Biographie universelle ancienne et moderne
Tarquin le Superbe (Lucius Tarquinius Superbus), septième et dernier roi de Rome, était, selon
Tite-Live, fils de
Tarquin l'Ancien, et son petit-fils, selon
Denys d'Halicarnasse. Le premier de ces
historiens suivait l'opinion de tous ceux qui l'avaient précédé, à l'exception du seul Calpurnius Pison Frugi, pour la version duquel l'auteur des
Antiquités romaines s'est déterminé. S'il était vrai, comme le prétend
Tite-Live, que
Tarquin l'Ancien eût été père de
Tarquin le Superbe, il en résulterait que la vie de ce dernier ce serait prolongée jusqu'au delà de cent-dix ans, à moins de supposer que Tanaquil l'eût mis au monde étant âgée de soixante-et-dix ans au moins, et encore faudrait-il admettre que, deux ans après, elle aurait donné un fils à Lucius Tarquin, en la personne d'Aruns Tarquin. Ces deux traits suffisent pour faire sentir le ridicule d'une tradition à la réfutation de laquelle
Denys d'Halicarnasse n'a pas dédaigné de consacrer un chapitre entier
(1). Tout devient au contraire facile à expliquer dans la généalogie des Tarquins, ainsi que dans leur
histoire, quand on fait Lucius et Aruns petits-fils
de l'Ancien, et qu'on donne à l'aîné six ans et au plus jeune
quatre ans à la mort de leur aïeul. On peut voir dans la notice sur
Servius Tullius, que ce monarque fit
épouser à ces deux jeunes princes
les deux filles qu'il avait eues de son
épouse Tarquinia, fille de l'Ancien.
Par cette double union, Servius réparait, autant qu'il était en
lui, le tort de son usurpation, si l'on peut flétrir de ce nom les moyens
qui l'avaient élevé au trône, dans une monarchie où
le principe de l'hérédité n'avait jamais été
consacré. Servius avait trouvé en Lucius Tarquin un
ennemi d'autant
plus dangereux que le titre de gendre du roi régnant rapprochait davantage
du trône le petit-fils du
feu roi Tarquin l'Ancíen ; mais le crime
par lequel Lucius ravit le trône et la vie à son beau-père
n'était pas son coup d'essai. Déjà il avait mérité
les noms d'
incestueux et de fratricide. Aruns, son jeune
frère, aussi doux,
aussi modéré que Lucius était audacieux, cruel et
tyrannique,
avait eu le malheur d'
épouser Tullie, qui, capable de tous les crimes,
ne tarda pas à détester son
époux, tandis qu'une horrible
conformité de scélératesse lui fit concevoir une passion
coupable pour Lucius Tarquin. L'
épouse de ce dernier, appelée également
Tullie, possédait les paisibles vertus de son sexe et s'efforçait
de contenir les affreux penchants de son mari, aussi vainement que sa sur,
ennemie de son père et dévorée d'ambition, déployait
toutes les ressources de sa méchanceté pour faire partager à
l'honnête Aruns ses criminels desseins. Indignée enfin des obstacles
qu'il lui oppose, elle révèle à son beau-frère ses
plus secrètes pensées et lui livre en même temps sa personne.
C'est ainsi que tous deux se préparèrent par l'
inceste au meurtre
d'un
frère, d'une sur, d'un mari, d'une
épouse et d'un père.
Aruns et la femme de Lucius Tarquin moururent empoisonnés par ce couple
infâme, et Lucius forma avec
Tullie les nuds d'un affreux hyménée.
L'
histoire ne parle plus de cette horrible femme, après le dernier crime
qu'elle commit envers le cadavre de son père (Voyez
Servius Tullius)
; mais elle représente Tarquin comme un modèle de
tyrannie.
Dès ce moment, selon Cicéron
(2),
au roi succéda le maître ; et, comme dit Florus, Tarquin n'exerça
pas mieux qu'il ne l'avait acquise une puissance achetée par le crime (année
534 avant J.-C.). Il ne se fit élire ni par le sénat ni par le peuple.
Affectant de ne voir en
Servius Tullius qu'un usurpateur, il prit la
couronne
comme un droit héréditaire : prétention tout à fait
contraire au droit public de la monarchie romaine, où la légitimité
ne résidait que dans l'élection. Assiégé de terreurs,
il s'entoura d'une garde farouche, se montrant rarement au dehors, tenant secrets
les moments où il paraîtrait en public et n'admettant dans son palais
que les personnes qu'il y avait mandées. Il extermina la plupart des sénateurs,
ne consulta plus ceux qui restaient et ne les appela même pas à l'exercice
de la justice. Ce fut dans son conseil privé que se régla désormais
l'administration intérieure et que se décidèrent la paix
et la guerre, sans jamais prendre le vu du peuple ni du sénat. Il
se réservait les causes capitales, ou se reposait du soin de les juger
sur des magistrats vendus ou subjugués. Ainsi périrent le père
et le
frère de Lucius Junius Brutus, qui lui-même ne conserva la
vie qu'en contrefaisant l'insensé. Les
plébéiens, si l'on
en croit
Denys d'Halicarnasse, ravis de voir les grands humiliés, disaient
hautement qu'ils l'avaient bien mérité par leur conduite hostile
envers
Servius Tullius ; mais ils changèrent de sentiment, lorsque eux-mêmes
furent chargés d'impôts arbitraires et de corvées continuelles.
