Saint Benoît XI fut élu pape le 27
octobre 1303, après la mort de
Boniface VIII. Il était fils d'un notaire ou greffier de
Trévise, nommé
Boccasio Boccasini ; selon d'autres, son père était un pauvre berger. Il fut élevé à
Venise, où, très jeune encore, il gagnait sa vie à instruire des
enfants. Il se retita ensuite chez les
frères prêcheurs, où il se distingua tellement par sa science et sa vertu, qu'il passa rapidement par toutes les charges, et fut sous-prieur, prieur, provincial, et enfin, neuvième général de l'ordre. Ce fut
Boniface VIII qui le fit
cardinal. Il était connu sous de nom de Nicolas de
Trévise ; il était en outre
évêque d'Ostie au moment de son
exaltation. Elle se fit en peu de moments, et d'une voix unanime. Pendant la durée de son
pontificat, qui ne fut que de 8 mois,
Benoît XI répara quelques-uns des maux que l'on reprochait à la mémoire de son prédécesseur. Il reçut les envoyés de
Philippe le Bel, qu'il releva des censures lancées par
Boniface VIII. Il est à remarquer cependant que le roi des
Francs n'avait pas demandé cette
absolution, mais avait permis simplement à ses envoyés de la recevoir en son nom. Philippe faisait la demande d'un
concile, qui fut éludée, les avis s'étant trouvés partagés dans le sacré
collège.
Benoît XI, parmi toutes les
excommunications prononcées par
Boniface VIII, n'en laissa subsister que trois, entre autres celles de Guillaume de
Nogaret et de Sciarra
Colonne. Les autres membres de cette dernière famille furent rétablis dans leurs biens et dans leurs dignités. Benoît envoya à Florence le
cardinal de Prato, pour tâcher de réconcilier les deux
factions ennemies des Guelfes et des Gibelins. Cette négociation infructueuse fut encore troublée par un événement sinistre, la chute du pont sur l'Arno, qui était chargé d'une multitude de spectateurs. Benoît, porté par reconnaissance en faveur des
frères prêcheurs, les autorisa, sous certaines restrictions, à exercer la
prédication et la confession sans avoir recours à leur
évêque. Il fit trois
cardinaux, et tous furent pris dans cet ordre. Il mourut à
Pérouse, le 06
juillet 1304, âgé de 63 ans. On fit courir le bruit qu'il avait été empoisonné dans des figues qu'un jeune garçon habillé en fille lui avait apportées, et dont
il mangea beaucoup. On ne connaît aucun fondement raisonnable à un tel soupçon.
Benoît XI n'était pas sans mérite. La courte
histoire de sa vie prouve qu'il avait de la douceur dans le caractère, de la reconnaissance dans le cur, et que sa politique était fondée sur l'
amour de la paix. On a de lui des sermons, des commentaires sur l'Ecriture sainte, et une lettre circulaire qu'il écrivit aux
frères prêcheurs lorsqu'il fut élu général de l'ordre. Cette lettre se trouve dans le tome 4 du
Thesaurus novus ancedolorum, de D. Martène.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 3 - Pages 469-470)