LÉGENDES THÉBAINES - CROYANCES POPULAIRES
Enlèvement d’Europe
Agénor,
fils de Neptune et de l'Océanide Libye, roi de
Phénicie, épousa Agriope ou Téléphassa, dont il eut une fille,
Europe, et trois fils,
Cadmus,
Phénix et Cilix.
Europe joignait à une incomparable beauté une
blancheur si éclatante qu'on la soupçonnait d'avoir dérobé le fard de
Junon. Un
jour Jupiter, épris d'
amour, la
voyant jouer sur le bord de la mer avec ses compagnes, se change en taureau, s'approche de la princesse d'un
air doux et caressant, se laisse orner de guirlandes, prend des herbes dans sa belle main, la reçoit sur son dos, s'élance dans la mer, et gagne à la nage
l'
île de Crète.
Elle arriva dans l'île par l'embouchure du
fleuve Léthé qui passait à Gortyne. Les Grecs,
voyant sur cette rivière des platanes toujours verts, publièrent que ce fut sous ces
arbres qu'eurent lieu les entrevues de Jupiter et d'
Europe. Aussi a-t-on représenté
Europe assez triste, assise sous un platane, au pied duquel est un
aigle à qui elle tourne le dos. De ses trois fils,
Minos,
Rhadamanthe et
Sarpédon, les deux premiers sont
juges aux Enfers ; le troisième, ayant voulu ravir le trône à son
frère aîné, fut obligé de sortir de
Crète, et de s'enfuir en Asie Mineure où il fonda une colonie.
Europe, après sa mort, fut considérée comme une divinité par les Crétois. Ils instituèrent même une fête en son honneur, nommée Hellotie, d'où on appela
Europe Hellotès.
Dès qu'
Agénor eut appris l'enlèvement de sa fille, il la fit chercher de tous côtés, et ordonna à ses
enfants de s'embarquer et de ne point revenir sans elle.
Leurs recherches ayant été vaines, ils ne revinrent plus dans ses Etats.
Cadmus - Fondation de Thèbes
Cadmus, l’ainé des fils d'
Agénor, étant arrivé en Grèce, consulta l'oracle de
Delphes pour savoir en quel lieu il pourrait s'établir, et reçut ordre de bâtir une ville à l'endroit où un
bœuf le conduirait. Il suivit cet ordre, et rencontra dans la
Phocide une génisse qui lui servit de guide, et qui s'arrêta dans l'emplacement où, depuis, fut bâtie la ville de Thèbes, sur le modèle de la Thèbes d'Egypte.
Avant de jeter les fondements de la citadelle, qui de son nom fut
appelée la
Cadmée, il voulut offrir un sacrifice à
Pallas. Dans cette intention, il envoya ses
compagnons puiser de l'
eau dans un
bois voisin consacré à
Mars : mais un
dragon, fils de
Mars et de
Vénus, les dévora.
Cadmus vengea leur mort en tuant le monstre, et en sema les dents, d'après le conseil de
Minerve. Il en sortit des hommes tout armés qui l'assaillirent d'abord, mais tournèrent bientôt leur fureur contre eux-mêmes, et s'entretuèrent, à l'exception de cinq qui l'aidèrent à bâtir sa ville.
Il épousa
Harmonie ou
Hermione, fille de
Mars et de
Vénus, ou, selon d'autres, fille de Jupiter et d'
Electre, une des
Atlantides. Tous les
dieux, excepté
Junon, avaient assisté à leurs noces, et leur avaient fait beaucoup de présents. Ce fut
Harmonie qui porta en Grèce les premières connaissances de l'art qui a gardé son nom. On dit aussi que c'est
Cadmus qui apprit aux Grecs l'usage des lettres, ou de l'alphabet, et leur apporta le culte de plusieurs divinités
phéniciennes.
Du
mariage de
Cadmus et d'
Harmonie naquirent un fils nommé
Polydore, et quatre filles,
Ino, Agavé,
Autonoé et
Sémélé. Toute cette famille fut extrêmement malheureuse ; d'où l'on a imaginé cette
fable :
Vulcain, pour se venger de l'infidélité de
Vénus, donna à sa fille
Harmonie un habit teint de toutes sortes de crimes ; ce qui fit que tous leurs
enfants furent des scélérats.
Harmonie et
Cadmus, après avoir éprouvé beaucoup de malheurs, par eux-mêmes et dans la personne de leurs
enfants, furent
changés en
serpents.
Antiope
Antiope, fille de Nyctéus, roi de Thèbes, fut célèbre dans toute la Grèce par sa beauté ; on la croyait même fille du
fleuve Asopus qui arrose le territoire des Platéens et des Thébains. Elle fut séduite par Jupiter métamorphosé en satyre.
Son père, s'en étant aperçu, résolut de la punir
cruellement.
Antiope, pour éviter sa colère, s'enfuit
à la cour d'
Epaphus ou Epopée, roi de
Sicyone, qui l'épousa. Nyctéus fit la guerre à ce prince ; mais, ayant été
blessé à mort, il chargea Lycus, son
frère, de punir la faute de sa fille. La mort d'
Epaphus, qui arriva bientôt après, mit fin à la
guerre, et livra
Antiope à Lycus qui la ramena à Thèbes. Ce fut en y allant qu'elle donna le
jour à deux jumeaux,
Amphion et
Zéthus, sur le mont
Cithéron.
Epousée et bientôt répudiée par Lycus, son oncle,
Antiope fut en butte à la persécution de
Dircé, seconde femme de ce prince. Jetée en prison par cette princesse cruelle et jalouse, elle s'échappa, grâce à l'intervention de Jupiter, et alla rejoindre ses deux
enfants. Par le récit de ses souffrances, elle les enflamma du désir de la venger. Ils se rendirent à main armée dans Thèbes, tuèrent Lycus et attachèrent
Dircé à la queue d'un taureau indompté qui l'emporta sur des rochers où elle fut mise en pièces. Les
dieux, touchés de son malheur, la changèrent en fontaine de son nom. On ajoute que, en punition du meurtre de
Dircé,
Bacchus, qu'elle honorait d'un culte particulier, frappa
Antiope de démence. Hors d'elle-même, elle parcourait toute la Grèce, lorsque Phocas, petit-fils de
Sisyphe et roi de Corinthe, l'ayant rencontrée par hasard, la guérit et l'épousa.
