LES DIEUX SUB-OLYMPIENS
Les divinités dont nous nous sommes occupé jusqu'ici règnent avec ou auprès de Jupiter dans l'
Olympe, au-dessus des nuages et des astres. Mais, entre l'
Olympe et la surface de la terre, il existe un vaste espace, région éthérée ou aérienne, que l'imagination des poètes anciens avait peuplée de divinités encore puissantes, quoique secondaires. Comme il n'est pas un point dans cet univers où l'on n'aperçoive le mouvement et la vie, il n'en est pas un non plus qui soit privé de ses
dieux. L'intervention divine semble partout nécessaire : pas un
astre ne luit dans le
ciel, pas un nuage ne voile la lumière du
jour, pas un souffle n'agite l'atmosphère sans qu'une divinité ne préside à ces phénomènes. Chargés de fonctions spéciales, serviteurs attitrés des grandes puissances
olympiennes, ces
dieux secondaires s'acquittent de leur ministère d'une façon sensible, dans les
sphères où évolue le monde terrestre.
Les principaux sont l'
Aurore, le
Soleil, la
Lune, les
Astres, le
Feu et les Vents.
L’Aurore, en grec Eos
L'
Aurore était fille de
Titan et de la
Terre, ou selon
Hésiode, de Théia et d'
Hypérion, sur du
Soleil et de la
Lune. Cette déesse ouvrait les portes du
jour. Après avoir attelé les
chevaux au char du
Soleil, elle le précédait sur le sien. Ayant
épousé Persès, fils d'un
Titan, elle eut pour
enfants les Vents, les
Astres et
Lucifer.
Amoureuse du jeune
Tithon, fils de Laomédon et
frère de
Priam, elle l'enleva, l'épousa, et en eut deux fils dont la mort lui fut si sensible que ses larmes abondantes produisirent la rosée du matin, l'un Memnon, roi
d'Ethiopie, l'autre Hermathion.
Son second
époux fut Céphale, qu'elle enleva à Procris, fille d'Erechtée, roi d'Athènes, et en eut un fils. Depuis, elle enleva
Orion et beaucoup d'autres.
Les anciens la représentent vêtue d'une robe de
safran, ou d'un jaune pâle, une verge ou une torche à la main, sortant d'un palais de vermeil, et montée sur un char de même métal ayant des reflets de
feu.
Homère lui donne deux
chevaux, qu'il nomme Lampos et
Phaéton, et la dépeint avec un grand voile sombre rejeté en arrière, et ouvrant de ses doigts de
rose la barrière du
Jour. D'autres poètes lui donnent des
chevaux blancs ou même Pégase pour monture.
Quelquefois, on la représente sous la figure d'une jeune
nymphe couronnée de
fleurs, et montée sur un char tiré par Pégase. De la main gauche, elle tient un flambeau, et de l'autre elle répand une
pluie de
roses. Dans une peinture antique, elle chasse de sa présence la Nuit et le Sommeil.
Hypérion
Hypérion, fils d'Uranus et
frère de
Saturne, épousa Théia, selon Hésiode, et fut père du
Soleil et de la
Lune. Selon d'autres poètes, il épousa Basilée, sa sur, dont il eut un fils et une fille,
Hélios et
Séléné, tous deux remarquables par leur beauté et leur vertu, ce qui attira sur
Hypérion la jalousie des autres
Titans. Ceux-ci, ayant conspiré entre eux, convinrent de tuer
Hypérion et de noyer ses
enfants.
Souvent,
Hypérion est pris pour le
Soleil lui-même
dans
Homère et d'autres poètes.
Le Soleil, en grec Hèlios
Le
Soleil ou
Hélios, fils d'
Hypérion et de Basilée, fut noyé dans l'
Eridan par les
Titans, ses oncles. Basilée, cherchant le long du
fleuve le
corps de son fils, s'endormit de lassitude, et vit en songe
Hélène qui lui dit de ne pas s'affliger de sa mort, qu'il était mis au rang des
dieux, et que ce qui s'appelait autrefois, dans le
ciel, le
feu sacré,
s'appellerait désormais
Hélios ou le
Soleil.
Les Grecs et les Romains l'appellent très souvent
Phébus et
Apollon. Cependant, les anciens poètes font ordinairement une distinction entre
Apollon et le
Soleil, et, reconnaissent en eux deux divinités différentes. Ainsi
Homère, dans l'adultère de
Mars et de
Vénus, dit qu'
Apollon assista à ce spectacle, comme
ignorant le fait ; et que le
Soleil, instruit de toute l'intrigue, en avait donné connaissance à
Vulcain.
Hélios s'éprit d'un vif
amour pour Rhodos, fille de
Neptune et de
Vénus, et nymphe de l'île à laquelle il donna son nom. Il eut de cette nymphe sept fils, les
Héliaques, qui se partagèrent l’île de
Rhodes.
Celte île fut consacrée au
Soleil, et ses habitants, qui se disaient descendants des
Héliaques, se vouèrent particulièrement à son culte.
Ce
dieu aima encore et épousa Perséis ou Persa,
fille de Téthys et de l'Océan ; il en eut Éétés, Persé,
Circé et
Pasiphaé.
Le culte du
Soleil était répandu dans tout le monde ancien. Les Grecs l'adoraient et juraient, au nom de cet
astre, entière
fidélité à leurs engagements. Sur une montagne près de Corinthe, il y avait plusieurs autels consacrés au
Soleil, et, après les guerres médiques, les habitants de Trézène dédièrent un
autel à
Hèlios libérateur.
