Chapitre premier
Les centres de forces
Définition
Le mot
Chakra est sanscrit et signifie une roue ; il est encore employé dans divers sens subsidiaires dérivés et
symboliques, tout comme son équivalent anglais. Si nous parlons de la roue du
destin, le bouddhiste parle de la roue des vies et des morts, et il donne au premier grand sermon par lequel Notre Seigneur le Bouddha exposa sa doctrine, le nom de
Dhammachakkappavattana Soutta (
chakka étant en pali l'équivalent du sanscrit
chakra), rendu poétiquement par le professeur Rhys Davids en ces termes : « qui met en mouvement la roue du char royal d'un empire universel de vérité et de justice ». C'est exactement l'idée que suggère cette expression au pieux bouddhiste, bien que la traduction littérale soit : « la révolution de la roue de la Loi ». Nous emploierons ici le mot
chakra dans
un sens particulier pour désigner une série de tourbillons rotiformes qui existent à la surface du double éthérique de l'homme.
Explications préliminaires
Comme cet ouvrage tombera sans doute entre les mains de personnes non
familiarisées avec la terminologie
théosophique, peut-être ferons-nous bien de donner ici de brèves explications préliminaires.
Dans les conversations superficielles ordinaires un homme mentionne
parfois son
âme, donnant ainsi à penser que le
corps par lequel il s'exprime est l'homme véritable et que cet objet nommé l'
âme est une possession ou
apanage du
corps, une espèce de ballon captif flottant au-dessus de lui, mais se rattachant à lui sans que l'on sache comment. Tout cela est imprécis, inexact, trompeur et diamétralement le contraire de la vérité. L'homme
est une
âme qui possède un
corps et même plusieurs
corps, car sans compter le véhicule visible dont il se sert pour agir
dans ce bas monde, il en a d'autres, invisibles pour la
vue ordinaire, dont il se sert pour agir dans les mondes émotionnel et mental ; mais pour le moment nous ne nous occuperons pas de ceux-ci.
Au cours du dernier siècle, nos connaissances relatives aux
plus petits détails du
corps physique ont fait d'immenses progrès ; les étudiants en médecine sont maintenant familiarisés avec leur infinie
complexité.
Le double éthérique
Mais, naturellement, ils ont dû limiter leur examen du
corps à la partie dont la densité est suffisante pour la rendre visible ; presque tous, probablement, ignorent l'existence du type, de matière, physique encore bien qu'invisible, appelée en
Théosophie matière éthérique. (L'emploi de ce terme ne doit pas nous amener à confondre la matière physique supérieure avec le véritable éther de l'espace éther dont la matière est la négation même.) Cette partie invisible du
corps physique présente pour nous une grande importance, car c'est
le véhicule emprunté par les courants de vitalité qui maintiennent en vie le
corps ; sans ce pont transmettant les ondes mentales et émotionnelles de la matière astrale à la matière physique visible et plus dense, l'ego ne pourrait faire usage de ses cellules cérébrales. Pour le clairvoyant, le
corps en question est nettement visible, sous l'aspect d'un
brouillard faiblement lumineux, d'un gris violacé, interpénétrant la partie dense du
corps et le dépassant très légèrement.
La vie du
corps physique est une vie de changements perpétuels, et pour subsister il a besoin d'être alimenté par trois sources distinctes : il lui faut des aliments à digérer, de l'
air à respirer, et de la vitalité sous trois formes pour l'absorber. Cette vitalité est essentiellement une
force, mais quand elle se voile de matière elle nous semble être un élément chimique très raréfié ; elle existe sur tous les plans, mais pour l'instant nous n'envisagerons que sa manifestation dans le monde physique.
Pour la comprendre, il faut posséder quelques notions sur la constitution et la
disposition de cette partie éthérique de nos
corps. Il y a bien des années, j'ai écrit à ce sujet dans divers volumes. D'autre part, le colonel A. E. Powell vient de réunir toute la documentation jusqu'ici publiée, sous la forme commode d'un petit livre intitulé
Le double éthérique.
