Albert Poisson Même signification que la
Lune.
Albert Poisson, Théories et symboles des alchimistes (1891) - Dictionnaire des symboles hermétiques
Dom Antoine-Joseph Pernéty Fille de Jupiter et de
Latone, et sur d'
Apollon, naquit dans l'île de
Délos, et quoique sur jumelle d'
Apollon, elle servit de Sage femme à
Latone pour qu'elle mît son
frère au monde. Elle se plaisait beaucoup à la chasse, où elle se faisait accompagner par plusieurs Nymphes. Un
jour qu'elle se baignait avec elles,
Actéon l'ayant
vue nue dans le
bain, cette Déesse, pour le punir de la témérité avec laquelle il s'en
était approché, le changea en cerf. Alors ses
chiens qui le méconnurent, se jetèrent sur lui et le dévorèrent.
Diane devint enfin amoureuse du Berger Endymion, et allait souvent lui rendre visite, malgré le projet qu'elle avait formé de conserver toujours sa
virginité. On la représentait avec un arc et un carquois plein de
flèches ; quelquefois avec une torche allumée, montée sur un char tiré par des
biches, ou par un cerf et un taureau.
Les Anciens lui donnaient particulièrement trois noms ; au
ciel, ils l'appelaient Lucine, en terre
Diane, et
Proserpine aux enfers.
Diane est proprement la matière au blanc,
couleur qui paraît dans l'uvre avant la rouge appelée
Apollon. Alors c'est
Diane toute nue. Quand les Philosophes lui donnent le nom de
Lune, ils entendent leur
eau mercurielle.
D'Espagnet dit que l'enseigne de
Diane est la seule capable d'
adoucir la
férocité du
Dragon philosophique.
Philalèthe appelle cette enseigne de
Diane, ou la
couleur blanche, les
Colombes de
Diane. Voyez une plus ample explication dans les
Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, livre 3, chap. 13.
Dom Antoine-Joseph Pernety, Dictionnaire mytho-hermétique, Edition de 1758 - Français modernisé par France-Spiritualités.
Pierre Commelin
Diane ou
Artémis, fille de
Latone et de Jupiter,
sur jumelle d'
Apollon, née à
Délos, vint
au monde quelques instants avant son
frère. Témoin
des douleurs maternelles de
Latone, elle conçut une telle
aversion pour le
mariage, qu'elle demanda et obtint de Jupiter la
grâce de garder une virginité perpétuelle ainsi
que
Minerve, sa sur. C'est pour cette raison que ces deux
déesses reçurent de l'oracle d'
Apollon le nom de
Vierges
blanches. Jupiter l'arma lui-même d'un arc et de
flèches,
et la fit reine des
bois. Il lui donna pour cortège soixante
nymphes, appelées
Océanies, et vingt autres
nommées
Asies, dont elle exigeait une inviolable
chasteté.
Avec ce nombreux et gracieux cortège,
elle se livre à la chasse, son occupation favorite. Toutes
ses nymphes sont grandes et belles, mais la déesse les surpasse
toutes en taille et en beauté. Comme
Apollon, son
frère,
elle a différents noms : sur la terre, elle s'appelle
Diane
ou
Artémis : au
ciel, la
Lune ou Phébé ; aux
Enfers,
Hécate. Elle avait en outre un grand nombre de surnoms,
selon les qualités qu'on lui attribuait, les contrées
qu'elle semblait favoriser, les temples où on l'honorait.
Quand
Apollon, c'est-à-dire le
Soleil,
a disparu à l'
horizon,
Diane, c'est-à-dire la
Lune,
resplendit dans les cieux et répand discrètement sa
lumière dans les profondeurs mystérieuses de la nuit.
Ces deux divinités ont des fonctions non identiques, mais
semblables : alternativement, elles éclairent le monde ;
de là leur caractère de fraternité.
Apollon
est célébré de préférence par
les jeunes garçons ;
Diane, plutôt par les churs
de jeunes filles.
Cette déesse est grave, sévère, cruelle et même
vindicative. Elle sévit sans pitié contre tous ceux qui ont provoqué
son ressentiment. Elle n'hésite pas à détruire leurs moissons,
à ravager leurs troupeaux, semer l'épidémie autour d'eux,
à humilier, faire périr même leurs
enfants. A la prière
de
Latone, sa mère, elle se joint à
Apollon, pour percer de ses
flèches tous les
enfants de la malheureuse Niobé. Elle traite ses
nymphes avec la même rigueur, si elles oublient leur devoir.
