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Mythologie grecque et romaine

Pierre Commelin
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AUTRES HÉROS GRECS DE LA GUERRE DE TROIE

Achille

      Achille, l'Eacide ou petit-fils d'Eaque, fils de Thétis et de Pélée, roi de la Phthiotide, naquit à Larisse, ville de Thessalie, sise sur les bords du Pénée. A sa naissance, Thétis, sa mère, l'avait plongé dans l'eau du Styx, et l'avait rendu invulnérable, excepté au talon par où elle le tenait. Elle se chargea elle-même de sa première éducation, et lui donna pour gouverneur et père nourricier Phénix, fils d'Amyntor, prince des Dolopes, réfugié à la cour de Pélée. Ensuite il eut pour maître le centaure Chiron qui, en ornant sa belle intelligence des connaissances les plus utiles, ne négligea pas de développer et de fortifier son corps. Il le nourrissait, dit-on, de cervelles de lion et de tigre, afin de lui communiquer un courage et des forces irrésistible.

      Dans son enfance, sa mère lui ayant proposé d'opter entre une carrière longue et obscure, et une vie courte, mais glorieuse, il préféra la dernière. Cependant, Thétis, instruite par les oracles qu'on ne prendrait jamais Troie sans lui, mais qu'il périrait sous ses murs, l'envoya en habits de jeune fille, et sous le nom de Pyrrha, à la cour de Lycomède, roi de Scyros. A la faveur de ce déguisement, il se fit connaître de Déidamie, fille de Lycomède, l'épousa secrètement, et en eut un fils nommé Pyrrhus.

      Lorsque les princes grecs se rassemblèrent pour aller au siège de Troie, Calchas leur prédit que cette ville ne pourrait être prise sans le secours d'Achille, et leur indiqua le lieu de sa retraite. Ulysse s'y rendit, déguisé en marchand, et présenta aux femmes de la cour des bijoux et des armes. Achille se trahit lui‑même en préférant les armes aux bijoux. Ulysse l'emmena au siège de Troie, et c'est alors que Thétis donna à son fils cette armure impénétrable, ouvrage de Vulcain.

      Achille devint bientôt le premier héros de la Grèce et la terreur des ennemis. Pendant qu'Agamemnon rassemblait ses troupes, le fils de Thétis prit plusieurs villes de la Troade et de la Cilicie, entre autres Thèbes, patrie d'Andromaque. Mais dans le cours du siège, Achille ayant été d'avis de rendre la jeune Chryséis à son père, prêtre d'Apollon, et de faire cesser par là la peste qui désolait le camp des Grecs, Agamemnon offensé lui enleva une autre captive, Hippodamie, surnommée Briséis ou fille de Brisès. Cette insulte l'irrita au point qu'il se retira dans sa tente, et cessa de combattre.

      Sa retraite assura la victoire aux Troyens ; mais Patrocle son ami, qui avait emprunté ses armes, ayant été vaincu et dépouillé par Hector, il demanda une nouvelle armure à sa mère, retourna au combat, et vengea la mort de son ami par celle d'Hector qu'il attacha à son char et traîna ainsi plusieurs fois autour des murailles de Troie et du tombeau de Patrocle ; il le rendit ensuite aux larmes de Priam son père.

      Après la mort d'Hector, les princes grecs furent appelés chez Agamemnon à un grand festin, dans lequel ils examinèrent les moyens de se rendre maîtres de Troie. Achille se déclara pour la force ouverte, Ulysse pour la ruse, et l'avis de celui-ci l'emporta.

      Suivant Ovide, l'amour causa la mort d'Achille épris des charmes de Polyxène, fille de Priam, il la demanda en mariage ; et, lorsqu'il était sur le point de l'épouser, au moment où Déiphobe l'embrassait, Pris le blessa au talon d'un coup de flèche. C'est, dit-on, Apollon lui-même, qui avait dirigé le trait. Cette blessure fut mortelle.

