XLI LX
XLI
Ce trident neptunien, ne saurait jamais sortir de la mer
philosophique, si un trident venteux et vaporeux n'avait pénétré la mer pour tirer ce roi à triple
couronne, nageant dans les
eaux ; c'est dans cette occasion que le philosophe aiguise et excite le passif par l'actif ; que par les principes vivants, il ressuscite les morts, comme le dit
Philalèthe et qu'un principe donne la main à l'autre, comme le dit le Cosmopolite ; après quoi, les principes mariés et élevés sont nourris de leur chair et sang propre, dit le Cosmopolite et
Basile Valentin.
XLII
Le sec, embrassant le vaisseau qui le contient, étant monté au
ciel par la sublimation philosophique et le sel terrestre étant devenu céleste, descend en terre pour aller sucer le lait de sa mère qui est la terre qui prend soin de nourrir l'
enfant philosophique, lequel ayant pris sa nourriture et engraissé de ce lait succulent, remonte au
ciel et par un moyen montant à diverses reprises et descendant de même, il prend la vertu des
choses supérieures et inférieures.
XLIII
C'est ici le
ciel terrestre de Lavinius qui se perfectionne par ses ascensions et descensions. C'est le
mariage du
ciel et de la terre sur le
lit d'amitié, selon
Philalèthe. C'est là ce palais royal qu'on bâtit et qu'on enrichit par le flux et le reflux de la mer de verre, pour y loger le roi comme parle
Basile Valentin, et sont les
imbibitions de Flamel et le sceau de
l'
enfant dans le ventre de sa mère et de la mère dans le ventre de l'
enfant, selon Démoragoras, Senior et Haly. La mère nourrit son
enfant et l'
enfant nourrit sa mère. Ainsi, ils s'aident l'un l'autre, s'augmentent et se multiplient comme dit Parmenides.
XLIV
Cette mère est la
lune. L'
enfant est le mercure des sages que l'on appelle
crachat de la lune en «
La Tourbe ». C'est cette
lune qu'il faut faire descendre du
ciel en terre comme dit
Paracelse. Cette
lune étant pleine ressemble au
soleil et porte le
soleil dans son sein. Ce mercure se charge de porter la teinture de son père et de sa mère et lors, ayant perdu toutes ses plumes, il tombe dans la mer et puis les
eaux se retirent, dit
Basile Valentin. Il se change en terre où sa
force est entière, dit
Hermès, ce qui comprend trois tours de roue, dit Riplée et les tours de mains de
Basile Valentin dans le premier et le deuxième ouvrage de tout le magistère.
XLV
Ce mercure philosophique n'est autre chose que les
dents du serpent que le vaillant
Thésée, dit Flamel, sèmera dans la même terre d'où naîtront des soldats qui se détruisent enfin eux-mêmes, détruisant par opposition, résolus en la même terre et laisseront emporter les conquêtes méritées. Cette
apposition renferme toutes les opérations que les philosophes recouvraient de tant de voiles, et l'on voit dans cette occasion la vérité de ce qu'enseigne Flamel, que notre pierre se dissout, se
congèle, se pourrit, se blanchit, se tue et se vivifie soi-même. C'est le sang du
lion et la glue de l'
aigle de
Paracelse.
XLVI
Ce sang du
lion se trouve avec la glue de l'
aigle profondément cachés dans notre sujet qui est l'élu de Colchos. Ils y sont naturellement comme dans leur propre sel qui leur sert de matrice et de minière, comme dit le Cosmopolite. Ils sont la véritable Toison d'Or gardée par des taureaux jetant
feu et
flammes par les narines, sur lesquels la belle
Médée doit verser sa précieuse liqueur qui les
abreuve et les endort, et par cette précieuse liqueur, les taureaux sont assoupis, la Toison est enlevée par
Jason ou plutôt par ce menstrue philosophique, le
corps est dissous et l'
âme délivrée des liens du
corps et elle est changée en quinte
essence.
XLVII
Cette Toison est la semence métallique que
Dieu a
créée et que l'homme ne doit pas présumer de faire, mais qu'il doit tirer du sujet où elle est.
