Sainte Théodore souffrit le
martyre à
Alexandrie, sous la persécution de Dioclétien, vers l'an 304. Le
juge, l'ayant fait paraître devant son tribunal, lui dit, après l'avoir pressée de sacrifier aux
dieux : « D'après les ordres de l'empereur, vous autres vierges qui refusez d'offrir de l'encens aux
dieux, devez être exposées dans les
lieux infâmes. J'ai pitié de votre naissance et de votre beauté. » Théodore répondit à ces menaces : « Vous pouvez faire ce qu'il vous plaira ; ma volonté n'aura point de part aux violences que vous exercerez. » Après l'avoir fait
frapper sur le visage, le
juge ajouta : « Malgré votre condition
illustre, vous me contraignez de vous faire affront devant le peuple, qui attend votre
jugement. Je vous donne trois
jours pour y réfléchir ; et si, après ce délai,
vous refusez de sacrifier, je vous exposerai, afin que les personnes de votre sexe voient votre déshonneur et se corrigent. » Les trois
jours étant
passés, le
juge dit : « Théodore, puisque vous persistez dans votre refus de sacrifier, j'ordonne qu'on vous conduise au
lieu infâme. Nous verrons si votre Christ vous délivrera. » Théodore lui répondit : « Le
Dieu qui m'a jusqu'à présent gardée sans tache connaît ce qui arrivera : il est assez puissant pour me garder contre ceux qui voudraient me faire injure. » En
entrant dans le lieu déshonnête, elle adressa au
ciel une prière fervente. Le peuple entourait la maison. Un chrétien nommé Didyme, qui s'était habillé en soldat, entra le premier. