TEXTE - I
L'
antimoine est des parties de
Saturne, ayant en toutes façons sa nature, aussi cet
Antimoine Saturnin convient au
Soleil, ayant en soi l'
argent vif dans lequel aucun métal ne se submerge que l'or, c'est-à-dire tant seulement le
Soleil se submerge en l'
argent vif Antimonial Saturnin, sans lequel
argent vif aucun métal ne se peut
blanchir. Il blanchit donc le laiton, c'est-à-dire l'or, et réduit le
corps parfait en sa première matière, c'est-à-dire en soufre et
argent vif de
couleur blanche, et plus qu'un miroir resplendissant. Il dissout (dis-je) le
corps parfait qui est sa nature. Car cette
eau est admirable et aux métaux placable, blanchissant le
Soleil, parce qu'elle contient un
argent vif blanc. Et de ceci tu dois tirer un très grand secret, c'est à savoir que l'
eau Antimoniale Saturnine doit être mercuriale et blanche, afin qu'elle blanchisse l'or, ne brûlant point, mais seulement
dissolvant, et puis après se congelant en forme de crème blanche. Voilà pourquoi le Philosophe dit que cette
eau fait le
corps être volatil, parce qu'après qu'il a été dissout et refroidi il monte en haut en la superficie de l'
eau. Prends (dit-il) de l'or cru folié, ou laminé, ou
calciné par le
Mercure, mets
icelui dans notre vinaigre Antimonial Saturnin, Mercurial et tiré du sel armoniac (comme on dit) mets le dans un vaisseau de verre large et haut de quatre doigts ou plus, et laisse-le là en
chaleur tempérée, et tu verras en peu de temps s'effleurer comme une liqueur d'
huile surnageante au dessus en forme de pellicule, recueille-la avec une cuillère, ou en mouillant une plume, et ainsi par
jour par plusieurs fois collige-la, jusqu'à ce que rien plus ne monte, puis fais évaporer au
feu l'
eau, c'est-à-dire la superflue
humidité du vinaigre, et te restera une quintessence d'or en forme d'
huile blanche,
incombustible, dans laquelle
huile les Philosophes ont mis leurs plus grands secrets, et cette
huile est d'une très grande douceur, ayant de grandes vertus pour apaiser la douleur des plaies. Tout le secret donc de ce secret Antimonial, est que par ce dessus nous sachions extraire et tirer du
corps de la Magnésie l'
argent vif non brûlant, (et cela est l'
antimoine, et le Sublimé Mercurial) c'est-à-dire, il faut extraire une
eau vive,
incombustible, puis la
congeler avec le parfait
corps du
Soleil qui le dissout dans
icelle, en nature et substance blanche congelée comme crème, et faire venir tout cela blanc. Toutefois, premièrement le
Soleil en la putréfaction et résolution qu'il fera en cette
eau, en son commencement perdra sa lumière, s'obscurcira, et noircira, puis s'effleurera sur l'
eau, et sur
icelle surnagera peu à peu une
couleur en substance blanche, et cela s'appelle
blanchir le laiton rouge, le sublimer philosophiquement, et réduire en sa première matière, c'est-à-dire en soufre blanc
incombustible, et en
argent vif fixe. Et par ainsi l'
humidité terminé, c'est-à-dire, l'or notre
corps, par la réitération de la liquéfaction en cette
eau notre dissolutive, se convertira et réduira en soufre, et
argent vif fixe, en cette façon le parfait
corps Soleil prendra vie en cette
eau, dans
icelle se vivifiera, s'inspirera, croîtra, et se multipliera en son espèce comme les autres choses. Car en cette
eau, il se fait que le
corps composé de deux
corps, du
Soleil et de la
Lune, s'enfle, se pourrit comme le grain de blé, s'engrossit, s'élève et croît, prenant nature animée végétable. Aussi notre
eau, notre vinaigre susdit est le vinaigre des
montagnes, c'est-à-dire du
Soleil et de la
Lune, voilà pourquoi il se mêle avec le
Soleil et la
Lune leur adhérant perpétuellement, votre
corps prend d'
icelle eau la teinture de
blancheur, et avec
icelle resplendit d'une lueur inestimable. Qui saura donc convertir le
corps en
argent blanc, médicinal, il pourra puis après facilement convertir par cet or blanc tous métaux imparfaits en très bon
argent fin. Cet or blanc s'appelle par les Philosophes, la
Lune blanche des Philosophes, l'
argent vif fixe, l'or de l'
alchimie, et la
fumée blanche. Donc sans lui notre vinaigre Antimonial, l'or blanc de l'
alchimie ne se peut faire. Et parce qu'en notre vinaigre y a double substance d'
argent vif, l'une de l'
antimoine, l'autre du
Mercure sublimé, il a aussi double poids et substance d'
argent vif fixe, et augmente en l'or sa naturelle
couleur, poids, substance et teinture.