« Tarquin, dit
Montesquieu, usurpa le pouvoir du peuple : il fit des lois
sans lui ; il en fit même contre lui. » Alors furent abolies les lois
rendues par
Servius Tullius, de concert avec le sénat et le peuple, en
faveur de l'égalité des citoyens devant la loi. Tarquin fit briser
les tables sur lesquelles elles étaient gravées. Il détruisit
aussi le règlement qui proportionnait les impôts aux facultés
du contribuable : les
plébéiens, comme les sénateurs, furent
soumis à une taxe égale, malgré l'inégalité
des fortunes. Le tyran alla jusqu'à interdire les assemblées de
curies, tant à Rome que dans la campagne, bien qu'elles n'eussent d'autre
objet que des sacrifices commandés par la
religion. Ses espions étaient
partout ; et ces
agents, qui n'étaient point connus pour tels, parlaient
souvent contre Tarquin pour découvrir ce que chacun pensait de lui ; ensuite
ils lui dénonçaient ceux auxquels il était échappé
quelques paroles contre l'état présent des affaires (
Denys d'Halicarnasse).
N'admettant au service militaire que ceux des
plébéiens
qui lui étaient dévoués, il occupa le reste du peuple à
des travaux publics. Rome fut ainsi décorée de nouveaux édifices
: les égouts commencés par
Tarquin l'Ancien furent conduits jusqu'au
Tibre, l'amphithéâtre de ce prince entouré de portiques et
le
Capitole élevé. Mais si l'
histoire n'a pas chargé le tableau
du despotisme de Tarquin, ces monuments, qui devaient faire l'admiration de la
postérité, firent le désespoir de ceux qui les exécutèrent.
Toute la population romaine se trouvait contrainte d'y travailler sans relâche
; les artisans étaient forcés d'abandonner les occupations qui les
faisaient vivre pour embellir les palais de Tarquin, et le despote ne leur faisait
distribuer à chacun qu'une très petite quantité de blé.
Par une politique assez familière aux tyrans, il cherchait dans l'étranger
des auxiliaires contre ses sujets, soudoyant à grands frais des troupes
mercenaires. Il entretenait des liaisons d'amitié avec les chefs du
Latium
; il choisit même parmi les Latins un
époux pour sa fille, dans la
personne d'Octavius Mamilius, qui prétendait descendre d'
Ulysse et de
Circé.
Une odieuse perfidie le délivra de Turnus Herdonius, citoyen d'Aricie,
rival de Mamilius en crédit et en puissance. Dans l'assemblée générale
des différents peuples latins, tenue à Ferentum, Tarquin, après
avoir fait condamner et massacrer comme traître à la patrie cet homme
dont le seul crime était de blâmer l'ambition du roi de Rome, se
fit déclarer général de la nation latine, titre qu'avaient
obtenu son aïeul ainsi que son prédécesseur. La nation des
Herniques et deux cités volsques, Echetra et
Antium, entrèrent dans
cette confédération, qui fut dès lors composée de
quarante-sept villes ; toutes envoyèrent des députés aux
féries latines, pour confirmer par des fêtes
religieuses leur alliance
commune sous la prépondérance de Rome.
Tarquin soumit par la
force des armes les
Sabins, et les
rendit tributaires. Il combattit ensuite les Volsques, et s'empara de Suessa Pometia,
où il trouva quarante talents d'or et d'
argent, qu'il réserva pour
la construction du temple de Jupiter
Capitolin.
Denys d'Halicarnasse parle de
ces deux guerres ; mais
Tite-Live passe sous silence celle que Tarquin fit contre
les
Sabins. Ce prince entreprit aussi de soumettre Gabies, ville alors fort considérable,
ainsi que l'attestait encore au temps de
Denys d'Halicarnasse la vaste enceinte
de ses murailles ruinées. Les habitants, secourus par les peuples voisins
qu'alarmait la puissance du roi des Romains, arrêtèrent pendant sept
années ses armes jusqu'alors victorieuses. Les Gabiens triomphants dévastaient
la campagne romaine ; ce fut à cette occasion que Tarquin fortifia Rome
du côté du chemin de Gabies. On admirait encore du temps de Pline
le naturaliste cette partie de fortifications, tant les Tarquins surent toujours
imprimer à leurs ouvrages un caractère de grandeur et de durée
!