Chez les Égyptiens, le
Soleil était l'image même de la divinité. Une ville tout entière lui était consacrée,
Héliopolis.
Ovide s'est plu à faire la description du palais du
Soleil : c'est un séjour de cristal, de
diamant, de pierres et de métaux précieux, tout resplendissant de lumière : le
dieu siège sur un trône plus riche et plus brillant encore que le reste du palais : telle est la lumière qui étincelle et jaillit de toutes parts, que l'il d'un mortel n'en saurait soutenir l'éclat.
Hèlios, dans son appareil de splendeur, monte le matin sur
son char attelé de
chevaux qui ne respirent que le
feu et l'impatience, et il s’élance dans le
ciel par sa route accoutumée, dès que l'
Aurore lui a ouvert les portes du
Jour. S'il lui arrive parfois d'ètre en retard, c'est, disent les poètes, qu'il s'est oublié dans la couche de Thétis, fille de
Nérée, la plus belle des nymphes de la mer. Le soir, il descend au sein des ondes afin de goûter un repos bien mérité, pendant que ses
chevaux répareront aussi leurs
forces, afin de recommencer bientôt après leur course quotidienne avec une nouvelle ardeur.
On le représente d'ordinaire sous les traits d'un jeune
homme à la chevelure blonde, au visage brillant et empourpré : il est couronné de rayons, et parcourt le Zodiaque sur un char tiré par quatre
chevaux.
Les anciens le représentaient encore par un il ouvert sur le monde.
Phaéton et les Héliades
Phaéton était fils d'
Apollon, c'est-à-dire du
Soleil et de Clymène, fille de l'Océan. Ayant eu un différend avec
Epaphus, fils de Jupiter et d'
Io, qui lui reprocha de n'être pas fils du
Soleil, comme il s'en vantait, il alla se plaindre à sa mère. Celle-ci le renvoya au
Soleil lui-mème pour apprendre de sa propre bouche la vérité sur sa naissance.
Phaéton se rendit donc au palais du
Soleil et expliqua à ce
dieu le sujet de sa venue. Ensuite il le conjura de lui accorder une faveur qui attesterait sa véritable origine et qu'il allait lui demander. Sans attendre que
Phaéton s'expliquât davantage, et n'écoutant que son
amour paternel, le
Soleil jura par le
Styx de ne lui rien refuser. Alors le jeune téméraire lui demanda la permission d'éclairer le monde pendant un
jour seulement, en conduisant son char.
Le
Soleil, engagé par un serment irrévocable, fit tous ses efforts pour détourner son fils d'une entreprise si difficile, mais inutilement.
Phaéton, avec l'obstination d'un
enfant qui ne connaît pas le danger, persiste dans sa demande, et monte sur le char. Les
chevaux du
Soleil s'aperçoivent bientôt du changement de conducteur, et se détournent de la route ordinaire tantôt, montant trop haut, ils menacent le
ciel d'un embrasement inévitable ; tantôt, descendant trop bas, ils tarissent les rivières et
brûlent les
montagnes.
La
Terre, desséchée jusqu'aux entrailles, porte ses plaintes à Jupiter qui, pour prévenir le bouleversement de l'univers, lance sa foudre sur le fils du
Soleil, et le précipite dans l'
Eridan.
Les
Héliades, ses surs, filles aussi du
Soleil et de
Clymène, se nommaient Lampétie, Phaétuse et Phbé. La mort de leur
frère leur causa une si vive douleur qu'elles le pleurèrent quatre mois entiers. Les
dieux les changèrent en peupliers, et leur larmes en grains d'ambre.
La Lune, en grec Séléné
La
Lune ou
Séléné, fille d'
Hypérion et de Théia. avant appris que son
frère Hèlios, qu'elle aimait tendrement, avait été noyé dans l'
Eridan, se précipita du haut de son palais. Mais les
dieux, touchés de sa piété fraternelle, la placèrent dans le
ciel, et la changèrent en
astre. Pindare l'appelle l'il de la nuit, et Horace la reine du silence.
Le même que les poètes confondent souvent
Apollon,
Phébus et le
Soleil dans la même personnalité, de même ils ont identifié très souvent
Artémis et
Séléné,
Diane et la
Lune.
La plus grande divinité sidérale, après le
Soleil, c'était la
Lune.
Son culte, sous mille formes diverses, était répandu chez tous les peuples.
Les magiciennes de Thessalie prétendaient avoir un grand
commerce avec la
Lune. Elles se vantaient de pouvoir, par leurs enchantements, ou la délivrer du
dragon qui cherchait à la dévorer, ce qui se faisait au bruit des chaudrons, à l'époque des éclipses, ou la faire descendre à leur gré sur la terre.
Le lundi,
jour de la semaine, lui est consacré (
Lunæ dies).
Les Astres
Les
Astres, ces
feux éternels dont la voûte céleste est parsemée, avaient reçu des poètes une origine sacrée ou divine. Beaucoup d'entre eux étaient l'objet d'un culte spécial ou d'une particulière vénération. Tous parfois étaient invoqués ou pris à témoins par les mortels dans les circonstances critiques. Les héros, les grands hommes ne semblaient aspirer qu'à s'élever jusqu'à eux par le mérite et l'éclat de leurs belles actions. Aller vers les astres, c'était se frayer la route vers l'immortalité, acquérir des titres d'une gloire impérissable, en un mot se placer au rang et dans le séjour des
dieux.