Amphion
Les fils de Jupiter et d'
Antiope,
Amphion et
Zéthus, furent
élevés par des bergers sur le Cithéron et les autres
montagnes de la
Béotie. Leurs inclinations furent différentes :
Zéthus s'adonna aux
soins des troupeaux, et
Amphion rechercha le doux commerce des Muses. Il se passionna pour la musique, et
Mercure, dont il fut le
disciple, lui donna une lyre merveilleuse.
Après le meurtre de Lycus et de
Dircé, il se rendit maître du royaume de Thèbes, avec
Zéthus, son
frère. Cette ville déjà avait bien une citadelle, la
Cadmée, mais elle était dépourvue de remparts.
Amphion lui en donna ; et c'est au son de sa lyre qu'il les construisit. Les pierres, sensibles à la douceur de ses accents, venaient d'elles-mêmes se placer les unes sur les autres. « Aux accords d'
Amphion, dit Boileau,
les pierres se mouvaient
Et sur les murs thébains en ordre s'élevaient.
L'
harmonie en naissant produisit ces miracles »
ingénieux
emblème du pouvoir de l'éloquence et de la
poésie sur les hommes primitifs, épars dans les
bois.
Niobé
Fille de Tantale et sœur de
Pélops, Niobé épousa
Amphion, roi de Thèbes, et en eut un grand nombre d'
enfants.
Homère lui en donne douze, Hésiode vingt et Apollodore quatorze, autant de filles que de garçons. Les noms des garçons étaient Sipylus,
Agénor, Phaédimus, Isménus, Ulynitus, Tantalus, Damasichton. Les filles s'appelaient Ethoséa ou
Théra, Cléodosa,
Astioché, Phthia, Pélopia, Astycratéa, ou Mélibée, Ogygia.
Niobé, mère de tant d'
enfants, s'en glorifiait, et méprisait
Latone qui n'en avait eu que deux. Elle allait jusqu'à lui en faire des reproches, et, à s'opposer au culte
religieux qu'on lui rendait, prétendant qu'elle-même méritait, à bien plus juste titre, d'avoir des autels.
Latone, offensée de l'orgueil de Niobé, eut recours à ses
enfants pour s'en venger.
Apollon et
Diane voyant un
jour, dans les plaines voisines de Thèbes, les fils de Niobé qui y faisaient leurs exercices, les tuèrent à coups de
flèches. Au bruit de cette funeste exécution, les sœurs de ces infortunés princes accourent sur les remparts, et, dans le moment même, elles se sentent frappées, et tombent sous les traits invisibles de
Diane. Enfin la mère arrive, outrée de douleur et de désespoir ; elle demeure assise auprès du
corps de ses chers
enfants elle les arrose de ses larmes. Sa douleur la rend
immobile ; elle ne donne plus aucun signe de vie ; la voilà changée en rocher. Un tourbillon de vent l'emporte en Lydie sur le sommet d'une
montagne, oü elle continue de répandre des larmes qu'on voit couler d'un bloc de marbre.
Suivant quelques auteurs, Chloris, la plus jeune des
enfants de Niobé, échappa seule à la vengeance de
Latone, et épousa plus tard Nélée, père de Nestor. Le premier nom de cette orpheline
était Mélibée : elle eut le nom de Chloris, "pâle", parce que, ne s'étant jamais remise de la frayeur que lui avait
causée la mort tragique de ses
frères et surs, elle, demeura toute sa vie d'une pâleur extrême.
Cette
fable est devenue célèbre dans les temps modernes, surtout par le groupe de Niobé et ses
enfants, aujourd'hui exposé à Florence, et qui fut découvert à Rome en 1583. Cette uvre est
attribuée à Praxitèle ou à Scopas. Il existe encore trois groupes remarquables de Niobé : à la
villa Borghèse, au
Vatican et à la
villa Albani.
Hercule, en grec Héraclès
Homère donne le nom de héros aux hommes qui se distinguent par leur
force, leur courage et leurs exploits ; Hésiode désigne spécialement par ce mot les
enfants d'un
dieu et d'une mortelle. Le type d'
Hercule répond à la fois à l'une et à l'autre de ces
conceptions.
La
légende d'
Hercule avec des variantes, des amplifications,
se retrouve chez presque tous les peuples de l'antiquité, en Egypte, en
Crète, en
Phénicie, aux Indes et même en Gaule. Cicéron compte six héros du nom d'
Hercule, Varron en compte quarante-trois. Le plus connu, celui
qu'honoraient les Grecs et les Romains, et auquel se rapportent presque tous les monuments, est incontestablement l'
Hercule Thébain, fils de Jupiter et d'
Alcmène, femme d'Amphitryon.
Thébain par sa naissance, il est cependant Argien d'origine.
Par
Alcmène et Amphitryon, il appartenait à la famille de Persée, et, du nom de son grand-père paternel
Alcée, il est très souvent
désigné sous celui d'Alcide.
Amphitryon, fils d'
Alcée et petit-fils de Persée, ayant tué, par mégarde, Electryon, roi de
Mycènes, son oncle, père d'
Alcmène, s'éloigna d'
Argus, sa patrie, et se retira à
Thèbes où il épousa sa cousine. Celle-ci mit à ce
mariage une condition, c'est qu'Amphitryon irait venger la mort de son
frère tué par les
Téléboens, habitants de petites îles de la mer Ionienne, voisines d'Ithaque. Ce fut pendant cette expédition que Jupiter vint trouver
Alcmène sous les traits d'Amphitryon, et la rendit mère d'
Hercule, nom qui signifie : Gloire d'
Hèra ou de
Junon.
En même temps qu'
Hercule Alcmène mit au monde
Iphiclus. Amphitryon, voulant savoir lequel des deux jumeaux était son fils, dit Apollodore, envoya auprès de leur berceau deux
serpents :
Iphiclus parut saisi de frayeur
et voulut s'enfuir ; quant à
Hercule, il étrangla les deux
serpents, et montra, dès sa naissance, qu'il était digne d'avoir Jupiter pour
père.