      On a observé, avec raison, que la fable qui suppose Achille invulnérable n'était pas reçue du temps d'Homère. Ce poète n'avait garde d'adopter une fiction qui eût déshonoré son héros. Achille, selon lui, fut blessé en combattant, et les Grecs livrèrent autour de son corps un combat sanglant qui dura tout un jour. Thétis, ayant appris la mort de son fils, sortit du sein des eaux, accompagnée d'une troupe de nymphes, pour venir pleurer sur son corps. Les Néréides environnèrent le lit funèbre, en poussant des cris lamentables, et revêtirent le corps d'habits immortels ; les neuf Muses firent entendre tour à tour leurs plaintes lugubres. Durant dix-sept jours, les Grecs pleurèrent avec les déesses ; et le dix-huitième, on mit le corps sur un bûcher. Ses cendres furent enfermées dans une urne d'or, et mêlées avec celles de Patrocle. Après qu'on lui eut élevé un magnifique tombeau sur le rivale de l'Hellespont, au promontoire de Sigée, Thétis fit exécuter des jeux et des combats, par les plus braves de l'armée, autour de son tombeau.

      Achille fut révéré comme un demi-dieu. L'oracle de Dodone lui décerna les honneurs divins, et ordonna que des sacrifices annuels fussent offerts sur sa tombe.

      Dans les combats héroïques, le char prenait une large part à la lutte, et, par conséquent, l'habileté du cocher contribuait beaucoup à la victoire. Aussi, quand on raconte l'histoire d'Achille, on doit au moins mentionner son cocher, d'ailleurs célèbre, Automédon.

      La lance d'Achille avait la vertu de guérir les blessures qu'elle avait faites ; mais il fallait toutefois que le héros y consentît.



Patrocle

      Patrocle, fils de Ménœtius, roi des Locriens, et de Sthénélé, ayant tué le fils d'Amphidamas, dans un emportement de jeunesse causé par le jeu, fut obligé de quitter sa patrie. Il trouva un asile à la cour de Pélée qui le fit élever par Chiron avec son fils Achille ; de là cette amitié si tendre et si constante entre les deux héros.

      Sous les murs de Troie, Patrocle, ne pouvant décider son ami à oublier son ressentiment contre les Grecs et à rentrer dans la lutte contre les Troyens, obtient cependant de lui la permission de revêtir son armure et de combattre à sa place. Il prend donc les armes d'Achille, moins sa pique si pesante qu'aucun Grec ne pouvait s'en servir. Il repousse les Troyens, mais il tombe fatalement sous les corps d'Hector favorisé par Apollon.

      Ajax et Ménélas font reculer Hector vainqueur, et emportent le corps de leur compagnon d'armes. Achille jure de le venger ; l'ombre de Patrocle lui apparaît et le prie de hâter ses funérailles, afin que les portes des Champs-Elysées lui soient ouvertes. Achille s'empresse de remplir ses intentions, et bientôt après il sacrifie valeureusement Hector aux mânes de son ami.



Ajax, fils d'Oïlée

      Ajax, fils d'Oïlée, roi des Locriens d'Opunte, équipa quarante vaisseaux pour le siège de Troie. C'était un prince brave, intrépide, qui rendit de grands services aux Grecs, mais brutal et cruel. Après la prise de Troie, il outragea Cassandre qui s'était réfugiée dans le temple de Minerve. Cette déesse le punit en submergeant toute sa flotte près des rochers de Capharée, promontoire de l’ile d'Eubée. L'intrépide guerrier, échappé au naufrage, se sauva sur un écueil, et dit arrogamment : « J'en échapperai malgré les dieux. » Indignée de son insolence, Pallas-Minerve prit la foudre de Jupiter et l'anéantit sur son rocher.



Ajax, fils de Télamon, et son frère Teucer

      Télamon, frère de Pélée, chassé d'Egine par son père Eaque, à la suite d'un meurtre involontaire, devint roi de Salamine. C'était un ami d'Hercule et l'un des plus vaillants Argonautes. N'ayant pu, à cause de son grand âge, prendre part à la guerre de Troie, il y envoya ses deux fils, Ajax, né de Péribée, princesse de Mégare, et Teucer, issu d'Hésione, sœur de Priam.

