Saint Hugues de Cluny, né à Semur en Briennois en l'an 1024, d'une des familles les plus distinguées de
Bourgogne, renonça de bonne heure aux avantages temporels que pouvait lui faire espérer sa haute naissance, pour se consacrer à
Dieu dans le
monastère de
Cluny, dont, n'ayant encore que vingt-cinq ans, il fut élu abbé d'une voix unanime après la mort de
saint Odilon. Sous son gouvernement, l'
abbaye de
Cluny parvint au plus haut degré d'
illustration ; il y attira un si grand nombre de personnes, dont plusieurs étaient remarquables par leur naissance, et d'autres par leur savoir ou leur éminente piété, que cette
abbaye devint la pépinière d'une foule d'hommes distingués qui brillèrent dans l'Etat et dans l'
Eglise. Il maintint la discipline régulière dans toute sa ferveur ; il étendit la réforme à tant de
monastères que, suivant Orderic Vital, il avait plus de dix milles moines sous sa juridiction. Les
souverains pontifes l'honorèrent de leur confiance et le chargèrent de plusieurs commissions importantes, dont il s'acquitta toujours avec le plus grand succès : mais, quelque liaison qu'il eût avec Grégoire VII, il ne voulut point prendre part à ses querelles, si ce n'est en qualité de médiateur, et jamais les foudres de Rome, lancées contre l'empereur Henri IV, son filleul, ne purent le détacher des intérêts de ce prince. Il se mit peu en peine des désagréments que lui causa le
légat d'Hugues,
évêque de
Die, dont il avait désapprouvé les intrigues pour parvenir à la papauté. Ce saint abbé mourut en 1109, avant de pouvoir achever la superbe
église de
Cluny, dont il avait jeté les fondements. Un fait digne de remarque, c'est qu'en
fondant l'
abbaye de
Marcigny, il défendit d'y recevoir aucune fille au-dessous de vingt-ans. Ses occupations, aussi importantes que multipliées, ne lui laissèrent ni le temps ni le loisir de composer beaucoup d'ouvrages. Il ne nous reste de lui que sept
Lettres, entre un grand nombre qu'il avait écrites ; des
statuts ou règlements qui servent à faire connaître la vie qu'on menait dans le célèbre
monastère dont il était le chef, et quelques
opuscules ascétiques, pleins d'onction et de piété. On trouve ces pièces dans la
Bibliotheca cluniacensis p. 491 et suivantes.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 20 - Page 126)