Dictionnaire M. Bescherelle
Mythologie
Jason, fils d'
Eson et d'
Alcimède, entreprit avec les
Argonautes la conquête
de la
toison d'or.
Médée en devint éprise, lui fournit les moyens de triompher de tous les obstacles, et s'enfuit avec lui. Mais ce prince ayant ensuite épousé Créuse,
Médée massacra les
enfants qu'elle en avait eus, et se sauva.
Jason s'empara de Colchos et y vécut paisiblement.
Jason : Alchimie
Artiste.
M. Bescherelle, aîné, Dictionnaire national ou Dictionnaire universel de la langue française - Volume II (G-Z) (1856), p. 285.
Dom Antoine-Joseph Pernéty Selon la
Fable, était fils d'
Eson et de Polymède, fille d'Autolicus. Il eut
Créthée pour aïeul, Eole pour bisaïeul, qui était fils de Jupiter.
Eson avait pour
frère un nommé
Pélias, sous la tutelle duquel il mit
Jason ; mais la mère de celui-ci le mit entre les mains de
Chiron pour y apprendre la Médecine. Etant devenu grand et bien instruit, il redemanda à
Pélias le royaume que son père
Eson lui avait laissé en mourant.
Pélias ne voulut consentir à cette restitution, qu'à condition que
Jason irait préalablement faire la conquête de la
Toison d'or. Ce que
Jason exécuta, après s'être associé cinquante braves
compagnons presque tous descendus des
Dieux comme lui. Ayant donc préparé tout ce qu'il crut nécessaire pour cette expédition,
Pallas lui conseilla la construction et la forme du navire, dont le mât fut fait d'un chêne pris dans la
forêt de Dodone. Il aborda d'abord à Lemnos pour se rendre
Vulcain propice, puis à Marsias, à Cius, en
Ibérie, à Bébrycie et vers les
Syrtes de Lybie, où ne pouvant passer, ses
compagnons et lui portèrent le navire
Argo sur leurs épaules pendant douze
jours, et le remirent en mer ; et après avoir vaincu tous les obstacles qui s'opposaient à leur dessein, ils arrivèrent enfin à Colchos, où, par l'art de
Médée, ils vinrent à bout d'enlever la
Toison d'or.
Si peu que l'on veuille prêter d'attention à cette
histoire fabuleuse, et que l'on soit instruit des mystères de l'art Chymique, si peu même que l'on ait lu les livres des auteurs qui en traitent, l'on reconnaîtra aisément que cette prétendue
histoire n'est qu'une
allégorie du grand uvre, comme on va le voir par l'explication suivante.
Jason tire son
étymologie du grec, et ne veut dire autre chose que l'
Art de guérir.
Jason ne fut jamais Médecin ou Chirurgien, puisqu'il n'a jamais existé en réalité ; mais la
Fable dit qu'il fut instruit par
Chiron, le même qui instruisit aussi
Hercule et
Achille.
Chiron lui apprit donc l'expérience manuelle,
Médée la théorie nécessaire pour la perfection de l'œuvre. Jupiter un de ses ancêtres; et
Médée, femme de
Jason, était petite-fille du
Soleil et de l'Océan, et fille d'Aetès, dont les surs étaient
Circé l'Enchanteresse, et
Pasiphaé qui engendra le
Minotaure. La mère de
Médée fut Idie, aussi Enchanteresse, par où l'on peut juger que cette parenté ne pouvait pas mieux convenir qu'à
Jason, qui devait être un grand Médecin, et un grand Scrutateur des choses naturelles. Il se choisit cinquante
compagnons de voyage, tous issus des
Dieux. On en peut voir les noms dans l'
histoire de la
Fable. La navire
Argo fut construite des chênes de Dodone, qui donnaient des oracles. Cette grosse et grande masse fut portée par cinquante hommes dans les déserts de la Lybie pendant douze
jours ; Orphée son Pilote ne la gouvernait que par sa musique et son chant; enfin ce navire périt de vieillesse, ensevelit
Jason sous ses débris, et fut mis au rang des astres. Que veulent dire tous ces lieux où aborda le navire ? Pourquoi d'abord à Lemnos, pour se rendre
Vulcain favorable ? Pourquoi Euripyle donna-t-il de la terre en présent à
Jason ? C'est qu'Euripyle était
fils de Neptune, que de l'
eau on fait de la terre, et que de cette terre il faut faire de l'
eau ; c'est aussi de cette terre que
Médée augura bien de l'expédition. Ce n'est pas aussi sans raison que
Phinée fut délivré des
Harpies par Calaïs et
Zetès, tous deux fils d'Eole ; puisque
Basile Valentin dit dans sa sixième
Clef, que deux vents doivent souffler, l'un le vent d'orient, qu'il appelle
Vulturnus, et l'autre le vent du midi, ou
Notus. Après que ces deux vents auront cessé, les
Harpies seront mises en fuite, c'est-à-dire, les parties volatiles deviendront fixes.
Ils trouvèrent aussi sur leur route les deux rochers
Cyanées, dont il faut éviter l'écueil au moyen d'une
colombe ; cette
colombe que signifie-t-elle autre chose que la matière parfaite au blanc ? Ce qui marque infailliblement que l'uvre tend à sa perfection, et n'a presque plus d'écueils à craindre.
Ceux qui désirent une explication chymique plus détaillée, trouveront de quoi se satisfaire amplement dans le chapitre 1 du livre 2 des
Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées.
Dom Antoine-Joseph Pernety, Dictionnaire mytho-hermétique, Edition de 1758 - Français modernisé par France-Spiritualités.