Etéocle, fils aîné d'dipe et de
Jocaste, après la déposition, la retraite ou la mort de son père, convint avec son
frère Polynice qu'ils régneraient alternativement chacun son année, et que, pour éviter toute contestation, celui qui ne serait point sur le trône s'absenterait de Thèbes. Étéocle régna le premier, mais, l'année révolue, il refusa de céder le trône à son
frère. Frustré dans ses espérances,
Polynice eut recours aux Argiens dont
Adraste, son beau-père, était roi.
Celui-ci, pour venger son gendre, et le rétablir dans ses
droits, lève une armée formidable qui marche contre Thèbes. Cette guerre fut appelée l'
Entreprise des sept chefs, parce que l'armée était commandée par sept princes, savoir :
Polynice, Tydée,
Amphiaraüs, Capanée, Parthénopée, Hippomédon et
Adraste. La lutte fut acharnée ; tous les chefs, excepté
Adraste, périrent sous les murs de Thèbes.
Les deux frères ennemis,
Etéocle et Polynice, pour épargner le sang des peuples, demandèrent à terminer leur querelle par un combat singulier, et, en présence des deux armées, ils s'entre-tuèrent mutuellement.
On ajoute que leur
division avait été si grande pendant leur vie, et leur haine si irréconciliable, qu'elle persista même après leur mort. On crut avoir remarqué que les
flammes du bûcher sur lequel on faisait
brûler leurs
corps se séparèrent, et que le même phénomène se produisait dans les sacrifices qu'on leur offrait en commun ; car, malgré leurs dissensions et leur méchanceté, on ne laissa pas de leur rendre les
honneurs héroïques dans la Grèce.
Virgile, avec plus de justice, les place dans le Tartare, avec Tantale,
Sisyphe,
Atrée,
Thyeste, et tous les fameux scélérats de l'antiquité.
Créon, qui succéda à la
couronne, fit rendre les honneurs de la sépulture aux cendres d'
Etéocle comme ayant combattu contre les
ennemis de la patrie, et ordonna que celles de
Polynice seraient jetées au vent, pour avoir attiré sur sa patrie une armée étrangère.
D'après une autre tradition, suivie par plusieurs poètes tragiques, le
corps de
Polynice resta étendu dans la plaine sous les murs de Thèbes, et défense fut faite par
Créon de lui rendre les moindres honneurs, sous peine de mort.
Dix ans plus tard, les fils des chefs grecs tués devant Thèbes entreprirent une nouvelle guerre pour les venger. Ce fut la guerre dite des
Epigones ou des
Descendants.
La ville fut ravagée, et les
Epigones firent un grand nombre de prisonniers qu'ils emmenèrent avec eux.
Au nombre de ces captifs était le devin thébain
Tirésias qui, dit-on, vécut sept
générations d'hommes. Ce devin, vieux et aveugle, avait prédit à
Jocaste et à dipe tous les malheurs qui les frappèrent, eux et leurs
enfants.
Pierre Commelin, Mythologie grecque et romaine.