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Numa Pompilius

(~-715 - ~-672)
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Numa Pompilius dans son temps
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      Numa Pompilius, législateur des Romains, était né, dit-on, à Cires, dans la Sabinie, le même jour que Romulus jeta les fondements de sa ville guerrière. Frappé de ses vertus, Tatius, roi des Sabins, lui donna sa fille unique pour épouse. Numa, tout entier à la simplicité des mœurs domestiques et aux besoins d'une vie méditative, demeura sur le sol natal pendant que son beau-père partageait l'autorité de Romulus. Son amour profond pour la justice, son respect pour les dieux, les paroles de paix qu'il semait au milieu de populations accoutumées à ne reconnaître d'autre droit que la force, l'environnèrent d'une vénération immense ; et comme les pensées dont il entretenait ses concitoyens ne pouvaient émaner dans leur opinion que d'une nature supérieure, ils publièrent qu'il était inspiré par la nymphe Egérie, et qu'il jouissait de communications intimes avec cette divinité. Il est curieux de voir Plutarque discuter avec bonhomie la vraisemblance de ses traditions populaires ; Numa les favorisa par son goût pour la solitude et par ses habitudes de contemplation.

      Il vivait ainsi au milieu de ses champs, et entrait dans sa quarantième année, lorsqu'une députation vint lui annoncer que Rome le demandait pour roi. Depuis la mort de Romulus, les sénateurs créés par ce dernier avaient essayé d'accoutumer le peuple à les voir exercer tour à tour la souveraineté ; mais les Romains et la colonie des Sabins incorporée parmi eux s'étaient lassés de cet interrègne ; et, pour éviter les dissensions, on était convenu que les premiers auraient le choix du chef commun, mais qu'il serait pris dans les rangs des seconds. Numa ne renonça point sans quelque peine à sa retraite ; enfin l'ascendant qu'il avait obtenu sur ses voisins le persuada qu'il parviendrait à amortir cet esprit inquiet et belliqueux, qui animait Rome naissante. Il ne voulut point se revêtir des marques de la royauté avant que le ciel, par la voix des augures, eût confirmé son élection : il connaisait l'effet merveilleux des croyances religieuses. Les 300 gardes dont s'était entouré Romulus, sous le nom de Célères, devenaient inutiles à un roi pacifique, qui se confiait à l'amour et au respect des sujets ; Numa supprima donc ce corps et se plut à créer une milice sacerdotale, avec le même soin qu'avait mis son prédécesseur à former des soldats. Les Saliens, le collège des Pontifes et les vestales, furent les plus remarquables de ses institutions religieuses. Il se réserva, comme pontife suprême, de régler tout ce qui concernait les dogmes et les rites. L'ombre qui couvrait les derniers instants de Romulus offrit à Numa un moyen facile de l'élever au rang des dieux ; en lui consacrant un temple, il entoura d'un nouveau respect la majesté royale. L'importance qu'il attachait aux cérémonies, au silence, à un culte dégagé de toute représentation matérielle de la divinité, et plusieurs autres conformités de son système philosophique avec les idées de Pythagore, ont fait croire à divers historiens de l'antiquité, peu scrupuleux sur l'exactitude chronologique, que Numa avait puisé sa doctrine dans ces conférences avec les sages de la Grande-Grèce, dont plus d'un siècle le séparait. On remarqua également dans les lois promulguées par ce prince quelques coutumes qui paraissaient empruntées à Lacédémone ; ce qui s'explique par l'origine lacédémonienne que s'attribuaient les Sabins. C'est à Numa que remonte la création des féciales, ministres du droit des gens, conservés par les Romains lorsqu'ils cherchèrent une nouvelle énergie dans un gouvernement démocratique. Attentif à éloigner des Romains tout ce qui pouvait alimenter la férocité de leurs mœurs, Numa substitua les offrandes de fruits, les libations de vin et de lait, aux sacrifices sanglants ; il consacra le culte du dieu Terme, et éleva un temple à la Bonne-Foi, apprenant aux Romains à regarder comme le plus sacré de tous le serment prononcé au nom de cette nouvelle divinité. L'agriculture fut ensuite l'objet de sa sollicitude ; il renferma dans des limites le territoire de Rome, agrandit l'enceinte de la cité en y comprenant le mont Quirinal, et partagea entre les plus pauvres citoyens la portion du sol que Romulus avait affectée au domaine public, convaincu que les soins de la vie rurale adouciraient leurs cœurs grossiers sans amollir leurs bras. Il prit en pitié le sort des esclaves ; et pour leur offrir une compensation de quelques jours, il institua les Saturnales, pendant lesquelles ils devenaient les égaux de leurs maîtres. Une pensée politique plus élevée fut la répartition du peuple en corps de métiers ; dans des classes ainsi multipliées s'effaça la rivalité primitive des Romains et des Sabins, dont l'entière fusion ne se fût que lentement opérée sans ces morcellements salutaires. Numa établit la forme du mariage par confarréation, qui subsista longtemps après lui : il fixa la nubilité des filles à l'âge de souze ans, la durée du deuil pour les veuves à dix mois, et laissa, selon quelques-uns, aux époux la faculté du divorce. Il modifia la loi de Romulus qui autorisait les pères à vendre leurs enfants, exceptant de cette rigueur ceux qui se seraient mariés du consentement des pères.

