Dictionnaire M. Bescherelle
Substantif féminin [Du latin immolare, formé de la préposition in, sur, et de mola, gâteau qu'on mettait sur la tête des victimes avant de les égorger]
Offrir un sacrifice.
Immoler une victime.
Immoler des taureaux, des
agneaux.
Une aveugle frayeur poussait les pères à
immoler leurs
enfants, et à les
brûler à leurs yeux, au lieu d'encens. (Bossuet)
Immoler :
Se dit aussi du sacrifice sanglant de Jésus-Christ sur le
Calvaire pour la
rédemption des hommes, du sacrifice non-sanglant sur nos autels.
Sur cet
autel où Jésus-Christ s'est tant de fois
immolé pour nous.
Immoler quelqu'un à sa vengeance, à sa fureur, etc. : Figuré
Le tuer par vengeance dans un moment de fureur. Le sacrifier, le perdre pour satisfaire sa passion.
Le tyran
immolait les plus innocents à sa vengeance et à ses soupçons. (
Bizot)
De quel front, immolant tout l'Etat à ma fille,
Roi sans gloire, j'irais vieillir dans ma famille.
(Racine)
Immoler :
En
poésie et dans le style soutenu, Massacrer.
Courons au Capitole,
C'est là qu'il nous opprime, et qu'il faut qu'on l'immole.
(Voltaire)
Ou, si je ne vous puis dérober à leurs coups,
Ma fille, ils pourront bien m'immoler avant vous.
(Racine)
Immoler :
Sacrifier.
Madame, pour sauver notre honneur combattu,
Il faut immoler tout, et même la vertu.
(Racine)
Immoler : Familier
Livrer quelqu'un à la plaisanterie, à la critique, au ridicule.
Ils l'ont
immolé par mille
épigrammes.
S'immoler : Verbe pronominal
Sacrifier sa vie, son bonheur, sa fortune pour quelqu'un, pour quelque chose.
Il s'
immola pour le salut de sa patrie, pour la cause publique. Les partis s'
immolaient avec fureur sur les autels de la
religion et de la
liberté.
Du prix de cet effort je serai plus jaloux,
Je me suis immolé pour elle et non pour vous.
L'appui de Frédéric ne sera point frivole,
Vous oserez me perdre, ou je tiendrai parole.
(Piron)
Immoler :
Il y a dans les variantes de Racine :
Un sang digne des rois dont il est découlé
Pour l'Etat et pour nous s'est lui-même immolé.
Mais on ne saurait dire en français qu'un
sang s'immole. Le poète, pour sauver l'impropriété de cette
métaphore, a mis au second vers
un héros. Cette manière est préférable, quoiqu'elle ne soit pas suffisante.
Je m'immole : Figuré et en plaisantant
Je surmontre ma répugnance, je fais ce qu'on veut, et que je ne voulais pas faire. On dit aussi, dans un autre sens,
il s'est immolé de bonne grâce. Il s'est laissé railler ; il s'est prêté à la plaisanterie.
M. Bescherelle, aîné, Dictionnaire national ou Dictionnaire universel de la langue française - Volume II (G-Z) (1856), p. 202.