Biographie universelle ancienne et moderne Saint Luc, auquel on attribue l'
Evangile qui porte son nom et la rédaction des
Actes des apôtres. Sa vie, comme celle de la plupart des premiers
disciples du Christ, est entourée des plus grandes obscurités. C'est le personnage dont il est question dans les
épîtres de
saint Paul (
Bible Louis Segond">
II Timothée, chap. 4, v. 11,
Bible Louis Segond">
Colossiens, chap. 6, v. 14,
Bible Louis Segond">
Philémon, chap. 24), comme d'un ami et d'un
compagnon de travaux de ce grand apôtre. Il ne faut pas le confondre avec Lucius de Cyrène (
Act. apost., chap. 13, v. 1), ni avec le Lucius de l'
épître aux Romains, comme l'a remarqué Origène (
ad Rom., c. 26, v. 21). Il est à croire que
saint Luc était né païen (
Epist. ad Coloss., ch. 4, v. 11, 14), mais on n'est pas assuré qu'il fût, ainsi qu'Eusèbe et saint Jérôme le supposent, natif d'Antioche. Les
Actes des apôtres donnent à penser que cet
évangéliste accompagna son maître Paul jusqu'à Rome. Il ressort de l'
Evangile de
saint Luc qu'il a été
composé après ceux de
saint Marc et de
saint Matthieu qu'il copie en plus d'un point et auxquels il ajoute des détails parfois en contradiction avec le récit de ceux-ci. L'auteur a rédigé son livre pour un certain
Théophile, d'après les témoignages de témoins oculaires et de ministres de la parole
évangélique ; il ne cite cependant nulle part
saint Paul. Mais il est évident qu'il adopte les opinions de cet apôtre sur la vocation des gentils et la justification, et qu'il présente diverses circonstances de la vie de Jésus-Christ de façon à les favoriser.
Saint Jérôme dit, on ne sait sur quel fondement, que
saint Luc composa son
Evangile en
Achaïe et en
Béotie. Mais l'ancienne version
syriaque de cet
Evangile porte pour titre : «
Evangile que
Luc enseigna et prêcha en grec à
Alexandrie. » Quant aux
Actes des apôtres, leur auteur se donne effectivement dans plusieurs passages pour un
compagnon de
saint Paul. Aussi a-t-on attribué tour à tour les
Actes des apôtres à Timothée et à Silas. Quoi qu'il en soit, ce livre paraît, comme l'a montré E. Zeller, avoir été
composé à Rome au commencement du second siècle. Malgré son titre il ne renferme qu'un fragment fort incomplet de l'
histoire apostolique, car il ne circula jamais sur la vie des apôtres autres que Paul, Pierre, Jacques et Jean, que des récits
apocryphes qui ont été recueillis dans l'
Histoire des douze apôtres, attribuée à
Abdias et que Fabricius a publiée dans son
Codex pseudepigraplus Novi Testamenti, et dans les
Acta apostolorum apocrypha, donnés d'après les manuscrits grecs, par M. Tischendorf (Leipsick, 1851).
Toutes les circonstances de la vie de
saint Luc ont également un caractère
légendaire peu propre à
inspirer la confiance.
Saint Jérôme assure qu'il excellait dans les lettres, et qu'il ne cessa pas d'exercer la médecine jusqu'à sa mort, au milieu des occupations et des traverses de la
prédication évangélique. D'autres prétendent que
saint Luc étendit ses connaissances en voyageant dans la Grèce et l'Egypte, à la suite d'une famille noble dont il était le médecin. Quant au talent de la peinture, rien ne prouve qu'il en fût doué (Voyez
Luca Santo).
Saint Epiphane semble dire qu'il devint un des
disciples de Jésus-Christ quelque temps avant sa passion ; mais
Tertullien et beaucoup d'autres disent positivement qu'il n'a jamais connu le Sauveur, et ne s'est converti qu'après son ascension. D'après les
Actes des apôtres, en l'an 51 de J.-C., Paul et
Luc s'embarquèrent ensemble pour passer de la Troade en Macédoine, firent quelque séjour à Philippes, et parcoururent la Grèce en évangélisant.
Saint Paul, écrivant à Philémon, témoigne que son
disciple coopérait fidèlement à l'uvre de
Dieu.
