PREMIÈRE PARTIE
Introduction
Pose de la première pierre et inauguration d'un nouveau temple
Installation d'une loge et de ses officiers
Signes extérieurs de la franc-maçonnerie. Esprit de prosélytisme des maçons. Proposition d'un profane. Le cabinet des réflexions. Description de la loge. Places, insignes et fonctions des officiers. Ouverture des travaux d'apprenti. Les visiteurs. Les honneurs maçonniques. Réception du profane. Discours de l'orateur : dogmes, morale, règles générales de la franc-maçonnerie, rites, organisation des Grandes-Loges et des Grands-Orients, etc. Clôture des travaux d'apprenti. Banquets. Loges d'adoption. Mme de Xaintrailles reçue franc-maçon. Pose de la première pierre et inauguration d'un nouveau temple. Installation d'une loge et de ses officiers. Adoption d'un louveteau. Cérémonie
funèbre. Réception de compagnon. Réception de maître. Interprétation des symboles maçonniques. Les hauts grades. Carré mystique. Appendice : statistique universelle de la franc-maçonnerie. Calendrier. Alphabet. Abréviations. Protocoles. Explication des gravures.
Pour qu'une loge puisse conférer légitimement l'
initiation maçonnique, il faut qu'elle soit
régulière. Cette régularité résulte de là délivrance de
lettres de constitutions, qui lui est faite par la grande-loge dans le ressort de la quelle elle est établie. Sept maçons pourvus du grade de maître ont qualité pour former une loge et pour être constitués. Toute loge doit tenir ses assemblées dans un local approprié à cet usage et solennellement consacré.
En Ecosse et aux Etats-Unis particulièrement, les maçons qui font construire un temple en posent processionnellement la première pierre. A cet effet, les
frères se réunissent dans la demeure d'un d'entre eux. Là, tous se décorent de leurs insignes. Les abords de la pièce où se tient l'assemblée sont gardés par
les tuileurs. La séance s'ouvre, et le
frère qui doit présider
à la cérémonie en expose l'objet par un discours. Bientôt
le cortège se forme et se dirige, à travers les rues, vers l'emplacement
où doit s'élever l'édifice projeté. En tête, marchent deux tuileurs, l'
épée nue à la main, suivis de la
colonne d'harmonie, ou de
frères jouant de divers instruments. Viennent alors un troisième tuileur et plusieurs
stewards ou
experts, qu'on reconnaît à leurs baguettes blanches. Derrière les stewards, s'avancent successivement le secrétaire avec son sac ; le trésorier avec son registre ; le
vénérable ayant devant lui le porte-étendard, et à ses côtés les deux surveillants ; puis un chur de chanteurs, l'architecte de la loge et le porte-glaive. A ces
frères, succèdent un
vénérable portant, sur un coussin, la Bible, l'
équerre et le
compas ; le chapelain ; les officiers de la Grande-Loge qui ont pu se transporter sur les lieux ; le principal magistrat de la ville ; les
vénérables et les surveillants des loges du voisinage, avec leurs bannières déployées ; ensuite, le
vénérable de la plus ancienne de ces loges, qui porte, appuyé contre sa poitrine, le
livre des constitutions, c'est-à-dire les statuts généraux de la franc-maçonnerie; enfin, le président de la fête, qui est le grand-maître, ou son délégué. Deux
experts ferment la marche.
