Benoît IX fut élu pape vers le mois de
juin 1033, à l'âge de douze ans. Il se nommait Théophylacte, était neveu du
pape Jean XIX, à qui il succédait, et fils d'
Albéric, comte de Tusculum. Cette famille, habituée à disposer de la tiare, l'acheta cette fois pour la placer sur la tête d'un
enfant.
Benoît IX la garda une première fois pendant douze ans ; mais l'
infamie de ses murs, ses rapines et ses cruautés le rendirent odieux aux Romains ; ils le chassèrent en 1045, pour élever à sa place Sylvestre III, qui ne tint le
saint-siège que trois mois.
Benoît IX réussit alors à rentrer dans Rome avec le secours puissant de sa famille. Mais les mêmes causes de haine s'étant de nouveau élevées contre lui, il fut obligé de céder : il se retira pour se livrer tranquillement à ses plaisirs, et les Romains lui donnèrent pour successeur Jean Gratien, qui prit le nom de Grégoire VI, et fut installé pape le 08 avril 1045. Les désordres qui régnaient à Rome excitèrent le zèle du nouveau
pontife ; mais les moyens de répression qu'il employa firent naître les clameurs du peuple, accoutumé à la licence. On prétendit que Grégoire VI n'était monté au siège
pontifical que par des voies simoniaques. On élevait des doutes sur la légitimité de ses pouvoirs, attendu que
Benoît IX et Sylvestre III existaient encore, et qu'ils n'avaient pas été
légalement dépossédés. Enfin, on implora l'assistance de Henri le Noir, roi de Germanie, pour remédier à ces désordres. Henri vint en Italie, et tint un
concile à Sutri, près de Rome, où l'élection de Grégoire VI fut déclarée irrégulière. Grégoire obéit sur-le-champ à cette décision, se
dépouilla de ses ornements, et remit le bâton pastoral à Suidger, qui fut installé à sa place le
jour de
Noël 1046, et prit le nom de
Clément II. Ce nouveau pape étant mort au bout de neuf mois, c'est-à-dire le 09
octobre
1047,
Benoît IX rentra pour la troisième fois dans Rome le 08 novembre
1047, et s'y maintint jusqu'au 10
juillet 1048. Enfin, touché par le repentir, il fit appeler Barthélémy, abbé de Grotta-ferrata, lui confessa ses péchés, et lui en demanda le remède. Le saint directeur ne lui dissimula point qu'il était indigne du sacerdoce, et qu'il devait se réconcilier avec
Dieu par la pénitence. Benoît suivit ce
conseil, et renonça aussitôt à sa dignité. Dès ce moment, l'
histoire semble le perdre de
vue, et la fin de sa vie politique contribue
à jeter de l'obscurité sur sa fin naturelle. On croit cependant qu'il mourut en 1054, dans ce même
monastère de Grotta-ferrata, où il expiait la honte et les erreurs de sa vie licencieuse, auprès du consolateur
que les remords de sa conscience lui avaient indiqué.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 3 - Pages 648-649)