Donc notre
eau dissolvante porte une grande teinture et grande
fusion, parce que quand elle sent le
feu commun, elle fait
fondre l'or ou l'
argent s'il est dans
icelle, et tout aussitôt le liquéfie et convertit en sa substance blanche comme elle est, ajoutant au
corps couleurs, poids, et teinture. Elle est aussi dissolvante de toute chose qui se peut liquéfier, et l'
eau pesante, visqueuse, précieuse, résolvant tout les
corps crus en leur première matière, c'est-à-dire en terre et poudre visqueuse, c'est-à-dire en soufre et
argent vif. Si donc tu mets en cette
eau quelque métal que ce soit, limé ou atténué, et le laisses par certain temps en douce et lente
chaleur, il se dissoudra tout, et se changera en
eau visqueuse, et en
huile blanche, ainsi qu'il est déjà dit. Et ainsi elle mollifie le
corps, et le prépare à la
fusion et liquéfaction, voire elle fait toutes choses être
fusible, comme les pierres et les métaux, et puis elle leur donne
esprit et vie. Donc elle dissout toutes chose par solution admirable, convertissant le
corps parfait en médecine subtile, fondante, pénétrante, et plus fixe, augmentant le poids et
couleur.
Travaille donc avec
icelle, et tu en auras ce que tu désires. Car elle est l'
esprit et l'
âme du
Soleil et de la
Lune, l'
huile, l'
eau dissolvante, la fontaine, le bain-Marie, le
feu contre nature, le
feu humide, secret
occulte et invisible, et le vinaigre très fort, duquel un ancien Philosophe a dit : j'ai prié le Seigneur, et il m'a montré une
eau nette, que j'ai connue être un pur vinaigre altérant, pénétrant et digérant. Vinaigre, disie, pénétratif, et instrument mouvant l'or, ou l'
argent à la putréfaction, résolution et réduction en leur première matière. C'est l'unique
agent en ce monde pour cet Art, lequel peut seul résoudre et réincruder les
corps métalliques avec la conservation de leur espèce. Il est donc le seul moyen, apte et naturel, par lequel nous devons résoudre les
corps du
Soleil et de la
Lune par admirable et solennelle
dissolution, et en conservant l'espèce sans aucune
destruction, mais seulement la changeant en forme et
génération nouvelle, plus noble et merveilleuse, c'est à savoir en la parfaite pierre des Philosophes qui est leur secret admirable.
Or, cette
eau est une certaine moyenne substance claire comme l'
argent pur, laquelle doit recevoir les teintures du
Soleil et de la
Lune, afin qu'elle se
congèle et se convertisse avec eux en terre blanche et vive. Car cette
eau a besoin des
corps parfaits, afin qu'avec
iceux après la
dissolution, elle se
congèle, fixe et coagule en terre blanche, d'autant que leur solution est leur
coagulation, parce qu'ils ont une même opération, et l'un ne se peut
dissoudre que l'autre ne se
congèle. Et n'y a autre
eau qui puisse
dissoudre les
corps, que celle la seule qui demeure permanente avec
iceux en matière et forme. Voire le permanent ne peut être, qu'il ne soit de la même nature de l'autre
corps, afin qu'ils se fasse un. Quand tu verras donc ton
eau se
coaguler elle-même avec les
corps en
icelle, dissous, sois assuré, ta science, méthode et tes opérations être vraie et philosophique, et que tu procèdes bien en l'Art.