      Ajax fut, après Achille, le plus vaillant des Grecs, et, comme lui, fier, emporté, invulnérable même, excepté dans un endroit de la poitrine que lui seul connaissait. Il se montrait hardi, provocateur même vis-à-vis des dieux. Il se distingua au siège de Troie où il commandait les guerriers de Mégare et de Salamine. Il se battit pendant un jour entier contre Hector sans se laisser vaincre.

      Achille mort, Ajax et Ulysse se disputèrent ses armes. Ulysse l'emporta ; et Ajax en devint si furieux que, pendant la nuit, il massacra tous les troupeaux du camp, croyant tuer son rival et les capitaines de l'armée. Revenu de son délire, et confus de son égarement, il tourna son épée contre son sein et se donna la mort.

      Calchas, consulté si on brûlerait le corps d'Ajax, décida que, étant mort impie, il ne méritait pas les honneurs du bûcher. Cependant les Grecs lui érigèrent un monument sur le promontoire de Rhœtée, dans la Troade. On raconte que l'âme d'Ajax, ayant la liberté de choisir un corps pour revenir habiter la terre, préféra celui du lion à celui de l'homme.

      Suivant Ovide, Ajax, après sa mort, fut changé en fleur ; et les deux premières lettres de son nom se trouvaient tracées sur cette fleur que le poète nomme hyacinthe.

      Ulysse avant perdu dans une tempête les armes d'Achille, les flots les portèrent sur le rivage près du tombeau d'Ajax. Les dieux en faisaient ainsi un hommage posthume au héros.

      Teucer ne vengea point l'affront fait à son frère Ajax, et ne l'empêcha pas de se tuer. Cette indifférence le rendit odieux à Télamon qui lui intima l'ordre de ne jamais remettre les pieds dans l’île de Salamine, Il alla donc chercher fortune ailleurs, et, abordant à l’île de Chypre, il y bâtit une ville à laquelle il donna le nom du royaume de son père. Homère dit que Teucer était le plus adroit archer de l'armée des Grecs.



Ulysse, en grec Odysseus

      Ulysse, fils de Lærte, ou peut-être de Sisyphe, et d'Anticlée, mari de Pénélope, père de Télémaque, était roi de deux petites îles de la mer Ionienne, Ithaque et Dulichie. C'était un prince éloquent, fin, rusé, artificieux ; il contribua bien autant par ses artifices à la prise de Troie que les autres généraux grecs par leur valeur. Il n'y avait que peu de temps qu'il était marié avec la belle et sage Pénélope, lorsqu'il fut question de la guerre de Troie. L'amour qu'il avait pour sa jeune épouse lui fit chercher plusieurs moyens pour ne pas l'abandonner, et pour s'exempter d'aller à cette guerre.

      Il imagina de contrefaire l'insensé ; et, pour faire croire qu'il avait l'esprit aliéné, il s'avisa de labourer le sable sur le bord de la mer, avec deux bêtes de différente espèce, et d'y semer du sel. Mais Palamède, disciple de Chiron et fils de Nauplius, roi de l’île d'Eubée, découvrit la feinte en mettant le petit Télémaque sur la ligne du sillon. Ulysse, ne voulant pas blesser son fils, leva le soc de la charrue, et fit connaître par là que sa folie n'était que simulée.

      A son tour Ulysse découvrit Achille qui était déguisé en jeune fille dans l’île de Scyros, et l'emmena combattre devant Troie. Au cours de cette guerre, il enleva le Palladium, statue de Minerve, protectrice de la ville et enfermée dans la citadelle d'Ilion ; il tua Rhésus, roi de Thrace, venu au secours des Troyens, et emmena ses chevaux au camp des Grecs ; il contraignit Philoctète, quoique son ennemi, à le suivre au siège de Troie avec les flèches d'Hercule.

      C'était à ces trois conditions seulement que la ville pouvait être prise, selon l'ordre des destins.

      Après la mort d'Achille, les armes de ce héros lui furent adjugées, de préférence à Ajax ; mais les débats furent vifs, devant les chefs grecs pris pour juges ; et il ne gagna sa cause que grâce à son éloquence.

