Saint Denys, patriarche d'Alexandrie, à qui saint Basile et les Grecs donnent le titre de
Grand, et que saint Athanase appelle le
Docteur de l'Eglise catholique, naquit au commencement du IIIème siècle à
Alexandrie, qui était alors le centre des sciences. Il se distingua dans l'étude des lettres, connut bientôt le ridicule de la
religion païenne dans laquelle il était né, se mit au nombre des
disciples d'Origène, fut élevé au sacerdoce, chargé de l'école des catéchèses en l'an 231, et élevé, en l'an 248, sur le siège d'
Alexandrie.
Deux ans après furent publiés les sanglants
édits de l'empereur Dèce contre les chrétiens. Sabinus, préfet d'Egypte, ordonna l'arrestation du
patriarche, qui se cacha pendant quelques
jours, tomba ensuite entre les mains des persécuteurs, et fut conduit, avec d'autres chrétiens, dans la petite ville de Taposiris. Mais les habitants des campagnes voisines, ayant pris les armes, attaquèrent les gardes et délivrèrent les prisonniers.
Denys se retira dans un désert de la Lybie, et y resta caché, avec les
prêtres Pierre et Caïus, jusqu'à la fin de la persécution (en l'an 251). Il n'avait cessé de veiller sur ceux qui souffraient pour la foi, soit en en leur envoyant de saints ministres pour les consoler, soit en leur écrivant des lettres qui contenaient d'utiles réflexions. Après son retour à
Alexandrie, il combattit les
Novatiens ; il écrivit plusieurs lettres au clergé de Rome, et à
Fabien,
évêque d'Antioche, qui paraissait incliner pour le rigorisme
outré de l'
antipape Novatien.
Depuis l'an 250, la peste ravageait
Alexandrie. La
charité du
patriarche parut alors inépuisable. Il communiqua le zèle dont il était animé, aux
prêtres, aux diacres, aux
laïques mêmes, et Eusèbe fait un tableau touchant de ces chrétiens, dont plusieurs périrent
martyrs de leur noble dévouement.
Népos,
évêque des Arsinoïtes, ayant répandu en Egypte l'erreur du millénarisme, qui consistait à croire qu'avant le
jour du
jugement,
Jésus règnerait 1000 ans sur la
Terre, avec ses élus,
Denys
réfuta le livre des
Promesses,
publié par
Népos. Il eut une conférence publique avec Coracion, chef des millénaires, et lui fit abandonner sa doctrine. Lorsque le pape Etienne parut vouloir excommunier les Africains, parce qu'ils persistaient à vouloir
rebaptiser les hérétiques,
Denys lui écrivit pour arrêter l'exécution de cette menace.
Fleury justifie le
patriarche contre saint Jérôme, qui lui fait partager la doctrine des
rebaptisants. Suivant saint Basile,
Denys admettait même le
baptême des Pépuzéniens qui était rejeté en Asie, et il suffit, pour connaître ses vrais sentiments, de lire les fragments de ses lettres, conservés par Eusèbe.
La persécution contre les chrétiens ayant été renouvelée par l'empereur Valérien, en l'an 257, Emilien, préfet d'Egypte, fit arrêter
Denys, et le pressa de sacrifier aux
dieux : « Tous les hommes, répondit le
patriarche, n'adorent pas les mêmes
divinités. J'adore le vrai
Dieu qui a donné l'empire à Valérien et à Gallien. Je lui offre sans cesse des prières pour la paix et pour la prospérité du règne des empereurs. » Le préfet l'exila à Képhron dans la Libye. Le
patriarche convertit alors les païens au milieu desquels il vivait. Il écrivit deux
Lettres pascales dans les deux années que dura son exil. Valérien ayant été fait prisonnier par les Perses, en l'an 260, Gallien rendit la paix à l'
Eglise, et
Denys retourna à
Alexandrie. Bientôt après, cette ville éprouva toutes les calamités des
discordes civiles, à la
suite de la révolte du préfet Emilien qui s'était fait proclamer
empereur.
Lorsque les troubles furent apaisés, il s'en éleva
d'autres dans l'
Eglise.
Sabellius, renouvelant l'erreur de Praxéas, niait
la distinction des trois personnes divines. Les
églises de la
Pentapole
étaient sous la direction du
patriarcat d'
Alexandrie ; elles avaient embrassé
l'erreur de
sabellius.
Denys, n'ayant pu réussir à éclairer
les principaux auteurs de l'hérésie, les fit condamner dans un
concile
tenu à
Alexandrie en l'an 261. Il écrivit, à ce sujet au
pape Sixte II, une lettre dont Eusèbe a conservé un fragment. Ses
ennemis lui ayant prêté une doctrine qu'il n'enseignait pas, il se
justifia dans une
Apologie à Denys, évêque
de Rome.
Saint Athanase composa, à cette occasion, un livre
de l'opinion de Denys.
Saint Basile rapporte
plusieurs passages de l'
Apologie. Le
patriarche
y établissait qu'en disant que Jésus-Christ était une créature,
et qu'il différait du Père en substance, il ne parlait que de la
nature humaine, mais que le fils, quant à la nature divine, est de la même
substance que le Père.
Denys défendit ensuite la divinité de Jésus-Christ contre Paul de
Samosate,
évêque d'Antioche, et mourut à
Alexandrie, vers la fin de l'an 265, ayant gouverné son
Eglise pendant environ 17 ans.
Les écrits du
patriarche ne sont point venus jusqu'à
nous. Il n'en reste que quelques fragments, et son
Epître à Basilide,
plusieurs fois imprimée avec une version latine et un commentaire de Balsamon,
Paris, 1561, 1575 et 1589. Cette
épître est comprise parmi les anciens
canons de l'
Eglise grecque, publiés par Bévérégius. On a aussi l'
épître de
Denys contre Paul de
Samosate, grec et latin, avec des
scolies de Fr. Turien,
Paris, 1610 et 1624. L'
Eglise latine célèbre sa fête le 17 novembre.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 10 - Page 436)