Saint Lucien, prêtre et
martyr, naquit à
Samosate, dans le IIIème siècle. Après la mort de ses parents, il distribua tout son bien aux pauvres et se donna entièrement au service de
Dieu. Ayant abandonné l'étude de la
rhétorique et de la philosohie pour s'appliquer à la lecture des livres saints, il fit de grands progrès dans cette science. Ordonné
prêtre de l'
Eglise d'Antioche, il entreprit de corriger les fautes qui s'étaient glissées dans l'Ancien et dans le Nouveau Testament, soit par l'inexactitude des copistes, soit par la malice des hérétiques. Ne se contentant pas de collationner le grec des Septante sur les meilleurs exemplaires, il le revit sur le texte hébreu, qu'il entendait parfaitement.
Saint Jérôme nous apprend que l'édition de
saint Lucien était plus exacte et plus correcte que celles d'Hésychius et de saint Pamphile, qu'elle était exempte des falsifications reprochées à
Aquila et à Théodotion, et qu'il en avait fait lui-même le plus grand usage. Les
Eglises d'Antioche et de Constantinople l'adoptèrent et la conservèrent jusqu'au Vème siècle. Aujourd'hui encore, dit Kennicott (
Dissert. 2, p; 397), les savants estiment un manuscrit des Septante en raison de sa conformité avec l'édition de
saint Lucien. Ce savant
prêtre se trouvait à
Nicomédie en 303, lorsque l'empereur Dioclétien y publia ses premiers édits contre la
religion chrétienne. Il fut du nombre de ceux qu'on arrêta pour la foi ; du fond de sa prison, il écrivit aux fidèles de l'
Eglise d'Antioche une lettre dont la
Chronique d'Antioche nous a conservé un fragment. Neuf ans après, il parut devant le tribunal et saisit cette occasion pour présenter au
juge une savante apologie de la
religion qu'il professait avaec tant de courage. Le père Colonia,
jésuite, Lardner et Bullet ont tiré un heureux parti d'un fragment de cette apologie, rapporté par Eusèbe. « Si vous refusez, disait Lucien, de vous en rapporter à mon témoignage sur la divinité de Jésus-Christ, vous n'avez qu'à consulter vos
annales et qu'à creuser dans vos fastes et dans vos archives : vous y trouverez que du temps de Pilate, pendant que le Christ était mis à mort, le
soleil disparut et l'univers fut enseveli dans les ténèbres en plein midi. » Après cette confession, le
juge renvoya Lucien en prison, avec défense de lui donner aucun aliment : lorsqu'on l'eut fait jeûner longtemps, on lui servit des mets délicats qui avaient été offerts aux
idoles ; mais il les refusa constamment, fondé sur cette maxime, qu'on
ne peut manger des viandes offertes aux
idoles s'il doit en résulter du
scandale pour les faibles et si les païens l'exigent comme un acte d'
idolâtrie. Il parut de nouveau devant le tribunal sans rien perdre de sa constance, même à la
vue des tourments qu'on lui préparait.
Je suis chrétien, était la seule parole qu'il fût possible de lui arracher et la seule arme qui lui assurait la victoire sur ses persécuteurs. Il reçut la
couronne du
martyre le 07
janvier 312. Les anciens sont assez d'accord sur ce point ; mais il ne le sont pas sur le genre de mort qui termina ses souffrances.
On a soupçonné
saint Lucien d'être favorable aux erreurs de Paul de
Samosate ; mais ou l'on a été trompé par le témoignage que saint Alexandre,
patriarche d'
Alexandrie, a rendu d'un Lucien qui ne doit pas être confondu avec celui-ci, ou bien
saint Lucien n'est pas demeuré longtemps dans son égarement, puisque sa profession de foi,
écrite de sa propre main, a été jugée très orthodoxe par le
concile d'Antioche en 341 ; qu'elle est opposée aux
ariens par saint Athanase, par saint Jérôme et par saint Hilaire, et que l'
Eglise catholique lui a décerné le culte qu'elle rend aux
martyrs. (Voyez
saint Chrysostome,
Tract. panegyr. in sanctum martyrem lucianum ; Tillemont, t. 5, p. 474, et Godescard.)
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 25 - Page 429)