Un
jour,
Actéon, dans une partie de
chasse, la surprend au
bain : elle lui jette de l'
eau au visage
; il est aussitôt métamorphosé en cerf et dévoré
par ses
chiens. Un autre
jour, dans un accès de jalousie,
elle perce de ses
flèches ou fait périr cruellement
Orion qu'elle aime et qui s'est laissé enlever par l'
Aurore.
Opis, compagne de
Diane, n'eut pas un sort plus heureux.
Vierge implacable,
Diane s'éprit cependant
pour la beauté d'Endymion. Ce petit-fils de Jupiter avait
obtenu du maître de l'
Olympe la singulière faveur d'un
sommeil perpétuel. Toujours jeune, sans jamais sentir les
atteintes de la vieillesse, ni de la mort, Endymion dormait dans
une grotte du mont Latmos, en
Carie. C'est là que
Diane ou
la
Lune venait chaque nuit le visiter.
La
biche et le sanglier lui étaient
particulièrement consacrés. On lui offrait en sacrifice
les primeurs de la terre, des bufs, des
béliers, des
cerfs blancs, quelquefois des victimes humaines. On sait que le
sacrifice d'
Iphigénie a inspiré plus d'un poète
tragique. En Tauride, tous les naufragés sur cette côte
étaient
immolés à
Diane ou jetés en
son honneur dans un précipice. En
Cilicie, elle avait un
temple où les adorateurs marchaient sur des
charbons ardents.
Son temple le plus célèbre était incontestablement celui
d'
Ephèse. Durant 220 ans, toute l'Asie concourut à le construire,
l'orner et l'enrichir. Les immenses richesses qu'il contenait furent sans doute
la cause des différentes révolutions qu'il éprouva. Ou prétend
qu'il fut détruit et reconstruit sept fois. Cependant l'
histoire ne mentionne
que deux
incendies de ce temple : le premier par les
Amazones, le second par Erostrate,
la nuit même où naquit Alexandre. Il fut entièrement détruit
l'an 963, sous l'empereur Gallien.
Les statues de
Diane d'
Ephèse sont assez
connues : le
corps de la déesse est ordinairement divisé
par bandes, en sorte qu'elle paraît pour ainsi dire emmaillotée.
Elle porte sur la tête une tour à plusieurs étages
; sur chaque bras, des
lions ; sur la poitrine et l'estomac, un
grand nombre de mamelles. Tout le bas du
corps est parsemé
de différents
animaux, de bufs ou taureaux, de cerfs,
de
sphinx, d'abeilles, d'insectes, etc. On y voit même des
arbres et différentes plantes, tous
symboles de la nature
et de ses innombrables productions.
Ailleurs on l'a parfois représentée
avec trois têtes, la première de
cheval, la seconde
de femme ou de laie, et la troisième d'un
chien, ou encore
celles d'un taureau, d'un
chien et d'un
lion.
Ces diverses représentations de la déesse
semblent se rapporter à un culte primitif, d'origine asiatique,
mélangé de traditions égyptiennes. Dans l'art
grec proprement dit, c'est surtout la
chaste Diane, la
Diane chasseresse,
amante des
bois et des
montagnes, la déesse fière
et hautaine, la resplendissante reine des nuits, que la sculpture
et la gravure ont le plus souvent représentée.
On la voit en habit de chasse, les
cheveux
noués par derrière, la robe retroussée avec
une seconde ceinture, le carquois sur l'épaule, un
chien
à ses côtés, et tenant un arc bandé dont
elle décoche une
flèche. Elle a les jambes ainsi que
les pieds nus, et le sein droit découvert. Quelquefois elle
est chaussée de brodequins. Souvent elle a un croissant au-dessus
du front,
symbole de la
Lune. On la représentait chassant,
ou dans le
bain, ou se reposant des fatigues de la chasse. Les poètes
la dépeignent tantôt sur un char traîné
par des
biches ou des cerfs blancs, tantôt montée elle-même
sur un cerf, tantôt courant à pied avec son
chien,
et toujours entourée de ses nymphes, armées comme
elle d'arcs et de
flèches. La gravure ci-jointe représente
le groupe de
Diane à la
biche, uvre de Jean Goujon.
Pierre Commelin, Mythologie grecque et romaine, pp. 42-47.