Mais la plupart des mythologues disent que ce fut
Junon qui, dès les premiers
jours d'
Hercule, donna des preuves éclatantes de la haine qu'elle lui portait à cause de sa mère, en envoyant deux horribles
dragons dans son berceau pour le faire dévorer ; mais l'
enfant, sans s'émouvoir, les prit à belles mains et les mit en pièces. La déesse se radoucit, et, à la prière de
Pallas, consentit même à lui donner de son lait pour le rendre immortel. C’est alors que le lait de la déesse, attiré fortement par
Hercule, rejaillit dans le
ciel et forma la Voie lactée.
Le jeune héros eut plusieurs maîtres : il apprit à tirer de l'arc de
Rhadamanthe, de
Castor à combattre tout armé ; le centaure
Chiron fut son maître en astronomie et en médecine ;
Linus, fils d'Isménius, petit-fils d'
Apollon, lui enseigna à jouer d'un instrument qui se touchait avec l'archet, et, comme
Hercule détonnait en touchant,
Linus l'en reprit avec quelque sévérité ;
Hercule, peu docile, ne put souffrir la réprimande, lui jeta son instrument à la tête, et le tua du coup.
Il devint d'une taille extraordinaire et d'une
force de
corps incroyable. C'était aussi un grand mangeur et un grand buveur. Un
jour, ayant faim, il tua un buf et le mangea. Pour boire il avait un gobelet énorme ; il fallait deux hommes pour le porter ; quant à lui, il n'avait besoin que d'une main pour s'en servir lorsqu'il le vidait.
L'apologue de Prodicus, reproduit par Xénophon, mérite d'être ici raconté :
«
Hercule, étant devenu grand, se retira en un lieu
à l'écart, pour penser à quel genre de vie il se donnerait : alors lui apparurent deux femmes de grande stature, dont l'une fort belle, qui était la
Vertu, avait un visage majestueux et plein de dignité, la pudeur dans les yeux, la modestie dans tous ses gestes, et la robe blanche. L'autre, qu'on appelle la
Mollesse ou la
Volupté, était dans un grand embonpoint et d'une
couleur plus relevée : ses regards libres et ses habits magnifiques la faisaient connaître pour ce qu'elle était. Chacune des deux tâcha de le gagner par ses promesses. Il se détermina enfin à suivre le parti de la Vertu, qui se prend ici pour la Valeur. » On voit, sur une médaille,
Hercule assis entre
Minerve et
Vénus ; l'une, reconnaissable à son casque et à sa pique, est l'image de la Vertu ; l'autre, précédée de
Cupidon, est le
symbole de la Volupté.
Ayant donc embrassé, de son propre choix, un genre de vie
dur et laborieux, il alla se présenter à Eurysthée, roi de
Mycènes, sous les ordres de qui il devait entreprendre ses combats et ses travaux, par le sort de sa naissance.
Eurysthée était le fils de
Sthénélus et de
Micippe, fille de
Pélops. Jupiter ayant juré que, de deux garçons qui allaient naître, l'un fils de
Sthénélus, l'autre d'
Alcmène, celui qui le premier verrait le
jour obtiendrait l'empire sur l'autre,
Junon, qui était irritée contre
Alcmène, se
vengea sur son fils, avança la naissance d'Eurysthée, et lui procura la
supériorité sur son concurrent. Ce prince politique, jaloux de la réputation d'
Hercule, et craignant d'être un
jour détrôné, le persécuta sans relâche, et eut soin de lui donner assez d'occupations hors de ses États pour lui ôter le moyen de troubler son gouvernement. Il exerça son grand courage et ses
forces dans des entreprises également délicates et dangereuses ; c'est ce qu'on appelle les Travaux d'
Hercule. Ils sont au nombre de douze.
Le
premier est le combat contre le
lion de
Némée.
Dans une
forêt voisine de
Némée, ville de l'
Argolide, était un
lion d'une taille énorme qui dévastait le pays.
Hercule, à l'âge de seize ans, attaqua ce monstre, épuisa son carquois contre sa peau impénétrable aux traits, et brisa sur lui sa massue de fer. Enfin, après beaucoup d'efforts inutiles, il saisit le
lion, le déchira de ses mains, et avec ses ongles lui enleva la peau qui depuis lui servit de
bouclier et de vêtement.
Le
second est le combat contre l'
hydre de Lerne.
Sur le territoire d'
Argos se trouvait le lac de Lerne, dont le circuit, dit Pausanias, n'avait guère plus d'un tiers de stade. C'était donc une grande mare profonde, d'environ 62 mètres de tour. Dans cette sorte de cloaque marécageux, vivait une
hydre redoutable, monstre à plusieurs têtes. Les uns lui en donnent sept, d'autres neuf, d'autres cinquante. Quand on en coupait une, on en voyait renaître autant qu'il en restait après celle-là, à moins qu'on n'appliquât le
feu à la plaie. Le venin de ce monstre était si subtil, qu'une
flèche qui en était frottée donnait infailliblement la mort. Cette
hydre ravageait les campagnes et les troupeaux.
Pour la combattre,
Hercule monta sur son char. Iotas, son neveu, fils
d'
Iphiclus, lui servit de cocher.
Junon,
voyant Hercule près de triompher du monstre, avait envoyé au secours de l'
hydre un
cancre marin, qui le piqua au pied.
Hercule l'ayant aussitôt écrasé, la déesse le plaça parmi les astres, où il forme le signe de l'Écrevisse. L'
hydre fut tuée ensuite sans obstacle :
Hercule lui abattit toutes ses têtes d'un
seul coup.
Le
troisième consistait à tuer le sanglier d'Érymanthe.
Erymanthe est une
montagne d'
Arcadie, célèbre par
un sanglier qui en ravageait les environs.
Hercule prit ce terrible
animal vivant ; et Eurysthée,
voyant le héros porter ce sanglier sur ses épaules, fut saisi de frayeur, et alla se cacher sous une cuve d'
airain.
Le
quatrième lui assura sa victoire sur la
biche aux pieds d'
airain.
Sur les pentes et dans les vallées du
mont Ménale, en
Arcadie, se trouvait une
biche aux pieds d'
airain et aux cornes d'or, si rapide à la course, que personne n'avait pu l'atteindre. Elle donna au héros beaucoup de
peine, parce que, sachant qu'elle était consacrée à
Diane, il ne voulait pas la percer de ses
flèches. Il la poursuivit donc ardemment, et finit par la prendre au moment où elle traversait le
Ladon.
