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La vraie langue celtique et Le Cromleck de Rennes-les-Bains

Henri Boudet
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CHAPITRE II
LANGUE HÉBRAÏQUE

IV - Abraham et les Patriarches

      Le grand Abraham appartenait à la lignée d’Heber et l'Ecriture Sainte a soin de l'appeler Abram hébreu, accusant par là l'importance attachée à ce titre. Abram, premier nom de ce patriarche, est le précis exact et fidèle des ordres reçus de Dieu. Le Seigneur lui avait dit : « Sortez de votre pays, de votre parenté et de la maison de votre père et venez en la terre que je vous montrerai.

      Je ferai sortir de vous un grand peuple, je vous bénirai, je rendrai votre nom célèbre et vous serez béni.

      Je bénirai ceux qui vous béniront, et je maudirai ceux qui vous maudiront ; et tous les peuples de la terre seront bénis en vous. Abram [57] sortit donc comme le Seigneur le lui avait ordonné, et Loth le suivit. » (31)

      Les hébraïsants traduisent Abram par le père illustreab-ram, et Abraham par le père illustre d'une multitude – ab-ram-a-mon. Cette explication paraît un peu obscure quoique déterminée par un fait de tous points conforme à la vérité.

      Abram, d'après les ordres divins, devait porter ses pas dans une terre étrangère qui lui serait montrée par Dieu. Abandonnant le sol natal, sa parenté et la maison de son père, il devenait en réalité un étranger pour les habitants des pays qu'il traversait, il imitait le voyageur errant, allant çà et là, en attendant que le lieu de son séjour fut fixé avec certitude, – to ape (épe) imiter, – to err, errer, aller çà et là, ham, jambe – aperrham. L'expression arabe, berrani, étranger et le terme Kabyle aberrani, signifiant aussi étranger, viennent confirmer cette interprétation du premier nom d'Abram.

      Obéissant à la parole du Seigneur, Abram parcourut le pays de Chanaan ; il dut le quitter bientôt à cause de la famine qui sévissait dans la contrée : il se retira en Egypte, toujours protégé d'une manière visible, et, après y être demeuré [58] quelque temps, il revint dans le pays de Chanaan, avec sa femme et tout ce qu'il possédait. Il était fort riche ; l'or et l'argent abondaient dans sa tente. Lot accompagnait Abram, et lui aussi avait des troupeaux de brebis et des troupeaux de bœufs.

      Une querelle s'étant élevée entre les pasteurs de Lot et d'Abram, celui-ci dit à son neveu : « Qu'il n'y ait point, je vous prie, de dispute entre vous et moi, entre vos pasteurs et les miens, parce que nous sommes frères. Vous avez devant vous toute la terre : retirez-vous, je vous prie, d'auprès de moi ; si vous allez à la gauche, je prendrai la droite ; et si vous choisissez la droite, j'irai à la gauche. » (32)

      Cette circonstance de la vie d'Abram valut à son neveu le nom de Lot – to lot, diviser en lots, en portions. – Lot choisit le pays qui lui parut le plus fertile et vint s'établir dans Sodome.

      Les habitants de cette ville et des cités voisines, livrés aux excès de la débauche la plus éhontée, avaient irrité contre eux la justice divine. Par un jugement d'une équité redoutable, le seigneur avait condamné à la destruction par le feu et les habitants de Sodome et le sol lui-même qu'ils avaient souillé – sod, le sol, – to doom (doum) juger, condamner. [59]

      Cependant Lot était juste et Dieu ne voulait pas l'envelopper dans la punition des coupables. Deux anges lui furent envoyés pour l'entraîner hors de ce lieu maudit. Le récit des Livres Saints nous donnera la raison pour laquelle la petite cité où Lot trouva refuge, a porté dans la suite le nom de Segor.

      A la pointe du jour, les anges pressaient Lot de quitter la ville en lui disant : levez-vous, emmenez votre femme et vos deux filles, de crainte que vous ne périssiez vous-même dans la ruine de la Cité.

      Voyant qu'il différait toujours, ils le prirent par la main et emmenèrent aussi sa femme et ses deux filles, car le Seigneur voulait le sauver. Ils le conduisirent ainsi hors de la ville et lui dirent : sauvez votre vie, ne regardez point derrière vous et ne vous arrêtez point dans le pays alentour, mais sauvez-vous sur la montagne, de peur que vous ne soyez enveloppé dans la destruction.