Donc la nature s'amende en sa semblable nature, c'est-à-dire, l'or et l'
argent s'améliorent en notre
eau, comme notre
eau avec ces
corps. Aussi cette
eau est appelée le moyen milieu de l'
âme, sans lequel nous ne pouvons travailler en cet Art. Elle est le
feu végétable,
animal, et minéral, conservatif de l'
esprit de l'
esprit fixe du
Soleil et de la
Lune, le destructeur des
corps, et le vainqueur ; parce qu'il détruit et dissout le
corps et change les formes métalliques, faisant que les
corps ne sont plus
corps, mais seulement
esprits fixes, convertissant
icelles formes en substance humide, molle et fluide, qui a entrée et vertu d'entrer dans les
corps imparfaits, et se mêler avec eux indivisiblement, ensemble les teindre et parfaire, ce que ces
corps ne pouvaient pas auparavant, parce qu'ils étaient sec et durs, et cette dureté n'a point de vertu de teinture ni de perfection. Donc bien à propos convertissons-nous ces deux
corps en substance fluide, d'autant que toute teinture teint plus mille fois en substance molle et liquide, qu'en sèche, comme on peut voir au
safran. Donc, la transmutation des métaux imparfaits est impossible par les
corps dur et secs, mais seulement par les mols et liquides. De ceci, il faut conclure, qu'il faut faire revenir l'humide, et révéler le caché. Ce qui s'appelle réincruder les
corps, c'est-à-dire les
cuire et amollir jusqu'à ce qu'il soient privés de leur corporalité dure et sèche, parce que le sec n'entre point, ni ne teint que soi-même. Donc le
corps sec et terrestre ne teint point, s'il n'est teint ; car (comme il est dit) l'épais terrestre n'entre point, ni teint, parce qu'il n'entre point donc il n'altère point. Partant, l'or ne teint point, jusqu'à ce que son
esprit occulte soit tiré et extrait de son ventre par notre
eau blanche, et soit fait du tout spirituel, blanche fumée, blanc
esprit, et
âme admirable.
Partant, nous devons avec notre
eau atténuer les
corps parfaits, les altérer, et les mollifier, afin qu'après ils se puissent mêler avec les autres imparfaits. Voilà pourquoi quand nous n'aurions autre bénéfice et utilité de cette notre
eau Antimoniale que celui-ci, il nous suffit. Car elle réduit les
corps à la première origine de leur soufre, et
Mercure, et puis après un peu de temps, en moins d'une heure d'un
jour, nous pouvons d'
iceux faire sur la terre ce que la nature a fait
dessous aux mines de la terre en mille années, ce qui est quasi miraculeux.
Notre final secret est donc, par notre
eau faire les
corps volatils, spirituels, et
eau tingente, ayant entrée sur les autres
corps. Car elle fait des
corps un vrai
esprit, parce qu'elle incère les
corps dur et secs, et les prépare à la
fusion, c'est-à-dire les convertit en
eau permanente. Elle fait donc des
corps une
huile et très précieux et bénin, qui est une vraie teinture, et une
eau permanente blanche, de nature chaude et humide, tempérée,
fusible, subtile comme la
cire, qui pénètre, profonde, teint et parfait. En cette façon, notre
eau dissout incontinement l'or et l'
argent, faisant une
huile incombustible qui se peut lors mêler dans les autres
corps imparfaits. D'autant que notre
eau convertit les
corps en sel
fusible, qui puis après est appelée par les Philosophes Sel Alembrot, et ne fuyant point le
feu. Et véritablement il est l'
huile de nature chaude et subtile, pénétrante, profondante et entrante, appelé
Elixir complet, et secret caché des sages Alchimistes. Celui donc qui sait ce sel du
Soleil et de la
Lune, sa
génération, ou préparation, et puis après les mêler, et faire ami avec les autres métaux imparfaits, celui-là vraiment sait un très grand secret de la nature, et une voie de perfection.
