NOUVEAU RITUEL DE ROSE-CROIX
Ou Rose + Philosophique, Parfait Maître
Bellum vitiis, pax hominibus
DECORATIONS. Le
dais est rouge à franges d'or. il est surmonté de deux
triangles dont le deuxième est lumineux, il
représente notre hémisphère éclairé ; au centre est l'iod (un,
seul, l'unique ; les tables sont couvertes d'un drap rouge. Les deux colonnes sont surmontées de
sphères (
symbole des sciences). La lettre I
:. signifie
Isis ou la nature, la lettre B
:., Bienfaisance.
Le
pavé mosaïque est en carreaux rouges, noirs et blancs. Tenture
rouge.
Emblèmes : un demi-
Zodiaque d'un côté, le complément, de l'autre : un
télescope (l'astronomie), une
équerre (l'architecture), une
truelle (l'
indulgence), un
van (l'agriculture, le triage des aspirants) ; un
alambic (la chimie), la
flûte de Pan aux sept tuyaux (l'
harmonie) ; trois colonnes triangulaires ou candélabres à trois branches portant en inscription :
Foi, Espérance, Charité,
et une
étoile d'or ou dorée au-dessus.
Age : 33 ans (les deux 3 symbolisent les deux natures
ou les deux hémisphères. Les
signes, l'ordre, mots de passe,
parole, attouchement, marche, batterie et acclamation, comme au
rite français
ci-dessus.
HABILLEMENT.
Habit noir, gants blancs (costume de ville).
CORDON. Point.
TABLIER, blanc, bordé de rouge, sur
lequel sont peints deux
sphères et leur pied ; au milieu, un
soleil rayonnant,
ayant au centre un
compas ouvert sur une règle.
TITRES. L'assemblée se nomme
Chap:., le local,
Chambre de perfection. Le présid
:. prend le titre de T
:.
S
:., les surv
:. d'
Ecl:. parf:. Mes ; les FF
:., de
parf
:. Mes.
L'aspirant, en costume de Me, est dans une
chambre séparée
où se trouvent une chaise, une table, sur laquelle sont une bougie jaune
allumée et le livre des règlements généraux.
OUVERTURE. Le T
:. S
:. frappe un coup, répété
à l'Occ
:..
T
:. E
:. et P
:. Me 1er surv
:.
:
Etes-vous R:. C:. ?
R. J'ai ce bonheur.
Assurez-vous si le chap:. est à couvert et si tous
les FF:. ici présents peuvent assister à nos travaux. (Les surv
:.
s'en assurent.)
R. T
:. S
:., le Chap
:. est à
couvert et tous les FF
:. sont R
:. C
:.
EE
:. FF
:. et PP
:. Mes 1er surv
:.,
prévenez vos FF
:. que les travaux de R. C. vont être ouverts.
R. T
:. S
:., c'est annoncé.
E
:. F
:. et P
:. Me 1er surv
:.
:
Quelle heure est-il ?
R. L'heure où le
soleil ouvre les portes du
jour annonçant aux humains que l'heure du travail vient de sonner.
Profitons de cet avertissement et prévenez vos
FF:. que les travaux du Chap:. de R
:. C
:. de la R
:. L
:.
à l'O
:. d sont ouverts :
A moi ! TT
:.
parf
:. FF
:., par le signe ; il élève l'index vers
le
ciel (
où montent les émanations terrestres). Les FF
:.
répondent en élevant l'index et le renversant (
descente sur la
terre des influences célestes) ;
par la batterie : six coups
plus un, et tous disant sept fois OSÉE (en hébreu, Ascheah, sauveur) !
prenez place, mes FF:.
Lecture de la colonne gravée de la dernière
assemblée.
Introduction des visiteurs, félicitations, applaudissements,
placements.
Le T
:. S
:. annonce, en ces termes, le but de
la réunion.
TT
:. CC
:. et TT
:. PP
:. FF
:.,
le chap
:., dans sa dernière tenue, ayant fixé pour aujourd'hui
la réception au grade de R
:.-C
:., du Resp
:. Me, le
F
:. N
:., nous allons y procéder, mais en nous servant d'un
nouveau formulaire. Beaucoup de chefs de Chap
:. désapprouvant, depuis
longtemps, la mise en scène d'un acte important du christianisme où
le fils de
Marie n'est que la doublure d'
Hiram, ont désiré qu'il
fut substitué un nouveau rituel à l'ancien qui n'est, en réalité,
qu'une profanation et une anomalie étrange en maçonnerie, qui respecte
les
religions et s'en interdit formellement toute discussion. Le grade
de R
:. C
:. étant passé dans les murs des maçons,
il est à espérer que cet essai, qui peut être modifié
et dont la teneur est toute philosophique et maçonnique, obtienne les suffrages
des FF
:. éclairés. Puisse-t-il, TT
:. PP
:. FF
:.
visiteurs, recevoir votre approbation ! Les quatorze grades qui séparent
le R
:.-C
:. de la maîtrise n'étant pas pratiqués
et le R
:.-C
:., lui-même, 18e degré, cessant de l'être,
le nouveau rituel contient l'analyse de tous ces grades. Elle est communiquée,
ainsi que l'ancien R
:.-C
:., au récipiendaire, qui, tout en
en possédant la connaissance, ne se présente cependant qu'en maître
bleu, dont ce grade est le complément.
On a conservé ici les
signes, mots, attouchements,
batterie, etc., de l'ancien mode et même des
questions d'ordre,
afin que les R
:.-C
:. de tous les régimes puissent facilement
se reconnaître et s'entendre.
Le T
:. S
:. invite un F
:. expert à
se transporter près du F
:. préparateur pour s'informer si
la communication des grades est terminée et en rendre compte, à
moins que le Chap
:., pour l'instruction des FF
:., décide
que cette communication aura lieu en séance.
Cet ordre exécuté, l'
Expert rentre et
dit : T
:. S
:., la communication est terminée, le récipiendaire
va être présenté. (On frappe à la porte du Chap
:.
en Me.)
Le T
:. S
:. : FF
:. SS
:.,
Voyez
qui frappe ainsi ?
R. C'est un Me, son âge maçonnique est
sept ans et plus ; il a travaillé sur la planche à tracer.
D. Demandez-lui ses noms, son âge, le lieu
de sa naissance, sa profession, sa demeure actuelle. (On répond.)
D. Demandez-lui s'il a voyagé.
R. Du Nord au Sud et de l'Orient à l'Occident.
D. Dans quel but ?
R. Pour répandre la lumière en s'instruisant
et pour rassembler ce qui est épars.
