Biographie universelle ancienne et moderne Diogène, surnommé
Laërce, parce qu'il était de la ville de
Laërce, en
Cilicie, vivait, à ce qu'on croit, sous les empereurs Septime-Sévère et Caracalla. Sa vie nous est absolument inconnue. On croit cependant qu'il était attaché à la secte d'Epicure. Il nous reste de lui un ouvrage en 10 livres, contenant la vie, les dogmes et
les dits mémorables des anciens philosophes. Il aurait fallu beaucoup de
jugement pour bien exécuter une entreprise pareille. Les anciens écrivains de l'
histoire philosophique appartenaient tous à des sectes, et par
esprit de parti, ils avaient fréquemment adopté sans examen ou même inventé des contes injurieux aux autres sectes.
Diogène Laërce n'avait pas assez de critique pour démêler le vrai du
faux, il a donc tout rassemblé, et souvent il rapporte les traditions les plus contradictoires. Il le fait même avec assez peu de méthode. Il ne manque jamais de rapporter les
épigrammes qu'il avait faites sur les différents philosophes,
épigrammes qui sont encore plus mauvaises que sa prose. Cependant, malgré ses défauts, cet ouvrage est de la plus grande utilité, par le grand nombre de faits et de dogmes qu'il nous a conservés.
La première édition grecque fut donnée à
Bâle, chez Froben, 1533, in-4°. On estime beaucoup celle de Meibomius, avec les notes de Ménage et de plusieurs autres savants, Amsterdam, 1692, in-4°, 2 vol. ; mais il s'en faut qu'elle réponde à sa réputation. Le texte a souvent été altéré par des conjectures adoptées mal à propos, et les observations de Ménage, qui remplissent presque tout le 2ème volume, ne sont autre chose qu'une vaste compilation, qui a bien son utilité, mais dans laquelle on trouve rarement l'explication des passages difficiles. Le texte de cette édition, avec la traduction latine, a été réimprímé à Hof (
Curiæ Regnitíanæ), 1739, 2 vol. in-8° ; et Leipsick, 1759, même format. La traduction latine d'Ambroise le
Camaldule a souvent été réimprimée seule, dans le
XVème siècle et au commencement du XVIème ; mais on doit distinguer de ces réimpressions, l'édition qui en fut donnée par J. Sambucus, à
Anvers, chez Plantin, 1366, in-8°, avec un grand nombre de corrections sur le texte grec, qui paraissent avoir été inconnues à ceux qui ont donné les éditions suivantes. Le 10ème livre, contenant la vie et les dogmes d'Epicure, a été publié à part avec un commentaire philosophique très étendu, par le célèbre Gassendi,
Lyon, 1649, in-fol., et avec des notes critiques et des variantes, par Nurnberger, Nuremberg, 1808, in-8°. Schneider en a extrait les deux lettres d'Epicure qui contiennent l'abrégé
de sa doctrine. Il y a joint des notes critiques et les a fait réimprimer à Leipsick, 1813, in-8° ; nous citerons encore l'édition, avec traduction latine, donnée par H.-G. Huebner, Leipsick, 1828-1831, 2 vol. in-8°.
Diogène Laërce a été traduit en
français par de
Fougerolles,
Lyon, 1601, in-8° ; par
Gilles Boileau,
Paris, 1668, 2 vol.
in-12 ; avec les vies de
Diogène Laërce, d'Epictète et de Confucius, par un anonyme qui est Chaufepied selon les uns, et Scheider selon Barbier (
Table du dictionnaire des anonymes),
Paris, 1758, 3 vol.
in-12 ; Amsterdam, 1761, édition qui, selon quelques bibliographes, est la même que la précédente, avec de nouveaux titres ; enfin,
Paris, 1796, 2 vol. in-8°. Une traduction plus récente est celle de M. Zevort,
Paris, Lefèvre, 1840, grand in-18. On trouve beaucoup de passages de
Diogène Laërce, éclaircis et corrigés dans
Ignatii Rosis commentationes Laertianæ, Rome, 1788, in-8°.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 11 - Pages 83-84)
Dictionnaire universel d'histoire et de géographie de Bouillet Marie-Nicolas Bouillet, Dictionnaire universel d'histoire et de géographie, 20ème édition (1866), p. .