Le
cinquième fut l'extermination des
oiseaux du lac Stymphale.
En
Arcadie, sur le lac Stymphale, il y avait des
oiseaux monstrueux,
dont les ailes, la tête et le bec étaient de fer, les ongles crochus et acérés. Ils lançaient des dards de fer contre ceux qui les
attaquaient ; le
dieu Mars les avait lui-même dressés au combat. Ils étaient en si grand nombre, et d'une grosseur si extraordinaire que, lorsqu'ils volaient, leurs ailes interceptaient la
clarté du
soleil.
Hercule, ayant reçu de
Minerve des cymbales d'
airain propres à épouvanter ces
oiseaux, s'en servit pour les attirer hors du
bois où ils se retiraient, et les extermina à coup de
flèches.
Dans le
sixième, il dompta le taureau de l’île de
Crète envoyé par
Neptune contre
Minos, et l'amena à Eurysthée. Celui-ci laissa échapper ce redoutable
animal qui alla ravager la
plaine de Marathon.
Hercule dut entreprendre une nouvelle lutte contre ce taureau, et le mit finalement, à mort.
Dans le
septième, il enleva les cavales de
Diomède.
Diomède, roi de Thrace, fils de
Mars et de Cyrène, avait des
chevaux furieux qui vomissaient
feu et
flamme. Il les nourrissait, dit-on, de chair humaine et leur donnait à dévorer tous les étrangers qui
avaient le malheur de tomber entre ses mains.
Hercule prit
Diomède, le fit dévorer par ses propres
chevaux, les amena ensuite à Eurysthée, et les lâcha sur le
mont Olympe où ils furent dévorés par les bêtes sauvages.
Ce fut dans cette expédition qu'
Hercule bâtit en
Thrace la ville d' Abdère, en mémoire de son ami Abdérus que les
chevaux de
Diomède avaient dévoré.
Le
huitième des travaux d'
Hercule est sa victoire sur les
Amazones.
La nation des
Amazones, établie sur les bords et dans le voisinage du
Pont Euxin, en Asie et en
Europe, était devenue redoutable. Ces femmes guerrières ne vivaient que de pillage et des produits de leur chasse. Elles étaient vêtues de peaux de bêtes sauvages ; leur vêtement, agrafé sur l'épaule gauche et retombant jusqu'au genou, laissait à découvert toute la partie droite du
corps. Leur armure se composait d'un arc,
d'un carquois garni de
flèches ou javelines, et d'une
hache. Leur
bouclier avait la forme d'un croissant, et environ un pied et demi de diamètre. En guerre, leur reine portait un corselet formé de petites écailles de fer, attaché avec une ceinture ; toutes portaient un casque orné de plumes, plus ou moins brillantes, insignes de leur rang ou de leur dignité. Souvent elles étaient à
cheval ; mais elles combattaient aussi à pied. Avec leur reine
Penthésilée, elles étaient allées au secours de
Troie ; une de leurs reines, Harpalyce, célèbre par la légèreté de sa course, réduisit en son pouvoir toute la Thrace. Au temps d'
Hercule, elles obéissaient à la reine Hippolyte.
Eurysthée ayant commandé au héros de lui apporter la ceinture de cette princesse,
Hercule alla chercher ces guerrières, tua Mygdon et Arnycus,
frères d'Hippolyte, qui lui disputaient le passage, défit les
Amazones, et enleva leur reine qu'il fit
épouser à son ami
Thésée.
Dans le
neuvième de ses travaux, il nettoya les écuries d'
Augias.
Roi d'Elide et fils du
Soleil,
Augias, un des
Argonautes, avait des étables qui contenaient trois mille bufs, et qui n'avaient point été nettoyées depuis trente ans. Ayant appris l'arrivée d'
Hercule dans ses États, il lui proposa de les nettoyer, sous la promesse du
dixième de son troupeau. Le héros détourna le
fleuve Alphée, et le fit passer à travers les étables. Le fumier emporté, et l'
air nettoyé,
Hercule se présenta pour recevoir le prix de son travail.
Augias
hésitant, et n'osant le refuser ouvertement, le renvoya au
jugement de son fils Philée. Celui-ci décida en faveur d'
Hercule.
Son père le chassa de sa
présence, et l'obligea de se réfugier dans l'île de Dulichie.
Hercule, indigné de ce procédé, pilla la ville d'Elis, tua
Augias, rappela Philée, et lui donna les États de son père.
Dans le
dixième, il combattit Géryon, et emmena ses
bœufs. Géryon, fils de
Chrysaor et de
Callirhoé était, suivant
Hésiode, le plus fort de tous les hommes et roi d'Érythie, contrée d'Espagne, voisine de l'Océan. Les poètes venus après Hésiode en ont fait un
géant à trois
corps, qui avait, pour garder ses troupeaux, un
chien à deux têtes et un
dragon à sept.
Hercule le tua avec ses
gardiens, et emmena ses bufs.
Dans le
onzième, il enleva les pommes d'or du
jardin des
Hespérides, filles d'
Atlas.
Dans le
douzième, il retira
Thésée des Enfers.
On lui attribua bien d'autres actions mémorables ; chaque pays et presque toutes les villes de la Grèce se faisaient honneur d'avoir été le théâtre de quelque fait merveilleux de ce héros. Ainsi il extermina les
Centaures, tua
Busiris,
Antée, Hippocoon,
Eurytus,
Périclymène,
Eryx, Lycus,
Cacus, Laomédon, etc... ; il arracha
Cerbère des enfers ; il en retira
Alceste ; il délivra
Hésione du monstre qui allait la dévorer, et Prométhée de l'
aigle qui
lui mangeait le foie ; il soulagea
Atlas, qui pliait sous le poids du
ciel dont ses épaules étaient chargées ; il sépara ces deux
montagnes
depuis appelées les
Colonnes d'Hercule ; il combattit contre le
fleuve Achéloüs à qui il enleva une de ses cornes ; enfin il alla jusqu'à combattre contre les
dieux mêmes.
