On enterrait dans l'
église
les
paroissiens notables qui avaient fait des dons considérables,
et le célèbre Nicolas Flamel y fut inhumé.
Il était né à
Pontoise, et
vint s'établir à
Paris où il exerçait la
profession d'écrivain, qui consistait à montrer à
écrire ou à copier des manuscrits, ce qui pouvait être
alors assez lucratif, l'art de l'imprimerie étant encore inconnu.
Il y avait autour de l'
église Saint-Jacques-la-Boucherie
et attenant aux murs, de petites échoppes occupées en
grande partie par des écrivains. Nicolas Flamel avait là
sa place ; elle consistait en deux échoppes, dont l'étendue
n'avait que cinq pieds de long sur deux de large. La maison qu'il habitait
était située au coin de la rue de Marivaux, dénommée
aujourd'hui rue Nicola Flamel ; c'est là qu'il passa la majeure
partie de sa vie avec sa femme
Pernelle qui était fort dévouée,
et tous deux vécurent ensemble dans la plus étroite intimité.
Nicolas Flamel montrait l'écriture chez lui et des jeunes gens
y demeuraient en bourse, c'est-à-dire comme pensionnaires ; les
gens de cour lui envoyaient leurs
enfants, et plusieurs de ces personnes
lui étaient même souvent redevables.
Nicolas Flamel ni sa femme ne possédaient
aucun bien au moment où ils s'établirent, et l'on vit
successivement l'état de leur fortune augmenter ; ils achetèrent
d'abord la maison qu'ils occupaient et tenaient à loyer, et firent
ensuite de grandes acquisitions tant à
Paris qu'aux environs.
En même temps qu'il s'enrichissait, Nicolas Flamel faisait de
bonnes uvres, aidait les pauvres, et ce fut de ses deniers qu'on
construisit le portail de l'
église Saint-Jacques-la-Boucherie,
du côté de la rue de Marivaux. Ce qui fixa surtout l'attention
sur Nicolas Flamel, c'est que l'augmentation de sa fortune ne changea
rien ni à ses habitudes de travail, ni à ses
goûts
simples et modestes : on le vit toujours s'occuper de son art dans le
réduit de son échoppe.
La
dame Pernelle Flamel mourut en 1392, laissant
à sa mort un testament fort détaillé et contenant
de nombreux legs. Elle fut inhumée au cimetière des Saints-Innocents.
Quant à Flamel, il mourut en 1417, après avoir fait aussi
un testament contenant de nombreuses donations pour les pauvres et pour
les
églises ; il n'oublia pas dans son testament les gens de
lettres du temps, car plusieurs de ses dispositions testamentaires s'appliquaient
aux pauvres clercs, écaliers et maîtres ès-arts.
Durant sa vie, on s'entretenait déjà
de sa fortune qu'on savait considérable ; ce fut pis après
sa mort, quand on en connut le chiffre total, qui s'élevait à
la somme, énorme pour ce temps-là, de 1.500.000 écus.
On ne pouvait pas croire, et avec raison, que Nicolas Flamel eût
acquis une pareille fortune dans son état de maître écrivain,
quelque lucratif qu'il pût être : aussi les uns prétendirent
que, versé dans les
sciences occultes, il avait découvert
le secret de faire de l'or, et d'autres, cherchant une explication plus
rationnelle, affirmèrent qu'il s'était enrichi au moyen
des Juifs qui, ayant été alors chassés de France,
l'avaient chargé du recouvrement de leurs créances.
Nicolas Flamel avait beaucoup de propension pour
la science
hermétique, et on sait qu'il avait en sa possession
un livre dit
Livre d'Abraham le Juif,
qui traitait de l'art de faire de l'or sous des signes
symboliques.
Nicolas Flamel a été enterré
dans l'
église Saint-Jacques-la-Boucherie, et selon son testament,
il avait payé 14 livres pour les droits de sa sépulture,
qu'il s'était réservée dans l'
église, devant
le crucifix et Notre-Dame. Après sa mort, on fouilla sa maison
de fond en comble pour trouver le livre d'Abraham le
Juif, ainsi que
les richesses qu'on y croyait enfouies : on ne trouva ni livre ni richesses.
Non seulement on a attribué à Nicolas Flamel la découverte
de l'art de faire de l'or, mais on a été plus loin, car
on a prétendu qu'il avait trouvé le secret de prolonger
sa vie, et deux siècles après sa mort, sous le règne
de
Louis XIV, le voyageur Paul Lacar, pensionné par le roi et
voyageant par son ordre, rapportait sérieusement qu'en Asie,
il avait su d'un dervis, que Nicolas Flamel et sa femme vivaient encore
et qu'ils prolongeaient leurs
jours au moyen d'une poudre dont ils avaient
le secret.
Le portail du nord de l'
église Saint-Jacques-la-Boucherie,
bâti des deniers de Nicolas Flamel, était fort gracieux
: il s'y était fait représenter avec
Pernelle, sa femme,
à genoux devant la Vierge, placée au centre.
Tympan du portail latéral de l'église Saint-Jacques-la-Boucherie,
qui représente Nicolas Flamel, bienfaiteur de l'église,
et sa femme, agenouillés aux pieds de la Vierge et présentés
par Saint Jacques et Saint Jean- Baptiste. Contre-épreuve d'un
dessin à la mine de plomb ; 20,8 x 26,3 cm. Charles-Louis Bernier
(1755-1830)