Benoît VIII, nommé Jean,
évêque de Porto, fils de Grégoire, né, suivant Platina, à Tusculum, succéda à Sergius IV ; il fut élu pape au mois de
juillet 1012, en concurrence d'un autre Grégoire, dont la
faction eut le
dessous. Mais elle se relava bientôt, et Benoît, chassé de Rome, fut obligé de venir en Saxe implorer le secours de Henri, roi d'Italie, depuis Empereur et mis au nombre des saints. L'année suivante, le monarque passa en Italie, où il reçut, le
jour de
Noël 1015, la
couronne impériale des mains de
Benoît VIII, qu'il avait rétabli dans sa dignité. Henri promit au pape d'être le protecteur et le défenseur de l'
Eglise, et fidèle en tout à lui et à ses successeurs. Quelques écrivains disent qu'il ajouta cependant la réserve de ses droits sur la souveraineté de Rome. Il fit du moins cette réserve dans une circonstance ultérieure, c'est-à-dire lorsqu'il renouvela au pape la donation de Pépin, de
Charlemagne et d'Othon Ier.
En 1016, les Sarrasins ayant fait une irruption en Toscane,
s'emparèrent de la ville de
Lune ou Luni, chassèrent l'
évêque
et se rendirent maîtres du pays.
Benoît VIII assembla aussitôt
les
évêques et les défenseurs des
églises, et leur ordonna de marcher avec lui contre les
ennemis. En même temps, il envoya une multitude de barques pour leur
couper la retraite. Le succès répondit aux efforts de Benoît. Les Sarrasins furent taillés en pièces ; leur roi se sauva avec peine, la reine fut prise et eut la tête coupée. Le pape partagea ses riches dépouilles avec l'Empereur. Le monarque sarrasin, irrité, envoya au pape un sac rempli de châtaignes, en lui signifiant que l'année suivante il reviendrait avec autant de soldats. Benoît répondit à ce défi par une
allégorie du même genre, en envoyant au Sarrasin un petit sac plein de grains de millet. La même année, l'Italie eut une autre guerre à soutenir contre les Grecs qui avaient sujugué une partie de la province de
Bénévent. Un seigneur normand, nommé Raoul, vint à Rome offrir le secours de son bras et de ses
compagnons pour en chasser les
ennemis. Benoît accepta cet appui, et le succès répondit aux espérances. C'est à cette époque qu'il faut rapporter les commencements de la gloire qui devait accompagner le nom des Normands dans cette partie de l'Italie. En 1020, le pape retourna encore en Allemagne, pour presser l'envoi de nouveaux secours contre les Grecs qui menaçaient Rome même. Henri y vint en personne avec son armée, et, appuyé par de nouveaux renforts de Normands, il obtint des victoires complètes. Le pape avait tenu précédemment un
concile à
Pavie, pour la réforme des murs des ecclésiastiques, à qui le
mariage même fut défendu, suivant les décrétales de
saint Sirice et de
saint Léon.
Le 10
juillet 1024,
Benoît VIII mourut, au bout de 12 ans de
pontificat. Il ne paraît pas qu'il ait laissé d'ouvrages. Les
historiens n'ont point fait son éloge ; mais, d'après les traits de sa vie, on peut juger qu'il eut des qualités et des vertus, et que sa mémoire est digne de quelque estime, comme politique, comme guerrier et comme ministre de la
religion.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 3 - Page 648)