Abel, deuxème fils d'
Adam, était, selon l'opinion commune, et d'après l'
historien Josèphe,
frère jumeau de
Caïn. Plusieurs le font naître un an après son
frère, c'est-à-dire la deuxième année du monde ; d'autres lui donnent quinze ans, et quelques-uns enfin trente ans de moins.
Caïn était laboureur, et
Abel se livrait à la vie pastorale. Tous deux offraient des présents au Seigneur :
Caïn, les prémices de ses
fruits ; et
Abel, les premiers-nés de son troupeau.
Dieu témoigna qu'il agréait les offrandes d'
Abel, et qu'il rejetait celles de son
frère. Celui-ci, consumé d'
envie, invita
Abel à sortir, et le tua au milieu des champs. Le sang innocent de ce juste cria vers le
ciel, et le Seigneur demanda à
Caïn ce qu'était devenu
Abel. Il répondit : « Suis-je le gardien de mon
frère ? » L'
Eglise cite souvent le sacrifice d'
Abel comme le modèle d'un sacrifice saint, pur, désintéressé ; c'est particulièrement dans le Canon de la messe :
Sicut accepta habere dignatus es munera pueri tui justi Abel.
Plusieurs Pères de l'
Eglise ont cru qu'
Abel était mort sans avoir été marié ; et c'est sans doute cette opinion qui a donné lieu à une secte d'hérétiques qui s'éleva aux environs d'
Hippone en Afrique, sous les règnes d'
Arcadius et d'
Honorius, et qui prit, du nom d'
Abel, celui d'Abélites ou d'Abélonites. Cette hérésie consistait à condamner l'usage du
mariage.
Au rapport de quelques voyageus, on montre, à 16 milles de Damas, un tombeau que l'on dit être celui d'
Abel ; et saint Jérôme assure que, de son temps, la tradition constante des Hébreux était qu'
Abel avait été tué dans la contrée qui environne Damas. Mais on sait quel est le
goût des peuples de l'Orient pour les monuments qui semblent les reporter jusqu'aux premiers temps du monde. Ce que nous savons de plus positif au sujet d'
Abel, c'est que sa mémoire a toujours été en grande vénération.
Saint Paul dit de ce
patriarche que son sang parle encore après sa mort. Jésus-Christ lui-même le qualifie du nom de Juste ; et son sacrifice est loué dans l'
Eglise comme ceux de Melchisedech et d'Abraham. Tout le monde connaît
La mort d'Abel, poème par Gessner. Legouvé a donné sur ce même sujet une tragédie en trois actes.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 1 - Page 56)