      A son retour de Troie, Ulysse eut de grandes aventures qui sont le sujet de l'Odyssée, d'Homère. Une tempête le jeta d'abord sur les côtes des Ciconiens, peuples de Thrace, où il perdit plusieurs de ses compagnons ; de là il fut porté au rivage des Lotophages, en Afrique, où quelques hommes de sa flotte l'abandonnèrent. Les vents le conduisirent ensuite sur les terres des Cyclopes, en Sicile, où il courut les plus grands dangers. De Sicile il alla chez Eole, roi des Vents ; de là chez les Lestrigons, où il vit périr onze de ses vaisseaux ; et, avec le seul qui lui restait, il se rendit dans l'île d'Æa chez Circé, où il demeura un an ; de là il descendit aux Enfers pour y consulter l'âme de Tirésias sur sa destinée. Il échappa aux charmes de Circé et des Sirènes, évita les gouffres de Charybde et de Scylla ; mais une nouvelle tempête fit périr son vaisseau avec tous ses compagnons, et il se sauva seul de l'île de Calypso où il demeura pendant sept années. Embarqué sur un radeau, il fit de nouveau naufrage, et eut bien de la peine à gagner l'île des Phéaciens. Sur le rivage, il fut accueilli par la jeune et belle Nausicaa, fille d'Alcinoüs, roi de cette île. La princesse le conduisit au palais de son père, où il reçut une généreuse et brillante hospitalité. Avec le secours du roi Alcinoüs, il aborda enfin à l'île d'Ithaque, après une absence de vingt ans.

      Il descend chez Eumée, son discret et fidèle serviteur. Plusieurs princes de ses voisins, qui le croyaient mort, s'étaient rendus maîtres chez lui, et dissipaient son bien : tous étaient des prétendants à la main de Pénélope. Il se présenta dans son palais sous les traits et le déguisement d'un vieux mendiant. Télémaque fut le premier à qui son père se découvrit, et ensemble ils prirent des mesures pour se défaire de leurs ennemis.

      A la porte de son palais, il est reconnu par son chien Argus qu'il avait laissé en parlant pour Troie, et qui meurt de joie en revoyant son maître. Il est aussi reconnu par Euryclée, sa vieille nourrice. Celle-ci, en lui lavant les pieds, a aperçu une blessure qu'il avait à la jambe et que lui avait faite autrefois un sanglier.

      Pénélope lui apprend qu'elle ne peut plus éluder les poursuites des prétendants, et qu'elle a promis d'épouser celui qui viendrait à bout de tendre l'arc d'Ulysse. Tous en effet avaient accepté la proposition de la reine ; mais ils essayent vainement de tendre l'arc. Ulysse, après eux, demande qu'il lui soit permis d'éprouver ses forces ; il bande l'arc très aisément ; et en même temps il tire sur les poursuivants, qu'il tue l'un après l'autre, aidé de son fils et de deux fidèles domestiques.

      Reconnu définitivement par Pénélope, il régna paisiblement dans son île, jusqu'à ce que Télégone, qu'il avait eu de Circé, le tua sans le connaître. Son vieux père, Lærte, avant de mourir, avait eu la consolation de le voir de retour.

      La mémoire d'Ulysse â été consacrée par un grand nombre de monuments, de bas-reliefs, de médailles et de camées : on le reconnaît au bonnet pointu qu'on lui donne ordinairement ; on prétend que ce fut le peintre grec Nicomaque qui le lui donna le premier. Souvent il est représenté en compagnie de Minerve.



Pénélope, épouse d’Ulysse

      Pénélope, fille d'Icarius, frère de Tyndare, roi de Sparte, fut recherchée en mariage, à cause de sa beauté, par plusieurs princes de la Grèce. Son père, pour éviter les querelles qui auraient pu éclater entre les prétendants, les obligea à en disputer la possession dans des jeux qu'il leur fit célébrer. Ulysse fut vainqueur, et la princesse lui fut accordée.