      Lot leur répondit : Seigneur, puisque votre serviteur a trouvé grâce devant vous, et que vous avez montré envers lui votre grande miséricorde en sauvant ma vie, voyez, je vous prie, que je ne puis me sauver sur la montagne, car le danger peut me surprendre auparavant et me faire périr. [60]

      Mais il y a là, tout près, une ville dans laquelle je puis me réfugier ; elle est petite et je m'y sauverai ; vous savez qu'elle n'est pas grande ; et elle me sauvera la vie.

      L'ange lui répondit : j'accorde encore cette grâce à la prière que vous me faites de ne pas détruire la ville pour laquelle vous me parlez. Hâtez-vous et sauvez-vous parce que je ne pourrai rien faire jusqu'à ce que vous y soyez entré. C'est pour cela qu'on a donné à cette ville le nom de Segor. Le soleil s'élevait sur la terre, lorsque Lot entra dans Segor. » (33)

      La pensée essentielle se dégageant de ce récit peut se traduire ainsi : les anges pressaient Lot de quitter Sodome, car approchait l'heure fixée pour le châtiment, et Lot, de son côté, alléguant sa faiblesse, cherchait à retarder cette heure de l'expiation suprême. Il a fallu qu'un ange le prit par la main, le forçant ainsi à le suivre, et alors Lot, voulant à tout prix sauver une partie des habitants de la région, demanda à se réfugier dans la petite ville nommée Segor : sa prière fut écoutée ; mais, dit encore l'ange, hâtez vous !

      Cette insistance de l'ange à répéter que l'heure était pressante est parfaitement reproduite dans Ségor – to say () répéter, to egg, pousser, exciter, – hour (haour) heure, moment. [61]

      Lot était en sûreté dans Segor, « et le Seigneur fit descendre du ciel une pluie de souffre et de feu sur Sodome et Gomorrhe. (34) » Gomorrhe nous dévoile la transformation de la belle vallée en un marais aux eaux stagnantes to come (keume) devenir, – moor (mour) un marais. Les eaux de ce lac semblent empoisonnées : elles ont une telle densité que le corps humain ne peut s'y enfoncer complètement ; leur amertume est extrême et le sel dont elles sont saturées les rend pesantes à ce point que le vent le plus impétueux semble impuissant à leur communiquer quelque mouvement. Les rives présentent une affreuse aridité ; le regard n'y rencontre point le vert feuillage des arbres pour s'y reposer. L'image de la désolation y est peinte partout ; la malédiction divine est passée dans la vallée.

      « Plusieurs voyageurs, entre autres Troïlo et d'Arvieux, disent avoir remarqué des débris de murailles et de palais dans les eaux de la mer Morte. Ce rapport semble confirmé par Maundrell et le père Nau. Les anciens sont plus positifs à ce sujet ; Josèphe, qui se sert d'une expression poétique, dit qu'on aperçoit au bord du lac les ombres des cités détruites. Strabon donne soixante stades de tour aux [62] ruines de Sodome. Tacite parle de ces débris : comme le lac s'élève ou se retire selon les saisons, il peut cacher ou découvrir tour à tour les squelettes des villes réprouvées. » (35)

      Quelques années avant ces événements redoutables, Abram qui était sans postérité, fut prié par Saraï d'épouser Agar sa servante, afin d'accomplir les promesses divines. Mais Agar, peu reconnaissante, commença à mépriser sa maîtresse : celle-ci indignée de son insolence, se plaignit d'abord à Abram et châtia Agar avec tant de sévérité, qu'elle la contraignit de prendre la fuite. Cet accident de la vie de Saraï a produit ce premier nom – to say (), raconter, – row (raou) bruit, querelle, – high (haï), violent.

      Agar, – to hag, tourmenter, harasser – to hare (hère), courir çà et là, – se rendait en Egypte par la voie du désert lorsqu'un ange lui apparut et lui ordonna de retourner à sa maîtresse et de s'humilier sous sa main. Il ajouta : « Je multiplierai votre postérité de telle sorte qu'elle sera innombrable... Vous enfanterez un fils ; et vous l'appellerez Ismaël parce que le Seigneur a entendu votre affliction. » (36) [63]
      Ismaël marque la fin des froissements produits entre Saraï et Agar ; la servante a été délivrée des mauvais traitements par sa docilité à s'humilier sous la main de sa maîtresse – to ease (ise) délivrer, to maule (mâule) froisser.