D. Que vient-il chercher ici ?
R. La perfection de son être.
D. Demandez-lui si son Me est content de lui et comment il se nomme.
R. Il a toujours observé ses commandements ; son Me se nomme le G
:. A
:. de l'U
:.
«
Que l'entrée lui soit donnée. »
« Resp
:. Me, nos travaux sont inachevés,
l'indifférence s'est glissée parmi nous ; l'instruction a perdu son attrait à l'
esprit des maçons ; la lumière maçonnique ne fait aucun progrès ; nous cherchons à changer ce triste état des choses, nous avons quelque espoir dans nos efforts ; seriez-vous disposé à nous donner votre concours pour mieux atteindre notre but et surtout pour retrouver la parole du grade,
clef de nos mystères, qui s'est perdue pendant ce fatal sommeil ?
R. Oui, de tout mon cur.
D. Vous allez faire trois voyages : les remarques que vous aurez faites nous feront juger ce que nous devons attendre de vous ; y consentez-vous ?
R. J'y consens.
Le T
:. S
:. : « Avant d'entreprendre ces
voyages, je vais vous adresser quelques questions.
D. Qu'est-ce que l'homme et sa nature ? (Il
répond.)
Le T
:. S
:. : L'HOMME (du latin
homo, le terrestre, venant de
humus, terre) est un être moral, social, susceptible de raison, doué d'instinct et d'intelligence. l'homme, paraissant destiné à régner sur les autres êtres, dut recevoir une stature droite, moyen unique de lui attribuer un cerveau lumineux et la
liberté des mains, instruments merveilleux ; aussi, trois dons précieux et privilégiés
lui assurent-ils l'empire exclusif du globe : l'
intelligence pour inventer,
le
langage pour s'associer et les
mains pour exécuter. Il a été réservé à l'homme seul de sonder les profondeurs de sa propre nature, de mesurer ses droits et ses devoirs, de savoir distinguer le juste de l'injuste, le bien du mal, la vérité de l'erreur ; car tout ce qui vit s'ignore soi-même, excepté notre seule espèce. L'homme est né libre et, par le fait de sa nature, il peut développer toutes ses facultés physiques, morales et intellectuelles. Quelque vives que soient ses passions, par cela même que l'homme est livre, il peut s'opposer à un entraînement qui n'est jamais irrésistible ; il ne s'agit que de bien vouloir, autrement, ce serait nier sa nature. »
D. Qu'est-ce que la raison ? (Il répond.)
Le T
:. S
:. : « La RAISON est cette forme
de l'intelligence qui introduit dans l'
esprit les
éléments que ne
peut lui fournir l'expérience, soit celle qui nous met en relation avec
le monde extérieur, soit celle qui nous dévoile les replis intimes
de notre conscience. Elle ne vient ni du moi ni du monde externe ; reflet pur,
quoique affaibli, de cette lumière primitive qui émane du sein même
de la substance éternelle, c'est une révélation du monde
invisible ; elle forme le passage nécessaire de la psychologie à
l'
ontologie, de la conscience à l'être, de l'homme à
Dieu.
Régulatrice intérieure de nos
jugements, loi suprême du moi,
règle absolue de la
liberté, la raison se communique aux hommes
à des degrés différents et les éclaire sur leurs devoirs,
sur leur destinée, sur le but de la vie. La raison est ce qui résulte
de toutes les opérations de l'
âme bien réglées, ou
une qualité de l'
âme qui la rend sage, modérée, et
l'éloigne de toutes sortes d'extravagances. C'est une mesure de réflexion
que nous avons pour les choses qui sont hors du cercle de nos habitudes. Elle
se dit, en général, des lumières que produisent les principes
incontestables de vérité et de justice qui peuvent seuls donner
aux pensées et aux actions des hommes une direction juste, sage et légitime.
L'instinct, raison de l'
animal, ne le trompe jamais ; la raison, instinct de l'homme,
pourrait-elle le tromper ? La raison vient tard aux gouvernements comme aux hommes
(
Voltaire). L'empire de la raison publique est le vrai fondement de la
liberté. La seule
force qui a toujours raison est celle de la vérité
(
Jussieu). La raison finira par avoir raison (
D'Alembert).
D. Qu'est-ce que le raisonnement ?
Le T
:. S
:. : « Le RAISONNEMENT est le
procédé par lequel l'
esprit produit un
jugement renfermé
dans d'autres
jugements. Il s'emploie soit pour découvrir des vérités nouvelles, soit pour démontrer des vérités qu'on possède déjà. Comme moyen de découverte, il est fort douteux que le raisonnment proprement dit ait toute la fécondité qu'on a attribuée à cette faculté de l'
esprit. Cependant les vérité mathématiques, par exemple, à part les axiomes, sont exposées et déduites au moyen du raisonnement. C'est encore par le raisonnement qu'on a découvert les grandes lois du système astronomique. » « Il faut contracter, parl'exercice, l'habitude du raisonnement.
Une mauvaise action est toujours l'effet et la cause de mauvais raisonnements
(
Boiste). » « La plupart des hommes se conduisent plus par leur caractère et leurs sentiments que par les raisonnements (
De Rulhières). »
D. Qu'est-ce que le jugement ? (Il répond.)
Le T
:. S
:. : « Le JUGEMENT (en latin,
judicium, de
jus, le droit, et
dicere, dire) est la faculté
de l'entendement qui compare et qui
juge. Il faut, de bonne heure, cultiver
le
jugement des jeunes gens. C'est une opération de l'
esprit qui
consiste à rapprocher deux idées pour en déterminer le
rapport de
convenance ou de disconvenance ; l'aperception du rapport de ces
deux termes est le
jugement. Ainsi, juger, c'est faire usage des acquisitions
antérieures de l'entendement. Penser, dans l'habitude de la vie intellectuelle,
n'est guère que cela. C'est essentiellement assembler des
conceptions,
les subordonner les unes aux autres, réduire par subsomption les individus
à leurs espèces déterminées à l'avance, les
espèces à leur genre, ou, développant les
conceptions générales,
descendre, par
division, du genre aux espèces, ou des espèces
aux individus. Nos discours se réduisent tous une série de propositions
qui expriment une suite de
jugements. La logique, qui compare les opérations
intellectuelles relativement à la forme, distingue sous ce rapport, diverses
espèces de
jugements.
