Dictionnaire M. Bescherelle
Substantif féminin [Du latin ab, de, et solutio, action de délier]
C'est en terme de
droit canon, l'acte
juridique par lequel le
prêtre catholique
remet, au nom de Jésus-Christ, les péchés
confessés dans le sacrement de pénitence.
Donner l'
absolution. Refuser l'
absolution. Différer l'
absolution. Recevoir
l'
absolution. Se rendre digene de l'
absolution.
Vous qui ne vous présentez au sacrement de pénitence que pour arracher
à l'
Eglise une
absolution qui vous lie encore davantage. (Fléch.)
Il aurait fallu vous disposer par l'amendement à l'
absolution de
vos crimes. (Mass.)
On l'appelle
absolution sacramentelle, par opposition à l'
absolution
disciplinaire, qui ne faisait remise que des punitions ecclésiastiques. Selon les
protestants, l'
absolution est simplement déclaratoire, sans que le
prêtre puisse remettre les péchés de lui-même, comme représentant du Rédempteur. Cette doctrine est énergiquement
répouvée et condamnée par l'
Eglise romaine.
Absolution :
Il se dit aussi d'une sentence par laquelle un supérieur ecclésiastique
ou son délégué relève un individu de l'
excommunication,
de l'interdit, des censures qu'il avait encourues.
Absolution :
En terme de liturgie, c'est une courte prière qui termine chaque nocturne des matines et les heures canoniales.
Absolution : Religion idolâtre
Les
prêtres païens ou
hiérophantes n'accordaient une absoolution
complète et définitive qu'après qu'on s'était soumis à de rudes épreuves, à des
expiations réglées, à des
initiations redoutables. Pour l'obtenir, les peuples du nord offraient des sacrifices humains. Aujourd'hui encore, dans les Indes, les fanatiques idolâtres se supplicient, se torturent eux-mêmes et se livrent à des austérités incroyables pour se rendre propices leurs divinités mensongères.
Absolution :
M. Landais appelle encore
absolutions, en terme de culte chrétien, les encensements, les aspersions d'
eau bénite et les prières qu'on fait sur le
corps des princes et des
prélats qu'on enterre avec cérémonie. Il se trompe doublement : d'abord, parce que ce n'est pas
absolutions, mais
absoutes qu'il fallait dire ; et ensuite, parce que les
absoutes ont lieu pour tout
corps qui reçoit la sépulture ecclésiastique, que ce soit celui d'un prince ou d'un indigent.
Absolution : Droit criminel
Jugement qui renvoie de l'accusation un accusé déclaré coupable,
parce que le crime imputé n'est pas prévu par la loi. On confond assez ordinairement, mais improprement, l'
absolution avec l'
acquittement. La différence est grande, c'est celle qu'il y a entre le coupable et l'innocent. L'innocent, reconnu comme tel, est renvoyé de l'accusation par un acquittement ; le coupable, reconnu tel, est renvoyé de l'accusation par une
absolution. L'acquittement est une réhabilitation, une réparation solennelle et entière que la loi accorde ; l'
absolution est un acte par lequel la loi s'avoue impuissante contre un crime reconnu qu'elle devrait
frapper.
Synonymes comparés : absolution / rémission / pardon :
L'
absolution regarde principalement la personne du coupable qu'elle rétablit dans les droits de l'innocence ; la
rémission concerne particulièrement la peine dont le crime doit être puni, et arrête l'exécution de cette peine ; le
pardon est l'oubli de l'offense, et réconcilie le coupable avec la personne offensée.
M. Bescherelle, aîné, Dictionnaire national ou Dictionnaire universel de la langue française - Volume I (A-F) (1856), p. 30.