Voyant que vainement il employait la
force contre les Gabiens, il eut recours
à la ruse. Sextus, son fils, feignit d'avoir été maltraité
par lui et se retira dans cette ville ennemie ; il était suivi d'un grand
nombre de prétendus transfuges et apportait même de grosses sommes
d'
argent. Il n'en fallut pas davantage pour
inspirer aux Gabiens une confiance
aveugle ; on donna bientôt à Sextus le commandement de quelques partis
qui allaient ravager la campagne romaine. Tarquin, averti d'avance de toutes ces
sorties, n'opposait à son fils qu'une petite troupe de citoyens qui lui
étaient suspects. Sextus était toujours vainqueur, rendant ainsi
à son père le double service de le délivrer de ses
ennemis
particuliers et de confirmer les Gabiens dans leur funeste confiance. Elevé
bientôt par eux au commandement de toutes leurs
forces, il l'envoya consulter
sur la conduite qu'il devait tenir. Le roi de Rome, sans faire aucune réponse,
mena le messager de son fils dans son
jardin, et abattit avec sa canne les têtes
des pavots qui s'élevaient au-dessus des autres. Sextus était digne
de comprendre la pensée de son père ; dès ce moment, ayant
résolu de perdre les principaux Gabiens, il les accusa d'avoir conspiré
contre ses
jours, et se servit pour cela de lettres de Tarquin, que Sextus avait
trouvé moyen de glisser parmi les papiers d'Antistius Pétrone, le
plus considérable d'entre eux. Ce malheureux fut lapidé par le peuple
; et les soldats de Sextus massacrèrent dans leurs maisons tous ceux qu'il
plut au jeune tyran de désigner comme ses complices. Au milieu du trouble
où cette exécution a plongé les Gabiens, Tarquin se présente
aux portes de leur ville, où il entre sans coup férir ; mais cette
fois, selon
Denys d'Halicarnasse, « dépouillant le caractère
de tyran pour prendre celui de roi », il ne fit ni mourir ni exiler personne,
rendit aux habitants leurs biens et leur ville et leur donna le droit de cité
romaine. Cet
historien ajoute que Tarquin écrivit de sa main les conditions
auxquelles il les recevait sous sa protection et dans son amitié.
Aucun
fait de
histoire des rois de Rome ne paraît mieux attesté. C'était
sur la peau même du buf qui avait été olfert en sacrifice,
pour garantie de la bonne foi des contractants, que l'on avait ensuite transcrit
le traité ; et cette peau, étendue sur un écusson de
bois,
était suspendue dans le temple de Jupiter Sancus, où
Denys d'Halicarnasse
dit l'avoir
vue.
La conduite de
Tarquin le Superbe envers
les Gabiens, l'attachement qu'il sut
inspirer aux Latins, prouvent qu'il avait
avec les étrangers une politique bien différente de celle qui le
dirigeait dans ses rapports avec ses sujets. Affranchi des soins d'une guerre
qui l'avait occupé pendant sept années, il voyait sa puissance mieux
affermie que jamais. Maître de Gabies, arbitre du
Latium, il avait humilié
les
Sabins et les Volsques, et tenait en respect leur pays par l'établissement
des colonies de Signia et de Circéi, où ses fils Titus et Aruns
Tarquin avaient conduit une population guerrière.
Son alliance avec la
puissante
Lucumonie de Clusium lui assurait l'amitié des
Etrusques. Toute
la côte qui s'étendait depuis Ostie jusqu'à Terracine était
soumise à ses lois, et il avait même donné à Rome une
marine marchande
(3) ; mais son grand objet, comme celui
de tous les rois ses prédécesseurs, était d'assurer sa puissance
continentale.
C'est dans l'intérêt de la grandeur romaine,
autant que de l'embellissement de sa ville, qu'il reprit alors la construction
du temple de Jupiter
Capitolin, dont son aïeul avait préparé
l'emplacement en aplanissant la crête du
mont Tarpéien. Tarquin le
Superbe en jeta les fondements et en commença la construction ; mais malgré
l'activité qu'il mit à hâter l'achèvement de ce grand
ouvrage, il ne fut terminé que la troisième année de la république,
et ce fut le consul Horatius Pulvillus qui en fit la dédicace. Ce fameux
temple de Jupiter, autant admiré que vénéré des Romains
dans les siècles de leur gloire, n'avait souffert aucune atteinte jusqu'au
temps de l'empereur Vitellius. Il était, selon Bossuet, « digne de
la majesté du plus grand des
dieux et de la gloire future du peuple romain
». Quelques
fables se sont mêlées à l'
histoire de sa
construction. Lorsque, sous
Tarquin l'Ancien, on abattit les édifices sacrés
qui couvraient les flancs du
mont Tarpéien, le
dieu Terme et la déesse
de la
Jeunesse déclarèrent, par l'organe de leurs
prêtres,
qu'ils ne voulaient pas céder la place qu'occupaient leurs autels. Les
augures, consultés sur ce prodige, répondirent que la résistance
de ces deux divinités indiquait que jamais Rome ne verrait ses limites
forcées ni ne manquerait d'une
jeunesse belliqueuse. C'était sans
doute une fraude de
Tarquin l'Ancien ou de ses
prêtres.