Les
Astres, disait-on, étaient les
enfants du
titan Astréus et d'
Héribée ou de l'
Aurore. Avec leur père, ils avaient voulu escalader l'
Olympe. Jupiter avec sa foudre avait dispersé leur infinie multitude dans l'espace, et ils demeurèrent attachés au
ciel.
Mais, dans ce
ciel primitif et étoilé, un grand
nombre d'astres viennent successivement prendre place. Les mortels, frappés de leurs évolutions ou de leur éclatante lumière, en firent des êtres divins, et la
fable a popularisé leur personnification.
Lucifer, en grec Eosphoros ou Phosphoros
La planète
Vénus, appelée communément "étoile du berger" précède à l'est le lever du
soleil, et se montre à l'occident, dès le crépuscule. Etoile du matin, elle se nomme
Lucifer, et prend le nom de
Vesper quand elle devient étoile du soir. Bien que personnifiant la même planète,
Lucifer et
Vesper ont dans le monde sidéral chacun leur
histoire respective.
Lucifer, fils de Jupiter et de l'
Aurore, est le chef ou le conducteur de tous les astres. C'est lui qui prend soin des coursiers et du char du
Soleil, lui qui les attèle et les détèle avec les
Heures. On le reconnaît à ses
chevaux blancs dans la voûte azurée, lorsqu'il annonce aux mortels l'arrivée de l'
Aurore, sa mère.
Les
chevaux de main lui étaient consacrés.
Vesper, en grec Hespéros
Vesper ou
Hespéros brille le soir à l'occident avec tout l'éclat dont resplendit
Lucifer aux premières lueurs du
jour.
Frère de
Japet et
frère d'
Atlas,
Vesper habitait avec son
frère une contrée située à l'ouest du monde et nommée Hespéritis. En Grèce, le mont ta lui était consacré.
On appelle Hespérie l'Italie et l'Espagne ; la première, parce que
Vesper, chassé par son
frère, s'y retira ; et la seconde, parce que ce pays est le plus occidental de l'
Europe, le plus sensiblement rapproché de
Vesper.
Orion
La
légende d'
Orion est diversement racontée par les poètes. Selon les uns, il était le fils d'un paysan de
Béotie appelé Hyriéus, qui eut l'honneur de loger dans sa cabane Jupiter,
Neptune et
Mercure. En récompense de l'hospitalité qu'ils avaient reçue, les
dieux firent miraculeusement naître de la peau d'une génisse l'
enfant nommé
Orion.
Mais, selon
Homère,
Orion était
fils de Neptune et d'Euryalé, fille de
Minos. Il se rendit célèbre par son
amour pour l'astronomie qu'il avait apprise d'
Atlas, et par sa passion pour la chasse. Remarquable par sa beauté, il était d'une taille si avantageuse qu'on en a fait un
géant qui, marchant dans la mer, dépassait les flots de toute la tête. Ce fut dans le temps qu'il la traversait ainsi, que
Diane, apercevant cette tête, sans distinguer ce que c'était, voulut faire preuve de son adresse, en présence d'
Apollon qui l'en avait défiée. Elle tira si juste qu'
Orion fut atteint de ses
flèches meurtrières.
On raconte aussi qu'
Orion, devenu habile dans l'art de
Vulcain, fit un palais souterrain pour
Neptune, et que l'
Aurore, que
Vénus avait rendue amoureuse de lui, l'enleva et le porta à
Délos. Il y perdit la vie par la jalousie, suivant
Homère, et, selon d'autres, par la vengeance de
Diane, qui fit sortir de terre
un scorpion dont il reçut la mort. Sa faute était d'avoir
voulu forcer la déesse à jouer au disque avec lui, et
d'avoir osé
toucher son voile d'une main impure.
Diane, affligée
d'avoir ôté la vie au bel
Orion, obtint de Jupiter qu'il
fût placé dans le
ciel, où il forme la plus brillante
des constellations. Dans sa vie céleste,
Orion n'a pas renoncé
au plaisir de la chasse, et souvent, par les nuits claires, quand les
vents et les flots restent silencieux, l'immortel et infatigable chasseur
parcourt avec sa meute les espaces éthérés. Alors
encore
Diane le suit, et l'enveloppe de ses rayons, et les étoiles
chassées par lui pâlissent devant son éclat.
Sirius ou la Canicule, la Vierge et le Bouvier
La constellation du
Chien ou de la Canicule se trouve à
l'occident de l'Hémisphère boréal, dans le voisinage d'
Orion. La plus brillante étoile de cette constellation se nomme
Sirius. Les anciens en redoutaient si fort les
influences, qu'ils lui offraient des sacrifices pour en conjurer les effets. Selon les uns,
Sirius n'était que le
chien d'
Orion, le fidèle et ardent
compagnon du chasseur ; selon d'autres, c'était le
chien donné par Jupiter pour être le gardien d'
Europe, ou encore celui que
Minos donna à Procris, fille d'Erechtée, roi d'Athènes, lorsqu'elle épousa le fils d'Éole, Céphale.