En arrivant sur les lieux où doit s'accomplir la cérémonie, le cortège passe sous un arc-de-triomphe et va se distribuer sur des gradins gui ont été dressés pour cette occasion. Le président et ses assistants ont des sièges à part. Quand tout le monde est placé et que le silence s'est établi, le chur entonne une
hymne à la louange de la maçonnerie. Le chant terminé, le
président se lève et avec lui tous les
frères ; le chapelain
récite une courte prière ; et, sur l'ordre du président, le trésorier
dépose sous la pierre, qu'on a hissée à l'aide d'une machine, des monnaies et des médailles de l'époque. Cela fait, les chants recommencent ; puis la pierre est descendue et convenablement scellée à la place qu'elle doit occuper. Alors le président quitte son siège, et, suivi des principaux officiers de la loge, va
frapper trois coups de son
maillet sur cette pierre, où se trouvent gravés la date de la fondation, le nom du souverain régnant ou du magistrat suprême en exercice, celui du grand-maître des francs-maçons, etc. Après avoir rempli cette formalité mystérieuse, le président remet à l'architecte les divers instruments dont se servent les maçons, et l'investit de la conduite spéciale des travaux de construction du nouveau temple. De retour à sa place, il prononce un discours approprié à la circonstance ; on fait une collecte au profit des ouvriers qui vont coopérer à l'édification du temple, et la cérémonie est terminée par un dernier chant en l'honneur de la maçonnerie. Ensuite, le cortège se reforme et retourne au local d'où il était parti. Là, les travaux sont fermés ; et tous les assistants sont réunis dans un banquet.
Lorsque le temple est construit, on l'inaugure avec solennité. L'assemblée se forme dans une pièce voisine de la loge, où, sans ouvrir les travaux, chacun se décore de ses insignes et se place suivant l'ordre hiérarchique de ses fonctions ou de son grade. Le
vénérable fait alors connaître l'objet de la réunion, et il invite les
frères à se transporter processionnellement dans le nouveau temple. Un
expert ouvre la marche en tête des
frères de l'harmonie. Puis viennent les membres de la loge, à l'ordre, et l'
épée à la main. Derrière eux, s'avancent les mattres des cérémonies ; le sécrétaire, avec son
livre d'or ; l'orateur, avec les règlements de l'
atelier ; le trésorier, avec son registre ; l'hospitalier,
avec le tronc de bienfaisance ; le garde-des-sceaux, avec le sceau et le timbre de la loge ; les autres officiers, avec les marques de leur dignité. Les visiteurs vont à la suite. Après eux, vient le
vénérable, précédé du porte-étendard et du porte-épée ; il porte sur un coussin les trois
maillets de l'
atelier, la Bible, l'
équerre et le
compas. A ses côtés, sont les deux surveillants, qui marchent les mains vides. La procession se termine par les membres de la Grande-Loge, s'il y en a, et par deux
experts armés de
glaives, qui
ferment la marche.
Le temple n'est éclairé que par trois lampes
placées au pied de l'
autel, dans lesquelles
brûle de l'
esprit de vin, et par la
gloire du Jéhovah, qu'on a recouverte d'un voile noir. Le cortège se rompt au moment où il entre dans la loge, et chacun se place, à l'exception du
vénérable, des surveillants et du maître des cérémonies, qui restent à l'occident, entre les deux colonnes.
Mes
frères, dit le
vénérable, le premier vu que nous devons former en
entrant dans ce temple, est qu'il soit agréé par le Grand Architecte de l'univers à qui nous l'avons dédié ; le second vu, que tous les maçons qui viendront y travailler après nous soient animés, comme nous le sommes, de sentiments de fraternité, d'union, de paix et d'
amour de l'humanité.
En achevant ces mots, le
vénérable, suivi des
surveillants, fait un premier voyage autour du temple, en commençant par le midi. Arrivé au pied de l'
autel, il allume les trois
étoiles de son chandelier et le candélabre de l'orient. Au même instant, le maître des cérémonies découvre la gloire du Jéhovah.
Que ces flambeaux mystérieux, reprend le
vénérable, illuminent de leurs clartés les
profanes qui auront accès dans ce temple, et leur permettent d'apprécier la grandeur et la sainteté de nos travaux !
Le
vénérable et les surveillants font un second voyage, en passant par le nord. Parvenus à l'
autel du premier surveillant, cet officier allume son étoile et le candélabre de l'occident, et il dit :
Que ce
feu sacré purifie nos
âmes ; que la lumière céleste nous éclaire, et que nos travaux soient
agréables au Grand Architecte de l'univers !
Un troisième voyage a lieu ensuite. Le second surveillant,
arrivé à la place qu'il doit occuper, allume son étoile et le candélabre du midi.