En jurisprudence, il indique généralement
toute espèce de décision rendue par un tribunal sur un différend
qui lui est soumis. Dans le langage
légal, en France, le
jugement
ne s'entend que des décisions rendues par des tribunaux inférieurs,
les décisions des cours souveraines étant appelées
arrêts.
l'équité doit se combiner, autant que possible, avec le droit.
Il faut que l'antique maxime :
La chose jugée doit être regardée
comme la vérité, loin d'être une pure fiction, soit,
au contraire, l'expression de la réalité. » «
L'
esprit de parti égare le
jugement. Tout
jugement, quand il est universel,
est nécessairement vrai (
Cicéron). » « Le crime
est un
faux jugement (
Duclos). » « Il y a beaucoup de jugeurs
et peu de
juges. »
D. Qu'est-ce que l'art et les arts ? (Il
répond.)
Le T
:. S
:. : « L'ART est le procédé,
la méthode pour bien exécuter un ouvrage selon certaines règles.
L'hirondelle fait son nid avec un
art admirable. C'est aussi une habileté
dans la conduite : il faut beaucoup d'
art pour plaire à tout le
monde. L'
art peut embellir, imiter et même surpasser la nature.
On dit l'art par opposition à nature : cette substance n'existe pas dans
la nature, c'est un produit de l'art. Art est le titre de quelques professions
: l'
art du tisserand ; de certains ouvrages : l'
art poétique,
l'
Art d'aimer ; ce dernier titre est absurde, il n'y a jamais d'
art
d'aimer ; l'
ARS AMANDI d'Ovide signifie l'
Art de se faire aimer.
Les ARTS sont la réunion des
arts mécaniques
ou scientifiques et des
arts libéraux, considérés
comme beaux entre tous les
arts et qui semblent exister pour n'être
goûtés ou exercés que par des hommes
libres ; ce
sont : l'éloquence, la
poésie, la peinture, la sculpture, la musique,
la pantomime et la déclamation.
D. Qu'estce que la science et les sciences ?
(Il répond.)
Le T
:. S
:. : « LA SCIENCE est une collection
de faits certains, relatifs à un objet, ou fondés sur des principes
ou sur des démonstrations. On dit : la
science du droit, la
science
des affaires, la
science du monde ; cet ouvrier a la science de son
métier. La science de vivre est la grande science. La science sociale
est l'art de coordonner sa conduite, ses rapports, ses devoirs et ses droits
envers autrui, suivant la justice et la raison.
LES SCIENCES sont les collections d'idées, dee règles
et de principes dont chaque science est constituée. Il faut posséder
au moins deux sciences pour avoir le titre de SAVANT. Si l'on ne connaît
qu'une science, la médecine, par exemple, on dira c'est un
savant
médecin.
D. Qu'est-ce qu'un Etat ? (Il répond.)
Le T
:. S
:. : « UN ETAT (du grec
staô,
je suis placé) est une société établie à
perpétuité, en forme de nation, sur un territoire déterminé
et se gouvernant par ses propres lois, sous quelque dénomination que
ce soit. Les Etats ou Nations, dans leurs rapports entre eux, prennent le titre
de PUISSANCES, qui est consacré par le droit des gens. »
« L'
Eglise doit être dans l'Etat, et non l'Etat dans l'
Eglise (
Bonaparte).
»
« F
:. Me des cérém
:., veuillez
faire faire les trois voyages.
Le Me des cérém
:. fait faire les trois
voyages, et, à chaque tour, il fait remarquer, au récipiendaire,
une étoile et son inscription, dont le F
:. préparateur
a dû l'entretenir.
Les voyages faits et annoncés, le T
:. S
:.
dit :
Mon F:., qu'avez-vous remarqué dans ces voyages ?
R. Trois étoiles.
D. Que disent-elles à votre esprit ?
R. Que ce sont trois guides pour conduire heureusement
dans le chemin de la vie.
D. Quels sont leurs noms ?
R. Foi, Espérance,
Charité.
D. Ce sont les noms des trois piliers qui soutiennent
notre nouveau temple ;
mon F:., qu'est-ce que la foi ? (Il répond.)
D. Qu'est-ce que l'espérance ? (Il
répond.)
D. Qu'est-ce que la charité ? (Il
répond.)
« Vous en entendrez une explication plus développée
dans l'instruction qui terminera cette séance. En attendant, ayons foi
dans l'excellence de la maçonnerie ; espérons en la justice divine
; exerçons la
charité envers tous les hommes.
Mon F
:., dans l'enfance et la
jeunesse, toute la
nature sourit à l'homme innocent et irréfléchi ; mais,
quand vient l'âge mûr, les passions humaines lui révèlent
de terribles secrets, et jusqu'à ce qu'il ait acquis une foi vive dans
la justice du G
:. A
:. et jusqu'à ce que l'étoile
de l'espérance ait brillé à ses yeux, l'homme marche d'un
pas inégal, plein de trouble et d'incertitude. »
D. En résumé, ces trois choses
ne feraient-elles pas toute la loi maçonnique ? (Il répond.)
D. Qu'attendez-vous de la loi maçonnique
?
R. La paix, l'union et la
liberté.
D. La loi maçonnique enseigne-t-elle quelque
chose de plus ?
R. J'espère l'apprendre de vous.
D. Etant Me, vous est-il arrivé, dans
vos études sur la Maçonnerie, de la comparer aux religions ?
R. Oui, sans doute.
D. Quel était le résultat de votre
comparaison ? (Il répond.)
Le T
:. S
:. : Les
religions parquent les hommes,
les
divisent et s'opposent au progrès
[Note de
l'auteur : Que peut-on espérer d'une église ennemie des lumières
dont les prélats continuent à enseigner que : Plus on avance
dans la voie du progrès, plus on s'éloigne de la voie du salut
? (Lettre pastorale du cardinal Sisto Riario Sforza, 9 décembre 1839).],
tandis que la Maçonnerie travaille à les unir pour en faire une
famille d'amis et de
frères. Elle n'a jamais armé le bras d'un
assassin ni allumé la torche d'un incendiaire. Les pages de l'
histoire
sont ensanglantées, elle n'y est pour rien : ses armes sont la persuasion
et le bon exemple. Elle naquit en orient, alors les peuples y étaient
calmes et heureux. Depuis qu'elle en est sortie, les hommes, excités
par un fanatisme
religieux qu'entretiennent des fauteurs ignares qui en vivent,
s'entr'égorgent et s'incendient mutuellement, afute de se connaître
et de s'entendre. Les plus forts détruisent les temples des plus faibles,
tandis que le véritable
initié élève des temples
et n'en détruit point. « A la vérité, quelques orientaux
plus instruits et haut placés, qui visitent nos contrées occidentales,
aiment à se retremper aux sources vives de la Francmaçonnerie,
pour en reporter les bienfaits à leur patrie qui fut la sienne ; races
si cruelles, parce qu'elles sont
ignorantes ? Ne nous décourageons donc
pas, et puisque vous avez tant voyagé, voyons, si dans les réponses
à mes questions, nous ne découvrirons pas la parole du grade.