Enfin on raconte qu'Icarius d'Athènes, ami de
Bacchus, ayant
été tué par des bergers de l'
Attique, auxquels il avait fait boire du vin, sa fille Érigone ne pouvait se consoler. Accompagnée de Mra, sa chienne, elle découvrit l'endroit où son père était enterré, et se pendit de désespoir. Jupiter, ému de sa
piété filiale, la plaça dans le
ciel, où elle est devenue la constellation de la Vierge. Quant à Mra, sa chienne
sagace et fidèle, Jupiter la plaça dans la constellation de la Canicule.
Icarius ne fut pas non plus oublié par Jupiter : il eut sa place au
ciel. Le maître des
dieux fit de lui la constellation du Bouvier (
Bootès), près de la Grande Ourse, et qui paraît suivre le Chariot. On l'appelle aussi Arcturus.
La Grande Ourse et la Petite Ourse
Calisto, fille de Lycaon, roi d'
Arcadie, était une des
nymphes favorites de
Diane. Jupiter, sous la forme de cette déesse, la rendit mère d'Arcas.
Diane s'en étant aperçue la chassa de sa compagnie.
Junon poussa plus loin la vengeance et la métamorphosa en ourse.
Cependant, Arcas étant devenu grand, des chasseurs le
présentèrent à Lycaon, son aïeul, qui le reçut avec joie, et l'associa à son royaume. Le jeune prince donna son nom à l'
Arcadie, et apprit à ses sujets à semer le blé, à faire du pain, à fabriquer de la toile, à filer la laine, toutes choses qu'il avait
apprises lui-même de Triptolème, favori de
Cérès et d'Aristée, fils d'
Apollon.
Lycaon ayant été changé en
loup par Jupiter à cause de sa cruauté, Arcas eut seul le royaume. Mais, non content de gouverner son peuple, il se livrait
éperdument au plaisir de la chasse. Un
jour ce jeune homme, en parcourant les
montagnes, rencontra sa mère sous la forme d'une ourse.
Calisto, qui reconnaissait son fils sans en être connue, s'arrêta pour le contempler. Arcas prépara son arc, et il allait la percer de ses
flèches, lorsque Jupiter, pour prévenir ce
parricide, le changea lui-même en ours. Le
dieu les transporta tous les deux dans le
ciel, où ils forment les constellations de la Grande Ourse et de la Petite Ourse.
A la
vue de ces nouveaux astres, l'implacable
Junon entra de nouveau en fureur, et pria les
dieux de la mer de ne leur permettre jamais de se coucher dans l'Océan. Ainsi ces deux constellations, placées près du pôle nord, demeurent toujours au-dessus de notre
horizon. A cause de leur configuration, les Grecs et les Romains les désignaient assez souvent comme aujourd'hui par les noms de Grand et de Petit Chariot.
Les Pléiades
Les Pléiades, filles d'
Atlas et de
Pléione, fille elle-même de l'Océan et de Téthys, étaient au nombre de sept : Maïa,
Electre, Taygète, Astérope, Mérope,
Alcyone et
Céléno.
Maïa fut aimée de Jupiter, dont elle eut
Mercure. Ce
dieu lui donna aussi à nourrir Arcas, fils de
Calisto, ce qui lui attira le ressentiment de
Junon.
Ovide dérive de son nom celui du mois de mai. On sacrifiait à Maïa une truie pleine, victime offerte encore à
Cybèle ou à la
Terre.
Electre, aimée aussi de Jupiter, fut la mère de
Dardanus. Elle le mit au monde en
Arcadie. Mais il passa plus tard en
Phrygie, où il épousa la fille du roi
Teucer ; puis il bâtit, au pied du mont
Ida,
une ville qu'il appela
Dardanie, et qui devint la célèbre
Troie. On dit que, depuis la ruine de
Troie, Électre ne voulut plus paraître dans la compagnie de ses surs, parce que, en effet, cette étoile des Pléiades est presque invisible.
Taygète eut de Jupiter Taygétus, qui donna son nom à la
montagne d'
Arcadie.
Astérope n'a pas de postérité connue, mais fut l'
épouse d'un
Titan.
Mérope épousa
Sisyphe, fils d'Eole et petit-fils d'
Hellen.
Sisyphe bâtit la ville d'Éphyre qui, dans la suite, fut nommée Corinthe. Du
mariage de Mérope et de
Sisyphe naquit
Glaucus qui fut le père de
Bellérophon. Ce qu'on raconte d'
Electre qui, par honte ou chagrin, retire sa lumière, est attribué aussi à Mérope. Honteuse, dit-on, d'avoir épousé un simple mortel, tandis que toutes ses surs avaient épousé des
dieux, cette Pléiade se cache autant qu'elle peut, et c'est elle, ajoute-t-on, et non pas
Electre, qu'on aperçoit indistinctement.
Alcyone eut de
Neptune Glaucus, le
dieu marin.
Céléno eut aussi de
Neptune Lycus, roi des Mariandyniens, qui fit un accueil hospitalier aux
Argonautes et les fit guider par son fils jusqu'au Thermodon,
fleuve de Thrace sur les bords duquel habitaient les
Amazones.
Les Pléiades forment le signe de leur nom dans la constellation du Taureau. Elles furent métamorphosées en étoiles, parce que leur père avait voulu lire dans les secrets des
dieux. Elles paraissent au mois de mai, temps favorable à la navigation. Leur nom est dérivé du mot grec qui signifie
naviguer. Les Latins les appelaient aussi
Vergilies, c'est-à-dire
Printanières, ou étoiles du printemps.