Son petit-fils suivit
son exemple. Comme on creusait les fondations du temple, on trouva une tête
d'homme aussi fraîche que si elle eût été coupée
tout récemment. Un augure d'
Etrurie annonça que cette tête,
si merveilleusement conservée, promettait que Rome serait la capitale de
l'Italie,
Italiæ caput ; dès lors le
mont Tarpéien
prit le nom de
Capitole.
Ce ne fut pas la seule occasion où Tarquin montra
qu'il savait faire concourir le fanatisme grossier de ses sujets aux desseins
de sa politique. Il acheta fort cher les livres
sibyllins qui étaient censés
contenir les destinées de l'Etat, et que l'on consultait dans les grands
dangers. Ses rebuts affectés envers la vieille devineresse, qui lui vendit
trois de ces livres après avoir brûlé les six autres, ont
quelque rapport avec la dispute simulée de l'augure Nævius et de
Tarquin l'Ancien. Les livres
sibyllins furent conservés avec respect au
Capitole, dans un coffre de fer : dix patriciens étaient chargés
de veiller sur ce dépôt. Ces volumes, bien qu'enfermés dans
un coffre de fer, furent brûlés en l'an 88 avant J.-C., dans la guerre
des
Marses, lors de l'
incendie qui dévora une partie des édifices
situés sur cette colline sacrée.
Le terme de la
tyrannie de Tarquin
était enfin arrivé. Il assiégeait Ardée, capitale
des
Rutules, lorsque son fils Sextus, « en violant Lucrèce, fit une
chose qui a presque toujours fait chasser les tyrans d'une ville où ils
ont commandé ; car le peuple à qui une action pareille fait sentir
sa servitude, prend d'abord une résolution extrême »
(4).
On peut voir, dans les articles Lucius Junius Brutus, Tarquin Collatin et Lucrèce,
les principales circonstances de la révolution qui amena l'expulsion des
Tarquins. Outre que
Tite-Live et
Denys d'Halicarnasse, en racontant le viol de
Lucrèce avec des détails très particuliers, ne s'accordent
nullement sur plusieurs circonstances, ainsi qu'on l'a remarqué à
l'article de cette
dame romaine, on peut
ajouter que quelques auteurs, entre autres
Servius, attribuent ce crime, non pas à Sextus, l'aîné des
trois fils de Tarquin, mais au plus jeune, qui se nommait Aruns. Verri, dans les
Nuits romaines, nous paraît avoir
porté la lumière dans tout ce que l'
histoire de ce prétendu
viol résente d'invraisemblable. Ce n'était pas par de froides dissertations
morales ou par des plaisanteries encore plus fades, qu'il fallait attaquer cette
tradition, mais par une discussion raisonnée des circonstances sur lesquelles
elle est établie. Rien effectivement de plus mal ourdi que la
fable que
Lucrèce fit à sa famille et à son
époux après
la nuit fatale où elle s'était livrée aux désirs de
Sextus. Ce qu'on peut louer seulement dans cette femme célèbre,
c'est le courage avec lequel elle se punit d'un moment d'oubli ; car ce n'est
pas selon les lumières du christianisme, comme le fait saint Augustin,
qu'il convient de juger son suicide, mais seulement d'après les idées
des anciens sur cette matière. Peut-être aussi Lucrèce, en
donnant un appareil si théâtral à sa fin tragique, cédait-elle
à l'entraînement du fanatisme politique. Passionnée pour la
liberté, peut-être n'avait-elle cédé au fils de Tarquin
que pour y trouver un prétexte d'exciter les Romains à secouer un
joug
tyrannique. Une remarque à faire sur cet événement et
qui se rapporte immédiatement à l'
histoire de Tarquin, c'est que
les circonstances qui amenèrent la première entrevue de Lucrèce
et de Sextus prouvent la licence qui régnait à la cour de Tarquin.
Il fallait, en effet, que Rome fût déjà parvenue à
une civilisation avancée. Les règnes brillants de ses trois derniers
rois et leurs relations multipliées avec les étrangers, avaient
sans doute fait connaître aux Romains des habitudes de luxe et des jouissances
auxquelles il leur fallut renoncer des que leur patrie eut cessé d'être
un royaume puissant par ses alliances, par son territoire et son commerce, pour
devenir une république, entourée d'
ennemis et sans autre ressource
que la culture de quelques champs dont la possession devait être sans cesse
disputée l'
épée à la main.
Ce fut en l'an de Rome 244, et dans la vingt-cinquième
année de son règne, que
Tarquin le Superbe fut banni par une loi
curiale. « Le peuple, dit
Montesquieu, se souvint un moment qu'il était
législateur, et Tarquin ne fut plus. » Si le règne de ce prince
avait cessé, sa vie politique était loin d'être terminée.