Les centres
Les
chakras, ou centres de
force, sont des points de liaison par où l'énergie passe d'un
corps ou véhicule humain à un autre. Toute personne légèrement clairvoyante peut facilement les distinguer dans le double éthérique, où elles se présentent en surface comme des concavités en forme de soucoupes ou comme des tourbillons. Leur développement est-il nul, ce sont de petits cercles d'environ cinq entimètres de diamètre, émettant chez l'homme ordinaire une faible lueur ; sont-ils, au contraire, éveillés et vivifiés, ils ressemblent à des tourbillons enflammés et scintillants ; devenus beaucoup plus grands, ils ressemblent à des soleils en miniature. Nous disons parfois qu'ils correspondent à peu près à certains organes physiques ; en
réalité, ils se montrent à la surface du double éthérique qui dépasse légèrement les contours du
corps dense. Supposez que vous regardiez directement dans le calice d'une
fleur telle que le liseron, vous pouvez vous faire une idée de l'aspect général d'un des
chakras. Dans chacun de ces derniers, la tige de la
fleur est issue d'un point dans l'épine dorsale. On pourrait encore montrer dans celle-ci une tige centrale (voir fig. 2) d'où naissent, à des intervalles réguliers, des
fleurs dont les calices s'ouvrent à la surface du
corps éthérique.
Les sept centres dont nous nous occupons en ce moment sont indiqués dans la première figure des hors texte.
Les Chakras
DÉNOMINATION |
NOM SANSCRIT |
LOCALISÉ |
Chakra racine ou fondamental |
Moulâdhâra |
A la base de la colonne vertébrale |
Chakra de la rate ou splénique |
(1) |
Au-dessus de la rate |
Chakra du nombril ou ombilical |
Manipoura |
Au nombril, au-dessus du plexus solaire |
Chakra du cur ou cardiaque |
Anâhata |
Au-dessus du cur |
Chakra de la gorge ou du larynx |
Vishuddha |
Au devant de la gorge |
Chakra du front ou frontal |
Ajnâ |
Entre les deux sourcils |
Chakra du sommet de la tête ou coronal |
Sahasrâra |
Au sommet de la tête |
TABLEAU I
Toutes ces roues sont en rotation perpétuelle. Dans la
concavité ou bouche béante de chacune se déverse constamment une énergie du monde supérieur, une manifestation du courant vital issu du
Deuxième Aspect du Logos Solaire, et que nous appelons la
force primaire. Cette
force, est d'une nature septuple, et toutes ses formes sont à l'uvre dans chacun des centres, bien que l'une d'elles prédomine habituellement sur les autres. Sans cet influx d'énergie, le
corps physique ne pourrait exister. Les centres sont donc actifs chez tout le monde, bien que, chez les personnes non développées, leur mouvement soit en général comparativement
indolent, juste assez prononcé pour offrir à l'énergie le vortex nécessaire, mais pas plus. Dans un homme plus évolué, ils luisent, une lumière vivante y palpite, si bien qu'ils sont traversés par un flot d'énergie infiniment plus considérable ; il en résulte pour l'homme des facultés et des possibilités additionnelles.
Forme des tourbillons
L'énergie divine qui, venant du dehors, se déverse dans chaque centre, met en action,
perpendiculairement à elle-même (c'est-à-dire à la surface du double éthérique), des
forces secondaires, dont le mouvement est ondulatoire et circulaire. C'est ainsi qu'un
aimant entouré d'un conducteur électrique, et se déplaçant, produit dans ce fil un courant électrique dont le sens est
perpendiculaire à l'axe de l'
aimant. La
force primaire elle-même, ayant pénétré dans le vortex, en rayonne de nouveau à
angle droit, mais en lignes droites, comme si, le centre du vortex représentant le moyeu, les rais de la
force primaire figuraient les rayons de la roue. Au moyen de ces rayons l'énergie semble attacher l'un à l'autre, comme par des grappins, les
corps astral et éthérique. Le nombre de ces rayons n'est pas le même dans tous les centres de
force, et détermine le nombre des ondes ou pétales présentés par chacun. C'est pourquoi, dans les ouvrages orientaux, ces centres ont été souvent décrits en termes poétiques comme semblables à des
fleurs.
Chacune des
forces secondaires qui tournoient dans la concavité en forme de soucoupe possède sa longueur d'onde particulière, comme la possède la lumière, d'une certaine
couleur, mais au lieu de se mouvoir comme la lumière, en ligne droite, elle se propage en ondulations relativement grandes et de
dimensions diverses, dont chacune est un multiple des longueurs d'onde plus petites qu'elle comprend. Le nombre des ondulations est déterminé par le nombre des rayons de la roue, et la
force secondaire s'enlace au-dessous et au-dessus des courants radiants de la
force primaire, tout comme l'osier qu'un vannier entrelacerait autour des rayons d'une roue de voiture. Les longueurs d'onde sont infinitésimales ; il en existe probablement des milliers dans une seule ondulation. Les
forces tourbillonnant dans le vortex, ces oscillations inégales se croisent comme dans un clayonnage et déterminent ainsi l'apparence florale dont j'ai parlé. Peut-être la forme rappelle-t-elle davantage celle de certaines soucoupes ou vases peu profonds, de verre ondulé et irisé, comme on les fabrique à
Venise. Toutes ces ondulations ou pétales chatoient comme le plumage du paon ou comme de la nacre, mais présentent individuellement une
couleur particulière et prédominante, comme le montrent nos
illustrations. Cet aspect nacré ou
argenté est comparé dans les ouvrages sanscrits à la lueur de la
lune sur les
eaux.
