Biographie universelle ancienne et moderne Saint Babylas,
évêque d'Antioche, succéda à Zébin, vers 237 ou 238, et gouverna cette
église pendant treize ans, avec autant de zèle que de vertu. On dit que l'empereur Philippe, qui faisait profession du christianisme, s'étant présenté à l'
église la veille de Pâques,
saint Babylas s'avança sur le seuil de la porte, lui en refusa l'entrée, jusqu'à ce qu'il se fût mis au rang
des pénitents, pour
expier le meurtre de Gordien, dont il s'était rendu coupable, et que l'empereur obéit.
Saint Chrysostome rapporte ce fait, sans élever le moindre doute sur son authenticité ; mais Eusèbe n'en parle que comme d'un bruit qu'on racontait de son temps, et qu'il n'avait trouvé écrit nulle part. Environ six ans après,
saint Babylas fut mis en prison, chargé de chaînes, par ordre de l'empereur Dèce, et mourut des mauvais traitements qu'on lui fit essuyer en 251. Il voulut être enterré avec ses chaînes, qu'il regardait comme l'instrument de son triomphe.
Un siècle après, le César Gallus fit transporter ses
reliques d'Antioche dans le bourg de
Daphné, à deux
lieues de cette ville, y éleva une
église sous son invocation, à côté du temple d'
Apollon. Le voisinage du
martyr fit cesser, dit-on, les oracles du
dieu, auquel Julien l'
Apostat entreprit, en 562, de rendre la parole. Il n'épargna ni les victimes, ni les
libations pour en tirer quelque réponse
favorable sur son expédition de Perse. Le
dieu, après être resté longtemps insensible aux prières et aux sacrifices de l'empereur,
rompit enfin le silence, pour le rejeter sur les
corps des chrétiens qui
environnaient son temple. Comme ce silence datait surtout de la translation en ce lieu, des
reliques de
saint Babylas, Julien ordonna aux Galiléens de retirer les cendres et les ossements du saint
patriarche. La piété des fidèles donna à cette nouvelle translation l'appareil d'une pompe triomphale. La châsse qui renfermait les
reliques du saint était portée sur un char ; les
prêtres chantaient, pendant tout le chemin, les endroits des psaumes qui peignent l'impuissance des
idoles, et le peuple faisait, à chaque verset, retentir l'
air de ce refrain : « Que tous ceux qui adorent les ouvrages de la main des hommes, et qui se glorifient en leurs
faux dieux, soient couverts de confusion. » La nuit suivante, la foudre du
ciel tomba sur le temple d'
Apollon, réduisit en cendres l'
autel et le
dieu qui y était adoré, et ne laissa subsister que les murs, dont les débris attestèrent longtemps la vengeance céleste. Julien, furieux, fit tourmenter les
prêtres de l'
idole, pour savoir si ce désastre venait de leur négligence ou de la vengeance des chrétiens ; mais les
prêtres et tous les habitants des environs déclarèrent qu'ils avaient vu tomber la foudre du
ciel. Ce prince n'osa rétablir ni l'
idole, ni le temple,
de peur d'attirer la foudre céleste sur sa personne. Il se promettait de
décharger toute sa colère sur les chrétiens, au retour de son expédition, où il périt. Les
reliques de
saint Babylas furent depuis transférées au delà de l'
Oronte, où saint Flavien bâtit une
église en son honneur, et institua une fête solennelle. Ce fut à cette occasion que saint Chrysostome prononça un de ces discours qui ont rendu son nom si célèbre. Il composa même une
histoire de
saint Babylas. Le judicieux Tillemont avoue que l'
histoire de
saint Babylas est sujette à de grandes difficultés. Bayle (
Dictionnaire historique et critique) n'a pas manqué de les faire valoir. On peut voir, à ce sujet, une dissertation du père
Merlin dans le
Journal de Trévoux, de
juin 1737.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 2 - Page 555)