Agé de soixante-quinze ans, la vieillesse l'avait blanchi, mais non point
affaibli. Il se retira d'abord à Gabies, où il avait établi
roi son fils Sextus ; de là il se rendit à
Tarquinies, où
il fut reçu avec empressement par tous les habitants, qui étaient
fiers de la gloire que
Tarquin l'Ancien avait attachée au nom de leur ville.
Une ambassade de
Tarquiniens alla même à Rome demander le rétablissement
des Tarquins. Cette demande ayant été repoussée, les députés
réclamèrent au moins la restitution des biens de cette famille.
Le sénat penchait pour ne pas les rendre ; mais, n'osant prendre sur lui
cette injustice, il renvoya la discussion de l'affaire à l'assemblée
du peuple, qui prononça la restitution à la majorité d'une
seule voix. Déjà le décret commençait à s'exécuter,
lorsque les députés
tarquiniens, restés à Rome pour
recueillir les biens du roi prescrit, rendirent toute restitution impossible en
fomentant, parmi les jeunes patriciens, une conspiration en sa faveur. On a exposé,
dans la notice déjà citée sur Brutus, quel fut le résultat
de ce complot, dont la découverte occasionna le supplice des deux fils
de ce consul et l'injuste exil de Collatin,
collègue de Brutus. C'était
l'ordre des patriciens qui avait seul fait la révolution ; et le sénat
en avait seul profité, en substituant son pouvoir
aristocratique à
la monarchie. Pour intéresser le peuple au nouveau régime, et surtout
pour prévenir toute réconciliation avec les Tarquins, on se garda
bien de confisquer administrativement leurs biens ; mais le pillage en fut abandonné
à la multitude. Un monument, formé par la nature, attestait encore
du temps de
Denys d'Halicarnasse cette spoliation tumultuaire : un monceau de
gerbes, tirées d'un champ du roi, fut précipité dans le Tibre
et, s'arrêtant sur des bas-fonds, forma avec le temps, au milieu de ce
fleuve,
une petite île qui fut consacrée à Esculape.
Tarquin ne songea plus qu'à rentrer à main
armée dans ses Etats. A sa voix,
Tarquinies, Véies et d'autres villes
de la
Tyrrhénie lèvent des troupes pour sa cause. On peut voir encore,
dans la
Vie de Brutus, le récit
de la bataille qui alors se livra, et dans laquelle le consul Brutus et Aruns,
fils de Tarquin, s'entretuèrent après un combat acharné.
La lutte des deux armées ne fut pas moins opiniâtre. Sextus et Titus
Tarquin, qui commandaient l'aile droite des Tyrrhéniens, mirent en déroute
l'aile gauche des Romains et furent sur le point de forcer leurs retranchements
; mais la nuit suivante, Valérius Publicola surprit les Tyrrhéniens,
en tua un grand nombre et se rendit maître de leur camp. Le courage de Tarquin
était supérieur aux revers, et il ne désespéra pas
de sa fortune. Il arma contre Rome Porsenna, roi de Clusium, l'une des plus puissantes
souverainetés de la Toscane. On a exposé, dans l'article Mutius
Scævola, d'après l'autorité de Pline,
Suétone et Tacite,
quel fut le véritable résultat de cette guerre. Porsenna, vainqueur
des Romains, leur imposa des conditions fort dures ; mais comme il ne pouvait
s'empêcher d'admirer leur courage, il abandonna la cause des Tarquins, pour
lesquels rien ne fut stipulé dans le traité.
Denys d'Halicarnasse
donne pour motif de cet abandon une tentative coupable faite par le roi de Rome
et son gendre Mamilius, afin d'enlever les jeunes filles que les Romains avaient
données pour otages au roi de Clusium (Voyez
Clélie). Porsenna,
indigné, ordonna aux Tarquins de sortir de son camp le
jour même.
Mais le vieux monarque n'avait pas encore épuisé
toutes ses ressources ni lassé tous ses alliés. L'année qui
suivit l'entreprise du roi de Clusium contre Rome, la guerre fut déclarée
aux
Sabins, qui avaient profité du danger de la république naissante
pour ravager son territoire. Les Romains eurent l'avantage dans deux combats ;
mais les
Sabins, à la suite d'une assemblée générale
de la nation, résolurent, d'un commun accord, de continuer la guerre :
et ce fut à la sollicitation de Sextus Tarquin qu'ils prirent ce parti.
A
force de présents et de prières, il gagna les chefs de chaque
ville et les engagea à prendre les intérêts de sa famille
; il souleva aussi contre les Romains les villes de Fidènes et de Camérie,
et les fit entrer dans la ligue des
Sabins. Tous ces peuples, pour reconnaître
les bienfaits qu'ils avaient reçus de lui, ce sont les expressions de
Denys
d'
Halicarnasse, le déclarèrent généralissime, avec
un pouvoir absolu de lever des soldats dans toutes les villes de la confédération.
