Dom Antoine-Joseph Pernéty Fleuve de la Grèce, que les Poètes ont feint être fils du
Soleil et de la
Terre ; ravageait toutes les terres qu'il arrosait ;
Hercule le lia.
Cet
Acheloys, selon les Philosophes Spagyriques, est le
Mercure philosophique dont les
esprits consument et dissolvent tout ce qu'on y met. Le Philosophe, comme un autre
Hercule, le lie, c'est-à-dire, fixe et coagule ces
esprits selon l'Art ; et par ce moyen lui arrache une corne, qui devient corne d'abondance, c'est-à-dire, en fait la pierre philosophale, qui, par sa multiplication et sa projection, enrichit et produit l'abondance de toutes sortes de biens. Voyez les
Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, liv. 5.
Dom Antoine-Joseph Pernety, Dictionnaire mytho-hermétique, Edition de 1758 - Français modernisé par France-Spiritualités.
Pierre Commelin Il serait trop long d'énumérer et de caractériser tous les
fleuves célébrés par les poètes, mais la mythologie doit au moins une mention aux plus connus d'entre eux.
L'
Achéloüs,
fleuve de l'
Epire, qui coulait entre l'Etolie et l'
Acarnanie, passait pour le plus ancien
fleuve de la Grèce. C'est sur ses bords, dit-on, que s'établirent et vécurent les hommes primitifs. Après avoir mangé les glands doux de la
forêt de Dodone, ils venaient se désaltérer aux
eaux douces de l'
Achéloüs. Sur ce
fleuve, voici la
fable que l'on racontait :
Achéloüs était fils de l'Océan et de Téthys, ou, selon d'autres, du
Soleil et de la
Terre. Amant de
Déjanire, qui lui avait été promise, il la disputa à
Hercule ; mais il fut vaincu. Aussitôt, il prit la forme d'un
serpent sous laquelle il fut encore défait ; ensuite, celle d'un taureau qui ne lui fut pas plus favorable.
Hercule le saisit par les cornes, et, l'ayant terrassé, lui en arracha une, et le contraignit d'aller se cacher dans le
fleuve Thoas, depuis appelé "
Achéloüs".
Le vaincu donna au vainqueur la
corne d'Amalthée pour recouvrer la sienne. Selon certains poètes, c'est la corne même d'
Achéloüs que les
Naïades ramassèrent : elles la remplirent de
fleurs et en firent la Corne d'abondance.
Achéloüs était le père des Sirènes : il avait su plaire à la muse
Calliope. Cependant, on lui prête un caractère vindicatif et une grande susceptibilité.
Cinq nymphes, filles d'Echinus, ayant fait un sacrifice de dix taureaux, invitèrent à la fête toutes les divinités champêtres, à l'exception d'
Achéloüs. Ce
dieu, piqué de cet oubli, fit grossir ses
eaux, qui débordèrent et entraînèrent dans la mer les cinq nymphes avec le lieu où la fête se célébrait.
Neptune, touché de leur sort, les métamorphosa en îles, les Echinades. Elles sont situées non loin et en face de l'embouchure du
fleuve.
On peut voir dans le
Jardin des
Tuileries la statue d'
Hercule terrassant le
fleuve Achéloüs sous la forme de
serpent, uvre remarquable de F.-J. Bosio.
Pierre Commelin, Mythologie grecque et romaine, p. 153.