      En annonçant la naissance d'Ismaël, l'ange du Seigneur avait dit à Agar : « Ce sera un homme fier et sauvage : il lèvera la main contre tous et tous lèveront la main contre lui ; et il dressera ses tentes vis-à-vis de tous ses frères. » (37) C'est la peinture fidèle du caractère des Arabes, descendans d'Ismaël. D'une nature fougueuse et ardente, aimant avec passion la liberté et l'indépendance, ils ont toujours recherché le pillage et les aventures. Leurs tentes de peaux de chèvres les abritent à peine quelques instants et bientôt, dégageant des entraves leurs chevaux toujours sellés, ils dévorent dans une course rapide les sables brûlants du désert. Leur couverture de laine blanche jetée sur leur tête comme un voile vient les désigner au loin aux regards inquiets des voyageurs qui se hasardent à traverser leur pays aride et sans arbresto hare (hère), courir çà et là – abb, trame de laine. – Durs à la fatigue, supportant facilement la faim et la soif, dédaignant le [64] repos sur un lit moelleux, ils ont mérité le nom de Bedouins sous lequel ils sont aussi connus – bed, lit, – to wean (ouin) priver de.

      Treize ans s'étaient écoulés depuis la naissance d'Ismaël ; Dieu apparut à Abram et lui dit : « Je suis le Dieu tout puissant, marchez en ma présence et soyez parfait.

      Je ferez alliance avec vous et je multiplierai votre race jusqu'à l'infini...

      Vous ne vous appellerez plus Abram, mais Abraham, parce que je vous ai établi pour être le père d'une multitude de nations. » (38)

      Le changement opéré par Dieu même dans le nom du grand patriarche porte en entier sur la dernière syllabe d'Abram : c'est dans la composition celtique de ce nom, ham, jambe, qui est transformée en heam (him) l'enfant qui n'a pas encore vue le jour, et cet heam renferme en lui-même l'assurance de la multiplication de sa famille. Ainsi, Abram, l'étranger est devenu Abraham – to ape, imiter, – to err, aller çà et là, – heam (him), l'enfant qui n'a pas encore vu le jour, – c'est-à-dire l'étranger à la nombreuse descendance.

      Cette interprétation par la langue celtique fait aisément comprendre pourquoi les Arabes appel- [65] lent Ibrahim ce patriarche père d'Ismaël et souche de leur famille.

      Après avoir prescrit à Abraham la circoncision comme signe de son alliance, Dieu, renouvelant la promesse déjà faite d'une magnifique postérité, lui dit : « Vous n'appellerez plus votre femme Saraï, mais Sara. Je la bénirai et je vous donnerai d'elle un fils que je bénirai aussi. Il sera le père de plusieurs nations, et des roi de peuples sortiront de lui. » (39)

      Après cet ordre donné par Dieu à Abraham d'appeler sa femme Sara, l'écriture Sainte la nomme désormais Sara, qu'elle écrit Saré – to say (), dire, – to ray () rayonner. Ce rayonnement autour de Sara devait provenir de la belle postérité annoncée par le Seigneur. Abraham était alors âgé de cent ans et Sara de quatre-vingt-dix. Le Saint patriarche était fort tourmenté à la pensée que son âge et celui de sa femme seraient sans doute un bien grand obstacle à l'accomplissement de la parole divine : il croyait cependant à cette parole dans la persuasion intime que Dieu opérerait pour lui un prodige.

      Pendant qu'il était livré à ces anxiétés, Dieu lui dit encore : « Sara votre femme vous donnera [66] un fils que vous nommerez Isaac. Je ferai un pacte avec lui et ses descendans afin que mon alliance avec eux soit éternelle. » (40)

      « Sara conçut et enfanta un fils en sa vieillesse, dans le temps que Dieu lui avait prédit. Abraham donna le nom d'Isaac à son fils qui était né de Sara.

      Et il le circoncit le huitième jour selon le commandement qu'il en avait reçu de Dieu... Et Sara dit : Dieu m'a donné de sourire de joie : quiconque le saura, prendra part à mon sourire de bonheur. » (41)

      En hébreu-chaldéen, Isaac dérive du verbe tsachak, sourire de satisfaction, être félicité, et le sens est en rapport parfait avec le texte sacré. En examinant le terme Isaac dans sa composition celtique, on y découvre l'assurance infaillible de l'accomplissement des promesses divines, assurance qui doit délivrer Abraham de tous les tourments d'esprit causés par la vue d'une impossibilité naturelle – to ease (ise) délivrer, – to hag, tourmenter.