Vers l'an 56,
saint Luc fut envoyé à Corinthe par
saint Paul. En 61, il le suivit à Rome, quand l'apôtre s'y rendit de Jérusalem, chargé de chaînes. Après le
martyre de
saint Paul, la
légende dit que
saint Luc prêcha dans l'Italie, dans la Gaule, dans la Dalmatie et dans la Macédoine, passa par la Bithynie, se rendit en Egypte, et revint dans l'
Achaïe, où il finit sa vie par le
martyre dans un âge très avancé. L'
Eglise latine célèbre sa fête le 18
octobre.
L'
Evangile de
saint Luc donne au Christ une généalogie différente de celle qui se trouve dans
saint Matthieu ; ce qui peut étonner chez un
disciple de
saint Paul, lequel dans l'
Bible Louis Segond">
épître à Timothée s'élève contre les généalogies interminables qui divisaient les chrétiens. Il passe sous silence l'adoration des mages qui se trouve au commencement de l'
Evangile de
saint Matthieu. Il rapporte presque toujours aux soixante-dix
disciples ce que ce dernier
Evangile dit des douze. Il ajoute généralement aux traits par lesquels
saint Matthieu nous peint l'
ignorance et l'incrédulité des apôtres. Il donne des détails sur les actes du Christ que l'on chercherait vainement dans les deux premiers
Evangiles. L'ordre des faits adoptés par l'
évangile saint Luc est totalement différent de celui que suit
saint Matthieu ; il détruit l'ordonnance et enchaînement qu'on observe dans celui-ci. Le style de l'
Evangile de
saint Luc est clair, élégant, varié. On s'aperçoit que l'écrivain avait reçu une éducation soignée, et avait cultivé les lettres : tous les philologues s'accordent à lui rendre cette justice. Ses pensées et sa diction ont une sublimité qui étonne ; on y admire en même temps cette simplicité qui fait le caractère propre des
évangélistes. Il est le plus long de tous, et n'a cependant que vingt-quatre chapitres.
Les commentaires dont l'
évangile de
saint Luc a été l'objet n'offrent rien qui doive être cité. Nous dirons seulement qu'il a été traduit en vers français par un anonyme. Richard Simon,
dom Calmet, Lardner et Mill lui ont consacré des articles intéressants. La critique allemande s'est beaucoup exercée sur l'
Evangile de
saint Luc comme sur les autres
Evangiles ; il faut citer surtout les travaux de Schleiermacher, Henke, K. Ch. L. Schmidt, Eichhorn, Kuinl, et L. de Wette. Ed. Zeller dans sa savante
Histoire des apôtres (
Die Apostelgeschichte), publiée à Stuttgart en 1854, in-8°, a discuté fort au long la question de savoir si
saint Luc a ou non
composé les
Actes des apôtres. Enfin on devra encore consulter E.-A. Schwanbeck,
Sur les sources des écrits de saint Luc (en allemand), Darmstadt, 1847, in-8°. Origène et saint Jérôme ont attribué à
saint Luc la traduction grecque de l'
épître aux Hébreux ;
Clément d'Alexandrie lui attribue la Dispute de
Jason et de Papisque, ouvrage qui n'existe plus ; mais le tout sans aucun fondement (Voyez
dom Calmet
Sur la Bible, t. 7, in-folio).
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 25 - Pages 398-399)
Dictionnaire universel d'histoire et de géographie de Bouillet Saint Luc,
Lucas,
évangéliste, était d'Antioche et avait été médecin. Il fut, à ce qu'on croit, converti par
saint Paul après la mort de Jésus-Christ, accompagna cet apôtre dans ses voyages en Troade et en Macédoine, en l'an 51 ; alla prêcher seul à Corinthe en l'an 56, partagea en 61 la captivité de
saint Paul à Rome, parcourut ensuite plusieurs pays, et fut, dit-on, mis à mort en
Achaïe à l'âge de 84 ans.
On doit à
saint Luc l'
Evangile qui est ordinairement placé le 3ème dans l'ordre chronologique, et les
Actes des Apôtres ; ces deux ouvrages ont été écrits originairement en grec, et sont remarquables par la pureté du style.
On honore
saint Luc le 18
octobre ; on lui donne pour
emblème le buf. Ce saint fut longtemps en France le patron des médecins. Une tradition erronée, qui n'a d'autre base qu'une confusion de nom (Voyez
Santo Luca), attribue à
saint Luc le talent de la peinture. Il y eut même à Rome une Académie de peinture, dite de
saint Luc, fondée au
XVIème siècle par Muziano ; elle a été réunie en 1676 à l'école fondée à Rome par
Louis XIV.
Marie-Nicolas Bouillet, Dictionnaire universel d'histoire et de géographie, 20ème édition (1866), p. 1130.