Les illustrations
Nos
illustrations montrent les
chakras tels que les perçoit le clairvoyant assez évolué et intelligent qui, jusqu'à un certain point, les a déjà rendus actifs. Bien entendu, nos
couleurs ne sont pas assez lumineuses ; aucune
couleur terrestre ne le serait. Au moins les dessins donneront-ils une certaine idée de l'apparence présentée par ces roues de lumière. Ce qui précède aura fait comprendre au lecteur que, suivant les personnes, les centres varient en grandeur, en éclat, et que, chez une même personne, quelques-uns peuvent être beaucoup plus développés que les autres. Les dessins sont de grandeur naturelle, sauf pour le Sahasrâra ou
chakra coronal, que nous avons dû agrandir pour montrer les détails étonnants qu'il présente. S'agit-il d'un homme
possédant à un très haut point les qualités qui s'expriment par un certain centre, ce centre est non seulement très développé mais encore particulièrement lumineux ; il projette des rayons brillants comme de l'or. Nous en trouvons un exemple dans la représentation de l'aura de M. Stainton Moseyn, précipitée par Mme Blavatsky, et conservée dans la salle du
sanctuaire, au quartier général d'Adyar.
Ces
chakras se
divisent naturellement en trois groupes : l'inférieur, le moyen et le supérieur ou, pourrait-on dire, le physiologique, le personnel et le spirituel.
Les
chakras des deux premiers groupes, ne présentant que peu de rayons ou pétales, ont pour rôle principal de recevoir dans le
corps deux
forces auxquelles il est soumis à ce niveau physique ; l'une est le feu-serpent de la terre, et l'autre la vitalité solaire. Les centres du groupe moyen, numérotés 3, 4 et 5, concernent les
forces qui atteignent l'homme par sa personnalité, par l'astral inférieur dans le cas du centre 3, par l'astral supérieur dans celui du centre 4, enfin par le mental inférieur dans celui du centre 5. Tous ces centres semblent alimenter certains de nos ganglions. Les centres 6 et 7 forment une catégorie à part ; ils se rattachent respectivement au
corps pituitaire et à la glande pinéale et ne deviennent actifs que lorsque le développement spirituel a fait quelques progrès.
J'ai entendu suggérer que dans ces centres d'énergie, chacun des différents pétales représente une qualité morale et que le développement de cette qualité rendait le centre actif. Par exemple, dans le
Dhyânabindu Ûpanishad, les pétales du
chakra cardiaque représentent la dévotion, la paresse, la colère, la
charité et autres qualités semblables.
Aucun fait ne m'a permis encore de le vérifier avec certitude ; d'ailleurs, on ne voit pas bien comment cela pourrait être, car l'aspect des centres est dû à certaines
forces faciles à reconnaître, et les pétales d'un centre quelconque sont actifs ou non suivant que ces
forces ont été ou non éveillées, et leur
développement ne semble pas avoir plus de rapport avec la moralité que le développement du biceps. J'ai certainement rencontré des personnes dont
certains centres étaient en pleine activité, bien que leur avancement moral ne fût pas exceptionnel. Au contraire, chez d'autres personnes d'une haute
spiritualité et de la plus noble moralité possible, ces centres étaient à peine vitalisés ; il ne semble donc pas qu'il y ait entre les deux développements un rapport nécessaire.
Pourtant certains faits observables ont pu servir de base à cette idée assez curieuse. La ressemblance à des pétales est bien causée par les mêmes
forces tournoyant autour du centre et passant alternativement au-dessus et au-dessous des rayons, mais ces rayons diffèrent par leur caractère parce que l'énergie, en faisant irruption, se
divise en parties ou qualités constitutives et que, par suite, de chaque rayon émane une
influence spécialisée particulière, bien que les différences soient légères. La
force secondaire, en franchissant chaque rayon, est, dans une certaine mesure, modifiée par son
influence et, par suite, change légèrement de
couleur. Quelques-unes de ces nuances peuvent indiquer une forme d'énergie favorable au développement de telle ou telle qualité morale et, quand cette qualité se confirme, sa vibration correspondante sera plus prononcée. Ainsi, pourrait-on supposer, le ton plus vif ou plus faible dénoterait que l'homme possède plus ou moins de cet attribut.
