Le Rite de Perfection
Analyse de ses grades
C'est à ces grades
templiers que la constitution du
Rite de Perfection (1758) vint
ajouter le complément du système
maçonnique tout entier ainsi constitué :
1° Une section historique et morale dans
laquelle le récipiendaire revit l'
histoire du premier
Temple de Jérusalem,
depuis sa construction jusqu'à sa
destruction, puis il participe à
la découverte du Verbe qui, en s'incarnant, va donner naissance au Christianisme
et à la Nouvelle Jérusalem, dont le récipiendaire devient
un chevalier.
Analogiquement, cette section historique permettait de profondes
dissertations morales sur la chute et la réintégration naturelle
de l'être humain :
2° Une section
hermétique, consacrée
au développement des facultés hyperphysiques de l'être humain,
aux cérémonies initiatiques, reproduisait les phases du dédoublement
astral et des
adaptations alchimiques.
Cette section était renfermée dans deux grades
seulement du
Rite de Perfection : le Prince
Adepte et le Prince du Royal Secret
;
3° A ces deux sections s'ajoutait, comme
nous l'avons dit, la section
templière.
Analysons rapidement les 25 degrés du
Rite de Perfection
pour éclairer encore la classification précédente :
Du 4° au 15° grade, le président de loge
représente soit Salomon, soit un de ses aides ou un de ses
vassaux. L'on
s'occupe, soit de la construction du
Temple, soit de la vengeance d'
Hiram ou
de son remplacement.
C'est cette idée de vengeance qui a fait croire
à Rosen
[Note de l'auteur : Satan démasqué.]
que les grades d'Elus se rapportaient à la
Saint-Whme ;
c'est une erreur qu'un illuminé n'aurait pu commettre. La
Saint-Whme
a été une
adaptation germanique des vengeurs pythagoriciens, imités
eux-mêmes des vengeurs d'Osiris, comme l'a fort bien vu l'auteur de
Thuileur
de l'Ecossisme et cependant Aulnaye n'a pas dépassé
les petits mystères et n'a compris dans l'
initiation que le côté
naturaliste et le plan sexuel, comme le font aujourd'hui les cléricaux.
L'extrait suivant nous éclairera à ce sujet :
« Si le troisième grade de la Maçonnerie,
celui de maître, nous offre le tableau de la mort d'
Hiram, dit l'
Architecte
du Temple, ou plutôt de celle d'Osiris, de
Pan, de Thammuz, Grand
Architecte de la Nature, avec le premier élu s'échappe le premier
cri de vengeance, celle qu'
Horus exerça contre les meurtriers de son
père, Jupiter contre
Saturne, etc. Ce grand et permanent système
de vengeance, qui se retrouve plus ou moins clairement exprimé dans une
foule de grades et notamment dans le Kadosh, remonte aux temps les plus reculés.
Indépendamment de l'interprétation que l'on peut lui trouver dans
les opérations même de la Nature qui présentent une suite
de combats et de réactions, entre le principe générateur
et le principe destructeur, il appartient surtout à la
théocratie,
le plus ancien des gouvernements. Suivant les différentes circonstances
où se sont trouvés les fondateurs des sociétés secrètes,
et suivant l'
esprit particulier qui les animait, ils ont fait l'application
de cette vengeance à telle ou telle
légende, à tel ou tel
fait historique ; de là la différence des
rites ; mais les principes
fondamentaux sont toujours les mêmes
[Note de l'auteur
: De l'Aulnaye, Thuileur général, p. 58 (note).].
Au 17° grade (chevalier d'Orient et d'Occident), nous
arrivons à la prise de Jérusalem par les Romains et à la
destruction du
Temple.
C'est alors que nous trouvons le grade vraiment chrétien
de la Maçonnerie, ce grade auquel les Rose-Croix ont donné le
nom de leur Ordre et dans lequel ils ont renfermé la partie la plus pure
de la tradition. Aussi les matérialistes, n'y comprenant plus rien, diront-ils
que ce grade est une création des
Jésuites, et les
Jésuites,
émus de voir la
croix et le Christ glorieux dans un temple maçonnique,
diront-ils que ce grade est une création de Satan.
Comme on le voit, il y en a pour tous les
goûts.
Le grade de Rose-Croix maçonnique est la traduction
physique des mystères qui conduisent au titre de
Frère illuminé
de la Rose-Croix, titre n'appartenant pas à la
Franc-Maçonnerie,
mais à sa créatrice : la Société des Illuminés.
Un Rose-Croix maçon, quand il connaît bien son grade, peut être
considéré comme un apprenti illuminé et il possède
tous les
éléments d'un haut développement spirituel, comme
nous allons le voir en analysant ce grade.
La Rose-Croix maçonnique
L'
initiation au grade de Rose-Croix maçonnique demande
quatre
chambres : la Verte, la Noire, l'Astrale, et la
Rouge, qu'on réduit,
dans la pratique, généralement à trois en supprimant la
première.