Que ces lumières, dit-il, nous dirigent dans la conduite de notre uvre ! Qu'elles nous enflamment de l'
amour du travail, dont le Grand Architecte de l'univers nous a fait une loi et dont il nous donne de si adorables exemples !
Après cette triple station, le
vénérable et les surveillants retournent à l'
autel de l'orient. Le maître des cérémonies verse de l'encens dans des cassolettes ; les autres officiers
allument les bougies placées sur leurs autels ; les
frères servants
complètent l'éclairage de la loge. Pendant ce temps, les
frères
sont restés debout et le
glaive à la main.
Reçois, ô Grand Architecte de l'univers, dit le
vénérable, l'
hommage que te font de ce nouveau temple les ouvriers réunis dans son enceinte. Ne permets pas qu'il soit jamais profané par l'inimitié ou par la
discorde. Fais, au contraire, que la tendresse fraternelle, le dévouement, la
charité, la paix et le bonheur, y règnent constamment ; et qu'unis pour le bien, nos travaux aient ce résultat ! Amen!
Tous les
frères répètent
Amen !
Frères premier et second surveillants, dit ensuite le
vénérable, reprenez les
maillets dont vous avez fait jusqu'ici un si habile et si prudent usage. Continuez de maintenir, avec leur aide, l'ordre et l'accord sur vos colonnes, et veillez à ce que le seul bruit de leurs harmonieuses percussions parvienne à mes oreilles pendant le cours de nos travaux. La prospérité de cet
atelier et le bonheur des
frères sont à ce prix.
Le
vénérable adresse pareillement quelques
instructions aux divers officiers, et le maître des cérémonies
les reconduit successivement à leurs places.
Ce cérémonial achevé, l'
harmonie se fait entendre, et, quand elle a cessé, les travaux sont ouverts au grade d'apprenti, en la forme accoutumée. Il est d'usage que l'orateur prononce ensuite un discours préparé pour cette occasion, et qu'un banquet termine la solennité.
Le temple construit et inauguré, on installe la loge, si cette formalité n'a pas déjà été remplie, c'est-à-dire si la loge, de formation récente, n'a pas encore reçu
ses lettres de constitution.
Quand la Grande-Loge constituante est trop éloignée
pour pouvoir envoyer des commissaires pris dans son sein à l'effet de procéder à l'installation, elle donne mission de la représenter dans cette solennité, soit à des
frères appartenant à une loge du voisinage, soit à des membres de la nouvelle loge elle-même.
Le
jour de la cérémonie arrivé, le
vénérable ouvre les travaux, fait approuver le procès-verbal de la tenue précédente, et reçoit les visiteurs isolés et les députations des loges.
Informé que les commissaires installateurs attendent dans le parvis que l'
atelier leur ouvre ses portes, il députe près d'eux trois des principaux officiers pour les reconnaître, vérifier leurs pouvoirs et leur tenir compagnie jusqu'à ce que tout soit prêt pour leur introduction. Lorsque ces trois députés ont accompli leur mission, un maître des cérémonies, qui les a accompagnés, va transmettre au
vénérable le résultat de leur examen, et lui annoncer que les commissaires installateurs demandent à être admis dans le temple. Sur cet avis, le
vénérable suspend les travaux. Les divers officiers se
dépouillent de leurs cordons d'offices, et les passent à leur bras gauche. Une députation de sept
frères porteurs d'étoiles, précédée de deux maîtres des cérémonies, du porte-étendard, de la colonne d'
harmonie, du porte-glaive, d'un maître des cérémonies portant sur un coussin les trois
maillets de l'
atelier, trois bouquets et trois paires de gants blancs, et suivie de deux
experts, l'
épée nue à la main, se transporte dans les pas perdus. Là, le chef de la députation complimente les commissaires installateurs, remet entre leurs mains les
maillets, les gants et les bouquets, et les conduit ensuite à la porte de la loge.
