Biographie universelle ancienne et moderne Théodulfe,
évêque d'
Orléans, l'un des premiers restaurateurs des lettres en France, était né vers le milieu du VIIIème siècle, dans la haute Italie, d'une famille distinguée parmi les
Goths. Ses talents et son érudition l'ayant fait connaître, il fut appelé par
Charlemagne à sa cour, vers l'an 781. Quelques auteurs prétendent qu'il était veuf : ils appuient cette opinion sur ce que, dans une pièce de vers dont il accompagna l'envoi d'un
Psautier à Gisèle ou Gisla,
Théodulfe l'engage à recevoir le présent que lui fait un père
[Note de l'auteur : Quod tibi Theodulfus dat pater ecce tuus.]. Mais, comme le remarque Tirasboschi, rien ne prouve que le nom de
père ne soit pas employé dans le sens spirituel.
Théodulfe fut pourvu de l'
abbaye de
Fleury et ensuite de l'
évêché d'
Orléans. Les savants ne sont pas d'accord sur l'époque où il prit possession de ce siège.
Son premier soin fut de rétablir dans son
diocèse l'ancienne discipline et d'y faire fleurir les bonnes études. Il publia, dans ce double but, des
Capitulaires qui servirent de modèles aux autres
prélats. Il fonda plusieurs écoles ecclésiastiques, qui devinrent bientôt célèbres ; et il enjoignit à tous les pasteurs de distribuer gratuitement l'instruction au peuple. Le village de Germigni lui dut une
église, bâtie sur le plan de celle d'Aix-la-Chapelle. D'autres
églises fuent réparées, et des
couvents dotés par ses libéralités.
Théodulfe jouissait de toute la confiance de
Charlemagne. Il fut avec Leidrade,
archevêque de
Lyon, revêtu du titre
missus dominicus, et chargé de réformer l'administration de la justice dans les deux provinces narbonnaises. Partout où ils arrivaient, on s'empressait de leur offrir des présents pour se les rendre favorables.
Théodulfe attaqua cet abus dans un poème d'environ 1000 vers, adressé
aux juges, qu'il cherche à mettre en garde contre les moyens de séduction qu'on employait pour les corrompre. Il fut un des
évêques qui signèrent le testament de
Charlemagne.
Louis le Débonnaire l'estima comme l'avait fait son père. Il le choisit, avec quelques autres
prélats, pour aller à la rencontre du pape
Etienne IV, et l'accompagner jusqu'à
Reims.
Théodulfe reçut du
pontife le
pallium et porta depuis le titre d'
archevêque, mais, l'année suivante (817),
Bernard, roi d'Italie, s'étant révolté contre Louis, son oncle,
Théodulfe fut accusé d'avoir pris par à cette conjuration et banni de la cour. En vain, il protesta de son innocence, il fut dépouillé de ses bénéfices et exilé, en 818, à
Angers, où il mourut, le 18 septembre 821.
C'est un des plus grands
prélats qu'ait eus jusqu'alors l'
Eglise de France. Les ouvrages qu'on lui doit se ressentent du siècle où ils ont été
composés ; mais ils n'en sont pas moins estimables. On a déjà parlé de ses
Capitulaires, ou instructions à son clergé, en 46 articles. On en trouve un excellent abrégé dans l'
Histoire ecclésiastique de
Fleury, t. 9, pp. 502-508. L'auteur s'y plaint, comme d'un abus déjà ancien, de la coutume d'enterrer dans les
églises. Ses autres ouvrages sont : un Traité sur les cérémonies du
Baptême ; un sur le
St-Esprit : c'est un recueil de passages des Pères grecs et latins ; des
Homélies ; et enfin un
Livre de poésies, parmi lesquelles on distingue, outre son
Exhortation aux juges, l'hymne
Gloria laus et honor, que l'
Eglise chante à la procession le dimanche des Rameaux. Les écrits de
Théodulfe font partie de la
Bilbliothèque des Pères, et se trouvent dans différens recueils. Le Père Sirmond les a publiées séparément avec des notes,
Paris, 1646, in-8° ; mais la meilleure édition est celle qu'on en a donnée dans la collection des
uvres du même Père Sirmond, t. 2 pp. 915-1128. Depuis cette époque, Baluse, le Père
Mabillon,
dom Martène et
dom Durand ont découvert divers fragments d'autres ouvrages de
Théodulfe, et les ont mis au
jour. On trouvera des détails à cet égard dans l'
Histoire littéraire de la France qui contient une notice très étendue sur l'
évêque d'
Orléans, t. 4, pp. 459-474. On doit aussi consulter le
Gallia christiana, t. 8, p. 1419, et la
Storia della letteratura italiana de Tirasboschi, t. 3, pp. 201-209, où les points encore obscurs de la vie de
Théodulfe, tels que son origine, son
mariage, l'époque de sa nomination au siège
épiscopal d'
Orléans, etc., sont examinés et discutés avec beaucoup de soin.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 41 - Pages 286-287)
Dictionnaire M. Bescherelle
Théodulphe,
évêque d'
Orléans, dans le IXème
siècle, se signala par la pratique de toutes les vertus.
Bernard, roi d'Italie,
s'étant révolté contre
Louis le Débonnaire,
Théodulphe
fut accusé faussement d'avoir pris part à cette conspiration, et se vit déposé, puis relégué dans un
monastère où il mourut en 821. On a de lui des
capitulaires, des traités de
théologie et des
poésies.
M. Bescherelle, aîné, Dictionnaire national ou Dictionnaire universel de la langue française - Volume II (G-Z) (1856), p. 1469.