Homère dit que ce héros, pour se venger des persécutions que
Junon lui avait suscitées, tira contre cette déesse une
flèche à trois pointes qui la blessa grièvement. Le même poète ajoute que
Pluton fut aussi blessé d'un coup de
flèche à l'épaule, dans la sombre demeure des morts, et qu'il fut obligé de monter au
ciel pour se faire guérir par le médecin des
dieux. Un
jour qu'il se trouvait incommodé des ardeurs du
soleil, il se mit en colère contre cet
astre, et tendit son arc pour tirer contre lui. Le
Soleil, admirant son grand courage, lui fit présent d'un gobelet d'or sur lequel, dit Phérécide, il s'embarqua. (Le mot grec
Scaphos signifie à la fois une
barque ou un
gobelet.)
Enfin,
Hercule s'étant présenté aux
jeux olympiques pour disputer le prix, et personne n'osant concourir avec lui, Jupiter lui-même voulut lutter contre son fils, sous la figure d'un athlète ; et, comme,
après un long combat, l'avantage fut égal des deux côtés, le
dieu se fit connaître, et félicita son fils sur sa
force et sa valeur.
Hercule eut plusieurs femmes : les plus connues sont
Mégare,
Omphale,
Iole, Epicaste, Parthénope,
Augé, Astiochée, Astydamie,
Déjanire, et la jeune
Hébé qu'il épousa dans le
ciel, sans compter les cinquante filles de Thespius, roi d'Étolie. Combien d'
enfants laissa-t-il après lui ? La Mythologie ne les a pas énumérés. On lui en supposa un grand nombre. Et, dans la suite, beaucoup de grandes familles se firent un honneur de descendre de ce héros.
La mort d’Hercule fut un effet de la vengeance du
Centaure Nessus et de la jalousie de
Déjanire.
Cette princesse, fille d'née, roi de Calydon en Etolie, fut d'abord fiancée à
Achéloüs, ce qui excita une querelle entre ce
fleuve et le héros.
Achéloüs ayant été vaincu
dans un combat singulier, bien qu'il eût pris la forme d'un
serpent,
Déjanire fut le prix du vainqueur qui l'emmenait dans sa patrie, lorsqu'il fut arrêté par le
fleuve Evenus dont les
eaux étaient extrêmement grossies. Comme il délibérait s'il retournerait sur ses pas, le
Centaure Nessus vint s'offrir de lui-même pour passer
Déjanire sur son dos.
Hercule, y ayant consenti, traversa le
fleuve le premier : arrivé à l'autre bord, il aperçut le
Centaure qui, loin de passer
Déjanire, se disposait à l'enlever de vive
force. Alors le héros, indigné de son audace, lui décocha une
flèche trempée dans le sang de l'
hydre de Lerne, et le perça.
Nessus, se sentant mourir, donna à
Déjanire sa tunique ensanglantée, en lui disant que, si elle pouvait persuader à son mari de la porter, ce serait un moyen sûr de se l'attacher pour toujours. La jeune
épouse, trop crédule, accepta ce présent, à dessein de s'en servir à l'occasion. Peu de temps après, ayant appris qu'
Hercule était retenu en Eubée par les charmes d'
Iole, fille d'
Eurytus, elle lui envoya la tunique de
Nessus par un jeune esclave appelé Lychas, à qui elle recommanda de dire à son mari les choses les plus tendres et les plus touchantes.
Hercule, qui ne soupçonnait rien du dessein de sa femme,
reçut avec joie ce fatal présent ; mais il n'en fut pas plutôt revêtu, que le venin dont la tunique était infectée fit sentir son funeste effet. En un instant il se glissa dans les veines, et bientôt pénétra jusqu'à la mlle des os. En vain le héros essaya de se débarrasser de cette tunique ; elle s'était collée sur sa
peau et comme incorporée à ses membres. À mesure qu'il la déchirait, il se déchirait aussi la peau et la chair. Dans cet état, il pousse des cris effroyables, et fait les plus terribles imprécations contre sa perfide
épouse. Dans sa fureur, il saisit Lychas, et le lance à la mer
où il est changé en rocher.
Voyant tous ses membres desséchés et sa fin prochaine, il élève un bûcher sur le mont ta, y étend sa peau de
lion, se couche dessus, met sa massue sous sa tête, et ordonne ensuite à
Philoctète, son ami, d'y mettre le
feu et de prendre soin de ses cendres.
Dès que le bûcher fut allumé, la foudre, dit-on, vint le
frapper, et consuma le tout en un instant, pour purifier ce qu'il y avait de mortel dans
Hercule. Jupiter l'enleva alors dans le
ciel, et le plaça au rang des demi-dieux.
Quand
Déjanire eut appris la mort d'
Hercule, elle en
conçut tant de regret, qu'elle se tua elle-même. Les poètes disent que de son sang sortit une plante appelée
nymphée ou héracléon.
Philoctète, ayant élevé un tombeau sur les cendres de son ami, y vit bientôt offrir des sacrifices au nouveau
dieu. Les Thébains et les autres peuples de la Grèce, témoins de ses belles actions, lui érigèrent des temples et des autels.
Son culte fut porté plus tard à Rome, en Gaule, en Espagne et jusque dans l'île de Taprobane, aujourd'hui Ceylan.
A Rome,
Hercule avait plusieurs temples ; à
Cadix, il en avait un très célèbre, dans lequel on voyait les fameuses colonnes.
Ce héros a été peint avec une puissante musculature, des épaules carrées, un teint noir ou bronzé, un nez
aquilin, de gros yeux, la barbe épaisse, les
cheveux crépus et horriblement négligés. Sur les monuments, il paraît ordinairement sous les traits d'un homme robuste, la massue à la main, et portant la
dépouille du
lion de
Némée, quelquefois sur le bras, quelquefois sur la tête. On le trouve aussi représenté tenant l'arc et le carquois ; souvent barbu, il est assez fréquemment sans barbe.
La plus belle de toutes les statues de ce demi-dieu, que l'antiquité nous ait transmises, est l'
Hercule Farnèse, chef-d'uvre de l'art, dû à l'Athénien Glycon, et découvert au seizième siècle à Rome dans les
bains de Caracalla.
Hercule y est représenté reposant sur sa massue recouverte en partie de la peau du
lion, et tient à la main les pommes du
jardin des
Hespérides.
