Biographie universelle ancienne et moderne Saint Romain, évêque de Rouen, naquit dans la seconde moitié du VIème siècle. Ses parents, qui occupaient un rang distingué, lui firent donner une très bonne éducation. Il fut envoyé jeune encore à la cour de
Clotaire II, et le poste important de référendaire devint la récompense de ses vertus et de ses talents. L'
évêque de
Rouen, Hidulphe, étant mort,
Romain fut désigné pour s'asseoir sur ce siège ; il y fut intronisé en 626. Il se distingua par son zèle pour faire disparaître les vestiges du
paganisme qui subsistaient encore, surtout parmi les populations des campagnes. Sa
charité, son zèle pour le bien de son troupeau, ses austérités lui concilièrent la vénération générale. Les hagiographes lui attribuent plusieurs de ces miracles qu'adoptaient si volontiers les anciens
légendaires, mais que la critique moderne traite plus sévèrement.
Romain mourut le 23
octobre 639 ; il fut enseveli dans l'
église de St-Godard.
Dans le XIème siècle, son
corps fut transporté
dans la
cathédrale, et en 1179, l'
archevêque Rotrou fit
déposer les ossements du saint dans une châsse richement ornée qui reçut le nom de
Fierté (feretrum) de saint Romain. Tous les ans elle était
portée en une procession, qui avait lieu le
jour de l'Ascension, par un criminel condamné à mort et qui, recevant sa grâce, rentrait dans la société avec la rémission de ses méfaits. Ce privilège accordé au chapitre de
Rouen, pour lequel il était un sujet d'orgueil, avait, dit-on, été concédé par le roi Dagobert en témoignage de gratitude pour saint
Romain, qui avait délivré la ville des ravages d'un horrible
dragon. Quoi qu'il en soit, dès 1210 on trouve des traces de l'existence de cet usage, et
Philippe-Auguste en autorisa l'exercice à plusieurs reprises ; il en résulta des querelles avec des magistrats et même avec des souverains. La dernière fois que le chapitre usa de son privilège, ce fut en 1790 ; on a calculé que près de quatre cents coupables ou accusés en avaient profité. Un archéologue normand très instruit et très zélé, M. Floquet, a épuisé tout ce qui concerne ce sujet dans son
Histoire des privilèges de saint Romain,
Rouen, 1833, en 2 volumes in-8°, formant ensemble 1250 pages environ. Raynouard a rendu compte, avec de justes éloges, de cet intéressant travail, dans le
Journal des savants, août 1834. Ajoutons qu'il existe trois anciennes vies de saint
Romain, l'une écrite immédiatement après sa mort, l'autre
composée au Xème siècle par Girard, doyen de St-Médard
à
Soissons ; la troisième, enfin, rédigée au XIIème
siècle par Fulbert,
archidiacre de
Rouen.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 36 - Pages 384-385)