Basile Valentin la décrit en ses termes : premièrement, dit-il, l'
influence céleste, par la volonté et le commandement de
Dieu, descend d'en haut et se mêle avec les vertus et propriétés des astres. De celles-ci, mêlées ensemble, il se forme comme un tiers entre terrestre et céleste. Ainsi se fait le principe de notre semence, de ces trois se fait l'
air, l'
eau, la terre lesquels par le moyen du
feu bien appliqué engendrent une
essence de moyenne nature, un
esprit incompréhensible et un
corps visible.
XLVIII
Cette semence métallique est le grain qui nous est nécessaire et qu'il faut chercher dans un sujet où la nature l'a pris fort près de nous. Ce sujet, dans le sentiment de tous les philosophes, est notre
airain, notre or, notre pierre dont parlent Sendivogius,
Philalèthe, Pythagore. Et nous obtiendrons cette précieuse semence, dit
Basile Valentin, si nous rectifions tellement le mercure, le soufre et le sel que l'
esprit et le
corps soient unis inséparablement. Tout cela n'est autre chose que la
clef de la vraie philosophie et l'
eau sèche conjointe avec une substance terrestre, faite de trois, de deux et d'un.
XLIX
Cette semence ou ce grain ne se tire d'aucun autre sujet que de celui que nous venons de nommer notre or, sans hyperbole et de ce même sujet, on ne peut le tuer que par
dissolution et cette
dissolution se fait de soi-même ou par le sujet qui lui est semblable ou plus proche. La nature l'a aussi pourvu d'un aide qui est de sa chair et de son sang. Ainsi que nous l'enseignons, le sperme masculin mis dans sa matrice y trouve un
dissolvant de sa nature à la façon d'un
aimant qui attire la semence du sperme qui est de sa nature et de son
essence.
L
La
dissolution qui nous est nécessaire pour avoir ce bon grain ou semence est très difficile à faire, car elle ne peut se faire que par le moyen d'une liqueur précieuse qui est une
eau d'or et un menstrue philosophique qui est de la nature du grain qu'on veut tirer de notre sujet par ce
dissolvant ; et de la nature même du
dissolvant qu'on demande et qu'on veut acquérir pour tirer ce grain pur ; où l'on peut voir comment notre art peut suivre et imiter la nature.
LI
On peut remarquer que dans notre ouvrage, il n'y rentre rien d'étranger, car ce grain ou semence métallique, est de la nature du
dissolvant qu'un anonyme appelle essenciel et ce
dissolvant essenciel est de la nature de cet
aimant métallique qu'un anonyme appelle menstrue minéral, uni au végétable et tiré par lui comme
Ganymède par Jupiter. Et ces deux unis, qu'il appelle essenciel, servent pour
dissoudre radicalement un
corps qui est l'or, sans ambiguïté et celui-ci dissous, il apparaît qu'on tire un
esprit pur par un
esprit crud.
LII
Ce sujet où nous cherchons la semence est un or philosophique et non pas l'or vulgaire et cela pour deux raisons. La première est que l'or vulgaire n'a point besoin d'ordure qu'il soit besoin d'ôter pour trouver ce grain
ou cette semence métallique puisqu'il est tout pur et sans aucun mélange d'impuretés. La seconde raison est que l'or vulgaire est tout semence, et si on se servait de lui, il n'y aurait qu'à le réincruder, volatiliser et spiritualiser, de manière qu'il put pénétrer les
corps et se
joindre à eux par ses moindres parties. Si l'or avait cela, il serait la pierre.
LIII
Ceux qui ont dit qu'il fallait chercher la semence métallique ou le grain fixe dans l'or vulgaire ne sont pourtant pas éloignés de la vérité, pourvu qu'on les entende avec un grain de sel puisqu'il y est effectivement et qu'on peut l'y trouver par le moyen d'une
eau philosophique dans laquelle il se fond, comme la glace dans l'
eau chaude et dans laquelle il perd sa forme naturelle pour en prendre une nouvelle plus noble et plus excellente. C'est alors que le
trésor caché est découvert, c'est le centre révélé.