D. Mon F
:., d'où avez-vous tiré
le plus de connaissances ?
R. De l'Inde.
D. Qui vous a le mieux guidé ?
R. La Nature.
D. Qu'a-t-elle produit en vous ?
R. Ma Régénération.
D. Qu'avez-vous eu à combattre ?
R. Mon
Ignorance.
D. Auriez-vous remarqué, dans les aphorismes
des anciens philosophes, quelque vérité relative à ce grade
et à l'objet de nos recherches ?
R. Peut-être, cette vérité entre
autres, m'a toujours frappé : Par l'Ignition (le
feu), la Nature se Régénère Intégralement.
Le T
:. S
:. joyeusement :
Nous y sommes
: I
gne, N
atura, R
enovatur, I
ntegra [Note de l'auteur : ou Ignem Natura Regenerando Integrat. D'autres philosophes hermétiques, voulant spécifier les trois principes de l'uvre : sel, soufre, mercure, avaient formé cet aphorisme :
Igne Nitrum Roris Invenitur. Si l'on substitue
à ces quatre lettres leurs correspondantes hébraïques, on
trouve, dans cette languen les initiales des quatre éléments :
Immim (maria, ou l'élément eau).
Naour (ignis, le feu).
Raouah (ventus, le vent, l'air).
Iebeschah (arida, la terre).
].
«
Quel bonheur ! Rassemblez les initiales
de vos quatre mots, et deux fois, sans le savoir, vous avez recouvré
la parole perdue.
A moi, mes frères, la parole est retrouvée,
applaudissons !
Nous avons vu, dans le grade de maître, que la parole
perdue fut l'effet de l'
automne, où le
soleil, en perdant sa puissance,
rend la nature
muette ; la
parole retrouvée doit figurer
dans un grade qui annonce un printemps prochain symbolisé par la
rose,
et par le
feu, base du grade.
Ce n'est pas à ce
feu matériel qui sert à
satisfaire une partie de nos besoins que se rapportent les
allégories
de ce grade, c'est à cet élément principe, à ce
feu conservateur et vivifiant, qui pénètre et embrase toute la
nature, que se rattachent tous les
symboles antiques et révérés
; c'est à cet élément pur dont la
chaleur et la lumière
ne sont que des modifications, dont la fécondité, le mouvement
et la vie sont les effets et dont les soleils sans nombre, répandus dans
l'immensité de l'univers, semblent être les foyers inépuisables
; qui prête aux
corps le charme des plus vives et des plus brillantes
couleurs, ou, se cachant à nos regards, pénètre jusqu'au
sein de la terre, écarte les molécules des
corps, malgré
la
force qui les unit, et y produit une action qui tantôt est le pincipe
de leur existence, de leur conservation, de leur reproduction, et tantôt
est la cause de leur
division, de leur
destruction, de leur transformation ;
qui, d'autres fois encore, sillonne la nue qui le porte et, sous le nom d'
étincelle
électrique, frappe à la fois notre il ébloui,
notre oreille étonnée, tous nos sens effrayés, et transforme
la vapeur des nues en une masse d'
eau qui se précipite sur la terre qu'elle
ravage ; ce
feu, enfin, roi des
éléments, sans lequel les autres
seraient froids et inertes, communique à l'
air sa pureté,
à l'
eau sa fluidité, à la
terre son inépuisable
fécondité.
Frère maître des cérémonies,
faites approcher le R:. Me.
Mon
frère, dans le premier grade, nos lois et nos
usages vous ont révélé que l'égalité régnait
parmi nous et que le maçon était un homme libre ; le deuxième,
qui est consacré à l'instruction et au travail, est une conséquence
naturelle du premier, car il n'y a point de
liberté pour la paresse et
l'
ignorance ; dans le troisième, vous apprenez que celui qui ne sait
pas souffrir ne sait pas vivre, et que le maçon ne peut se croire homme
que lorsqu'il aura vaincu l'adversité par son courage et sa résignation.
On y combat les préjugés et ces vaines terreurs qui assaillissent
la crédulité et l'
ignorance de ces
esprits sans culture que la
superstition égare ; dans le grade qui nous occupe, vous trouverez des
emblèmes qui se lient à ceux des grades précédents,
comme pour vous indiquer que vous devez perfectionner vos connaissances, afin
de rendre vos enseignements plus parfaits. Il a aussi pour objet de faire briller
aux yeux de l'homme de bien qui persévère la compense qui lui
est due et qu'il trouve au fond de sa conscience et dans le respect et l'admiration
de ses
frères [Note de l'auteur : La justice sociale
vient de Dieu ; une rémunération posthume, si elle avait lieu,
n'en serait-elle pas la négation ?].
Debout et à l'ordre, mes frères.
Mon
frère, vous allez prêter, debout et la
main sur les statuts de l'ordre, votre obligation ; répétez avec
moi :
OBLIGATION. « Sur les statuts généraux
de l'ordre, je renouvelle les promesses faites dans les grades précédents,
je promets en outre d'éclairer mes
frères des degrés inférieurs,
et, par mes paroles et mes actions, d'
inspirer aux hommes cet
esprit de fraternité
qui fait l'
essence et la base de la Maçonnerie ; que le G
:. A
:.
me soit en aide ! » Le T
:. S
:. étendant le
bras, dit :
« A la G
:. du G
:. A
:. de l'U
:.,
au nom et sous les auspices du G
:. O
:. de France, et en vertu
des pouvoirs qui me sont confiés, je vous crée et constitue Rose-Croix,
Parfait-Maître 4e degré, Membre du Chapitre de Rose-Croix, régulièrement
établi près le Resp
:. Loge d..... à l'O
:.
d.....
Le T
:. S
:. lui donne le baiser de paix et
dit :
Sachez que vous acquérez aujourd'hui le droit de diriger les
travaux d'un Chapitre de Rose-Croix.
Mon
frère, nous avons dans ce grade, comme dans
les précédents, des signes, mots et attouchements pour nous reconnaître.