Dans les peintures et statues orientales représentant les divinités ou les grands hommes la proéminence des
chakras est souvent indiquée. Dans la figure ci-dessous (Figure 11), on l'observe sur la tête d'une statue de Notre Seigneur le Bouddha qui se trouve à Borobodour, dans l'île de Java. C'est la manière conventionnelle de représenter ce
chakra et, sous cette forme, on le remarque sur les têtes d'innombrables images de Notre Seigneur le Bouddha, partout dans le monde oriental. On constate souvent que les deux étages du Sahasrâra
chakra ont été copiés, d'abord le
dôme le plus grand, celui de 960 pétales, ensuite le
dôme le plus petit en présentant douze, et s'élevant à son tour au-dessus du premier.
La tête ci-dessous (Figure 12) est une tête de
Brahmâ du Hokké-dô de Tôdai-ji, à Nara, Japon (sculptée vers 749 après J.-C.). On notera que la statue porte une coiffure représentant ce
chakra ; sa forme diffère un peu, il est vrai, de la précédente ; une petite
couronne de
flammes la surmonte.
Elle figure aussi parmi les
symboles chrétiens ; elle y est représentée par les
couronnes portées par les vingt-quatre vieillards qui sans cesse les jettent au pied du trône de
Dieu. Chez l'homme très développé, ce
chakra coronal répand une splendeur et une gloire dont il est véritablement couronné. Et voici la signification de ce passage de l'Ecriture : tout ce que l'homme a gagné, tout le magnifique Karma qu'il fait, toute la merveilleuse énergie spirituelle dont il est la source,
tout cela il le met perpétuellement aux pieds du Logos et le consacre à
Son uvre. Il peut indéfiniment jeter sa
couronne d'or, car elle ne cesse de se reformer, l'énergie jaillissant intarissablement en lui-même.
Autres mentions
Les sept centres de
force sont fréquemment décrits dans la littérature sanscrite, dans quelques-uns des petits Oupanishads, dans les Pouranas et dans les ouvrages tantriques ; de nos
jours beaucoup de
yogis indiens en font usage. Un ami au courant de la vie intérieure de l'Inde m'assure qu'il y connaît une école qui se sert couramment des
chakras ; les élèves de cette école sont au nombre de seize mille, répandus sur une grande partie du territoire. Nous devons de très intéressants
renseignements à des sources hindoues ; nous essaierons, dans un autre chapitre, de les résumer et de les commenter.
Il semble aussi que certains
mystiques européens aient connu les
chakras. Nous en trouvons la preuve dans un livre intitulé
Theosophia Practica, par le
mystique allemand bien connu Johann Georg Gichtel, élève de Jacob Bhme, qui appartint probablement à la société secrète des
Rose Croix. A cet ouvrage est empruntée la figure 8
(2). Ce livre parut d'abord en 1696, mais il est dit, dans l'édition de 1736, que les figures, dont le texte est surtout la description, furent réimprimées une dizaine d'années seulement après la mort de l'auteur ; or, celle-ci eut lieu en 1710. Il ne faut pas confondre cet ouvrage avec un volume réunissant la correspondance de Gichtel sous un titre identique :
Theosophia Practica ; le volume en question n'a pas reçu la forme
épistolaire, mais contient six chapitres relatifs à la régénération
mystique, doctrine si importante parmi les
Rose Croix.
Gichtel, né en 1638, à Ratisbonne, en Bavière, fit ses études de
théologie et de droit et exerça la profession d'avocat. Plus tard, devenu conscient d'un monde spirituel intérieur, il abandonna tout intérêt en ce monde et fonda un mouvement
mystique chrétien.
Son
opposition à l'ignare orthodoxie de son temps lui attira la haine de ses adversaires ; en conséquence, il fut, vers 1670, banni et vit ses biens confisqués. Il finit par trouver un refuge en Hollande où il passa les quarante dernières années de sa vie.
