Biographie universelle ancienne et moderne Urbain V, élu pape à
Avignon vers la fin d'
octobre 1362, succédait à
Innocent VI. Il s'appelait
Guillaume Grimaud ou Grimoard, fils d'un chevalier de ce nom, seigneur de Grisac en Gévaudan au
diocèse de
Mende. Après avoir étudié avec succès le
droit civil et
canonique, qu'il enseigna lui-même ensuite tant à
qu'à
Avignon, il avait été pourvu de l'
abbaye de St-Germain d'
Auxerre, puis de
celle de St-Victor de
, qu'il possédait lorsqu'il fut élu. Les
cardinaux ne nommèrent point l'un d'entre eux, parce qu'ils furent longtemps à s'accorder, et préférèrent choisir un
étranger.
Urbain V donna un
évêque à l'
Eglise d'
Avignon,
qui n'en avait pas eu sous les deux derniers papes,
Clément VI et Innocent
VI. Ils en touchaient les revenus et les faisaient
administrer par des grands
vicaires. Urbain y nomma son
frère, qui était
chanoine régulier de St-Pierre de
Die. Le roi de France, Jean, vint visiter le pape à
Avignon, et y attendre le roi de Chypre, Pierre de
Lusignan, que ses exploits contre les infidèles avaient rendu fameux. Ces deux princes projetèrent une nouvelle
croisade, à laquelle Urbain donna son consentement et qu'il favorisa de tous ses vux ; mais elle n'eut point lieu (Voyez
Talleyrand).
Les Romains sollicitaient vivement Urbain de revenir à Rome pour faire cesser les maux causés en Italie par la longue absence des papes. L'empereur Charles IV l'en pressait également. Le roi Jean tâchait au contraire de le retenir à
Avignon. Urbain crut que son devoir le rappelait à Rome ; et en conséquence il partit de
le 19 mars 1367, avec une flotte de 23
galères, et d'autres bâtiments que la reine de Naples et les Vénitiens lui avaient fournis. Il arriva à Rome le 16
octobre et y fut reçu avec les plus grandes démonstrations de joie. Après avoir été installé dans la chaire
pontificale, il passa au
Vatican, qu'il fit rétablir avec magnificence. Il n'en déploya pas moins dans le nouveau
reliquaire qu'il fit exécuter pour enchâsser les chefs des deux saints apôtres Pierre et Paul : saint Pierre y est représenté en pape avec une tiare chargée de trois
couronnes. Ce monument, très riche pour la matière, mais d'un mauvais
goût d'ornement, fut déposé à St-Jean de
Latran sur un grand tabernacle soutenu de quatre colonnes de marbre, au-dessus du grand
autel.
L'empereur Charles IV vint en Italie en 1368, à la
prière du pape, avec une nombreuse armée pour soumettre les usurpateurs des terres de l'
Eglise. Mais auparavant il avait confirmé par une
bulle d'or tous les privilèges et donations accordés aux papes par les empereurs. Le dénombrement des domaines et des droits de l'
Eglise de Rome y était fait avec exactitude, parce que la longue absence des papes et des empereurs y avait apporté une grande confusion et avait donné lieu à plusieurs usurpations. L'Empereur trouva le pape à
Viterbe, et alla l'attendre à son tour à un mille de Rome, Urbain fit son entrée à
cheval ; l'Empereur et le comte de Savoie marchaient à pied et tenaient la bride, chacun de son côté. L'
Impératrice s'y rendit quelques
jours après et le pape la couronna le
jour de la
Toussaint, à la messe. L'empereur y remplissait les fonctions de diacre, mais il ne
lut point l'
Evangile, ce qu'il ne pouvait faire que le
jour de
Noël. L'empereur d'Orient, Jean
Paléologue, vint aussi visiter Urbain à Rome pour demander des secours aux princes d'Occident contre les Turcs. Il fut très bien accueilli du pape ; mais il ne retira point d'autre
fruit de sa démarche.
En 1370, Urbain déclara le dessein où il était
de retoumer à
Avignon pour rétablir la paix entre la France et l'Angleterre. Il écrivit aux Romains pour les rassurer sur son absence. Sainte Brigitte de Suède fit de vains efforts pour le retenir, l'assurant qu'il mourrait
bientôt s'il retournait à
Avignon. Urbain partit le 26 août et arriva le 24 septembre. On le reçut avec une grande joie. Mais, peu de temps après, il tomba dangereusement malade et mourut le 19 décembre, après un
pontificat de huit ans et deux mois.
Urbain V exerça son zèle contre les clercs
déréglés, simoniaques et contre les usuriers. Il réforma,
autant qu'il put, la pluralité des bénéfices. Pendant son
pontificat, il entretint cent étudiants en différentes universités ; il fonda à
un
collège pour douze élèves en médecine et donna, en plusieurs occasions, des marques de sa tendre affection pour les pauvres. Il fit bâtir plusieurs
églises et fonda plusieurs chapitres de
chanoines. Le palais d'
Avignon fut construit par ses soins. On a remarqué qu'il avait un
goût singulier pour les bâtiments. Il aimait à expédier les affaires et à réprimer la chicane des avocats et des procureurs. Il ne se laissa point dominer par l'affection naturelle pour ses parents. On a de lui quelques lettres peu importantes.
Urbain V eut pour successeur Grégoire X.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 42 - Pages 364-365)
Dictionnaire universel d'histoire et de géographie de Bouillet Urbain V,
Guillaume Grimoard, d'une famille noble du Gévaudan, fut élu en 1362, à la mort d'
Innocent VI, et fut le 6ème pape d'
Avignon. Quoique français, il voulut, en dépit de la France, retourner en Italie, où son retour avait été préparé par Albornoz ; il séjourna à Rome de 1367 à 1370, et parvint même à décider l'empereur Charles VI à se rendre en Italie pour y soumettre les usurpateurs des
fiefs ecclésiastiques. Mais
ce prince étant venu avec des
forces insuffisantes,
Urbain V se vit obligé
de reprendre la route d'
Avignon (1370). Il mourut dans cette ville, la même
année, en odeur de sainteté.
Sa
charité, sa justice, sa sévérité
à l'égard de la simonie et des mauvaises murs n'étaient pas moindres que son désir d'affranchir la papauté de la tutelle étrangère et de lui rendre ses domaines d'Italie. Il fit aussi tous ses efforts pour faire cesser le schisme d'Orient. Théodore Roussel a publié en 1840 à
Paris des
Recherches sur la vie et le pontificat d'Urbain V.
Marie-Nicolas Bouillet, Dictionnaire universel d'histoire et de géographie, 20ème édition (1866), pp. 1925-1926.