Il y a plusieurs signes :
SIGNES DE DEMANDE OU D'ADMIRATION. Lever les yeux au
ciel,
porter, en même temps, les mains, les paumes en dehors, à la
hauteur
du front, les doigts entrelacés, et les laisser tomber ainsi sur le ventre.
SIGNE DE RÉPONSE. Lever la main droite à
la
hauteur du front sur le côté, ayant le pouce et les doigts fermés,
à l'exception de l'index, avec lequel on montre le
ciel, en levant aussi
les yeux. Ce signe indique que tout vient d'en haut et qu'il n'y a qu'un seul
être, source pure de vérité.
SIGNE DE SECOURS. Croiser la jambe derrière la gauche,
à la
hauteur du mollet.
On y répond en croisant
la jambe gauche derrière la droite.
ORDRE ET SIGNE DU BON PASTEUR. Les bras
croisés
sur la poitrine, les mains écartées.
ATTOUCHEMENT. Placer réciproquement la maind roite
à plat sur la mammelle droite du F
:., et la main gauche sur la
mammelle gauche et se donner le baiser de paix, en disant, le premier
frère,
Emmanuel, et le second,
Paix profonde.
MOT DE PASSE.
Emmanuel (en hébreu, Gimmanouel),
(
Deus nobiscum,
saint Matthieu, ch. 1, verset 23). EN RÉPONSE
:
Pax vobis, ou
paix profonde.
MOT SACRÉ. I. N. R. I. (Ces quatre lettres ne formant
pas un mot, elles s'épellent. Voyez l'
Instruction).
AGE. 33 ans (ces deux 3 indiquent deux
triangles ou les
deux hémisphères).
MARCHE.
Marche naturelle par trois pas précipités
et étant à l'ordre.
BATTERIE. Sept coups par
six plus
un.
ACCLAMATION.
Osée ! répété
sept fois.
TABLIER. Je vous ceins du tablier de R
:. C
:.,
il honore le maçon comme le travail honore l'homme. Sa
blancheur exprime
la pureté de nos intentions et de nos actions. sa bordure rouge indique
l'adeur avec laquelle nous devons secourir l'humanité. Les deux
sphères
vous rappelleront que les merveilles du
ciel et de la terre doivent avoir une
grande part dans vos méditations. Le
soleil est l'image sensible du père
des humains ; ce père égalitaire répand indistinctement
sa
chaleur, sa lumière et ses bienfaits sur l'homme bon, vertueux, et
sur l'homme méchant et pervers ; seulement il a placé dans sa
conscience un remords qui peut le ramener à la vertu. Nous n'avons qu'un
moyen de plaire au suprême auteur de toutes choses, de lui témoigner
notre vive gratitude et de nous acquitter envers lui, c'est de l'imiter, c'est-à-dire
de faire à nos semblables le plus de bien que nous pouvons.
Allez, mon F:., vous faire reconnaître par les
FF:. SS
:., F
:. Me des cérém
:., présentez
leur le F:.. Cette reconnaissance étant terminée, le premier
surv
:. dit :
T
:. S
:., les signes, mots, parole et attouchement
sont justes.
Le T
:. S
:. : TT
:. Ecl
:. FF
:.
1er et 2e surv
:., annoncez à tous vos RR
:. et PP
:.
FF
:. qu'ils aient à reconnaître, à l'avenir, le très
cher
frère N... pour Rose-Croix, Parfait maçon et membre du Chapitre
d... Les surv
:. répètent et le 1er surv
:.
informe le T
:. S
:. que c'est annoncé.
Le T
:. S
:. :
Applaudissons, mes frères.
On applaudit par sept, disant autant de fois OSÉE !
Le
néophyte demande à remercier et son remerciement
est couvert. Puis, le T
:. S
:. lui dit :
«
Mon frère, prenez place parmi nous et
prêtez votre attention au discours qu'à votre occasion, va vous
lire le frère orateur.
Frère Me des cérémonies,
veuillez
placer le frère à l'O:.
T
:. E
:. et parfait
frère orateur,
vous avez la parole.
Le T
:. S
:. fait applaudir au discours du
frère orateur. Il remercie. On couvre sa batterie.
Le T
:. S
:. fait circuler, par le Me des cérémonies et par le
frère hospitalier, le sac des propositions et le tronc de bienfaisance. Ces objets rendus sur l'
autel, le T
:. S
:. en opère le dépouillement à la manière accoutumée, en présence des FF
:. orateurs et secrétaires, appelés par lui.
Le T
:. S
:. : F
:. R
:.-C
:.
nouvellement admis, je vous invite à donner toute votre attention à
l'instruction qui va suivre.
Instruction
Demande. Etes-vous Rose-Croix ?
Réponse. J'ai ce bonheur.
D. Où avez-vous été
reçu ?
R. Dans un chapitre où règnent
l'
amour des sciences et la modestie.
D. Qui vous a reçu ?
R. Le plus modeste de tous.
D. Qu'entendez-vous par ces paroles ?
R. Que, dans nos réunions, on ne se distingue
que par les talents, et le plus instruit voit qu'il ne sait rien en comparant
ce qui lui reste à apprendre.
D. Comment avez-vous été reçu
?
R. Avec toutes les formalités requises pour
un si grand sujet.
D. Comment avez-vous été présenté
au Chapitre ?
R. Libre de tous mes sens et de ma propre volonté.
D. Que fites-vous en entrant ?
R. Mon
âme a été ravie à
l'aspect de ce que j'aperçus : le silence, l'attitude des
frères,
les
dispositions du temple, m'ont fait concevoir une grande idée de ce
que j'allais apprendre.
D. Qu'a-t-on fait de vous après votre
introduction ?
R. On m'a fait voyager.
D. Qu'avez-vous appris dans vos voyages ?
R. Les trois soutiens de notre édifices et
leurs noms que j'ai répétés et gravés toujours dans
mon cur.
D. Quels sont ces noms ?
R. Foi, Espérance,
Charité.
D. Qu'est-ce que la foi ?
R. C'est la croyance à l'existence d'une
chose démontrée ou reconnue par les sens, par l'intelligence ou
par la raison. Par le sentiment et le
jugement, l'homme fortifie sa croyance,
sa foi, parce qu'ils l'aident à discerner le juste de l'injuste, le vrai
du
faux, le bien du mal. Croire une chose qu'on ne comprend pas ou
parce
qu'elle absurde, comme a fait saint Augustin, c'est indigne d'un être
pensant, c'est renoncer à son
libre arbitre, c'est méconnaître
la légitimité des sens, c'est nier les vérités de
la science. Celui qui a la foi en lui a le pouvoir de vaincre le mal (
ses
mauvais penchants). Il pourra exécuter tout ce qu'il concevra, parce
qu'il ne désirera faire que ce qui est juste et utile au bien-être
de l'humanité. Celui qui croit aveuglément est un fanatique dangereux.
