Biographie universelle ancienne et moderne Guido Fulcodi, ou
Gui Foulquois, Foulques, ou Fouquet, pape sous le nom de
Clément IV, né à St-Gilles en
Provence, de parents nobles, au commencement du
XVème siècle, fut successivement militaire, jurisconsulte, secrétaire de
Louis IX, marié, père de famille, veuf,
prêtre,
chanoine,
archidiacre,
évêque,
cardinal et pape. Il dut son avancement à la protection et à l'amitié de
saint Louis qu'il avait servi avec
beaucoup de zèle dans un grand nombre de commissions importantes. On a dit qu'il voulut dissuader ce monarque de sa seconde
croisade ; mais cette assertion paraît démentie par la lettre que Clément lui écrivit en1266, à l'occasion de la construction de la ville et du port d'
Aigues-Mortes, de ce port qui devait, dit-il, favoriser les embarcations pour la terre sainte. Alarmé des progrès de Bondocdar, sultan d'Egypte, qui menaçait
St-Jean d'Acre, il engageait le roi de France à une seconde expédition, mais il n'approuva pas d'abord le projet que ce prince forma d'y aller en personne.
Son attachement pour la France et sa reconnaissance pour son ancien maître ne l'empêchèrent pas de se montrer, contre ce prince même, un inflexible défenseur des droits du
saint-siège ; mais ces démêlés, qui furent terminés par la Pragmatique Sanction, ne lui firent pas oublier les bontés du roi, et il ne cessa jamais de témoigner une haute estime pour les vertus de ce prince.
Foulques reçut du pape le chapeau de
cardinal en 1261, fut nommé
évêque de
Sabine, puis envoyé comme
légat en Angleterre
(1). Dans cette circonstance, il se montra digne d'exercer l'autorité
pontificale.
Chargé de défendre
les droits de Henry III contre Leicester, les
évêques et les
barons, il lança l'
excommunication et l'interdit contre ceux qui avaient méprisé sa médiation, et contre les villes maritimes qui s'étaient opposées à son débarquement ; mais, pour cette fois, les foudres de l'
Eglise furent impuissantes, et la guerre civile et l'
anarchie continuèrent à déchirer l'Angleterre. Foulques n'en reçut pas moins le prix de sa conduite énergique : il fut choisi pendant son absence pour succéder à
Urbain IV. L'élection se fit à
Pérouse, le 05
février 1265. On assure qu'il refusa longtemps la tiare, et qu'il se jeta même aux pieds des
cardinaux pour les engager à rouvrir le conclave. Il se hâta de se rendre en Italie, à travers mille dangers, aussitôt qu'il eut appris son
exaltation ; Mainfroi ou Manfred,
ennemi déclaré de la cour de Rome, faisait garder tous les passages, dans l'intention de se saisir de sa personne, et il ne lui échappa qu'en se déguisant en mendiant. Ce fut pendant son
pontificat que l'
immiséricordieux Charles d'
Anjou, comme l'appelle
Mézerai, ayant vaincu et fait prisonnier le jeune et malheureux Conradin, le fit périr sur l'échafaud.
Clément IV avait ratifié la donation du royaume de Naples, faite par son prédécesseur au
frère de
saint Louis. Cette circonstance a donné lieu d'accuser le pape d'avoir conseillé le supplice de l'infortuné compétiteur de ce prince. Quelques écrivains allemands racontent que le vainqueur ayant consulté le saint père sur le sort de son captif, Clément lui envoya une médaille sur laquelle on lisait d'un côté : « La mort de Conradin est le salut de Charles », et de l'autre côté : « La vie de Conradin est la perte de Charles ». Cette anecdote, dédaignée avec raison par presque tous les
historiens français, a cependant été citée par Velly, et a laissé dans son
esprit quelque doute sur la part que le pape pouvait avoir eue à l'événement auquel elle se rapporte ; mais le trait qu'on impute au
pontife est entièrement incompatible avec la douceur de murs qui le caractérisait. Charles n'avait d'ailleurs besoin d'aucun encouragement pour se montrer inexorable et féroce, et l'on doit tenir pour certain que
Clément IV n'approuva point cette atroce vengeance
(2).
Quelques papes se sont livrés, avec si peu de ménagement, à l'ambition de leurs familles, que la conduite tout opposée de
Clément IV a fait l'admiration de la postérité. Il ne permit pas que ses parents vinssent auprès de lui ; il leur défendit toute recommandation. Il voulut que sa nièce fût mariée à un simple chevalier, et il ne promit que la plus modique somme pour sa dot. Il ne se montra pas plus favorablement disposé pour l'établissement de ses propres filles ; aussi embrassèrent-elles la vie
religieuse dans l'
abbaye de St-Sauveur de
Nîmes. Le P. Martène a recueilli quelques ouvrages et les lettres de ce pape dans son
Thesaurus nov. Anecdot., t. 2. La plus curieuse est celle qu'il écrivit a son neveu, Pierre Gros, pour ôter à ses proches tout espoir de profiter de son
exaltation.
Clément, qui avait résidé à
Viterbe
pendant les dernières années de sa vie, y mourut le 29 novembre 1268. On voit encore son tombeau dans cette ville. Le trône
pontifical demeura vacant jusqu'en 1271, que Grégoire V fut élu.
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(1) Selon d'autres
historiens, Foulques, averti d'une conspiration contre sa vie, se contenta d'appeler quatre
prélats anglais à comparaître devant lui à
Boulogne (1er
octobre 1264). Ils obéirent avec répugnance, et ils n'en montrèrent pas moins, lorsque le
cardinal légat les chargea d'une sentence d'
excommunication contre les
ennemis du roi, sentence qu'il publia lui-même à
Hesdin, quelques
jours après.
(2) On prétend même
que pendant son séjour à Rome, Charles d'
Anjou s'était tellement
rendu à charge au pape, et son armée s'était permis tant
d'excès et d'insolence, que Clément songea de nouveau à entamer
des négociations avec Mainfroi.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 8 - Pages 392-393)
Dictionnaire universel d'histoire et de géographie de Bouillet Clément IV,
Guy de foulques, né vers 1200 à St-Gilles sur le Rhône, avait été militaire, ensuite jurisconsulte et secrétaire de
saint Louis. Après la mort de sa femme, il embrassa l'état ecclésiastique : il devint
évêque du
Puy,
archevêque de
Narbonne, cardinal-évêque de
Sabine et
légat en Angleterre ; enfin on l'élut pape à
Pérouse (1265). Il mourut à
Viterbe en 1268.
Français et chef des Guelfes en Italie, il soutint Charles d'
Anjou contre Mainfroi et Conradin. C'est sous son règne ou dans l'année qui suivit sa mort qu'on place la Pragmatique Sanction de
saint Louis, qui mit un terme aux différends entre Rome et la France.
Marie-Nicolas Bouillet, Dictionnaire universel d'histoire et de géographie, 20ème édition (1866), p. 426.