Les Hyades
Les
Hyades, ou les
Pluvieuses, ainsi nommées du mot grec qui signifie
pleuvoir, étaient filles d'
Atlas, comme les Pléiades. Ethra, leur mère, était issue de Téthys et de l'Océan. Sur leur nombre, les poètes ne sont pas d'accord : on en compte ordinairement sept : Ambrosie, Eudore, Phsyle,
Coronis, Polyxo, Pho,
Dioné.
Leur
frère Hyas ayant été déchiré par une
lionne, elles pleurèrent sa mort avec des regrets si vifs que les
dieux,
touchés de
compassion, les transportèrent au
ciel. Devenues un groupe d'étoiles, elles sont placées dans la constellation du Taureau, où
elles pleurent encore, c'est-à-dire que leur apparition
concorde avec une période de mauvais temps et de
pluie.
Galaxie ou Voie lactée
Les Grecs donnaient le nom de Galaxie à cette large bande
lumineuse qu’on aperçoit la nuit dans un
ciel sans nuages, et qui, de sa
blancheur, a pris le nom de
Voie lactée. C'est par là que l'on se rend au palais de Jupiter, et que les héros entrent dans le
ciel : à droite et à gauche sont les habitations des
dieux les plus puissants.
La Voie lactée, amas prodigieux d'étoiles ou de
nébuleuses qui font une longue trace du nord au midi, a son origine dans la
fable.
Junon, par le conseil de
Minerve, ayant donné le sein à
Hercule qu'elle avait trouvé dans un champ, où
Alcmène, sa mère, l'avait exposé, le héros
enfant aspira le lait avec tant de
force qu'il en rejaillit une grande quantité, ce qui forma la Voie lactée.
Les signes du Zodiaque
Le Zodiaque (mot dérivé du grec
Zôdion, petit
animal) est l'espace du
ciel que le
soleil semble parcourir durant l'année. Il est divisé en douze parties, où sont douze constellations qu'on nomme les douze signes du Zodiaque, et dont voici les noms : le
Bélier, le Taureau, les Gémeaux, l'Ecrevisse, le
Lion, la Vierge, la Balance, le Scorpion, le Sagittaire, le
Capricorne, le Verseau et les
Poissons. La
disposition des astres, dans ces diverses constellations, évoqua d'abord l'idée de ces différents signes, et chacun d'eux a trouvé plus tard sa place dans la Mythologie.
Le
Bélier, premier des douze signes, est, dit-on, le
bélier à la
toison d'or,
immolé à Jupiter et transporté au
firmament.
Le Taureau est l'
animal sous la forme duquel Jupiter enleva
Europe, ou, selon certains poètes, c'est
Io que Jupiter emporta au
ciel, après l'avoir métamorphosée en génisse.
Les Gémeaux représentent vraisemblablement
Castor et Pollux.
L’Ecrevisse (ou le
Cancer) fut l'
animal que
Junon envoya contre
Hercule, lorsqu'il combattit l'
hydre de Lerne, et dont il fut mordu au pied ; mais il la tua et
Junon la mit au nombre des signes du Zodiaque.
La constellation du
Lion représente le
lion de la
forêt de
Némée, étouffé par
Hercule.
La Vierge, suivant les uns, c'est
Erigone, fille d'Icarius, modèle de piété filiale ; suivant d'autres, c'est Astrée ou la Justice, fille de
Thémis et de Jupiter. Elle descendit du
ciel durant l'
âge d'or, mais les crimes des hommes l'ayant forcée de quitter successivement les villes, puis les campagnes, elle retourna au
ciel.
La Balance,
symbole de l'Equité, représente la balance même de la Justice ou d'Astrée.
Le huitième signe du Zodiaque est le Scorpion qui, par ordre de
Diane, piqua vivement au talon le fier
Orion.
Le Sagittaire, moitié homme, moitié
cheval, tenant un arc et tirant une
flèche, est
Chiron le
Centaure, selon les uns ; mais, selon d'autres, c'est
Crocus, fils d'Euphémé, nourrice des Muses. C'était, paraît-il, un des plus intrépides chasseurs du Parnasse ; après sa mort, à la prière des Muses, il fut placé parmi les astres.
Le
Capricorne, c'est la fameuse
chèvre Amalthée, laquelle allaita Jupiter. Elle est au rang des astres avec ses deux chevreaux.
Le Verseau, en latin
Aquarius, c'est
Ganymède enlevé au
ciel par Jupiter ; selon d'autres, c'est Aristée, fils d'
Apollon et de Cyrène, père d'
Actéon dévoré par ses
chiens.
Les
Poissons, qui forment le douzième signe du Zodiaque, sont ceux qui portèrent sur leur dos
Vénus et l'
Amour. Fuyant la persécution du
géant Typhon ou Typhoé,
Vénus, accompagnée de son fils
Cupidon, fut portée au delà de l'
Euphrate par deux poissons, qui, pour cela, furent placés dans le
ciel.
D'autres poètes prétendent que cette constellation représente les
dauphins qui menèrent Amphitrite à
Neptune, et que, par reconnaissance, celui-ci obtint de Jupiter une place pour eux dans le Zodiaque.