Ces
corps ainsi dissous par notre
eau, sont appelés
argent vif, lequel n'est point sans soufre, ni soufre sans nature des luminaires, parce que les luminaires, le
Soleil et la
Lune, sont les principaux moyen et milieu en la forme par lesquels la nature passe, parfaisant et accomplissant sa
génération. Et cet
argent vif est appelé sel honoré et animé, et portant
génération, et
feu, vu qu'il n'est que
feu, ni
feu,
vue qu'il n'est que soufre, ni soufre,
vue qu'il n'est qu'
argent vif, tiré par notre
eau du
Soleil et de la
Lune, et réduit en pierre de grand prix, c'est-à-dire, cet
argent vif est la matière des luminaires altérée, changée et réduite de la vilité en noblesse. Note que ce soufre blanc est le père des métaux, et leur mère ; ensemble, il est notre
Mercure, la minière de l'or, l'
âme, le
ferment, la vertu minérale, le
corps vivant, la médecine parfaite, notre soufre et notre
argent vif, c'est-à-dire soufre. Donc la propriété de notre
eau est, qu'elle liquéfie l'or et l'
argent, et augmente en eux leur naturelle
couleur. Elle convertit donc les
corps, de leur corporalité en spiritualité. C'est celle là, qui envoie dans le
corps la
fumée blanche, qui est l'
âme blanche, subtile, chaude, et de grande ignéité. Cette
eau est aussi appelée la pierre sanguinaire, aussi elle est la vertu du sang spirituel, sans lequel rien ne se fait, et le sujet de toutes choses liquables, et de liquéfaction, qui convient for bien, et adhère au
soleil et à la
Lune, mais plus au
Soleil qu'à la
Lune, note bien ceci. S'appelle aussi le milieu, pour conjoindre les teintures du
Soleil et de la
Lune avec les métaux imparfaits. Car elle convertit les
corps en vraie teinture, pour teindre les autres imparfaits ; c'est une
eau qui blanchit, ainsi qu'elle est blanche, qui vivifie, ainsi qu'elle est une
âme, et partant, comme dit le Philosophe, entre bientôt dans son
corps. Car c'est une
eau vive qui vient
arroser sa terre, afin qu'elle
germe et donne du
fruit en son temps ; ainsi toutes choses naissantes de la terre, sont engendrées par l'arrosement. Donc la terre ne
germe point sans irrigation, arrosement et
humidité. L'
eau de la rosée de mai nettoie ces
corps, les pénètre comme l'
eau de la
pluie, les blanchit, et fait être un
corps nouveau
composé de deux
corps. Cette
eau de vie gouvernée avec ce
corps, elle le blanchit, le convertissant en sa
couleur blanche. Or, cette
eau est une
fumée blanche, et partant, le
corps se blanchit avec
icelle. Il te faut donc
blanchir ce
corps et rompre tes livres. Et entre ces deux, c'est-à-dire, entre le
corps et l'
eau est désir, amitié et société, comme entre le mâle et la
femelle, à cause de la proximité de leur semblable nature ; car notre
eau vive seconde est appelée
Azoth, blanchissant le laiton, c'est-à-dire, le
corps composé du
Soleil et de la
Lune par notre
eau première. Cette
eau seconde est aussi appelée l'
âme des
corps dissous, desquels
corps nous avons déjà lié ensemble les
âmes, afin qu'elle servent aux sages Philosophes. Ô combien est précieuse et magnifique cet
eau ! car sans elle l'uvre ne se pourrait parfaire ; aussi est elle nommée le vaisseau de la nature, le ventre, la matrice, le réceptacle de la teinture, la terre et la nourrice ; elle est notre fontaine en laquelle se lavent le Roi et la Reine, et la mère qu'il faut mettre et sceller sur le ventre de son
enfant qui est le
Soleil, qui est sorti et venu d'
icelle, et lequel a engendré. Voilà pourquoi ils s'aiment mutuellement, comme la mère et le fils, et se conjoignent si aisément ensemble, parce qu'ils sont venus d'une même et semblable racine de même substance et nature. Et parce que cette
eau est l'
eau de vie végétable, et partant aussi elle donne vie, et fait végéter, croître et pulluler ce
corps mort, et le fait ressusciter de mort à vie, par solution et sublimation, et en telle opération le
corps est changé en
esprit, et l'
esprit en
corps, et alors est faite l'amitié, la paix, et
concorde des contraires, c'est-à-dire du
corps et de l'