Il considérait évidemment les figures données dans sa
Theosophia Practica comme ayant un caractère secret ; elles semblent, pendant de longues années, avoir été réservées à un petit groupe de ses
disciples. Elles étaient, dit-il, le résultat d'une illumination intérieure ou, sans doute, de ce que nous appellerions aujourd'hui facultés de clairvoyance. Gichtel, dans la page du titre, prévient que son livre est : « Une courte exposition des trois principes des trois mondes dans l'homme, représentés dans des tableaux montrant avec
clarté comment et où ils ont dans l'homme leurs centres respectifs ; conformément à ce que l'auteur a découvert en lui-même grâce à la contemplation divine, et à ce qu'il a senti, goûté et perçu. »
Mais, comme à la plupart des
mystiques de son temps, l'exactitude qui devrait caractériser l'occultisme et le
mysticisme véritables fait défaut à Gichtel ; tout en décrivant les figures, il se permet, concernant les difficultés et les problèmes de la vie
spirituelle, de longues digressions, souvent d'ailleurs fort intéressantes. Cependant, comme exposition de ses planches, son livre n'est pas réussi. Peut-être l'auteur n'osait-il pas en dire trop ; peut-être aussi voulait-il amener ses lecteurs à observer par eux-mêmes les choses dont il parlait. Nous jugeons probable que, grâce à sa vie très spirituelle, il était devenu assez clairvoyant pour voir ces
chakras, mais sans comprendre leur caractère et leur rôle véritables, de sorte qu'en essayant d'expliquer leur raison d'être, il leur applique le
symbolisme couramment employé dans l'école
mystique dont il faisait partie.
Comme on le verra, Gichtel considère ici l'homme naturel et terrestre plongé dans les ténèbres ; son léger pessimisme à l'endroit de ses
chakras n'est donc peut-être pas sans excuse. Il passe sans commentaire le premier et le deuxième (savait-il qu'ils se rapportaient principalement à des activités physiologiques ?), mais il voit dans le plexus solaire le siège de la colère, ce qui est exact. Dans son opinion, le centre cardiaque est rempli d'égoïsme, celui de la gorge d'
envie et d'avarice ; enfin les centres supérieurs localisés dans la tête ne dégagent rien de meilleur que l'orgueil.
Il assigne également aux
chakras certaines planètes : au centre fondamental la
Lune, au centre splénique
Mercure, au centre ombilical
Vénus, au centre cardiaque le
Soleil (notons pourtant qu'un
serpent y est enroulé), au centre du larynx
Mars, au centre frontal Jupiter, et au centre coronal
Saturne. Il nous informe en outre que le
feu réside dans le cur, l'
eau dans le foie, la terre dans les poumons et l'
air dans la vessie.
Détail à noter : l'auteur dessine une spirale qui, partant du
serpent dont le cur est entouré, passe successivement par tous les centres, mais on ne trouve aucune raison particulière déterminant l'ordre dans lequel cette spirale les atteint. Le
symbolisme du
chien qui court n'est pas expliqué ; nous sommes donc libres de l'interpréter à notre guise.
Plus loin, Gichtel nous donne une
illustration de l'homme régénéré par le Christ, et qui a entièrement écrasé le
serpent ; le
Soleil est ici remplacé par le Sacré-Cur, affreusement sanglant.
Pour nous, cependant, l'intérêt de ce dessin ne se trouve pas dans les interprétations de l'auteur, mais dans le fait qu'il prouve, sans possibilité de ème doute, que, parmi les
mystiques du
XVIIème siècle, il y en avait qui connaissaient l'existence et la position des sept centres du
corps humain.
Nous trouvons encore dans les rituels maçonniques la preuve des connaissances possédées bien avant notre époque, les points saillants de ces rituels remontent à un temps immémorial ; les monuments démontrent que ces points étaient connus et pratiqués dans l'Egypte ancienne ; ils nous ont été fidèlement transmis ; les francs-maçons les trouvent parmi leurs secrets ; en les utilisant ils stimulent certains de ces centres, à l'occasion et dans l'intérêt de leurs travaux, bien qu'ils ignorent à peu près tout ce qui se passe au delà des limites de la vision normale. Il va sans dire qu'ici les explications sont impossibles, mais dans
Le côté occulte de la Franc-Maçonnerie, j'ai dit à ce sujet tout ce qui est permis.
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(1) Le
chakra splénique n'est pas indiqué dans les ouvrages indiens ; il est remplacé par un centre
nommé le
Svâdhishthâna, situé dans le voisinage des organes génitaux ; le même nombre de six pétales lui est assigné. A notre point de
vue, il faudrait déplorer l'éveil d'un centre de ce genre à cause des dangers sérieux qui en résulteraient. Dans la méthode appliquée par les Egyptiens au développement de l'homme, des précautions minutieuses étaient prises pour empêcher tout éveil semblable.
(2) Photographiée d'après la traduction française de
Theosophia Practica publiée en 1897 dans la Bibliothèque Rosicrucienne (n° 4) par la Bibliothèque Chacornac,
Paris.