      Pendant les vingt années d'absence d'Ulysse, durant et après la guerre de Troie, Pénélope lui garda une fidélité à l'épreuve de toutes les sollicitations. Sa beauté attira à Ithaque une centaine de prétendants. Elle sut toujours éluder leur poursuite et les déconcerter par de nouvelles ruses. La première fut de s'attacher à faire sur le métier un grand voile, en déclarant aux poursuivants qu'elle ne pouvait contracter un nouveau mariage avant d'avoir achevé ce voile destiné à envelopper le corps de son beau-père Lærte, quand il viendrait à mourir. Ainsi, pendant trois ans, elle allégua cet ingénieux prétexte, sans que sa toile s'achevât jamais ; car elle défaisait la nuit ce qu'elle avait fait le jour : de là est venu le proverbe, « la toile de Pénélope », dont on se sert en parlant des ouvrages auxquels on travaille sans cesse et qu'on ne termine jamais.

      Quand on vint dire à Pénélope que son époux était de retour, elle refusa de le croire, craignant qu'on ne voulût la surprendre par des apparences trompeuses ; mais, après qu'elle se fut assurée, par des preuves non équivoques, que c'était réellement Ulysse, elle se livra aux plus grands transports de joie et d'amour.

      Après la mort d'Ulysse, elle épousa Télégone, selon les uns ; mais, selon d'autres, elle se retira à Sparte, et finit ses jours à Mantinée. On la cite comme un modèle de fidélité conjugale.

      Certains mythologues ont confondu, par erreur, la reine d'Ithaque avec la nymphe Pénélope, mère du dieu Pan.



Télémaque, fils d’Ulysse et de Pénélope

      Télémaque, fils d'Ulysse et de Pénélope, était encore au berceau, lorsque son père partit pour la guerre de Troie. Parvenu à l'adolescence, il se mit en devoir d'aller chercher Ulysse dans toute la Grèce.

      Par le conseil et sous la conduite de Minerve qui a pris la figure du vénérable Mentor, il s'embarque de nuit pour aller à Pylos, chez Nestor, et à Sparte chez Ménélas. Pendant quatre ans il recherche son père, d'après leurs informations. Au bout de ce laps de temps, que l'auteur du Télémaque français a rempli de si instructives aventures, il revint à Ithaque, où il retrouva Ulysse chez le vieux serviteur Eumée. On dit qu'il succéda à son père, épousa Circé, et en eut un fils nommé Latinus.

      Quelques auteurs lui donnent pour épouse Nausicaa, fille d'Alcinoüs, roi des Phéaciens.



Télégone, fils d'Ulysse et de Circé

      Télégone, fils d'Ulysse et de Circé, naquit dans l'île d'Æa, où Circé faisait son séjour, et où Ulysse s'arrêta quelque temps au cours de ses aventures, après le siège de Troie. Longtemps après, lorsque Télégone fut grand, il s'embarqua pour aller chercher son père. Ayant été jeté sur les côtes d'Ithaque sans la connaître, il alla faire des vivres avec ses compagnons qui se livrèrent au pillage. Ulysse, à la tête des Ithaciens, vint pour repousser ces étrangers : il y eut combat sur le rivage, et Télégone frappa Ulysse d'une lance dont le bout était fait d'une tortue marine ; nommée pastinague, que l'on croit être venimeuse.

      Le roi d'Ithaque, mortellement blessé, se souvint alors d'un oracle qui l'avait averti de se méfier de la main de son fils ; il s'informa qui était l'étranger, et d'où il venait, reconnut Télégone et mourut dans ses bras. Minerve les consola tous les deux, en leur disant que tel était l'ordre du destin : elle ordonna même à Télégone d'épouser Pénélope et de porter à Circé le corps d'Ulysse pour lui faire rendre les honneurs de la sépulture. Du mariage de Pénélope et de Télégone naquit Italus qui, selon certains auteurs, donna son nom à l'Italie.



Philoctète

      Philoctète était fils de Pæan et le fidèle compagnon d'Hercule, qui, en mourant, lui laissa ses redoutables flèches. Il s'était engagé, par serment, à ne jamais découvrir le lieu où il aurait déposé les cendres de ce héros. Mais les Grecs, sur le point de partir pour le siège de Troie, ayant appris de l'oracle de Delphes que, pour se rendre maîtres de cette ville, il fallait qu'ils fussent en possession des flèches d'Hercule, envoyèrent des députés à Philoctète, pour apprendre en quel lieu elles étaient cachées.

