Biographie universelle ancienne et moderne Vamba ou
Wamba, trentième roi des Visigoths, et l'un des principaux seigneurs de la nation, fut élu, en 672, pour succéder au vertueux Recesvind. Aussi modeste que vaillant, il refusa avec tant d'opiniâtreté le dangereux honneur qui lui était offert, qu'un des électeurs, lui mettant l'
épée sur la gorge, jura de l'en percer s'il ne se rendait pas aux vux de la nation.
Vamba accepta la
couronne, mais à condition que l'assemblée générale des
Goths confirmerait son élection.
J'aime mieux, disait-il,
vivre obscur, et mourir s'il le faut que de régner malgré mes concitoyens et au prix de leur sang. Il voulut
aussi être sacré et couronné par le clergé, à
Tolède ; et cette cérémonie, jusqu'alors inusitée chez les
Goths, n'a eu lieu depuis que pour les deux premiers successeurs de
Vamba.
Les soucis auxquels ce prince avait cherché à se soustraire ne tardèrent pas à l'accabler. Des révoltes éclatent dans la Cantabrie et la Vasconie (la Biscaye et la Navarre). Un
édit impolitique est un nouveau sujet de troubles.
Vamba, suivant l'
esprit de son siècle, avait banni tous les juifs. Ils furent accueillis par Hilderic, comte de
Nîmes, par l'
évêque de Maguelonne et par d'autres seigneurs de la
Septimanie, qui se liguèrent contre
Vamba. A cette nouvelle, ce prince, qui marchait contre les rebelles d'Espagne, détache une partie de son armée, sous les ordres du
duc Paul, Grec d'origine ; mais le traître fait soulever la Catalogne, et ayant franchi les
Pyrénées, il surprend
Narbonne, harangue le peuple, se fait proclamer roi, et met dans son parti tous les seigneurs mécontents de la Gaule gothique.
Vamba déploie une activité, une présence d'
esprit, un courage qu'on n'attendait pas de son âge avancé. Dans ce danger pressant, sept
jours lui suffisent pour réduire les
Vascons et les
Cantabres. Il publie un ban qui oblige tous les
Goths, sans en excepter les
prêtres et les
évêques, à prendre les armes. Il entre dans la Catalogne, et la soumet sans éprouver de résistance, tandis qu'une partie de ses troupes, embarquée sur la flotte, en parcourt les côtes. Le reste de son armée, divisée en deux
corps, pénètre par deux défilés dans la
Septimanie,
Vamba arrive devant
Narbonne, que Paul avait abandonné pour se retirer à
Nîmes. La place est emportée d'assaut en trois heures. Le gouverneur et les principaux officiers sont dépouillés et battus de verges.
Béziers,
Agde et Maguelonne se soumettent au vainqueur.
Nîmes, après un siège sanglant et horrible dans ses détails, implore la clémence du roi. Paul, les
évêques, les grands de son parti, les Français et les
Saxons à sa solde, les trésors qu'ils avaient enlevés aux
églises, tout tombe au pouvoir de
Vamba. Cédant aux instances d'Argobate,
évêque de
Nîmes, il accorde la vie à tous les rebelles, et renvoie libres tous les étrangers. Après avoir donné des ordres pour réparer les édifices et les fortifications de
Nîmes, et pourvu à la sûreté et à la tranquillité de la
Septimanie, il retourne en Espagne et fait une entrée triomphale dans Tolède, précédé de Paul et de ses principaux complices qui, la tête et le menton rasés, les pieds nus et le
corps couvert de vêtements grossiers, étaient traînés dans des tombereaux, et furent enfin renfermés dans les prisons qui leur étaient destinées.
Vamba fit fortifier Tolède d'une nouvelle enceinte de murailles, avec des tours où l'on plaça les statues des saints protecteurs de la ville. La paix et la prospérité dont jouirent ses sujets ne furent troublées depuis que par une
invasion que les Arabes, maîtres depuis peu de l'Afrique, tentèrent avec 260 barques sur les côtes d'Espagne. Ils furent battus et dispersés par la flotte de
Vamba, et ils n'auraient pas mieux réussi dans cette entreprise, trente ans plus tard, si ce prince eût encore occupé le trône, ou s'il avait eu des successeurs dignes de lui. Secondé par les décisions de plusieurs
conciles, il réprima l'ambition, les débauches et les crimes des
évêques, et fixa invariablement les limites de leurs
diocèses.
Ce prince avait comblé de bienfaits le comte
Ervige, Grec d'origine, mais allié au sang royal des
Goths, soit parce que son père avait épousé une sur ou une cousine du roi Chindasvind, soit, plus vraisemblablement, parce qu'il était lui-même par les femmes arrière-petit-fils d'Hermenegild, fils du roi Leuvigild. Cet ingrat, profitant d'une
défaillance de
Vamba, et secondé par le clergé, ordonna que ce grand prince fût rasé et revêtu d'un habit monastique, que la discipline de ce temps ne permettait plus de quitter.
Vamba, ayant repris ses sens, fut forcé de signer son abdication en faveur d'
Ervige, en l'an 680, après un règne glorieux de huit ans. Il se retira dans le
couvent de Pampliega, près de Burgos, où il passa ses dernières années. Il eut encore le chagrin d'y apprendre que deux
conciles avaient cassé les actes les plus remarquables de son administration, outragé sa mémoire, et sanctionné la perfidie de l'usurpateur.
Il mourut avant le 04 novembre 683, suivant les uns ; mais, suivant les autres, il vécut jusqu'en 687, et vit sur le trône son neveu Egiza, gendre d'
Ervige. Le
corps de
Vamba fut transféré à Tolède, sous le règne d'Alphonse le Sage. La tragédie de
Vamba est une des pièces les plus extravagantes de Lope de
Vega.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 42 - Pages 537-538)