. »
Dans ce cas, il ne semble pas y avoir lieu de douter que
la mère elle-même ne continuât, du plan astral, à surveiller
avec
amour ses
enfants et que (de même que dans d'autres cas) son ardent
désir de les prévenir du danger où ils allaient étourdiment
se jeter ne lui eût donné le pouvoir de se faire voir et entendre,
ou peut-être d'imprimer simplement sur leur mental l'idée qu'ils
l'avaient
vue et entendue. Il est possible, évidemment, que l'aide ait
pu être une personne différente, ayant pris l'apparence familière
de la mère pour ne pas faire peur aux
enfants. Pourtant l'hypothèse
la plus simple est d'attribuer l'intervention à un
amour maternel toujours
en éveil et que le passage à travers le portail de la mort n'avait
pu altérer.
L'
amour maternel, un des sentiments humains les plus saints
et les moins égoïstes, est aussi un des plus persistants sur les plans
supérieurs. Une mère qui se trouve dans les régions inférieures
du plan astral et, par suite, encore à portée de la terre, continue
à s'intéresser à ses
enfants et à veiller sur eux
tant qu'il lui est possible de les voir. Bien plus, ces petits êtres, même
après son entrée dans le monde céleste, continuent à
occuper la première place dans ses pensées. L'immense
amour qu'elle
prodigue aux images qu'elle s'y forme de ses
enfants constitue un puissant dégagement
de
force spirituelle, qui se répand sur ses
enfants encore engagés
dans les luttes du monde inférieur et les entoure de centres vivants d'énergie
bienfaisante qu'on peut très bien se représenter comme de véritables
anges gardiens. On en trouvera un exemple dans notre ouvrage
Le
Plan mental, page 88.
Il n'y a pas longtemps, la petite fille d'un de nos
évêques
anglais, étant sortie à pied, avec sa mère, dans la ville
où elles habitaient, l'
enfant traversa, en courant, une rue et fut renversée
par les
chevaux d'une voiture qui, tournant un coin, arriva brusquement sur elle.
La
voyant sous les pieds des
chevaux, sa mère s'élança vers
elle, s'attendant à la trouver grièvement blessée, mais l'
enfant
se releva, toute gaie, en disant : « Je n'ai pas le moindre mal, maman !
car une chose toute blanche a empêché les
chevaux de me marcher dessus
et m'a dit de ne pas avoir peur ».
Un cas qui s'est présenté dans le comté de Buckingham, aux environs de Burnham Beeches, est remarquable par le temps prolongé
pendant lequel semble avoir persisté la manifestation physique de l'
agent sauveteur. On aura vu que, dans les exemples cités jusqu'ici, l'intervention n'a duré que quelques instants. Dans ce cas-ci, au contraire, il s'est produit un phénomène qui semble avoir duré plus d'une demi-heure.
Deux des jeunes
enfants d'un petit fermier avaient été laissés à leurs
jeux pendant que leurs parents et tout leur personnel
étaient à moissonner. Ils partirent pour se promener dans les
bois, s'éloignèrent considérablement de la maison, puis trouvèrent
moyen de se perdre. Les parents, en rentrant fatigués à la tombée de la nuit, s'aperçurent de l'absence des
enfants et, après avoir
été aux renseignements dans quelques maisons voisines le père envoya à leur recherche, dans différentes directions, des domestiques et des ouvriers.
Leurs efforts, cependant, furent inutiles. Personne ne répondit à leurs appels. Ils venaient de se retrouver à la ferme, assez découragés, quand tous virent une lumière étrange qui traversait lentement, à quelque distance de là, des champs touchant à la route.
C'était, suivant eux, une masse sphérique considérable, d'une lueur chaude et dorée, ne ressemblant en rien à la lumière
d'une lampe ordinaire. Elle se rapprocha, et l'on aperçut les deux
enfants absents, marchant d'un pas soutenu au milieu d'elle. Le père et quelques
autres personnes se mirent immédiatement à courir vers la lumière. L'apparence persista jusqu'à ce qu'ils l'atteignissent, mais, au moment
où ils mirent la main sur les
enfants, elle s'évanouit, les laissant dans l'obscurité.
Les
enfants racontèrent qu'à nuit close ils avaient erré, en pleurant, dans les
bois et qu'ils avaient fini par se
coucher, pour dormir, sous un
arbre. Ils furent réveillés, dirent-ils, par une belle
dame tenant une lampe, qui les prit par la main et les ramena chez
eux. Quand ils la questionnaient, elle souriait, mais sans jamais prononcer un seul mot. Tous deux persistèrent dans cet étrange récit,
sans qu'il fût possible d'ébranler leur foi dans ce qu'ils avaient vu. Un point est à remarquer, cependant. Tous les assistants virent la
lumière et constatèrent qu'elle éclairait les
arbres et les haies sur lesquels elle tombait, absolument comme l'aurait fait une lumière
ordinaire, mais la forme de la
dame ne fut visible que pour les
enfants.