Biographie universelle ancienne et moderne Saint Pascal Ier, élu pape le 25
janvier 817, successeur d'
Etienne IV, était
Romain et fils de Bonose.
Son éducation
religieuse, son application aux saintes Ecritures, au jeûne, à la prière ; son attachement aux moines les plus recommandables de son temps, lui avaient fait donner par
Léon III la direction du
monastère de St-Etienne près St-Pierre, où il faisait de grandes aumônes à tous les
pèlerins qui affluaient à Rome. Aussitôt après sa consécration, il envoya en France des
légats qui portèrent des présents à l'empereur
Louis le
Débonnaire, et protestèrent, de la part du nouveau pape, qu'il n'avait accepté le
pontificat que par
force et à regret. Ces députés rapportèrent, dit-on, à Rome un acte important ; ce fut la confirmation de la donation de Pépin et de
Charlemagne, à laquelle Louis ajouta les îles de Corse, de Sardaigne et de
Sicile.
Fleury pense que ce dernier nom a été ajouté depuis, parce qu'alors la
Sicile était sous la domination des Grecs ; mais il convient que l'empereur pouvait bien y posséder quelques propriétés personnelles, quoique sous une domination étrangère. Il remarque cette clause importante : « Sauf sur ces
duchés notre domination en tout et leur sujétion » ; ce qui doit s'entendre, ajoute-t-il, principalement de la
duché de Rome, où Louis et ses successeurs conservèrent la souveraineté, ainsi qu'il est prouvé par la suite de l'
histoire. Le même écrivain relève une clause de cet acte, où il est dit « que les Romains éliront librement le pape, et qu'après sa consécration, il enverra des
légats au roi des Français pour entretenir la paix ». Cette convention lui paraît suspecte, attendu que l'usage contraire d'approuver l'élection du pape avant qu'il fût sacré subsista même sous le règne de Louis. Quoi qu'il en
soit, cette donation fut souscrite par l'empereur, ses trois fils, dix
évêques, huit abbés, quinze comtes, et quelques officiers du palais.
L'Orient était désolé par les fureurs des
iconoclastes : quelques Grecs, chassés par la persécution, se
réfugièrent à Rome. Pascal y fonda pour eux un
monastère,
où ils trouvèrent un asile et le libre exercice de la
religion. En France, Lothaire venait d'être associé à l'empire et couronné ensuite à Rome par le pape, en 823, après la révolte et la mort de
Bernard. L'autorité du nouveau souverain avait néanmoins beaucoup d'
ennemis. Ils tuèrent dans le palais de
Latran deux partisans de Lothaire : Théodore,
primicier de l'
Eglise romaine, et
Léon, nomenclateur, son gendre. Le pape fut soupçonné d'avoir ordonné ou conseillé ces meurtres. L'empereur Louis voulut être exactement informé. Ses envoyés avaient déjà été prévenus en France par ceux du pape, qui venaient protester de son innocence. Les fils de l'empereur vinrent aussi à Rome, pour s'assurer de la vérité du fait, et n'y réussirent point. Le pape se purgea par serment en leur présence, devant le peuple romain, dans le palais de
Latran, assisté de trente-quatre
évêques, avec des
prêtres et des diacres. Telle était alors la forme des
jugements criminels, lorsque le combat judiciaire n'avait pas lieu ; telle fut l'origine de ces
conjurateurs, dont le témoignage suffisait pour absoudre un accusé. Pascal, au surplus, refusa de livrer les véritables meurtriers, parce qu'ils étaient de la famille de St-Pierre, et sous prétexte que Théodore et Paul, assassinés, étaient coupables de lèse-majesté. L'
histoire n'en fournit pas les preuves. Quoi qu'il en soit, Louis, après avoir entendu de nouveaux députés du pape, ne donna pas d'autre suite à ses recherches, suivant son inclination naturelle, qui le portait à la clémence.
Pascal survécut peu à cet événement. Il mourut le 11 mai 824, après un
pontificat de sept ans trois mois et dix-sept
jours. Il avait réparé quantité d'
églises et de monuments, qu'il avait ensuite magnifiquement ornés. L'
Eglise romaine, qui l'a mis au nombre des saints, honore sa mémoire le 14 mai. Pascal eut pour successeur Eugène II.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 32 - Pages 191-192)