La fortune trahit encore cette fois les efforts de Sextus. Par ses habiles
dispositions,
il s'était ménagé une victoire infaillible sur les Romains,
qu'il comptait surprendre dans leur camp au milieu de la nuit ; un déserteur
découvrit ce projet au consul, et Sextus, surpris lui-même, fut vaincu.
Les
Sabins ouvrirent la campagne suivante par un avantage signalé sur le
consul Posthumius, puis par une ambassade chargée de demander le rétablissement
des Tarquins et la soumission des Romains à l'empire de la nation
sabine.
Ceux-ci répondirent à ces propositions par une nouvelle victoire
près d'Erète. Les
Sabins, toujours excités par Tarquin, ne
déposèrent pas les armes ; mais vaincus de nouveau, l'année
suivante, près de
Cures, par le consul Spurius Cassius Viscellinus, ils
demandèrent la paix.
Qui croirait qu'après trois tentatives aussi désastreuses,
Tarquin trouva encore moyen d'ameuter contre Rome trente nations de la confédération
latine ? Cette nouvelle guerre dura quatre ans ; mais avant qu'elle commençât,
Tarquin et Mamilius, son gendre, fomentèrent une seconde conspiration au
sein de Rome. Déjà une ambassade des Latins, en réclamant
le rétablissement du roi, avait excité une vive agitation parmi
le peuple. Les
plébéiens, opprimés comme citoyens, torturés
comme débiteurs par les riches et avides patriciens, ne dissimulaient point
qu'ils regrettaient Tarquin. L'or du vieux monarque, adroitement distribué
aux plus déterminés des
plébéiens, lui rallia un parti
nombreux. Les conjurés, auxquels se joignirent une foule d'esclaves, avaient
résolu d'égorger les sénateurs, de s'emparer des postes les
plus importants de la ville et d'en ouvrir les portes aux Tarquins. Le sénat,
les consuls étaient sans défiance. Tout promettait un succès
facile aux artisans du roi, lorsque deux personnages de la famille royale, Publius
et Marcus Tarquinius de Laurente, tourmentés par des songes effrayants
et dociles aux conseils d'un devin, vinrent révéler au consul Sulpicius
la conjuration, dont ils avaient le secret. Ce magistrat fit donner aux conjurés,
par les Tarquins de Laurente, un
faux avis de se rendre sur la place publique,
au milieu de la nuit ; là ils se virent aussitôt entourés
et désarmés par des troupes que Sulpicius avait appostées,
et le lendemain ils furent tous passés au fil de l'
épée par
les bourreaux. Les Tarquins de Laurente, pour prix de leur délation, reçurent,
avec le droit de cité romaine, une somme d'
argent considérable et
des terres. La guerre des Romains contre les Latins s'ouvrit par le siège
de Fidènes, dont les consuls ne purent s'emparer, grâce à
un secours de blé et d'armes que leur fit passer Sextus Tarquin. Ce prince,
qui joue un si grand rôle dans l'
histoire de
Denys d'Halicarnasse, mit en
même temps le siège devant Signia, qui appartenait aux Romains ;
mais il fut contraint d'abandonner cette entreprise. Fidènes ne tomba que
l'année suivante sous les coups de Titus Lartíus. Cet échec
ne fait que redoubler le courage des Latins ; les députés des trente
peuples, rassemblés à Ferentum, jurent de ne pas
déposer
les armes que Rome ne soit humiliée et les Tarquins rétablis. Octavius
Mamilius et Sextus Tarquin sont élus généraux de la confédération,
avec les pouvoirs les plus étendus. Nouvelle ambassade des villes, latines
à Rome. Le sénat accepte la guerre plutôt que de fléchir.
Effrayé cependant du nombre de ses
ennemis, il demande du secours aux Volsques
et aux
Herniques ; mais ce fut en vain : l'activité des Tarquins multipliait
partout leurs partisans. Le peuple romain refuse de s'armer ; si l'on ne peut
pas affirmer qu'il regrettait Tarquin, du moins il se trouvait encore plus malheureux
sous le despotisme des patriciens que sous celui d'un monarque. Il est encore
moins douteux que Tarquin fomentait sourdement cette
division entre les deux ordres.
Quoi qu'il en soit, Titus Lartius, nommé dictateur et revêtu des
marques de l'autorité royale, imprima tant de respect aux
plébéiens
qu'ils se laissèrent enrôler et conduire contre les Latins. Le dictateur,
arrivé devant les
ennemis, s'occupa moins de les combattre que de semer
parmi eux la
division. Après un avantage assez léger remporté
près de Tusculum, il sut si bien gagner les curs des Latins, par
son humanité envers leurs
compagnons d'armes blessés et prisonniers,
qu'il obtint de la confédération une trève d'une année.