Le
vénérable les y reçoit, accompagné de ses deux
surveillants ; il les complimente de nouveau, et se dirige avec eux vers l'orient, à travers une double haie de
frères, qui, l'
épée à la main, forment la voûte d'
acier sur le passage du cortège. Arrivé au trône, le président des commissaires y prend place ; il remet les
maillets des surveillants aux deux autres commissaires, et il ouvre les travaux de la Grande-Loge. Le
vénérable et les surveillants de l'
atelier siègent à la droite des installateurs.
Aussitôt que les travaux sont ouverts, le président
invite le secrétaire à donner lecture des pouvoirs de la commission
installatrice et des lettres de constitution accordées à la loge, et il en ordonne la transcription au livre d'or. Il remet à l'orateur les statuts généraux, et se fait donner acte de cette remise. Il réclame la lecture du tableau de tous les membres de l'
atelier ; en requiert une expédition en forme ; fait faire l'appel de tous les
frères présents, les visiteurs exceptés, et leur fait successivement prêter à tous serment de
fidélité à la Grande-Loge constituante.
Toutes ces formalités accomplies, il adresse à la loge un discours dans lequel il lui retrace les principales obligations qu'impose la franc-maçonnerie; lui en expose l'
esprit et les avantages, et l'engage à s'y conformer avec une
religieuse ponctualité. Puis, tous les
frères debout et à l'ordre et le
glaive en main, il proclame en ces termes l'installation de la loge : « Au nom de la Grande-Loge de..., nous, les commissaires chargés de ses pouvoirs, installons à
perpétuité, à l'orient de..., la loge de
Saint-Jean, sous le titre distinctif de... La loge est installée. »
Alors est allumé le candélabre à sept branches ; on verse des parfums dans trois cassolettes placées devant les installateurs ; tous les officiers se décorent de leurs insignes ; et l'
harmonie se fait entendre. Immédiatement après, les installateurs
ferment les travaux de la Grande-Loge, et remettent les
maillets de l'
atelier au
vénérable etaux surveillants, qui reprennent leurs places.
Le
vénérable, en possession de son
maillet, adresse aux commissaires les remerciements de la loge, et fait applaudir par une triple batterie. Il annonce ensuite que les travaux qui avaient été suspendus
reprennent force et vigueur ; et il prononce un discours conforme à la circonstance. Quand il a cessé de parler, l'
harmonie se fait entendre de nouveau, et la fête est terminée par un banquet fraternel.
On a vu que, chaque année, les loges renouvellent leurs officiers. Les officiers maintenus dans leurs fonctions et les nouveaux officiers sont installés solennellement à la fête de l'ordre. Si le
vénérable en exercice est réélu, c'est le premier surveillant qui l'installe. Si un nouveau
vénérable est nommé, il est installé par son prédécesseur.
Le
frère qui doit installer le
vénérable ouvre les travaux, et fait
déposer sur son
autel, par les officiers, les insignes qui servent à les faire reconnaître. On annonce alors que le
vénérable est dans le parvis, et qu'il demande à être introduit. Les portes lui sont immédiatement ouvertes, et il est conduit à l'orient sous la voûte d'
acier et
maillets battants. Le
frère qui tient le maillet lui adresse quelques paroles de félicitation, et lui fait prêter le serment de se conformer aux règlements généraux de la franc-maçonnerie et à ceux de la loge ; de diriger les travaux et de gouverner l'
atelier sans faiblesse, mais aussi sans rudesse ; et de ne jamais oublier qu'il n'est que
le premier entre ses égaux. Ce serment prêté, il proclame le
vénérable, fait applaudir à sa nomination ; lui passe au cou le cordon de son office, lui donne le baiser fraternel, et lui remet le
maillet de direction.
Ainsi installé, le
vénérable répond aux félicitations et aux applaudissements de la loge, et procède à l'installation des autres officiers. Il fait successivement remplacer chacun d'eux par un des membres sans fonctions ; l'appelle à l'
autel ; lui fait prêter le serment de bien gérer l'emploi qui lui a été confié par la loge ; lui donne quelques instructions à ce sujet ; le proclame en sa qualité ; le décore du cordon de son office ; l'embrasse, et le fait conduire par un maître des cérémonies à la place qu'il doit occuper.