L'
ignorant,
enfant de la nuit, au lieu de savoir,
croit, au lieu de penser,
il imagine, et ses rêves enfantent l'
erreur, un des fléaux
de l'humanité.
D. Qu'est-ce que l'espérance ?
R. C'est une
disposition de l'
âme à
se persuader que ce qu'elle désire arriveera ; c'est l'attente d'un bien
qu'on désire, et qui paraît devoir arriver. la nature en a fait
un sentiment, la mythologie une divinité, et la
religion une vertu;
l'espérance
trompée accable et décourage (Voltaire).
D. Qu'est-ce que la charité ? (du
grec
charis, grâce, d'où le latin
charus, cher).
R. La CHARITÉ est l'
amour sacré de
l'humanité, c'est une sainte
philanthropie, la première des vertus
; elle ne fut jamais le monopole d'aucune secte, d'aucune
religion, parce qu'elle
est, dans le cur humain, un sentiment inné qui ne dépend
ni des temps ni des lieux.
Son but est le bonheur du genre humain.
Son rôle
est de consoler, de pacifier, d'unir les hommes, d'introduire la justice dans
leurs relations et dans leurs lois. Dans tous les temps, elle a animé
les hommes justes de tous les pays, les
âmes généreuses
et les philosophes. Si tous les peuples obéissaient à ses douces
impulsions, la
concorde et le bonheur règneraient sur la terre. Les
prêtres
ont affaibli le sens humanitaire de ce mot, en le rendant synonyme d'
aumône.
Jean-Jacques a dit avec plus de raison :
Ne faites pas seulement l'aumône,
mais aussi la charité. Elle est une des principales bases de la loi
maçonnique.
D. Qu'est-ce que l'aumône ?
R. C'est la prière par excellence.
D. Qu'est-ce que la loi maçonnique ?
R. C'est la loi principe, la première, la
plus ancienne et la base de toutes les lois.
D. N'est-elle pas connue sous un autre nom ?
R. Oui, on la nomme
Loi naturelle.
D. Pourquoi ?
R. Parce qu'elle est native, innée dans l'homme
non dépravé.
D. En quoi consiste-t-elle ?
R. Contemporaine des premiers hommes, elle fut une
réunion de sentiments et de préceptes qui forma le LIEN moral
de la famille et de la communauté sociale ; son souffle inspirateur enfanta
l'ordre primitif à une époque où l'homme, né bon,
pratiquait la justice, sans le mobile dégradant du châtiement et
des récompenses. Elle fut, pendant des siècles et pendant l'âge
patriarcal, la seule lumière de la société humaine, la
seule consécration des murs et des lois.
D. Mais est-elle donc une religion ?
R. NON. Elle est bien la
religion des sages et des
personnes vertueuyses, parce qu'elle est le flambeau moral et le guide de l'homme
qu'elle tend à rendre éclairé par l'
esprit, bon par le
cur, pur dans son
âme, juste dans ses actions et parfait dans ses
uvres.
D. Pourquoi ne la nommerait-on pas Religion
naturelle ?
R. D'abord, parce que n'ayant ni culte, ni mystères,
ni victime sacrifiée, elle n'est point une
religion, comme on l'entend
; ensuite, pour mieux
diviser les nations, on a, depuis si longtemps, abusé
de ce nom qui ne convient qu'à elle seule, comme étant la première
révélation divine, que cette dénomination ne lui convient
plus, n'exprimant pas toute la portée d'une loi qui LIE tous les peuples
dans une même lumière, dans un même sentiment, dans un même
précepte.
Faites à autrui ce que vous voudriez qu'on vous fît
; et rendez-vous aimables les uns aux autres, afin de vous aimer tous et de
vous entr'aider.
D. Que pensez-vous du polythéisme ?
R. La corruption des hommes, la
discorde, les guerres
entre les peuples étant survenues, une
religion se manifesta et s'établit
presque universellement : si l'on considère la loi naturelle comme ayant
été la première
religion, la seconde fut le
ploythéisme
ou la pluralité des
dieux. Cette
religion subversive, monstrueuse, fut
une révolte contre
Dieu. Dans cette étrange aberration, destructive
de toute morale, toutes les facultés de la nature furent divinisées
: les idées les plus perverses, les crimes sociaux, l'
immoralité,
l'adultère, la guerre même furent érigés en puissances
olympiques et reçurent les honneurs divins. Pendant ce long règne
d'
iniquité, l'homme, qui auparavant était le roi de la nature
et n'avait à rendre foi et
hommage qu'à
Dieu seul, perdit son
titre d'
homme libre et devint l'
esclave de l'erreur, du mensonge,
de sa propre corruption et, par une conséquence inévitable, l'
esclave de tyrans
religieux et politiques qui, pendant trente siècles, tinrent impitoyablement les nations sous une domination absolue aussi odieuse qu'avilissante.
D. Où se conserva le feu sacré
?
R. Dans les mystères de la Perse, de l'Egypte
et de la Grèce, ainsi que l'enseigne la Maçonnerie.
D. Que cherchiez-vous en voyageant dans le Chapitre
?
R. La parole perdue par le relâchement des
maçons.
D. L'avez-vous retrouvée ?
R. Notre persévérance nous l'a fait
recouvrer.
D. Donnez-la moi.
R. Il n'est permis à qui que ce soit de la
donner ; le T
:. S
:. l'a trouvée deux fois dans mes réponses
à ses questions.
D. Comment pourrais-je la connaître ?
R. En m'interrogeant sur mes études.
D. D'où avez-vous tiré plus de
connaissances ?
R. De l'Inde.
D. Qui vous a le mieux guidé ?
R. La Nature.
D. Qu'a-t-elle produit en vous ?
R. Ma Régénération.
D. Qu'avez-vous eu à combattre ?
R. Mon
Ignorance.
D. Auriez-vous remarqué dans les aphorismes
des anciens philosophes quelque vérité relative à ce grade
et à l'objet de nos recherches ?
R. Oui, cette vérité m'a, entre autres,
toujours frappé : par l'Ignition (le
feu), la Nature se Régénère
Intégralement.
D. Je connais cet aphorisme des anciens : I
gne
N
atura R
enovatur I
ntegra.
D. I ?
R. N.
D. R ?
R. I.
D. Qu'a-t-on fait après cette découverte
?
