Biographie universelle ancienne et moderne Anaxagoras, de la secte Ionique, fils d'Hégésibulus, naquit à Clazomène, la première année de la 70ème
olympiade, 500 av. J.-C. Ses parents étaient puissants et riches ; mais il leur abandonna le soin de ses biens, pour se livrer à l'étude de la philosophie,
sous Anaximène de Milet. A vingt ans, il entreprit de voyager pour s'instruire,
visita l'Egypte, tous les peuples qui cultivaient les sciences, et fut, pendant
près de vingt autres années, absent de sa patrie. Il revint ensuite
s'établir à Athènes, où Périclès s'était
mis à la tête des affaires publiques. Il se lia particulièrement
avec ce grand homme, et compta bientôt parmi ses
disciples les citoyens les plus célèbres, tels qu'Archelaüs et le poète Euripide. L'étude approfondie qu'il avait faite de la science de la nature, le mettait en état d'assigner des causes physiques à la plupart des phénomènes que le peuple regardait comme un effet de la colère des
Dieux, tels que les éclipses, les tremblements de terre. Il s'expliquait librement sur ces perturbations instantanées de l'ordre
immuable des choses, et, quoiqu'il
admît, sans
équivoque, une cause intelligente, créatrice de
l'univers, les gens superstitieux criaient souvent à l'
impiété,
en l'entendant débiter ses leçons. Le grand crédit de Périclès le soutint longtemps contre la malveillance publique ; mais, enfin, les funestes suites de la guerre du
Péloponnèse ayant exaspéré les
esprits, on s'en prit aux favoris du chef.
Cléon,
démagogue emporté, intenta, contre
Anaxagoras, une accusation publique ; et le plus
religieux peut-être des philosophes, dit l'auteur d'
Anarcharsis, fut traduit en justice pour crime d'
impiété. Diodore de
Sicile nous apprend que ce fut la seconde année de la 87ème
olympiade. Les opinions sont très partagées sur les suites de cette accusation. Les uns, mais en petit nombre, prétendent qu'il fut absous ; d'autres, qu'il prit la fuite avant la fin de son
jugement ; d'autres, qu'il fut condamné au bannissement et à une amende de cinq talents ; d'autres, enfin, lui font infliger la peine de mort. Quoi qu'il on soit, il est certain qu'à cette époque,
Anaxagoras sortit d'Athènes, et qu'il fut s'établir à Lampsaque, où il termina ses
jours, trois ans après, âgé de 72 ans. L'anniversaire de sa mort fut, d'après sa demande, un
jour de vacance pour les écoliers de la ville. On rapporte que, ses amis lui ayant demandé s'il voulait que ses cendres fussent transportées dans sa patrie : « Ce serait prendre une peine inutile, répondit-il, le chemin des enfers est partout le même. »
Anaxagoras, conformément à l'axiome que rien ne se produit de rien, admettait, pour principe unique et multiple des
corps, des espèces d'atomes, qu'il nommait
homomeris, ou parties similaires, c'est-à-dire, de même nature que les
corps qu'elles devaient former. Ces atomes, par eux-mêmes dépourvus de la faculté de se mouvoir, avaient été, dans le commencement, mis en mouvement par un autre principe coéternel, distinct de la matière, l'
Esprit, qu'il appelait
Nous, ce qui lui fit donner, à lui-même, le surnom de
Nous. Ainsi s'était formé l'univers, dont les
corps terrestres, comme plus pesants, occupaient les parties inférieures, tandis que l'éther, ou le
feu, se trouvait disséminé dans les parties supérieures. Cependant
Anaxagoras croyait les astres de nature terrestre, et le
soleil, entre autres, une masse de pierre incandescente, plus grande que le
Péloponnèse. La voie lactée n'était, suivant lui, de même que l'arc-en-ciel, qu'une réflexion de la lumière solaire. La terre était plane ; la
lune, un
corps opaque, habitable, empruntant sa lumière du
soleil ; les comètes, des astres errants. Enfin, par un de ces sophismes si communs aux philosophes de l'antiquité, Anaxogaras niait que la neige fût blanche, et soutenait qu'elle était noire, parce que telle est, disait-il, la
couleur de l'
eau, dont la neige n'est qu'une modalité.
On compte, outre
Anaxagoras le sculpteur, deux autres
Anaxagoras : l'un,
disciple d'Isocrate, fut orateur ; l'autre, grammairien,
disciple de Zénodote.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 1 - Page 632)