esprit, qui entre eux ensemble échangent leurs natures, qu'ils reçoivent et se communiquent indivisiblement, et si parfaitement, que le chaud se mêle avec le froid, le sec avec l'humide, le dur avec le mou, et de cette façon se fait la mixtion des natures contraires, c'est à savoir du froid avec le chaud, et de l'humide avec le sec, et l'admirable
conjonction des
ennemis. Donc notre
dissolution des
corps qui se fait en cette premier
eau, n'est autre chose qu'une mortification de l'humide avec le sec, d'autant que l'humide se coagule toujours par le sec, car l'
humidité se contient, et s'arrête seulement par la
siccité, se terminant en
corps ou en terre. Nos
corps durs et secs, mets-les donc en notre première
eau, en un vaisseau bien clos, là où il demeureront jusqu'à ce qu'ils soient dissous, et qu'ils montent en haut, et alors ces
corps pourront être appelés un nouveau
corps, l'or blanc de l'
Alchimie, la pierre blanche, le soufre blanc non brûlant, et la pierre de Paradis, c'est-à-dire convertissant les métaux imparfaits en
argent blanc et fin. Ayant cela, nous avons aussi tout ensemble, le
corps, l'
âme, et l'
esprit, desquels
esprit et
âme, il est dit, qu'on ne les peut extraire des
corps parfaits, que par la
conjonction de notre
eau dissolvante ; car il est certain que la chose fixe ne se peut élever en haut, que par la
conjonction de la chose volatile. L'
esprit donc, moyennant l'
eau et l'
âme, se tirera des
corps, lesquels
corps se fera non
corps, parce que d'un même instant l'
esprit avec l'
âme des
corps monte en haut en la supérieure partie, ce qui est la perfection de la pierre, et s'appelle sublimation. Cette sublimation (dit Florentius Cathalanus) se fait par les choses aigres, spiritueuse et volatiles, qui sont de nature sulfureuse et visqueuse, qui dissolvent, et font élever les
corps en l'
air en
esprit. Et en cette sublimation une certaine partie et portion de notre dite
eau première, monte en haut avec les
corps, se joignent ensemble, ascendent et se subliment en une moyenne substance, qui tient de la nature des deux, c'est à savoir, des deux
corps et de l'
eau, et partant, cette moyenne substance est appelée le
composé corporel et spirituel, Corsusle, Combar, Ethelie,
Zandarith, et le bon Denech. Toutefois, proprement, elle s'appelle
eau permanente, parce qu'elle ne fuit point au
feu, demeurant perpétuellement jointe avec les
corps conjoints, c'est-à-dire avec le
Soleil et la
Lune, communiquant à
iceux une teinte vive,
incombustible, et très ferme, plus noble et précieuse que la précédente que ces
corps avaient, parce que puis après, cette teinture peut couvrir les
corps, tout ainsi que l'
huile, perçant et pénétrant tout, avec une
fixion admirable, parce que cette teinture est l'
esprit, et l'
esprit est l'
âme, et l'
âme est le
corps ; car en cette opération le
corps est fait
esprit de nature très subtile, et semblablement l'
esprit s'incorpore, et se fait de la nature des
corps avec les
corps, et ainsi notre pierre contient
corps,
âme et
esprit. Ô nature, comme tu changes les
corps en
esprit ! ce que tu ne pourrais faire si l'
esprit ne s'incorporait avec les
corps, et si les
corps avec l'
esprit ne se faisaient volatiles, et se sont convertis ensemblement par sapience. Ô sapience, comme tu sais l'or est volatil et fugitif, encore que naturellement il soit très fixe. Il faut donc
dissoudre et liquéfier ces
corps avec notre
eau, et
iceux faire
eau permanente,
eau dorée sublimée, laissant au fond le gros terrestre et superflu, sec. Et en cette sublimation, le
feu doit être doux et lent. Car si par cette sublimation le
feu lent les
corps ne sont purifiés, et leurs plus grossières parties terrestres (notre bien) ne sont séparées de l'
immondice du mort, tu ne pourras parfaire l'uvre. Car tu n'as besoin que de cette nature subtile et légère, qui monte en haut des
corps dissous, laquelle te sera aisément donnée par notre
eau si tu travailles doucement, car elle séparera l'
hétérogène et l'
homogène.