Le thème du grade, c'est que la Parole qui doit
permettre la reconstruction du
Temple a été perdue. Le récipiendaire
la retrouve, c'est le nom de N.-S. Jésus-Christ : INRI, et, grâce
à cette parole, il traverse la région astrale dans sa section
inférieure ou infernale et il parvient dans la
chambre de la purification
chrétienne et de la réintégration.
Au point de
vue alchimique, c'est la création de
la pierre au rouge par la découverte des
forces astrales, la sortie de
la
tête du corbeau et le passage au
phénix ou au
pélican.
Au point de
vue moral, c'est la naissance en l'homme, de
l'étincelle du Verbe divin, renfermée dans son
âme, par
l'exercice de la prière, de la
charité, du sacrifice et de la
soumission au Christ.
Allez donc faire comprendre cela à un marchand de
vins, courtier électoral et dignitaire du Grand-Orient, ou à un
R.-P.
Jésuite. Le premier remplacera la Foi, l'Espérance et la
Charité par sa chère devise
Liberté, Egalité,
Fraternité...
ou la Mort, et le second voudra absolument trouver des
anagrammes qui transforment
le nom du Christ en celui du Prince de ce Monde, car il ne peut pas concevoir
qu'on comprenne le Christ sans passer par l'intermédiaire coûlteux
de ceux qui pensent être le seul clergé divin sur la terre. Pour
le clérical, c'est du "gnosticisme" que tout cela, et il entend
par ce mot tout ce qu'il ne comprend pas.
Reprenons l'analyse de l'
initiation.
La
chambre verte rappelle la première évolution
du récipiendaire dans les grades
symboliques.
La
chambre noire va lui ouvrir les portes de la seconde
mort. Elle va indiquer un changement de plan. Elle est tendue de noir, avec
des larmes d'
argent.
La
destruction du premier
Temple est représentée
par des colonnes brisées et des instruments de construction jonchant
le sol. Trois colonnes restent seules debout et le transparent qui les domine
se
lit : Foi, au S.-O., Espérance, au S.-E. , et
Charité, au N.-O.
A l'est est un des
symboles les plus profonds, tout d'abord
une table, recouverte d'un drap noir, et sur laquelle se trouvent, outre les
instruments de construction matérielle (
compas,
équerre,
triangle),
le
symbole de la création par l'homme de son être spirituel : la
Croix portant une
rose à l'intersection de chacun de ses bras.
Cette table est placée devant un grand rideau qui,
en s'écartant, laissera apercevoir le Christ crucifié éclairé par deux flambeaux de
cire de
couleur solaire.
*
* *
C'est là que le récipiendaire retrouvera
la « Parole perdue », après avoir recréé en
lui d'abord la
Foi, basée sur le travail personnel ; puis la
Charité,
qui lui ouvre, toutes grandes, les portes de l'
Espérance, de l'
Immortalité.
Cette immortalité, il va en acquérir immédiatement la certitude
symbolique, car, le visage recouvert d'un voile noir, il pénètre,
aidé par ceux qui ont passé avant lui, dans la
chambre que nous appelons astrale et qu'on appelle généralement infernale.
Disons à ce propos, et pour faire plaisir à
M. Antonini
[Note de l'auteur : Doctrine du Mal], que ce que les
catholiques appellent l'Enfer est appelé par les occultistes « plan astral inférieur ». Pour arriver au
ciel, il faut
traverser le plan astral et triompher, par sa pureté morale et par son
élévation spirituelle, des larves et des êtres qui peuplent
cette région de l'invisible. Le
ciel envoie à ses élus
des guides pour passer à travers cette région, et l'auteur de
Pistis Sophia donne d'intéressants
renseignements à ce sujet. Mais les occultistes mettent les larves et
les démons à leur vraie place et ils ne les adorent pas, réservant
leurs prières pour le Christ ou la Vierge. Il faut triompher des démons
pour parvenir au plan céleste et on n'en triomphe qu'en suivant les préceptes
évangéliques, en Occident, ou en suivant les révélations
des maîtres, en Orient. Tout homme de bien, qu'il soit chrétien,
musulman ou bouddhiste, va au
ciel quand il a suivi la parole de
Dieu, et tout
criminel, qu'il soit pape,
prêtre catholique, juif,
protestant ou simple
laïque de n'importe quelle
religion, va faire connaissance avec les êtres
du plan astral, jusqu'à la
dissolution de ses écorces, à
moins que la pitié divine n'efface le cliché de ses fautes. Voilà
pourquoi le Dante a vu plusieurs papes en enfer.
Cette
chambre astrale est formée d'un transparent
à chaque bout duquel est un
squelette, pour bien indiquer que la mort
est la seule porte d'entrée ou de sortie de cette
chambre. Sur le transparent,
on a peint des larves et des êtres astraux quelconques, que le récipiendaire aperçoit en soulevant le voile qui recouvre sa tête.