Le peuplier blanc lui était consacré.
Eurysthée, non content de voir son
ennemi mort, voulut
exterminer les restes d'un nom si odieux pour lui. Il poursuivit les
Héraclides, ou descendants d'
Hercule, de climats en climats jusqu'au sein de la Grèce. Ceux-ci s'étant réfugiés à Athènes auprès d'un
autel de Jupiter pour contre-balancer
Junon qui animait Eurysthée contre eux,
Thésée prit leur défense, et refusa de les livrer à leur persécuteur venu les redemander les armes à la main, et qui périt avec toute sa famille dans un combat.
Alcmène eut la douleur de survivre à son fils Hercule ; mais elle eut aussi la cruelle satisfaction de tenir entre ses mains la tête d'Eurysthée et de lui arracher les yeux. Après la mort de son premier
époux, elle avait épousé
Rhadamanthe qu'elle rejoignit plus tard aux Enfers. On raconte que, pendant que les
Héraclides étaient occupés de ses funérailles, Jupiter ordonna à
Mercure d'enlever son
corps et de le transporter aux Champs-Élysées. A Thèbes, elle était associée à la gloire de son fils, et on lui rendit des honneurs divins.
Tous les cinq ans, les Athéniens célébraient les
Héraclées, grandes fêtes en l'honneur d'
Hercule. Les mêmes
fêtes se célébraient aussi à
Sicyone où elles duraient deux
jours.
On désigne parfois
Hercule sous le nom de héros de
Tirynthe, ville d'
Argolide, où, dit-on, il fut élevé.
Divers personnages ou héros secondaires
dont la fable est étroitement liée à celle d’Hercule
Iphiclus
Iphiclus ou
Iphiclès,
frère d'
Hercule, fils d'
Alcmène et d'Amphitryon, fut pendant quelque temps le
compagnon du héros. Il fut blessé dès la première expédition de son
frère contre Argée, roi des Eléens, et mourut à
Phénée en
Arcadie. Les
Phénéates lui rendaient tous les ans, sur son tombeau, les
honneurs héroïques.
Hyllus
Hyllus, fils d'
Hercule et de
Déjanire, fut élevé chez Céyx, roi de Trachine en Thessalie, à qui le héros avait confié sa femme et ses
enfants, pendant qu'il était
occupé à ses fameux travaux. Envoyé par
Déjanire à la recherche de son père, il a le chagrin de le rencontrer au moment où il vient de revêtir la tunique de
Nessus. Sentant qu'il va succomber,
Hercule lui recommande de le placer sur le mont ta, de le porter sur un bûcher, d'y mettre le
feu de ses mains, et enfin d'
épouser Iole.
Ce fut
Hyllus qui tua Eurysthée dans son combat contre les
Héraclides. Mais plus tard, ayant défié
Atrée, chef des
Pélopides, à la condition que, s'il était vaincu, les
Héraclides ne pourraient entrer dans le
Péloponèse que cent ans après sa mort, il périt dans le combat, et ses descendants furent
obligés d'observer le traité.
Céyx et Alcyone
Céyx, roi de Trachine, fils de
Lucifer et ami d'
Hercule, périt dans un naufrage, en allant à Claros consulter l'oracle d'
Apollon.
Son épouse Alcyone, fille d'Eole, de la race de
Deucalion, prise de désespoir, se précipita dans la mer. Les
dieux récompensèrent leur
fidélité conjugale en les métamorphosant tous deux en alcyons, et voulurent que la mer fut tranquille tout le temps que ces
oiseaux feraient leurs nids. L'alcyon était consacré à Thétis, parce que, dit-on, cet
oiseau couve sur l'
eau et parmi les roseaux. On le regardait comme un
symbole de paix et de tranquillité. A Rome, les
jours où l'on ne plaidait pas s'appelaient communément
jours d'Alcyon.
Iolas
Iolas, fils d'
Iphiclus et neveu d'
Hercule, fut le
compagnon de ses travaux, prit part avec lui à l'expédition des
Argonautes, épousa
Mégare, répudiée par le héros, se mit à la tête des
Héraclides avec
Hyllus, et l'aida à vaincre Eurysthée. Il conduisit une colonie de Thespiades en Sardaigne, passa en
Sicile, et revint en Grèce, où, après sa mort, on lui dédia des monuments héroïques.
Hercule avait donné l'exemple, car il avait, en
Sicile, dédié un
bois à
Iolas, et institué des sacrifices en son honneur. Les habitants d'Agyre, en
Sicile, lui vouaient leur chevelure.
Pholus
Hercule, allant à la chasse du sanglier d'
Erymanthe, logea chez le
Centaure Pholus, qui le reçut très bien, et le traita de même. Au milieu du festin,
Hercule voulut entamer un
muid de vin qui appartenait aux autres
Centaures, mais que
Bacchus ne leur avait donné qu'à la condition d'en régaler
Hercule quand il passerait chez eux ; ceux-ci le lui refusèrent, et une lutte vive s'engagea. Le héros les écarta à coups de
flèches, et en tua plusieurs de sa massue.
Pholus ne prit aucune part à ce combat, il se borna à rendre aux morts les devoirs de la sépulture ; mais par malheur, une
flèche qu'il arracha du
corps d'un de ces
Centaures le blessa à la main, et quelques
jours après, il mourut de sa blessure.
Hercule lui fit de magnifiques funérailles, et l'enterra sur la
montagne appelée depuis
Pholoé, du nom de
Pholus.
Busiris
Busiris, roi ou plutôt tyran d'Espagne, était fameux par ses cruautés. Il
immolait à Jupiter tous les étrangers qui avaient le malheur d'aborder dans ses Etats. On dit que, ayant entendu vanter la sagesse et la beauté des filles d'
Atlas, il les fit enlever par des
pirates ; mais
Hercule poursuivit les ravisseurs, les tua tous, délivra les
Atlantides, et alla en Espagne tuer
Busiris. D'autres prétendent que ce tyran était roi d'Egypte.
Antée
Antée,
géant,
fils de Neptune et de la
Terre, à qui la
fable donne soixante-quatre coudées de
hauteur, arrêtait tous les passants dans les sables de la Libye, les forçait à lutter contre lui, et les écrasait de son poids, parce qu'il avait fait vu d'élever un temple à
Neptune avec des crânes d'hommes.