Le Feu, Prométhée, Pandore, Epiméthée
Le culte du
feu, chez tous les peuples de l'antiquité, suivit de près celui qu'on rendit au
Soleil et à Jupiter, c'est-à-dire à l'
astre dont les rayons bienfaisants réchauffent et éclairent le
monde, et à la foudre qui déchire la nue, frappe la terre, consume la nature vivante et répand au loin la consternation et l'effroi. Evidemment les premiers hommes, dont les regards se portaient avec crainte et admiration vers les
feux célestes, ne tardèrent pas non plus à remarquer avec étonnement les
feux de la terre. Pouvaient-ils ne pas admirer la
flamme des volcans, les phosphorescences, les gaz lumineux, les
feux follets des marécages, l'incandescence produite par le frottement rapide de deux morceaux de
bois, l'étincelle qui jaillit du choc de deux cailloux ?
Cependant, le
feu ne leur semblait pas être fait pour leur usage, c'était un élément dont la divinité avait le secret, et qu'elle s'était réservé comme un privilège précieux. Comment capter ces foyers de
chaleur et de lumière placés à une telle
hauteur au-dessus de leur tête, ou enfouis si mystérieusement sous leurs pieds ?
Celui qui le premier leur procurerait le
feu ne pouvait donc être à leurs yeux un simple mortel, mais plutôt un
Titan, un émule hardi et heureux de la divinité, ou, pour mieux dire, un véritable
dieu. Tel fut Prométhée.
Fils de
Japet et de l'Océanide Clymène, ou, selon d'autres, de la Néréide Asia, ou encore de
Thémis, sur aînée de
Saturne, Prométhée, dont le nom en grec signifie "prévoyant", ne fut pas seulement un
dieu industrieux, mais plutôt un créateur. Il remarqua que, parmi toutes les créatures vivantes, il n'y en avait pas encore une seule capable de découvrir, d'étudier, d'utiliser les
forces de la nature ; de commander aux autres êtres, d'établir entre eux
l'ordre et l'
harmonie, de communiquer par la pensée avec les
dieux, d'embrasser par son intelligence non seulement le monde visible, mais encore les principes et l'
essence de toutes choses : et du limon de la terre il forma l'homme.
Minerve, admirant la beauté de son ouvrage, offrit à Prométhée tout ce qui pouvait contribuer à sa perfection. Avec reconnaissance, Prométhée accepta l'offre de la déesse, mais ajouta que, pour choisir ce qu'il conviendrait le mieux à l'uvre qu'il avait créée, il lui fallait voir lui-même les régions célestes.
Minerve le ravit au
ciel, et il n'en descendit qu'après avoir dérobé aux
dieux, pour le donner à l'homme, le
feu, élément indispensable à l'industrie humaine. Ce
feu divin qu'il apporta sur la terre, Prométhée le prit, dit-on, au char du
Soleil, et le dissimula dans la tige d'une férule, bâton creux.
Irrité d'un si audacieux attentat, Jupiter ordonna à
Vulcain de forger une femme qui fût douée de toutes les perfections, et de la présenter à l'assemblée des
dieux.
Minerve la revêtit d'une robe d'une
blancheur éblouissante, lui couvrit la tête d'un voile et de guirlandes de
fleurs qu'elle surmonta d'une
couronne d'or. En cet état,
Vulcain l'amena lui-même. Tous les
dieux admirèrent cette nouvelle créature, et chacun voulut lui faire son présent.
Minerve lui apprit les arts qui conviennent à son sexe, entre autres l'art de faire de la toile.
Vénus répandit le charme autour d'elle avec le désir inquiet et les soins fatigants. Les
Grâces et la déesse de la Persuasion ornèrent sa gorge de colliers d'or.
Mercure lui donna la parole avec l'art d'engager les
cœurs par des discours insinuants. Enfin, tous les
dieux lui ayant fait des présents, elle en reçut le nom de
Pandore (du grec
pan, "tout", et
doron, "don"). Pour Jupiter, il lui remit une boîte bien close, et lui ordonna de la porter à Prométhée.
Celui-ci, se défiant de quelque piège, ne voulut recevoir ni
Pandore, ni la boîte, et recommanda même à son
frère,
Epiméthée, de ne rien recevoir de la part de Jupiter. Mais
Epiméthée, dont le nom en grec signifie "qui réfléchit trop tard", ne jugeait des closes qu'après l'événement. A
l'aspect de
Pandore, toutes les recommandations fraternelles furent oubliées, et il la prit pour
épouse. La boîte fatale fut ouverte et laissa échapper tous les maux et tous les crimes, qui depuis se sont répandus
dans l'Univers.
Epiméthée voulut la refermer ; mais il n'était plus temps. Il n’y retint que l'Espérance qui était près de s'envoler, et qui demeura dans la boîte
hermétiquement refermée.
Jupiter, enfin, outré de ce que Prométhée n'avait pas été dupe de cet artifice, ordonna à
Mercure de le conduire sur le mont
Caucase, et de l'attacher à un rocher, où un
aigle, fils de
Typhon et d'Échidna, devait lui dévorer éternellement le foie. D'autres disent que ce supplice ne devait durer que trente mille ans.
Suivant Hésiode, Jupiter n'emprunta pas le ministère de
Mercure, mais attacha lui-même sa malheureuse victime, non à un rocher mais à une colonne. Il le fit cependant délivrer par
Hercule, voici pour quels motifs et dans quelles conditions.