LIV
La semence métallique que nous cherchons dans l'or des sages est un
esprit subtil et pénétrant ; c'est une
âme pure, nette et délicate, réduite en
eau et en un sel, et ce baume des astres, lesquels étant unis ne font qu'une
eau mercurielle. Or, cette
eau doit être amenée au
dieu Mercure qui est son père, pour être examinée. Alors le père
épouse sa fille, et par ce
mariage, ils ne sont plus deux
mais une seule chose, qu'on appelle
huile vitale ou
incombustible et à la fin
Mercure jette ses ailes d'
aigle et déclare la guerre au
dieu Mars.
LV
Le mercure, qui est le père de l'
eau qu'on lui
amène pour être son
épouse, l'embrasse dans cette qualité pour la raison que cette
eau est encore un mercure et de cette manière, il paraît qu'on
amène mercure à mercure avec cette différence que le mercure qui est amené comme
épouse est le mercure des sages qui est la mère du tout, le
Thélème. Et celui à qui on l'
amène est le mercure
des
corps, père du tout, le
Thélème, père,
enfant,
frère,
épouse, du mercure des sages. Ainsi, les natures se poursuivent et les parents se marient ensemble.
LVI
Dans ce
mariage philosophique, on conjoint mercure à mercure et on
amène ainsi le
feu au
feu, aussi bien que mercure à mercure. On marie le
feu au
feu, car le mercure des sages porte ce
feu ou le soufre dans son sein. Et le
mercure des
corps est encore tout plein de ce
feu sulfureux qui
brûle dans l'
eau ; et dans cette rencontre, une nature apprend à l'autre à ne point craindre le
feu et à se familiariser avec lui. Ainsi l'
eau qui craignait le
feu, apprend à rester avec lui et le mercure qui le fuyait devient son ami.
LVII
L'
eau dont nous parlons ici est l'azot qui sert à laver le laiton et le laiton que nous devons laver est notre sujet ou notre
airain ou or rouge, qu'il faut
blanchir en rompant les livres. Cette
eau céleste est tirée des
montagnes du mercure et de
Vénus, par adhérence du sec à l'humide par le moyen de la
chaleur, et la
chaleur unie à l'humide fait couler un ruisseau d'
eau chaude sèche et humide. Cette
eau est la grande ouvrière en notre art ; elle dissout les
corps durs, subtilise l'épais et purifie les impurs comme la terre.
LVIII
J'ai dit laton ou laiton car les philosophes ont leur laton aussi bien que leur laiton. L'un dit qu'il faut
blanchir le laton qui est
immonde, l'autre dit qu'il faut laver la terre qui est obscure et ceux qui ont confondu ces deux choses contenues dans ce
rebis, n'ont pas moins erré que ceux qui ont cru que c'étaient deux choses d'une nature différente. Car, quoiqu'elles se trouvent dans le sujet qui est le
chaos de l'art et qu'ils y soient comme mâle et
femelle et que de leur semence doive sortir le fils du
soleil et de la
lune par leur union parfaite, ils ne sont qu'un en
essence.
LIX
Ce
rebis ou
chaos du lait ou
ciel terrifié, ne peut servir de rien sans le secours du
feu et de l'azot. Mais ces deux-là qui composent la liqueur de notre art, et qui font l'
huile vitale, lui suffisent tant pour le laver et le purifier que pour le rendre fécond par la séparation des deux sexes et par leur réunion entière, car il en sort un fort bel
enfant, après avoir ôté les ordures ; et cet
enfant doit être nourri du sang de son père et du lait de sa mère et pour lors, ce sang et ce lait mêlés ensemble, prendront la
couleur d'une quintessence dorée.
LX
Nous avons dans ce laton, dit un philosophe, deux natures mariées ensemble dont l'une a conçu l'autre et par cette
conception, elle s'est convertie en
corps de mâle et l'autre en
corps de
femelle, de sorte que l'on ne saurait distinguer l'une de l'autre par leurs vêtements extérieurs quoiqu'on doive les séparer pour les reconnaître et les réunir pour
n'être plus qu'un inséparable, après les avoir dépouillés de tous leurs vêtements et les avoir réduits à la nudité naturelle. C'était auparavant deux
corps en un ou l'
androgyne des sages et après c'est
Diane toute nue.