R. Tous les
frères, guidés par le
T
:. S
:., ont applaudi.
D. Pourquoi l'élément Feu se
rapporte-t-il à ce grade, symbole de la dernière saison, l'
hiver
?
R. Ces tableaux de la nature ont été,
dans nos grades, ingénieusement tracés par des sages qui n'ont
point oublié qu'ils devaient peindre, non ce qui paraît être,
mais ce qui est réellement : l'époque de l'année à
laquelle doit se rapporter l'élément TERRE est celle où
le sol se couvre partout de verdure et de
fleurs, c'est alors que les champs
vont rendre à l'homme les trésors qu'il leur a confiés.
La terre doit donc se rapporter au printemps. Dans l'été, le
ciel plus
pur semble briller d'un éclat plus vif, le
soleil lance ses rayons les
plus ardents qui semblent descendre en
langues de feu pour donner la
parole aux êtres vivants. L'
air, raréfié par la
chaleur,
acquiert une action plus active ; c'est à l'été que se
rapporte l'AIR. L'
automne, saison des
pluies, est caractérisé
par l'EAU, dont le Verseau est le
symbole.
Pour caractériser la dernière saison, écoutons
ce que dit le poète du quatrième élément :
« Ignis ubique latet, naturam amplectitur omnem ;
Cuncta parit, renovat, dividit, urit, alit. »
« Le feu se cache partout, il embrasse toute la nature ;
il produit, il renouvelle, il consume, il entretient tous les corps. »
Dans l'
hiver, où le calorique se concentre, où,
tandis que des frimas couvrent la surface du sol, la nature prépare,
dans l'intérieur, toutes les merveilles qui doivent, au printemps, charmer
nos yeux et nous enrichir en
automne ; c'est alors que le
feu central, le
feu
élémentaire, le
feu de la nature agit avec plus de
force et de
pouvoir ; c'est alors qu'il opère, quoique caché, ses plus étonnantes
merveilles :
ignis ubique latet ; c'est alors qu'il embrasse la nature,
qu'il la féconde, qu'il opère, dans l'univers entier, ce mouvement
qui nous ramène, par un ordre constant et éternel, le
soleil et
ses beaux
jours :
naturam amplectitur omnem ; c'est le
feu caché,
mais toujours agissant, qui produit tout, qui entretient tout :
cuncta parit,
cunctaque alit ; c'est ce
feu, l'
âme de la nature, dont il renouvelle
perpétuellement les formes, qui
divise les
éléments des
corps, ou qui réunit leurs molécules éparses :
cuncta
renovat, cunctaque dividit ; c'est cet élément enfin, qui
après avoir été le principe de la vie de tous les êtres,
devient, par suite de son activité, la cause toujours agissante de leur
destruction et de leur agrégation à d'autres mixtes :
cuncta
urit. Les anciens jugèrent cet élément tellement actif
qu'ils en firent d'abord le premier
agent de la nature, puis l'
emblème
de la Divinité, puis la Divinité elle-même.
Tels furent ces
éléments contre lesquels
les modernes ont tant disputé, mais par lesquels les aanciens expliquaient
toute la nature. Ces sages avaient trouvé un rapport singulier entre
ces
éléments et les organes qui, en nous, sont destinés
à concevoir les impressions ; ils l'établissaient ainsi :
Le
feu est le plus léger des
éléments,
il occupe la partie supérieure de l'éther et se manifeste particulièrement
à nous par la lumière ; or, l'il, destiné à
en recevoir les impressions, est placé dans la partie supérieure
de la face, au-dessus de tous les autres organes.
Au-dessous de l'il, sont placées, de chaque
côté, les oreilles destinées à percevoir les sons
dont le véhicule est l'
air ; or, l'
air est placé au-dessous du
feu et au-dessus des
éléments plus grossiers.
Les houppes nerveuses du nez sont disposées pour
percevoir les odeurs ; or, les parfums sont des émanations aqueuses,
aériformes qui pénètrent ces organes, et l'
eau est au-dessous
de l'
air.
Enfin, la terre occupe la plus basse région, comme
le plus lourd et le plus matériel des
éléments, et la bouche
ou l'organe du
goût, destiné à savourer les
corps, est au
bas de la face.
Ces principes ne sont pas la physique moderne, mais ils
n'ont l'intérêt que leur donne l'antiquité.
D. Donnez-nous votre opinion sur la parole.
R. L'homme est, après
Dieu, la première
puissance de la terre, le représentant, l'ouvrier du G
:. A
:.
; il est son imitateur et, par la
parole, le créateur du monde
social.
Composé d'
esprit et de matière, l'homme est l'abrégé
de l'univers. C'est par les yeux que l'homme voit ; ayant acquis la science
par les yeux du
corps et de l'
esprit, il la transmet au moyen de la
parole,
écrite ou parlée, et peint ainsi, dans l'entendement d'autrui,
ses idées et les choses. Les
animaux n'ont que des cris qu'ils modifient
dans le danger et pour se convier à l'
amour ; ils ont une voix plaintive
pour la souffrance et terrible pour la colère. L'homme, seul, a une parole
intelligente, des appels articulés, son langage est raisonné,
il converse avec ses semblables et donne un nom à chaque chose. La faculté
dont l'homme est doué de percevoir l'idée des choses et de l'exprimer
par des sons compréhensibles, constitue pour lui le privilège
du
verbe, de la
parole. Le gosier de l'homme, qui la produit,
cet organe improvisateur est l'instrument où raisonne cette intelligente
harmonie des sons. Heureux, quand ils n'expriment que la vérité
! Le Verbe de la civilisation primitive était un parallélisme
des rapports physiques et des relations morales, établis sur les mêmes
radicaux. C'est ainsi que le même radical exprimait la
nourriture
et l'
entendement : la science de la vérité n'est-elle pas
la nourriture de l'
âme ?
D. Quelle est la parole maçonnique
ou le verbe ?
R. La Parole maçonnique est le verbe civilisateur
du genre humain ; lien de la sociabilité humaine, elle fait participer
l'universalité des hommes à la lumière vivifiante de la
vérité, en les menant à la certitude par l'évidence.
Lyre céleste, elle exprime les harmonies de la création, l'
essence
des êtres, leur nature et leurs rapports,
Zoroastre l'appelait la
lumière
et la
loi, c'est-à-dire, pour nous, la
vérité
et la
justice.