      Sous Romulus, l'année civile commençait au mois de mars et n'en comprenait que dix en tout ; Numa en ajouta deux autres, mais reporta le commencement de l'année au mois de janvier, en l'honneur de Janus, qui avait été comme lui un roi pacifique et bienfaisant, et auquel il éleva un temple. De même que la plupart des législateurs de l'antiquité, il sut faire de la religion la base la plus solide de ses conceptions politiques. Il eur recours aux prodiges, et ne craignit point d'imposer aux Romains une foi aveugle, en les soumettant à des règlements qui avaient pour eux un caractère occulte ; par exemple, de sacrifier aux dieux célestes en nombre impair, et en nombre pair à ceux de la terre ; de se tourner, pour la prière, d'orient en occident ou d'occident en orient ; de ne point regarder derrière eux en sortant de leur maison.

      L'heureuse influence de ses réformes s'étendit à toutes les peuplades voisines : les habitudes hospitalières, les relations de commerce et d'amitié, remplacèrent l'avidité du butin et les excursions hostiles. Pendant les quarante-trois ans du règne de Numa, la paix ne fut pas un seul instant troublée. Il mourut dans une vieillesse avancée, laissant un petit-fils en bas-âge, Ancus Martius, qui régna sur les Romains après Tullus Hostilius. L'affluence des peuples alliés de Rome fut la plus belle pompe de ses funérailles. Il avait ordonné que les livres sacrés qu'il avait composés fussent, comme son corps, confiés à la terre, déclarant avoir laissé les ministres du culte dépositaires de sa doctrine. Selon l'historien Valerius Antias, ces écrits formaient deux parties : dans l'une étaient exposées les fonctions des prêtres, dans l'autre les notions philosophiques de la Grèce. Quatre siècles après, sous le consulat de Publius Cornelius et de Marcus Bebius, une inondation extraordinaire mit à découvert les coffres où étaient renfermés, disait-on, le corps et les écrits du roi. Le corps ne s'y trouva plus, mais les livres étaient demeurés intacts. Le prêteur Petilius fut chargé de les examiner ; et, sur le rapport qu'il fit au sénat, on les brûla publiquement comme dangereux à répandre parmi la multitude.

      Plutarque a comparé Numa Pompilius à Lycurgue. Voyez Jacques Meyer, Delineatio vitæ gestroumque Numæ Pompilii, Bâle, 1765, in-8°. Numa Pompilius a fourni à Florian le sujet d'un poème en prose.  (Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 31 - Pages 110-111)




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