César Baronius,
cardinal, appelé le
Père des Annales ecclésiastiques, naquit le 30
octobre 1538, à Sora, dans la terre de Labour, au royaume de Naples, fut un des premiers
disciples de saint Philippe de Néri, fondateur de
l'Oratoire d'Italie, et lui succéda, en 1593, dans la place de général de cette congrégation. Clément VIII, dont il était le
confesseur, le revêtit, en 1596, de la pourpre romaine, et le fit, peu de temps après,
bibliothécaire du
Vatican. On ne doute point qu'il n'eût été
élevé sur le
saint-siège, dans le conclave de
Léon XI, et surtout dans celui de
Paul V, où il eut trente-et-une voix, si la
faction espagnole ne s'y fût opposée, à cause de son traité
de la Monarchie de Sicile, contre l'usurpation de Philippe III. Il s'était rendu digne de cette place éminente par sa piété, sa
probité, et par les services qu'il avait rendus à l'
Eglise, en composant ses
Annales ecclésiastiques, auxquelles il ne discontinua pas de travailler jusqu'à sa mort, arrivée le 30
juin 1607.
Les centuriateurs de Magdebourg avaient donné à l'
histoire ecclésiastique une tournure aussi favorable à la cause du
protestantisme qu'elle était désavantageuse à celle de l'
Eglise catholique.
Baronius entreprit de leur opposer un ouvrage du même genre, mais conçu d'après des
vues différentes ; et il composa ses
Annales ecclesiastici, a Christo nato ad ann. 1198,
12 vol., in-fol., dont le premier parut à Rome, en 1588. On convient généralement que cet ouvrage renferme beaucoup de fautes de chronologie et d'
histoire. Les
catholiques ont encore mieux relevé ces défauts que les
protestants.
Luc Holstenius a même outré ce reproche, en avançant qu'il se faisait fort d'y montrer huit milles faussetés.
Baronius y parle de
plusieurs faits dont il n'avait pas assez connaissance, surtout dans l'
histoire des Grecs, dont il ne savait que médiocrement la langue, ce qui l'obligeait à emprunter des secours étrangers pour les monuments qui n'étaient point traduits en latin ; il y fait quelquefois usage de pièces peu authentiques, ce qui vient en partie de ce que la critique n'avait pas encore fait les progrès qu'elle a faits depuis ; il se jette trop dans la controverse, et il ne s'y montre pas toujours très impartial. Malgré ces défauts, l'ouvrage est infiniment utile : c'est le
corps d'
histoire ecclésiastique le plus étendu, le mieux travaillé qui se soit fait en ce genre. Il est bien digéré, plein de recherches,
composé avec soin et avec toute l'exactitude qu'on peut exiger d'un homme qui s'engage seul et le premier dans une aussi vaste entreprise. Quoiqu'il écrive plus en dissertateur qu'en
historien, il est cependant méthodique, clair et intelligible. Scaliger, tout
protestant qu'il était, ne pouvait s'empêcher de l'admirer, et d'avouer qu'il y avait toujours quelque chose à apprendre. Le judicieux
Fleury, quoique obligé de s'écarter souvent des sentiments du docte
annaliste, rend
hommage à sa profonde érudition, et reconnaît que l'ouvrage, nonobstant ses erreurs, est d'une très grande utilité. Les plus belles éditions sont celles de Rome et d'
Anvers : on préfère la première, parce qu'elle est l'originale, et qu'on y trouve le traité
de la Monarchie de Sicile, qui a été omis dans la seconde, après avoir été supprimé par une ordonnance du roi d'Espagne. La plus commode est celle de Mayence, 1601-5, 12 vol. in fol., parce que les autorités des écrivains ecclésiastiques y sont marquées d'un caractère différent de celui du discours, et qu'elle est à deux colonnes : c'est d'ailleurs celle que
Baronius avait désignée pour servir d'original aux éditions subséquentes. L'ouvrage entier, avec la continuation de Rinaldi et Laderchi, et la critique de Pagi, compose 31 volumes. Brovius et Sponde ont fait aussi des continuations, mais elles ne sont pas estimées. Ce dernier a donné également un abrégé dont il existe une mauvaise traduction par P. Coppin. La collection des
Annales de
Baronius a encore été réimprimée à Lucques, 1737-57, en 38 volumes in-fol, avec les diverses continuations, les notes de Mansi et un index qui manque dans les éditions précédentes. Les critiques et les corrections de Pagi y sont insérées dans les divers endroits auxquels elles appartiennent. Il est fâcheux que l'exécution typographique ne réponde pas à l'importance de l'ouvrage. On a de ce savant
cardinal le
Martyrologium romanum, avec des notes, Rome, 1586, in-fol. Cette édition, quoique moins exacte que celle de la même ville, en 1600, et de
Paris, en 1607, est recherchée des curieux, à cause de quelques fautes échappées à l'auteur, qui, pour cela, en avait retiré tous les exemplaires qu'il avait pu recueillir : ce qui l'a rendue rare. On donne sur les autres éditions de Rome, quoique revues par l'auteur, la préférence à celle d'
Anvers, parce que le père Rosweide y a joint deux anciens
martyrologes qui ne sont point dans les autres (Voyez
Rinaldi,
Laderchi,
Sponde,
Pagi).
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 3 - Pages 128-129)