Depuis sa punition, Prométhée ayant empêché, par ses avis, Jupiter de faire la cour à Thétis, parce que l'
enfant qu'il aurait d'elle le détrônerait un
jour, le maître des
dieux, par reconnaissance, consentit qu'
Hercule allât le
délivrer. Mais, pour ne pas violer son serment de ne jamais souffrir qu'on le déliât, il ordonna que Prométhée porterait toujours au doigt une bague de fer, à laquelle serait attaché un fragment de la roche du
Caucase, afin qu'il fût vrai, en quelque sorte, que Prométhée restait toujours lié à cette chaîne.
Dans Eschyle, c'est
Vulcain, qui, en sa qualité de forgeron
des
dieux, enchaîne Prométhée sur le
Caucase, mais ce n'est qu'en gémissant qu'il obéit à l'ordre de Jupiter, car il lui en coûte d'user de violence envers un
dieu qui est de sa race.
Chez les Athéniens, la
fable de Prométhée était populaire ; on se plaisait à raconter même aux
enfants les malices ingénieuses faites par ce
dieu à Jupiter. N'eut-il pas, en effet, l'idée de mettre à l'épreuve la
sagacité du maître de l'
Olympe, et de voir s'il méritait réellement les honneurs divins ? Dans un sacrifice, il fit tuer deux bufs, et remplit l'une des deux peaux de la chair et l'autre des os de ces victimes. Jupiter fut dupe, et choisit la dernière ; mais il ne se montra que plus impitoyable dans sa vengeance.
A Athènes, Prométhée avait ses autels dans l'Académie, à côté de ceux qui étaient consacrés aux Muses, aux
Grâces, à l'
Amour, à
Hercule, etc. On ne pouvait oublier que
Minerve, protectrice de la ville, avait été la seule des divinités de l'
Olympe à admirer le génie de Prométhée et à l'aider dans son uvre. A la fête solennelle des Lampes, aux Lampadophories, les Athéniens associaient aux mêmes honneurs Prométhée qui avait dérobé le
feu au
ciel,
Vulcain, maître industrieux des
feux de la terre, et
Minerve qui avait donné l'
huile d'olive. A l’occasion de cette fête, les temples, les monuments publics, les rues, les carrefours étaient illuminés ; on instituait des
jeux et des courses au flambeau comme pour la fête de
Cérès. La
jeunesse athénienne se rassemblait le soir près de l'
autel de Prométhée, à la
clarté du
feu qui brûlait encore. A un signal donné, on allumait une lampe que les prétendants au prix de la course devaient porter sans l'éteindre, en courant â toutes jambes, d'un bout du Céramique à l'autre.
Le
feu étant considéré comme un élément divin, il était naturel qu'il eût sa place dans tous les cultes et sur presque tous les autels. Un
feu sacré brûlait dans les temples d'
Apollon, à Athènes et à
Delphes, dans celui de
Cérès, à Mantinée, de
Minerve et même de Jupiter. Dans les prytanées de toutes les villes grecques, on entretenait des lampes qu'on ne laissait jamais éteindre. A l'imitation des Grecs, les Romains adoptèrent le culte du
feu, qu'ils confièrent aux soins des
Vestales.
Le
jour des noces, à Rome, avait lieu une cérémonie curieuse et
symbolique. On ordonnait à la nouvelle mariée de
toucher au
feu et à l'
eau. « Pourquoi ? observe
Plutarque. Est-ce parce que, entre les
éléments dont sont
composés tous les
corps naturels, l'un de ces deux, à savoir le
feu, est le mâle, et l'
eau, la
femelle, l'un étant le principe de mouvement, l'autre la propriété de substance et de matière ? Ou n'est-ce pas plutôt parce que le
feu purifie, que l'
eau nettoie, et qu'il faut que la femme demeure pure et sans tache toute sa vie ? »
Les Vents
Les
hauteurs célestes, région
éthérée où sont fixés les astres, jouissent d'une paix éternelle. Mais au-dessous d'elles, bien au-dessous, dans la région des
nuages et le voisinage de la terre, sévissent les bruyantes tempêtes, les orages et les vents.
Les Vents, divinités poétiques, sont
enfants du
Ciel et de la Terre ; Hésiode les dit fils des
géants Typhée, Astréus et Perséus ; mais il en excepte les vents favorables, savoir : Notus,
Borée et
Zéphyre qu'il fait
enfants des
dieux.
Homère et Virgile établissent le séjour des Vents dans les îles Eoliennes, entre la
Sicile et l'Italie, et leur donnent pour roi Éole, qui les retient dans de profondes cavernes. Nuit et
jour, ces prisonniers redoutables murmurent et rugissent derrière les portes de leur prison. Si leur roi ne les retenait pas, ils s'échapperaient tous avec violence, et,
dans leur fureur, ils emporteraient ou balayeraient à travers l'espace et les terres et les mers, et même la voûte du
ciel.
Mais le tout-puissant Jupiter a prévu et prévenu un tel malheur. Non seulement les Vents sont enfermés dans des cavernes, mais il a eu soin de placer encore sur eux une masse énorme de
montagnes et de rochers. Du sommet de ces
montagnes, Eole règne sur ses terribles sujets. Cependant, tout
dieu qu'il est, il reste subordonné au grand Jupiter : il n'a le droit de déchaîner les Vents ou de les rappeler dans leur repaire que sur l'ordre ou avec l'assentiment de son souverain maître. S'il lui arrive de se soustraire à l'obéissance, il en résulte de graves désordres ou de déplorables désastres.