      Isaac hérita, non seulement des grandes richesses de son père, mais aussi de sa foi et de son obéissance au Seigneur. Avant leur naissance, ses deux fils Esaü et Jacob, – to jog, [67] pousser, remuer, – up (eup) en haut, par-dessus, – s'entrechoquaient dans le sein de leur mère Rebecca, et celle-ci effrayée, consulta le seigneur qui lui dit : « Deux nations sont dans votre sein, deux peuples divisés l'un contre l'autre en sortiront ; l'un de ces peuples surmontera l'autre peuple et l'aîné sera assujetti au plus jeune. » (42) L'aîné des deux enfants était velu et il fut nommé Esaü ; son frère fut appelé Jacob.

      Esaü portait aussi le nom de Seir – to say () raconter – hair (hér) poil – confirmant la remarque contenue dans les livres saints sur le poil étrange dont son corps était couvert. L'appellation d'Esaü – to haze (hèze) effrayer, – how (haou) comment de quelle manière – se rapporte à la fureur dont il fut saisi lorsque son frère Jacob après lui avoir d'abord acheté son droit d'aînesse, lui ravit la bénédiction paternelle. La haine d'Esaü devint si violente que Jacob, plein d'effroi, se vit contraint de fuir la maison paternelle et de se réfugier quelque temps chez Laban.

      C'est poussé, excité par l'insistance et les conseils de sa mère Rebecca – rape (rèpe) l'action de ravir, de transporter, – to egg, pousser, exciter – que Jacob avait consenti à se servir [68] de la ruse maternelle pour enlever la bénédiction destinée à son frère Esaü.

      Jacob passa quatorze années auprès de son oncle Laban – to lap, envelopper, entortiller, – to hand, se saisir de – avant d'épouser Rachel. Ce temps avait été pour lui un véritable temps de vexations douloureuses qu'il a voulu marquer dans le nom de Rachel – to rack, harasser, tourmenter – to ail (él) causer de la douleur.

      Les tourments multipliés subis dans la maison de Laban permettaient à Jacob de dire avec vérité à lia et à Rachel : « Vous savez que j'ai servi votre père de toutes mes forces. Il a même usé de tromperie envers moi, et a changé dix fois ce que je devais avoir pour récompense : et cependant Dieu ne lui a pas permis de me nuire. » (43)

      On sait par qu'elle suite particulière d’événements Dieu conduisit en Egypte le patriarche Jacob et ses nombreux enfants. Joseph, la joie de sa mère Rachel et l'espoir de sa fécondité, (44) to joy (djoï) se réjouir, se féliciter, safe (séfe) sauf, hors péril – avait fait donner à ses frère la partie orientale de l'Egypte, et les [69] Hébreux s'étaient multipliés à tel point que le Pharaon qui gouverna plus tard le pays, ignorant les immenses services rendus par Joseph à son royaume, résolut d'arrêter par tous les moyens cette propagation, inquiétante pour sa politique ombrageuse. Les mesures les plus iniques furent décrétées contre les enfants mâles des Hébreux qui venaient au monde, et ordre fut donné de les jeter dans les eaux du Nil. Pendant que les jeunes enfants étaient ainsi exterminés, les officiers publics accablaient les Hébreux sous le poids de travaux écrasants et rendaient leur vie tout à fait amère.


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(31)  Genèse, Chap. XII. 1-4.
(32)  Genèse, Chap. XIII. 1-9.
(33)  Genèse, Chap. XIX.
(34)  Genèse, Chap. XIX.
(35)  Itinéraire de Paris à Jérusalem, par le vicomte de Châteaubriand.

(36)  Genèse, Chap. XVI. 9-11.

(37)  Genèse, Chap. XVI. 12.
(38)  Genèse, Chap. XVII. 1-5.
(39)  Genèse, Chap. XVII. 15, 16.
(40)  Genèse, Chap. XVII. 19.

(41)  Genèse, Chap. XXI. 2-6.
(42)  Genèse, Chap. XXV. 23.

(43)  Genèse, Chap. XXXI. 6-7.
(44)  Genèse, Chap. XXX. 23. 24.




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