La parole maçonnique est le verbe de la raison parlant
à nos sens ; c'est la sagesse opposée aux intérêts
matériels ; c'est Ormusd (la
lumière) disant à
Zoroastre
:
je suis la parole
qui détruit les maux en combattant
Ahrimane,
le père du mensonge et de l'ignorance [Note
de l'auteur : Cette réponse est plus explicite que celle de Jéhova
à son interlocuteur : ego sum qui sum. Ce qui voulait dire : Tu
ne le sauras pas.]. » Ainsi que
Jésus, le Verbe,
est l'
Agneau (
soleil nouveau) qui efface les péchés du
monde (
hivernal).
La PAROLE était l'
épouse de
Brahma, le Créateur
(fils de brahmâ) ; elle lui suffit pour créer le monde.
D. Donnez-moi le mot de passe.
R. EMMANUEL (
Deus nobiscum).
Dieu est avec
nous. (
Saint Mathieu, ch. 1, 8, 2).
D. Quelle est la réponse ?
R. PAX VOBIS ou
paix profonde.
D. D'où vient le mot de pax,
étranger
aux anciens dialectes de l'Occident ?
R. Il vient du
sanctuaire des mystères, aussi
a-t-il vainement occupé beaucoup de savants.
Après la célébration des mystères
d'
Eleusis, on levait la séance par ces trois mots :
konx, om, pax
[Note de l'auteur : Cette formule sanscrite est imitée
des Brahmes qui disaient : Konska om pakscha. Konska signifie : le
sujet de nos vux. Pakscha veut dire : Changement, devoir, travail
préiodique, vicissitude de la fortune.
Mussius a prétendu qu'aux mystères de cérès,
l'assemblée était congédiée par les mots : Konx
om pax. Hésichius, qui nous les a transmis, dit seulement que c'était
une acclamation aux initiés, sans faire connaître à quel
moment de la cérémonie, on les prononçait. Leclerc a dit
qu'ils signifiaient : Veillez, et ne faites pas de mal ; d'autres : Veillez,
soyez purs. (G. Dumast.)]. Le mot
Konx n'a jamais franchi
le seuil de nos temples ;
Om est ce fameux mot que les indiens emploient
au commencement et à la fin de leurs cérémonies.
La destiné du mot
pax est plus singulière
: en usage seulement dans le
sanctuaire des mystères, étranger
à la langue grecque, comme à celle des Romains, ce mot a pénétré
dans la vie habituelle des peuples de l'antiquité. Mais, occupant, dans
la formule, la dernière place,
pax reçut une autre signification,
probablement celle de
fin, liée à la signification de
silence.
Tout se réunissait d'ailleurs pour attacher à cette exclamation
une idée de
discrétion et de
mystère. Ce
fut sous ces acceptions que ce mot s'établit et circula dans nos dialectes
modernes, car
pax, dans ce sens, est, sans nul doute, l'origine du mot
paix ! employé souvent au lieu de
silence ! [Note de l'auteur
: PAIX. L'antiquité avait fait de la paix une divinité,
fille de Jupiter et de la Justice ; elle avait des autels dans la Grèce
et un temple à Rome.
Chez les Phéniciens , le nom que portait la paix
(Salam) est le même que le peuple donnait à la justice.
Chez les Hébreux, le nom du sage Salomon
est aussi le même que ceux de justice et de paix.
L'Evangile a fait de la paix la base du bonheur de l'homme
sur la terre.
Jésus abordait ses disciples par ces mots : La
paix soit avec vous !
Un président de Loge clôt les travaux par
ceux-ci : Retirons-nous en paix, ou mieux : sortons en paix, pour
nous conformer à l'esprit de la philosophie des nombres, observé
dans les formules des mystères.]
Clôture du Chapitre
Le T
:. S
:. frappe les sept coups mystérieux
que répètent les surv
:., tous les FF
:. sont debout
et à l'ordre.
D. T
:. Ec
:. et P
:. F
:.
1er surv
:.,
quelle heure est-il ?
R. T
:. S
:., le
soleil quitte
notre
horizon et nous annonce qu'il est temps de quitter le travail et que l'heure
du repos est arrivée.
D. Puisqu'il en est ainsi, TT
:.
EE
:. et PP
:. FF
:. surv
:.,
annoncez sur vos col:.
que je vais fermer le chap:. de R:. C:.
Chaque surv
:. fait cette annonce aux FF
:.
de sa col
:. et le 1er surv
:. informe le T
:. S
:.
que l'annonce est portée sur les col
:.
Le T
:. S
:. : « TT
:. PR
:.
et PP
:. FF
:. Rose-Croix,
les travaux du chap:. de R:. C:. d...
sont fermés ; faisons notre devoir :
Tous les FF
:., guidés par le T
:. S
:.,
font le signe et applaudissent par sept, en disant autant de fois
Osée
!
Les FF
:. attendent, en silence, qu'ion vienne les
avertir pour la cérémonie de la
Cène ou du banquet.
Cène du banquet mystique
On terminait toutes les
mystagogies antiques, en fracturant,
tous, le même pain et en dégustant le vin à la coupe commune,
pour rappeler, entre eux, la communauté des biens, et que les
initiés
n'ont rien en propre. On doit donc faire la
Cène après
chaque tenue du R
:. C
:. dont elle est la clôture. Le pain
et le vin y sont consacrés. Cette nourriture
mystique, qui doit alimenter
l'
âme et le
corps, était un
emblème d'immortalité.
On
lit, dans une prière chrétienne : « Seigneur,
nourrissez-moi
du pain des anges, laissez-moi
boire à la source de la vie
; c'est dans ce sens que les Romains disaient d'un empereur qu'on supposait
divinisé, qu'
il buvait dans la coupe des immortels.
Le ROSEAU de sept pieds que portent les R
:. + était
un
emblème de la
royauté de l'
esprit et de l'intelligence ; il
rappelle le rameau de toute
initiation et le sceptre léger des anciens
patriarches ou conducteurs des peuples. Ce signe du commandement,
symbole de
la vigilance et du droit de l'exercer, signifie que la vie est un
pèlerinage
et que la faiblesse de ce soutien ne suffit pas pour la parcourir dignement,
si l'on ne s'appuie sur l'
amour de l'humanité. Sa flexibilité
exprime la fragilité humaine ; mais, comme plante vivace et pullulante,
elle symbolise ici la reproduction perpétuelle de la nature. On termine
cette
agape fraternelle par le baiser de paix.
Banquet
La table et les sutensiles ont les mêmes noms que
dans les 1ers grades, à l'exception des verres qu'on appelle
coupes
;
boire, c'est vider une coupe. L'exercice, pour les santés, est
le même que ci-dessus.