      Philoctète, qui ne voulait ni violer son serment ni priver les Grecs de l'avantage que ces flèches pouvaient leur procurer, après quelque résistance, montra avec le pied l'endroit où il avait inhumé Hercule, et avoua qu'il avait ses armes en son pouvoir.

      Cette indiscrétion lui coûta cher dans la suite ; car, dans le temps qu'il allait à Troie, une de ces flèches étant tombée sur le même pied avec lequel il avait montré le lieu de la sépulture d'Hercule, il s'y forma un ulcère qui répandait une odeur si infecte que, à la sollicitation d'Ulysse, on le laissa dans l'île de Lemnos, où il souffrit pendant dix ans tous les maux et toutes les douleurs de l'isolement.

      Cependant, après la mort d'Achille, les Grecs, voyant qu'il était impossible de prendre la ville sans les flèches que Philoctète avait emportées avec lui à Lemnos, Ulysse, quoique ennemi mortel de ce héros, se chargea d'aller le chercher et de le ramener ; ce qu'il exécuta en effet, avec le concours de Diomède et de Néoptolème ou Pyrrhus, fils d'Achille.

      Philoctète ne fut pas plutôt arrivé dans le camp des Grecs, que Pâris lui fit demander un combat singulier ; le héros y consentit et, avec une de ses flèches, le blessa mortellement.

      Comme son ulcère n'était pas encore guéri, Philoctète, après la prise de Troie, n'osa pas retourner dans son pays ; il alla dans la Calabre, où il bâtit la ville de Pétilie, et fut enfin guéri par les soins de Machaon, fils d'Esculape et frère de Podalire. Ou lui attribue aussi la fondation de Thurium. Philoctète avait été un des plus fameux Argonautes, il avait donc assisté aux deux plus célèbres expéditions des temps héroïques. Ses malheurs ont inspiré à Sophocle une des plus belles tragédies de l'antiquité.



Nestor

      Nestor, roi de Pylos, était le plus jeune des douze fils de Pélée. Par Chloris, sa mère, il était petit-fils de Niobé. Ses onze frères, ayant pris part à la guerre de Nélée et d'Augias contre Hercule, furent tués par ce héros ; il n'avait dû alors son salut qu'à son jeune âge. A l'époque de la guerre de Troie, où il conduisit quatre-vingt-dix vaisseaux, il était déjà fort âgé, et il régnait sur la troisième génération.

      C'est le cavalier de Gérénie, le vieillard favori d'Homère. Le portrait qu'il en donne est beaucoup plus fini que tous les autres. Il y revient sans cesse ; et, après en avoir tracé soigneusement tous les traits dans les grands tableaux de L'Iliade, il y met la dernière main dans L'Odyssée : sagesse, équité, respect pour les dieux, politesse, agrément, douceur, éloquence, activité, valeur, il y peint toutes les vertus politiques et guerrières de Nestor. Pour s'en faire une idée complète, il faut, après l'avoir vu dans L'Iliade, sage conseiller, vaillant capitaine, vigilant soldat, le voir, dans l'Odyssée, heureux et tranquille, menant une vie douce dans sa maison, au milieu de sa famille, environné d'une troupe d'enfants qui l'aiment et le respectent, uniquement occupé des devoirs d'un père et d'un prince, et exerçant l'hospitalité.

      Les principales époques de sa vie avant la guerre de Troie sont la guerre des Pyliens contre les Eléens, le combat des Lapithes et des Centaures, la chasse du sanglier de Calydon. Il mourut paisiblement à Pylos. Cependant quelques auteurs le font aller en Italie, après la prise de Troie, et y bâtir Métaponte.



Diomède

      Diomède, fils de Tydée, et petit-fils d'Œnée, roi de Calydon, fut élevé à l'école du centaure Chiron avec plusieurs héros de la Grèce. Il commanda les Etoliens au siège de Troie, et se distingua par tant de belles actions, qu'on le considéra comme le plus brave de l'armée, après Achille et Ajax, fils de Télamon. Homère le représente comme le favori de Pallas-Minerve. Par le secours de cette déesse, il tue plusieurs rois de sa main, et il sort avec gloire de combats singuliers contre Hector, Enée et les autres princes troyens. Avec Ulysse il se saisit des flèches de Philoctète, à Lemnos, et les chevaux de Rhésus, et enlève le Palladium.