Il arrive ainsi à la
chambre rouge, éclairée
par 33 lumières.
A l'Orient, sous un
dais, le récipiendaire aperçoit
un admirable
symbole. En haut, une étoile flamboyante portant la lettre
ש (Schin) renversée pour indiquer l'incarnation du Verbe
divin dans la nature humaine. Au-dessous est un
sépulcre ouvert et vide
pour montrer que le Christ a triomphé de la mort, indiquant ainsi la
voie à tous ceux qui voudront le suivre.
C'est aussi dans cette direction qu'est l'étendard
du chapitre sur lequel est gravé le
Pélican, debout sur son nid
et nourrissant ses sept petits de son sang qu'il fait couler en se perçant
le côté avec son bec. Ce
Pélican porte sur la poitrine la
Rose-Croix. Tel est le
symbole du vrai chevalier du Christ, telle est la représentation de l'action incessante de la lumière divine qui fait vivre même ceux qui commettent des atrocités en son nom, comme le
soleil éclaire les bons et les méchants répandus sur les sept régions planétaires de son système.
Les inscriptions des colonnes :
Infinité
et
Immortalité caractérisent la transformation spirituelle
des vertus illuminant la
chambre noire.
Cette
initiation est appuyée par quinze points d'instruction qui transforment successivement le récipiendaire en chevalier d'Heredom, chevalier de garde de la
Tour et Rose-Croix. Ces instructions portent sur les
points suivants :
1° Maîtrise ;
2° nombres 9, 7,
5 et 3 ;
3° pierre angulaire ;
4° mystères de l'arche
et de l'immortalité (
Enoch et
Elie) ;
5° les
montagnes de salvation,
le Moria et le
Calvaire, dans tous les plans ;
6° l'
athanor hermétique
;
7° les vertus morales nées de l'effort spirituel ;
8°
la résistance aux passions (garde de la
Tour) ;
9° la
symbolique
astrale ;
10° la
symbolique générale ;
11°
la
symbolique numérale ;
12° la Jérusalem chrétienne
et le nouveau
Temple universel ;
13° les trois lumières chrétiennes
:
Jésus,
Marie, Joseph ;
14° la parole perdue ;
15°
Consummatum est.
Enfin, les Illuminés avaient transmis à la
Maçonnerie, dans ce grade, leur système de réduction kabbalistique
des noms en leurs consonnes et les cinq points figurant l'apprentissage de l'Illuminisme.
*
* *
Les grades suivants :
19°,
grand pontife ;
20°,
grand
patriarche ;
21°, grand maître de la
Clef ;
22°,
prince du Liban, continuent la mise en action de la tradition historique.
Ce dernier grade, prince du Liban, est devenu le chevalier
royal
Hache de l'Ecossisme et il commence la série des véritables
grades
hermétiques consacrés au développement des facultés
spirituelles
[Note de l'auteur : Voyez les études
du Dr Blitz sur ces grades dans la revue L'Initiation.].
Le thème initiatique de ces grades
hermétiques
porte sur la partie de sa vie où Salomon s'est livré à l'étude
de la magie et de l'
alchimie. On voit ainsi Salomon soumis aux épreuves
de la mort seconde, de l'abandon du vrai
Dieu pour les
idoles et revenant à
la vraie foi par la science. C'est une reprise sur un autre plan de l'
allégorie
historique des grades précédents.
Dans la Maçonnerie de Perfection, les grades
hermétiques
étaient renfermés dans les degrés suivants : 22, prince
du Liban ; 23, prince
adepte ; et 25, prince du Royal Secret.
Nous retrouvons dans ce grade de prince
adepte, devenu
le 28° du
Rite Ecossais, chevalier du
Soleil, ces études théoriques
sérieuses qui forment la base de toute pratique réelle.
C'est à propos de l'Ecossisme, et à cause
des développements qu'il a donnés à ces grades
hermétiques,
que nous étudierons en détail cette section.
Comme on le voit, le
Rite de Perfection contenait tout
le système maçonnique et les transformations qu'il aura à
subir ne porteront que sur le développement de grades existants déjà au « Conseil des Empereurs d'Orient et d'Occident ».
Passons donc à l'Ecossisme ; mais, avant, énumérons les sept classes comprenant les grades de ce
Rite :
1° classe. 1, 2, 3 ;
2° classe 4, 5, 6, 7 et 8 ;
3° classe 9, 10, 11 ;
4° classe 12, 13, 14 ;
5° classe 15, 16, 17, 18,
19 ;
6° classe 20, 21, 22 ;
7° classe 23, 24, 25 ;
Pour plus de détails, on pourra se reporter au tableau
général des
rites, à la fin de ce chapitre.