Merlin ou plutôt
Merddin dit
le Calédonien,
poète gallois, fils de Morvryn, qui vivait à la cour de Rhydderch
Hael en l'an 570 et dont la
légende s'est emparée pour en faire
une sorte de prophète, un enchanteur. Ce
Merlin mythologique surnommé
Emrys ou
Ambrosius, distingué quelquefois du fils de Morvryn,
a fini par constituer dans les romans de la
Table Ronde un personnage tout à
fait à part. On conserve en langue
welche ou galloise divers poèmes
et pièces de vers qui ont été publiées dans le
Myvyrian
et attribuées à
Merlin, quoiqu'elles soient d'une date fort postérieure au
XIIème siècle. L'un des plus célèbres a pour titre :
Les pommiers (
Avallenau).
Ce qui nous est rapporté de
Merlin a surtout trait au personnage
légendaire, célébré tant dans le Pays de Galles que dans la
Bretagne.
Une ballade
armoricaine antérieure au
XIIème siècle chante
ce barde, qui est associé à une devineresse dont les contes populaires
ont fait une
fée, Viviane.
Suivant la tradition
mythique,
Merlin reçut le
jour
en Cambrie d'une nonne et d'un
esprit de l'
air ou démon ; Wortigern, le
roi du pays, voulut le faire prendre et l'
immoler ; mais le barde, encore
enfant,
confondit par sa science les devins qui avaient persuadé le roi de le faire
mourir. Bientôt ses enchantements le rendirent célèbre dans
tout Albion. Il devint le
compagnon et le conseil d'Arthur qui délivra
les
Bretons de la
tyrannie de Wortigern. Séduit par la beauté de
Viviane,
Merlin se retira dans les
bois et y vécut en sauvage retenu par
un charme de l'enchanteresse.
Les triades galloises distinguent deux
Merlin, l'un qui fut
protégé par le chef cambrien Emrys et l'autre
Merlin, le sauvage.
Mais ces deux
Merlin ne sont que des transformations d'un même personnage.
Nennius, qui écrivait au IXème siècle, donne, sur la foi
de Gildas, un consul romain pour père à
Merlin.
Godefroy de Monmouth
écrivit sa vie et recueillit ses prétendues prophéties, qui
valurent, dans le moyen âge, au chef des bardes gallois le titre de prophète
; on alla jusqu'à en faire un saint. Thomas Stephens regarde comme ne faisant
avec lui qu'un seul et même personnage un barde désigné par
le nom de
Merddin Wyllt.
Les
Prophéties
attribuées à
Merlin ont été traduites dans les langues
de l'
Europe les plus répandues ; les curieux en recherchent principalement
les éditions suivantes : traduction française attribuée par
Barbier à Robert de Borron (Voyez le
Dictionnaire
des anonymes, 9794-11026),
Paris, Ant. Verard, 1498, 3 vol. petit
in-fol
goth.
Rouen, in-4°, sans date, caract.
goth. à 2 colonnes.
Paris (Phil. Lenoir), 1528, 3 vol. in-4° Ibid., veuve Jeahan
Trepperel, sans date, 3 part., in-4°. Traduction italienne,
Venise,
1480, in-fol., Florence, 1495, in-4° ; réimprimée plusieurs
fois à
Venise dans le
XVIème siècle, format in-4°.
Traduction espagnole, Burgos, 1498, in-fol.,
goth., très rare. T. Heywood
a donné en anglais la
Vie de Merlin, surnommé
Ambrosius, avec une traduction de ses prophéties, Londres,
1641, in-4°. Depuis, MM. Fr. Michel et Th. Wright ont donné une excellente
édition de la
Vie de Merlin de Geoffroy de Monmouth (
Paris, 1838, in-8°), suivie de pièces inédites tirées des manuscrits. On trouve aussi la description de la caverne de
Merlin, avec sa vie et ses prédictions, à la suite des
Raretés de Richmond, t. 4, Londres, 1736 (en anglais). Le roman de
Merlin qui date de l'an 1150 a été arrangé en français par Boulard,
Paris, 1797, 3 vol.
in-12. et publié depuis complètement. On devra consulter encore Freytag,
Programma de Merlino Britannico, Nuremberg, 1737, in-fol. Th. Stephens,
The Literature of the Kymry (Llandovery, 1849, in-8°). Hersart de la Villemarqué,
Les romans de la Table ronde, 3ème édition,
Paris, 1860,
in-12.
(Biographie
universelle ancienne et moderne - Tome 28 - Page 46)