Dans l'Odyssée, il commet l'imprudence d'enfermer une partie des Vents dans des outres qu'il remet à
Ulysse. Les outres sont ouvertes par les
compagnons du héros, une tempête se déchaîne, et les navires sont submergés.
Dans l'
Enéide, Eole, pour complaire à
Junon, entr'ouvre d'un coup de lance le flanc de la
montagne sur laquelle repose son trône. Aussitôt qu'ils trouvent cette issue, les Vents s'échappent et bouleversent la mer. Mais Éole n'a pas lieu de
s'applaudir :
Neptune, qui dédaigne de châtier les Vents, les renvoie à leur maître en des termes pleins de mépris, et les charge eux-mêmes de rappeler à Eole son insubordination.
Afin de désarmer ou de se concilier les Vents, ces terribles
puissances de l'
air, on leur adressait des vux, on leur offrait des sacrifices.
On leur avait élevé à Athènes un temple
octogone à chaque
angle duquel était la figure d'un des Vents, correspondante au point du
ciel d'où il souffle. Ces huit Vents étaient le
Solanus, l'Eurus, l'Auster, l'
Africus, le
Zéphyre, Corus, le
Septentrion et l'Aquilon. Sur le sommet pyramidal de ce temple était un
Triton de bronze mobile, et dont la baguette indiquait toujours le Vent qui soufflait. Les Romains reconnaissaient
quatre Vents principaux, savoir : Eurus,
Borée, Notus ou Auster et Zephyrus. Les autres étaient Eurunotus,
Vulturne, Subsolanus, Ccias, Corus,
Africus, Libonotus, etc. En général, les poètes anciens et modernes représentent les Vents comme des génies turbulents, inquiets et volages ; cependant, les quatre Vents principaux ont leur
fable distincte et un caractère particulier.
Eurus est le fils favori de l'
Aurore ; il vient de l'Orient,
et enfourche avec fierté les
chevaux de sa mère. Horace le peint comme un vent impétueux, et Valérius Flaccus comme un
dieu échevelé, et tout en désordre à la suite des tempêtes qu'il a excitées. Les modernes lui prêtent une physionomie plus calme et plus douce. Ils le représentent sous les traits d'un jeune homme ailé, qui va semant des
fleurs
de chaque main partout où il passe. Derrière lui est un
soleil levant, et il a le teint bronzé d'un Asiatique.
Borée, vent du nord, réside en Thrace, et les
poètes lui attribuent parfois la
royauté de l'
air. Il enleva la belle Chloris, fille d'Arcturus, et la transporta sur le
mont Niphate ou le
Caucase. Il en eut un fils, Hyrpace. Mais il s'éprit surtout d'Orithyie, fille d'Erechtée, roi d'Athènes ; n'ayant pu l'obtenir de son père, il se couvrit d'un épais nuage, et enleva cette princesse au milieu d'un tourbillon de poussière.
Métamorphosé en
cheval, il donna naissance à douze poulains d'une telle vitesse, qu'ils couraient sur les champs de blé sans en courber les épis, et sur les flots sans y tremper les pieds. Il avait un temple à Athènes, sur les bords de l'Ilissus, et, chaque année, les Athéniens célébraient des fêtes en son honneur, les Boréasmes.
L'Aquilon, vent froid et violent, est quelquefois confondu avec
Borée. On le représente sous la figure d'un vieillard aux
cheveux blancs et en désordre.
Notus, ou Auster, est le vent chaud et orageux qui souffle du midi.
Ovide le peint d'une taille haute, vieux, avec des
cheveux blancs, un
air sombre et des nuées autour de la tête, tandis que l'
eau dégoutte de toutes parts de ses vêtements. Juvénal le représente assis dans la caverne d'Éole, séchant ses ailes après la tempête. Les modernes l'ont personnifié sous les traits d'un homme ailé, robuste et entièrement nu. Il marche sur des nuages, souffle avec des joues enflées, pour désigner sa violence, et tient en main un arrosoir, pour annoncer qu'il
amène ordinairement la
pluie.
Zéphyre était réellement le vent d'occident. Les poètes grecs et latins l'ont célébré, parce qu'il porte la
fraîcheur dans les climats brûlants qu'ils habitaient. Cette remarque faite, le
Zéphyre, tel que les poètes l'ont personnifié, est une des plus
riantes
allégories de la
fable.
Son souffle, à la fois doux et puissant, rend la vie à la nature. Les Grecs lui donnaient pour femme Chloris, et les Latins la déesse Flore.
Les poètes le peignent sous la forme d'un jeune homme à la physionomie douce et sereine : on lui donne des ailes de papillon et une
couronne composée de toutes sortes de
fleurs. Il était représenté glissant à travers l'espace avec une grâce et une
légèreté aériennes, et tenant à la main une corbeille remplie des plus belles
fleurs du printemps.
La Tempête
Les Romains avaient déifié la Tempête. Elle peut être considérée comme une nymphe de l'
air.
Marcellus lui avait fait bâtir un petit temple à Rome, hors de la porte
Capène.
On trouve sur d'anciens monuments des sacrifices à la Tempête. On la représente le visage irrité, dans une
altitude furibonde, et assise sur des nuages orageux parmi lesquels sont plusieurs vents qui soufflent dans des directions opposées. Elle répand à pleines mains la grêle qui brise des
arbres et détruit des moissons. On lui sacrifiait un taureau noir.