Etienne V, élu pape
le 22
juillet 886, était romain, et de famille noble. Il
succéda à Adrien III, qui l'avait fait sous-diacre,
et l'avait gardé près de lui dans le palais de
Latran.
Les
évêques, le clergé et tout le peuple le
portèrent unanimement au souverain
pontificat ; mais il
fallut le tirer de sa maison pour le forcer d'accepter un honneur
dont il se croyait indigne.
A son avènement, des malheurs de plus
d'un genre affligeaient l'Etat ; des sauterelles ravageaient les
campagnes ; Rome était menacée par les Sarrasins
; la France, désolée par les courses des Normands,
ne pouvait lui être d'aucun secours ; le trésor des
églises était vide ; Etienne écrivait à
l'empereur Basile : «
Envoyez-nous une flotte armée
avec une garnison pour défendre nos murailles... Nous manquons
même d'huile pour le luminaire de l'église ».
Etienne remédia, autant qu'il le put, à ces maux,
en distribuant tout son patrimoine aux pauvres, et en admettant
à sa table des orphelins qu'il nourrissait comme ses
enfants.
Il défendit, dans sa lettre à l'empereur Basile,
la mémoire de
Martin II, ou
Martin Ier, contre les attaques
de Photius. Il reprocha au prince de prendre parti dans des questions
purement
canoniques, en lui remontrant que c'est au pasteur qu'appartient
la conduite du troupeau, comme le gouvernement des choses terrestres
appartient à la puissance temporelle. On faisait un crime
au pape Martin d'avoir accepté la souveraineté
pontificale,
quoiqu'il fût déjà
évêque. C'est
sur ce point qu'Etienne le défend. On verra la même
accusation s'élever contre Formose, son successeur, sous
Etienne VI.
Etienne V mourut le 07 août 891, après
six ans de
pontificat.
(Biographie
universelle ancienne et moderne - Tome 24 - Page 546)