Rome jouit, pendant cet intervalle, d'une paix profonde ; mais c'était
le calme avant-coureur de l'orage. Tarquin et Mamilius, parcourant toutes les
villes latines, avaient ranimé le zèle des magistrats pour la cause
du monarque déchu. Ils avaient même exclu de l'administration des
affaires de l'Etat tous les
plébéiens qui ne voulaient point la guerre. Ils trouvèrent aussi moyen d'armer les Volsques contre les Romains. Dans ce pressant danger, le sénat recourut pour la seconde fois à la dictature ; le choix tomba sur Posthumius, qui, par une victoire décisive remportée aux bords du lac Régille, termina la guerre et fit évanouir les dernières espérances de Tarquin. Les deux fils de ce monarque, Sextus et Titus, ainsi que Mamilius, son gendre, périrent dans cette journée en combattant avec la plus brillante valeur. Les Latins chassèrent de leur territoire l'infortuné vieillard, resté seul de sa nombreuse famille. Il alla mourir à Cumes, auprès d'Aristodème, tyran de cette ville, qui lui ferma les yeux et lui fit des funérailles royales.
Tarquin n'avait pas été abandonné, même
après sa dernière défaite, par ceux des Romains qui d'abord
avaient partagé son exil. Une partie de ces proscrits demeura dans Cumes,
les autres se dispersèrent en différentes villes ; tous enfin devaient
finir leurs
jours loin de leur patrie. Six ans après, lorsque Rome, livrée
aux horreurs de la disette, envoya des commissaires pour acheter du blé
à Cumes, les exilés romains obtinrent d'Aristodème la permission
de retenir ces envoyés pour gage des biens qu'ils avaient laissés
à Rome. Le tyran lui-même se constitua
juge de ce procès.
Pendant qu'il l'instruisait, les commissaires romains trouvèrent moyen
de sauver leurs personnes, laissant leurs bagages, leurs esclaves et tout l'
argent
destiné à l'achat du blé. Telles sont les principales circonstances
que présente
Denys d'Halicarnasse sur la longue lutte des Tarquins contre
Rome.
Tite-Live diffère de cet
historien en plusieurs points
importants. D'abord, après avoir fait de Sextus, non l'aîné,
mais le dernier des fils de Tarquin, il place la mort de ce jeune prince immédiatement
après l'expulsion de son père. S'étant retiré, dit-il,
à Gabies, qu'il regardait comme son propre royaume, il y trouva la juste
punition de ses rapines et ses meurtres : il fut assassiné à son
tour. Arrivé à la guerre de Porsenna contre les Romains,
Tite-Live
ne parle point de la tentative de Tarquin pour enlever Clélie et les jeunes
Romaines livrées en otage au roi de Clusium. Il se contente de représenter
ce prince comme assez indifférent aux intérêts des Tarquins,
sans avoir aucune raison pour se brouiller avec eux. Toutefois, dans l'
historien
latin, Porsenna, après sa retraite prétendue, envoie plutôt
par bienséance que par zèle, une dernière ambassade aux Romains,
pour solliciter le rétablissement de ces princes. La réponse du
sénat fut que Rome ouvrirait plutôt ses portes aux
ennemis qu'à
des rois, et que les Romains suppliaient Porsenna de ne point s'opposer à
ce qu'ils fussent libres. Dès ce moment, le roi d'
Etrurie déclara
qu'il renonçait à se mêler de la cause des Tarquins.
Denys
d'
Halicarnasse ne dit pas un mot de cette seconde négociation de Porsenna
en faveur des Tarquins, et on doit louer ici son silence judicieux. En effet,
il est invraisemblable qu'un souverain puissant et victorieux tienne aussi peu
au succès de ses démarches auprès d'une république
faible et qu'il avait presque réduite aux abois. En racontant la guerre
contre les
Sabins,
Tite-Live paraît avoir ignoré la part qu'y prirent
les Tarquins, selon l'
historien grec. A propos de la création du premier
dictateur Titus Lartius, l'
historien latin, plus judicieux dans ses doutes que
dans ses affirmations, présente cette réflexion : « On ne
s'accorde ni sur l'année ni sur le nom des consuls auxquels on crut devoir
retirer la confiance publique, parce qu'ils étaient aussi, à ce
qu'on dit, de la
faction des Tarquins. On ne s'accorde pas non plus sur le nom
du premier dictateur. » Ce trait prouve, mieux encore que tous les détails
fournis par
Denys d'HaIicarnasse, combien Tarquin conservait de partisans à
Rome.
Tite-Live n'hésite pas à faire combattre ce monarque en personne
à la journée de Régille. Apercevant Posthumius à la
tête de ses lignes, qui disposait et animait ses troupes, il oublie, dit-il,
tout ce que l'âge lui a ôté de
force et de souplesse ; il ne
consulte que sa fureur et pousse son
cheval à toute bride. Blessé
au côté, il ne dut la vie qu'à un gros des siens qui accourut
pour le dégager.