Hercule, qu'il avait provoqué, le terrassa trois fois, mais en vain, car la
Terre, sa mère, lui rendait des
forces nouvelles chaque fois qu'il la touchait. Le héros s'en aperçut ; alors, il le souleva en l'
air, et l'étouffa dans ses bras. Cet
Antée avait bâti la ville de
Tingis (aujourd'hui Tanger) sur le détroit de Gibraltar, où il fut enterré.
Hippocoon
Hippocoon, Fils d’balus, roi de Sparte, et de Gorgophone, fille de Persée, disputa la
couronne à son
frère Tyndare, et le chassa de son royaume.
Hercule intevint, tua Hippocoon et rétablit Tyndare sur le
trône.
Eurytus
Eurytus, roi d'chalie, ville de l'Etolie
septentrionale,
était célèbre par son adresse à tirer à l'arc. Il avait promis sa fille
Iole à celui qui le surpasserait.
Hercule le vainquit. Mais
Eurytus refusa de tenir sa promesse et fut tué par le héros.
Eryx
Eryx,
fils de Vénus et de Butés, fut roi d'un canton de
Sicile, appelé Erycie. Fier de sa
force prodigieuse et de sa réputation au pugilat, il défiait au combat ceux qui se présentaient chez lui, et tuait le vaincu. Il osa même s'attaquer à
Hercule, qui venait d'arriver en
Sicile. Le prix du combat fut d'un côté les bufs de Géryon, et de l'autre le royaume d'Éryx, qui fut d'abord choqué de la comparaison, mais qui accepta l'offre, lorsqu'il sut qu'
Hercule perdrait, avec ses bufs, l'espérance de l'immortalité. Il fut vaincu, et enterré dans le
temple dédié à
Vénus.
Achénon et Passalus
Achénon et Passalus, son
frère, étaient deux Cercopes, c'est-à-dire originaires de Pithécuse, île voisine de la
Sicile, dont les habitants, à cause de leur insolence et de leur méchanceté, avaient été changés en singes par Jupiter. Le mot cercops, en grec, désigne une sorte de singe.
Ces deux
frères, par leur malice, ne démentaient pas leur origine. Querelleurs incorrigibles, ils provoquaient quiconque se trouvait sur leur passage. Sennon, leur mère, les avertit de prendre garde de tomber entre les mains du Mélampyge, c'est-à-dire de l'homme aux cuisses noires.
Un
jour ils rencontrèrent
Hercule endormi sous un
arbre, et
l'insultèrent.
Hercule les lia par les pieds, les attacha à sa massue, la tête en bas, et les porta sur son épaule, comme les chasseurs portent le gibier. Ce fut en cette plaisante posture qu'ils dirent : « Voilà le Mélampyge que nous devions craindre. »
Hercule se mit à rire, et leur rendit la
liberté.
C'est ce qui a donné lieu au proverbe grec : « Prends garde au Mélampyge ».
Cacus
Cacus ou en grec Cacos,
Méchant, fils de
Vulcain, demi-homme et demi-satyre, était d'une taille colossale, et vomissait des tourbillons de
flamme et de fumée. Des têtes sanglantes étaient sans cesse suspendues à la porte de sa caverne située en Italie, dans le
Latium, au pied du mot
Aventin.
Hercule, après la défaite de Géryon, conduisit ses troupeaux de bufs sur les bords du Tibre, et s'endormit pendant qu'ils paissaient.
Cacus en vola quatre paires, et, pour n'être pas trahi par les traces de leurs pas, les traîna dans son antre à reculons, par la queue. Le héros se disposait à quitter ces pâturages. lorsque les bufs qui lui restaient se mirent à mugir : les vaches enfermées dans l'antre répondirent par des beuglements.
Hercule, furieux, court vers la caverne ; mais l'ouverture en était fermée avec un rocher énorme que tenaient
suspendu des chaînes forgées par
Vulcain. Il ébranle les rochers, se fraye un passage, s'élance dans la caverne à travers les tourbillons de
flamme et de fumée que le monstre vomit ; il le saisit, l'étreint de ses mains robustes, et l'étrangle. Ovide le lui fait tuer à coups de massue.
En mémoire de cette victoire, les habitants du voisinage
célébrèrent, tous les ans, une fête en l'honneur d'
Hercule. Des pierres gravées antiques représentent
Cacus dans l'instant du vol ; et, sur le revers d'une médaille d'Antonin le Pieux, on voit ce monstre renversé, sans vie, aux pieds du héros, autour duquel se presse un peuple reconnaissant. Dans les plafonds peints à
Bologne, au palais Zampiéri, par les Carrache,
Cacus a une tête de bête sur un
corps humain.
Laomédon et Hésione
Laomédon, fils d'
Ilus, et père de
Priam, régna à
Troie vingt-neuf ans. Il fit entourer sa capitale de si fortes murailles, qu'on attribua cet ouvrage à
Apollon. Les fortes digues qu'il fit faire aussi contre
les vagues de la mer passèrent pour l'ouvrage de
Neptune. Plus tard des inondations renversèrent en partie ces digues, et l'on publia que
Neptune, frustré de la récompense promise, s'était vengé par là de la perfidie du roi.
Apollon, de son côté, se vengea par la peste. On recourut à l'oracle pour faire cesser ces deux fléaux, et la réponse fut que le
dieu de la mer ne serait apaisé que lorsque les Troyens auraient exposé à un monstre marin celui de leurs
enfants que le sort aurait désigné. Ce fut
Hésione, fille de Laomédon, que le sort désigna.
Le roi fut obligé de livrer sa fille, qui venait d'être enchaînée sur le bord de la mer, lorsque
Hercule descendit à terre avec les autres
Argonautes. Dès que cette jeune princesse lui eut appris son
infortune. il rompit les chaînes qui la tenaient attachée, et,
entrant dans la ville, il promit au roi de tuer le monstre.
Charmé de cette offre généreuse, Laomédon lui promit, de son côté, pour sa récompense, ses
chevaux invincibles, et si légers qu'ils couraient sur les
eaux.
Hercule ayant achevé cet exploit, on donna à
Hésione la
liberté de suivre son libérateur, ou de demeurer dans sa patrie et dans sa famille.
