Biographie universelle ancienne et moderne Saint Martin de Vertou, en latin
Martinus Vertavensis, ainsi nommé du
monastère de
Vertou, dont il fut le premier abbé et le fondateur, connu aussi sous le nom de
Saint Martin le Seul, naquit en 527, d'une des premières familles de
Nantes. Il alla terminer ses études à
Tours, et se trouvait dans cette ville, âgé de trente-deux ans, lors d'un voyage qu'y fit
saint Félix, évêque de Nantes. Ce
prélat,
s'étant assuré de la vocation
religieuse de Martin, accéda à sa demande d'embrasser l'état ecclésiastique. Il lui conféra les ordres, le fit
chanoine et
archidiacre de son
église, et, connaissant son talent pour la
prédication, le chargea de travailler à la conversion des peuples qui habitaient les environs de
Nantes. Les obstacles que sa mission
évangélique dut éprouver fournirent aux
légendaires l'
histoire de la submersion d'une prétendue ville d'Herbauge, résidence
d'idolâtres. Le récit de cette catastrophe est calqué sur celui de la
destruction de
Sodome, au point que le nom de la cité de Sichor ou de Ségor, voisine de
Gomorrhe et de
Sodome, se trouve appliqué dans la
légende à un lieu situé près d'Herbauge et qui est actuellement le bourg de Raisé. Mais nous laissons ces détails
fabuleux, reproduits par
Albert le Grand et victorieusement réfutés par
dom Lobineau dans sa
Notice sur saint Martin.
Selon quelques
légendaires, Martin de
Vertou fit ensuite un
pèlerinage à Rome ; mais peut-être l'a-t-on confondu avec de saints personnages du même nom. L'un d'eux,
saint Martin de Braga, grand voyageur, fonda le
monastère de
Dumes, près de Brague, en Portugal. Un autre habita le Mont-Cassin avant
saint Benoît, le lui céda, et se retira dans une grotte du mont Marsique. Un troisième enfin,
disciple de
saint Martin de Tours, et dont Grégoire de
Tours parle dans sa
Gloire des confesseurs, fonda un
monastère à
Saintes. Il est vraisemblable que les auteurs des actes de
saint Martin de Vertou, qui n'ont écrit qu'après l'
invasion des Normands et qui n'indiquent pas des sources antérieures à cette
invasion, ont pris indistinctement dans les actes des divers saints du même nom et surtout dans ceux de
Martin de Dumes ce qu'ils ont jugé de plus propre à glorifier leur saint. Une certaine conformité entre le nom du lieu où Martin, le voyageur, fonda son
monastère et celui que choisit Martin de
Vertou n'a pas peu contribué à cette confusion ; nul doute en effet que le
Dumes de Portugal aura semblé le même lieu que la
forêt de Dumen, qui, du temps de saint Martin, se trouvait près de
Nantes et dont
Vertou faisait partie.
Après avoir travaillé à déraciner les restes de l'
idolâtrie, Martin, considérant sa mission comme accomplie, se retira dans cette
forêt de Dumen, où il se construisit une petite hutte faite de branches d'
arbre entrelacées d'osier, ne vivant que d'herbes, de racines et d'
eau. Il se proposait.le terminer ses
jours dans cette solitude, où la prière et la contemplation l'absorbaient, quand
Dieu lui
inspira le désir de s'établir à
Vertou pour y travailler de nouveau au salut du prochain. D'abondantes aumônes le mirent à même d'élever une
église et un
monastère qu'il dédia à
saint Jean-Baptiste. Selon le propre de
Nantes, Martin ne se borna pas à la construction de cette maison, et l'affluence des moines qui vinrent se ranger sous son obéissance l'obligea de fonder plusieurs autres
monastères. Butler lui en attribue deux, l'un pour les hommes, l'autre pour les femmes. Tous deux étaient détruits du temps de cet hagiographe, et il n'en restait que le
prieuré de St-Georges de
Montaigu, dépendant de l'
abbaye de St-Jouin-sur-Marne. Quant à celui de
Vertou, longtemps célèbre par la régularité qui s'y observait et qui devint plus tard un simple
prieuré dépendant aussi de St-Jouin,
Albert le Grand en fixe la fondation à l'an 575 ; mais d'autres la reculent à l'an 595, ou même encore plus tard, par la raison que Grégoire de
Tours n'en a pas dit un mot, et que bien certainement il en aurait parlé, ainsi que de saint Martin, si ce dernier eût été de son temps abbé de
Vertou, et supérieur, comme on l'assure, de trois cents
religieux.
Saint Martin de Vertou, étant tombé malade dans le cours d'une de ses missions, au
monastère de Durin, qu'il avait aussi fondé, y mourut le 24
octobre 601. Indépendamment des notices
consacrées à
saint Martin de Vertou par
Albert le Grand,
dom Lobineau,
Baillet et Butler, il en existe deux que
dom Mabillon a placées au premier
siècle des saints de son ordre, l'une dans le
corps du volume qui contient les actes des saints, et l'autre dans l'appendice qui le termine. De ces deux
légendes, la première, rédigée par un anonyme du IXème
siècle, moine de
Vertou, est bien écrite. Quant à l'autre (la première dans l'ordre de l'édition), l'auteur, qui vivait dans le Xème siècle, a écrit un sermon plutôt qu'une
histoire.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 27 - Page 113)