      Il blesse Mars et Vénus même qui venait secourir son fils Enée, et qui ne le sauva qu'en le couvrant d'un nuage. La déesse en conçut un tel dépit, que, pour s'en venger, elle inspira à sa femme Egialée une violente passion pour un autre. Diomède, instruit de cet affront, n'échappa qu'avec peine aux embûches qu'elle lui tendit à son retour, en se réfugiant dans le temple de Junon, et alla chercher un établissement en Italie. Là, le roi Daunus lui ayant cédé une partie de ses Etats et donné sa fille en mariage, il fonda la ville d'Arpi ou d'Argyripa.

      Après sa mort, il fut honoré comme un dieu et il eut un temple ou un bois sacré sur les bords du Timave.

      On dit que, durant sa traversée de Grèce en Italie, plusieurs de ses compagnons, ayant injurié Vénus dont la persécution les forçait de s'expatrier, furent tout à coup changés en oiseaux, prirent leur essor et se mirent à voltiger autour du vaisseau. Pline ajoute que ces oiseaux, nommés oiseaux de Diomède, se ressouvenant de leur origine, caressaient les Grecs et fuyaient les étrangers.



Idoménée

      Idoménée, roi de Crète, fils de Deucalion et petit-fils du deuxième Minos, conduisit au siège de Troie les troupes de Crète, avec une flotte de quatre-vingts vaisseaux, et s'y distingua par quelques actions d'éclat. Après la prise de la ville, ce prince, chargé de dépouilles troyennes, retournait en Crète, lorsqu'il fut assailli par une tempête où il pensa périr.

      Dans le pressant danger où il se trouva, il fit vœu à Neptune de lui immoler, s'il revenait dans son royaume, le premier être vivant qui se présenterait à lui sur le rivage de Crète. La tempête cessa, et il aborda heureusement au port, où son fils, averti de l'arrivée du roi, fut le premier objet qui parut devant lui.

      On peut s'imaginer la surprise et en même temps la douleur d'Idoménée quand il l'aperçut. En vain les sentiments de père combattirent en sa faveur ; un zèle aveugle de superstition l'emporta, et il résolut d'immoler son fils au dieu de la mer. Plusieurs auteurs anciens prétendent que cet horrible sacrifice fut consommé, et plusieurs modernes ont suivi cette tradition. D'autres affirment que le peuple, prenant la défense du jeune prince, le retira des mains d'un père furieux.

      Quoi qu'il en soit, les Crétois, saisis d'horreur pour l'action barbare de leur roi, se soulevèrent unanimement contre lui, et l'obligèrent à quitter ses Etats. Il se retira sur les côtes de la grande Hespérie, c'est-à-dire de l'Italie, où il fonda Salente. Il fit observer dans sa nouvelle ville les sages lois de son ancêtre Minos, et mérita de ses nouveaux sujets les honneurs héroïques après sa mort.



Protésilas

      Protésilas, fils d'Iphiclus, prince de Thessalie, venait d'épouser Laodamie, fille d'Acaste, successeur de Pélias, de la famille de Jason, quand éclata la guerre de Troie. Il quitta sa jeune épouse dès le lendemain de ses noces, pour prendre part à cette expédition. Bien qu'un oracle eût promis la mort au premier guerrier grec qui descendrait sur le rivage ennemi, il se dévoua pour le salut de l'armée. Personne n'osant descendre à terre, il s'élança hors de son navire, et fut tué par Hector.

      Laodamie demeura inconsolable. Pour tromper sa douleur, elle fit faire une statue qui lui rappelait son époux. Un jour, Acaste, son père, voulant lui ôter ce triste spectacle, jeta la statue au feu ; Laodamie, s'étant approchée des flammes, s'y jeta et périt.

      A leur retour de Troie, les Grecs, pour glorifier le dévouement de Protésilas, instituèrent les Protésilées, fêtes ou jeux qui se célébraient à Phylacé, lieu de la naissance de ce héros.