Hésione préféra son bienfaiteur à ses parents et à ses concitoyens, et consentit à suivre les étrangers. Mais
Hercule laissa en garde à Laomédon
Hésione et
les
chevaux qu'il lui avait promis, à condition qu'il les lui rendrait à son retour de la
Colchide.
Après l'expédition des
Argonautes,
Hercule envoya son ami Télamon à
Troie sommer le roi de tenir sa parole ; mais Laomédon fit mettre en prison le député et dresser des embûches aux
autres
Argonautes.
Hercule vint assiéger la ville, la saccagea, tua Laomédon, enleva
Hésione, et la fit
épouser à Télamon.
L'enlèvement d'
Hésione par les Grecs fut dans la suite la cause ou le prétexte de l'enlèvement d'
Hélène par un prince troyen.
Alceste
Alceste, fille de
Pélias et d'Anaxabie, étant
recherchée en
mariage par un grand nombre de prétendants, son père dit qu'il ne la donnerait qu'à celui qui pourrait, atteler à son char des
bêtes féroces de différente espèce.
Admète, roi de Thessalie, eut recours à
Apollon. Ce
dieu, reconnaissant de l'accueil qu'il avait reçu de ce roi, lui donna un
lion et un sanglier apprivoisés qui traînèrent le char de la princesse.
Alceste, accusée d'avoir eu part au meurtre de
Pélias, fut poursuivie par
Acaste, son
frère, qui déclara la guerre à
Admète, le fit
prisonnier, et allait venger sur lui le crime des filles de
Pélias, lorsque la généreuse
Alceste alla s'offrir volontairement au vainqueur pour sauver son
époux.
Acaste emmenait déjà à Iolchos la reine de Thessalie, dans le dessein de l'
immoler aux mânes de son père, lorsque
Hercule, à la prière d'
Admète, ayant poursuivi
Acaste, l'atteignit
au-delà du
fleuve Achéron, et lui enleva
Alceste, pour la rendre à son mari.
De là la
fable qui représente
Alceste mourant effectivement pour son mari, et
Hercule combattant la Mort, et la liant avec des chaînes de
diamant jusqu'à ce qu'elle eût consenti à rendre
Alceste à la lumière. Cette tradition a été adoptée par Euripide dans sa tragédie d'
Alceste.
Mégare
Mégare, fille de
Créon, roi de Thèbes, et femme d'
Hercule, avait été accordée à ce héros en récompense du secours qu'il avait porté à
Créon contre Erginus, roi d'Orchomène. Pendant la descente d'
Hercule aux Enfers, Lycus voulut s'emparer de Thèbes, et forcer
Mégare à l'
épouser.
Hercule revint à propos, tua Lycus et rétablit
Créon.
Junon, indignée de la mort de Lycus,
inspira à
Hercule une violente fureur dans un accès de laquelle il tua
Mégare et les
enfants qu'il avait eus d'elle.
Suivant une autre tradition, il ne tua que ses
enfants, répudia, dans la suite,
Mégare, dont la
vue lui rappelait sans cesse le souvenir de sa fureur, et la fit
épouser à son neveu
Iolas. La
démence du héros a fourni à Euripide le sujet de sa tragédie d'
Hercule furieux.
Omphale
Omphale était reine de Lydie, dans l'Asie Mineure.
Hercule,
en voyageant, s'arrêta chez cette princesse, et fut si épris de sa beauté qu'il oublia sa valeur et ses exploits pour se livrer aux plaisirs de l'
amour. « Tandis qu'
Omphale, dit agréablement Lucien, couverte de la peau du
lion de
Némée, tenait la massue,
Hercule, habillé en femme, vêtu d'une robe de pourpre, travaillait à des ouvrages de laine, et souffrait qu'
Omphale lui donnât quelquefois de petits soufflets avec sa pantoufle. » On le trouve ainsi représenté sur d'anciens monuments.
Hercule eut
d'
Omphale un fils nommé Agésilas, d'où l'on fait descendre Crésus. MALIS fut aussi aimée d'
Hercule durant l'esclavage de ce héros à la cour d'
Omphale. C'était l'une des suivantes de cette princesse.
Iole
Iole, fille d'
Eurytus, roi d'chalie, pressée par
Hercule
qui ravageait les Etats de son père, se précipita du haut des remparts ; mais le vent, enflant sa robe, la soutint dans l'
air et la descendit sans qu'elle
eût aucun mal. Selon d'autres,
Eurytus refusa sa fille au héros, ce qui fut cause de sa perte et de celle de son fils
Iphitus. Ce fut l'
amour d'
Hercule pour
Iole qui causa la jalousie de
Déjanire et l'envoi de la fatale tunique de
Nessus.
Autres femmes d’Hercule
Epicaste, fille d'
Egée, eut d'
Hercule une fille nommée Thessala.
Parthénope, fille de Stymphale, eut de lui un fils, Éverrès.
Augé, femme d'
Hercule et fille d'Aléus, roi d'
Arcadie. fut la mère de Télèphe dont les malheurs firent le sujet de plusieurs tragédies sur le théâtre ancien.
Astyachée, fille de Philanthe, ayant été faite captive par
Hercule dans la ville d'Ephine en Elide, eut de lui un fils
nommé Tlépolème.
Astydamie, fille d'Amyntor, roi des
Dolopes et mère de
Lépréas, fut aimée d'
Hercule et réconcilia son fils avec lui. Elle eut de ce héros un autre fils nommé, selon les uns, Tlépoléme, el, selon d'autres, Etésipe. Lépréas, fils d'Astydamie et de Glaucon, avait comploté, avec
Augias, roi des Éléens, de lier
Hercule, lorsqu'il demanderait la
récompense de son travail, selon la promesse faite par ce roi. Depuis ce temps,
Hercule cherchait l'occasion de se venger.
Grâce à Astydamie les deux
ennemis se réconcilièrent ; mais ensuite Lépréas disputa contre
Hercule à qui lancerait mieux le disque, puiserait plus d'
eau en un certain temps,
aurait plus tôt mangé un taureau d'égal poids et boirait le plus.
Hercule fut toujours vainqueur. Enfin Lépréas, dans un accès de
colère et d'ivresse, ayant défié
Hercule au combat, fut tué par le héros.