Denys d'Halicarnasse avait également trouvé
ce récit dans deux anciens auteurs, Licinius et Gellius ; mais il l'a rejeté
comme invraisemblable, n'admettant pas qu'un homme de quatre-vingt-neuf ans pût
ainsi payer de sa personne. Cela n'est pourtant pas sans exemple ; on sait que
ce fut à peu près au même âge que Massinissa, faisant
à la fois l'office de soldat et de général, remporta une
victoire sur les Carthaginois. Ce roi des
Numides n'avait pas, en s'exposant ainsi,
des motifs aussi puissants que Tarquin, qui combattait pour sa
couronne.
Tite-Live
parle aussi des exploits et de la mort d'un des fils de Lucius Tarquin, qui combattait
à la tête du
corps des exilés ; mais il ne nomme point ce
jeune prince. Enfin son récit se termine par ces mots, qui confirment tous
nos doutes critiques sur cette époque. « Je trouve dans quelques
auteurs que ce fut cette année seulement (celle du consulat d'Aulus Posthumius
et de Titus Virginius) que se donna la bataille du lac Régille ; que Posthumius
se défiant des
dispositions équivoques de son
collègue, se
démit du consulat ; qu'il fut ensuite nommé dictateur. La chronologie
de ces premiers temps est si confuse par les variations des différents
auteurs, qu'il est bien difficile, vu l'extrême distance où l'on
se trouve des événements et des
historiens même, de marquer
avec précision l'ordre des consulats et l'époque de chaque événement.
» Au reste, quelque divisés que puissent être les critiques
sur les circonstances secondaires de la révolution qui amena l'expulsion
des Tarquins, on ne saurait avoir qu'un seul avis sur les talents que déploya
le dernier roi de Rome. On ne peut nier d'abord, en se rappelant ses conquêtes,
ses monuments, ses alliances, que son règne n'ait contribué à
la grandeur des Romains aussi bien que celui de ses prédécesseurs ; et
Montesquieu est loin de faire une exception pour Tarquin, quand il dit que tous les rois de Rome « furent de grands personnages, et qu'on ne trouve point ailleurs dans l'
histoire une suite non interrompue de tels hommes d'Etat et de tels capitaines ». Il porte même sur ce prince, si unanimement flétri par les
historiens, ce
jugement où il y a du vrai : « Le portrait de Tarquin n'a point été flatté ; son nom n'a échappé à aucun des orateurs qui ont eu à parler contre la
tyrannie ; mais sa conduite avant son malheur, que l'on voit qu'il prévoyait, sa douceur pour les peuples vaincus, sa libéralité envers les soldats, cet art qu'il eut d'intéresser tant de gens à sa conservation, ses ouvrages publics, son courage à la guerre, sa constance dans son malheur, une guerre de vingt ans qu'il fit ou qu'il fit faire au peuple romain, sans royaume et sans biens, ses continuelles ressources, font bien voir que ce n'était pas un homme méprisable. »
Une autre vérité qui domine toute l'
histoire de ce temps, c'est que, jusqu'à l'institution du tribunat, le peuple romain ne gagna rien à l'expulsion des rois,
sinon d'avoir beaucoup de tyrans au lieu d'un. Tous les
historiens sont d'accord sur ce point ; et pour n'en citer qu'un seul,
Tite-Live, bien que très favorable à la cause républicaine, dit en propres termes qu'après la mort de Tarquin, le peuple, qu'on avait jusque-là ménagé avec un soin extrême, commença dès lors à essuyer des vexations de la part de la noblesse (Voyez
Publius Servius Priscus). Enfin si l'on ne peut tirer aucune conclusion positive d'un passage de Cicéron relatif à Tarquin, on doit y trouver du moins un motif de lire avec défiance tout ce qu'on rapporte sur les crimes de ce prince. « Tarquin, dit l'orateur romain dans sa troisième Philippique, ne fut ni
impie ni cruel ; il ne fut que superbe, et ce vice lui coûta le trône. » Malvezzi a donné une
Vie de Tarquin : c'est moins une biographie qu'une déclamation contre la
tyrannie.
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(1) Antiquités romaines, livre 4, chap. 3, traduction de l'abbé Bellanger. Ici,
Denys d'Halicarnasse n'a rien laissé à faire au critique
Beaufort, qui s'est contenté de reproduire ses arguments. (Voyez
Dissertation sur l'incertitude des cinq premiers siècles de l'histoire romaine, p. 121 et suiv., 223 et suiv.)
(2) De republica, lib. 2, cap. 26.
(3) La preuve de ce fait est dans le traité de commerce conclu entre Rome et Carthage, la troisième
année de la république romaine.
(4) Montesquieu,
Grandeur et décadence des Romains, chap. 1.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 41 - Pages 26-32)