Calchas

      Calchas, fils de Thestor, un des Argonautes, reçut d'Apollon la science du présent, du passé et de l'avenir. L'armée des Grecs qui se rassemblait pour le siège de Troie le prit pour son grand-prêtre et son devin. Ayant vu monter sur un arbre un serpent qui, après avoir dévoré neuf petits oiseaux dans un nid et leur mère, avait été ensuite changé en pierre, il prédit que le siège durerait dix ans. C'est lui qui, pour obtenir les vents favorables à la flotte retenue dans le port d'Aulis, conseilla le sacrifice d'Iphigénie ; lui encore qui, pour faire cesser la peste, fléau terrible qui décimait l'armée sous les murs de Troie, conseilla au roi Agamemnon de renvoyer Chryséis à son père, Chrysès, prêtre d'Apollon.

      Il ne se passait rien d'important qu'on ne prît d'abord son avis. Après la ruine de Troie, il retourna dans sa patrie avec Amphiaraüs, et vint à Colophon en Ionie. Sa destinée était de mourir aussitôt qu'il aurait trouvé un devin plus habile que lui. Il mourut, en effet, de chagrin, dans le bois de Claros consacré à Apollon, pour n'avoir pas pu deviner les énigmes d'un autre devin nommé Mopsus.



Palamède

      Palamède, fils de Nauplius, roi de l'île d'Eubée. disciple de Chiron, avait suivi les autres princes grecs au siège de Troie. Il fut en butte à la haine redoutable d'Ulysse, pour plusieurs motifs. D'abord ce fut lui qui découvrit et révéla aux Grecs la folie simulée de ce héros ; lui encore qui, devant Troie, accusa Ulysse de perfidie ou d'imprévoyance, en laissant l'armée manquer de vivres, bien qu'il fût allé en Thrace, sous prétexte d'en acheter ; enfin Palamède désapprouvait cette guerre longue et ruineuse faite par la Grèce aux Troyens.

      Ulysse à son tour l'accusa perfidement de trahison. Pour donner du crédit à son accusation, il fit enfouir une somme considérable dans la tente de Palamède, prétendit qu'il l'avait reçue de Priam, contrefit une lettre de ce roi, pour en fournir des preuves, et Palamède, condamné à mort par le conseil de guerre, fut injustement lapidé.



Pyrrhus, ou Néoptolème

      Pyrrhus, ou Néoptolème, fils d'Achille et de Déidamie, fut élevé à la cour de son aïeul maternel, Lycoméde, roi de Scyros, jusqu'à la mort de son père. Un oracle ayant alors déclaré que la ville de Troie ne pouvait être prise s'il n'y avait parmi les assiégeants quelqu'un des descendants d'Eaque, les Grecs envoyèrent chercher Pyrrhus qui, à cette époque, n'avait que dix-huit ans.

      A peine arrivé à Troie, il fut chargé d'accompagner Ulysse et Diomède à Lemnos, afin de décider Philoctète à venir avec les flèches d'Hercule rejoindre l'armée des Grecs.

      Lors de la prise de la ville, Pyrrhus, à la tête de ses soldats, envahit le palais de Priam, tue, sous les yeux du roi, son fils Politès, tue Priam lui-mème, sans égard pour sa vieillesse, précipite du haut des remparts le jeune Astyanax, fils d'Andromaque et d’Hector, et enfin réclame Polyxène pour l'immoler aux mânes de son père.

      Dans le partage des esclaves, il eut Andromaque, veuve d'Hector, qu'il aima jusqu'à la préférer à Hermione, son épouse ; ce qui fut cause de sa mort. Cette femme, méprisée et jalouse, excita contre lui Oreste dont elle était aveuglément aimée.

      Un jour que Pyrrhus était allé à Delphes pour apaiser Apollon contre lequel il avait fait des imprécations au sujet de la mort d'Achille, Oreste fit courir le bruit qu'il n'y était venu que pour piller les trésors du temple. Les Delphiens prirent les armes, et Pyrrhus tomba sous leurs traits au pied de l'autel.

      A la Phthiotide, royaume de Pélée, il ajouta l'Epire, où sa dynastie se continua. Des trois fils qu'il eut d'Andromaque, Molossus seul régna après lui.




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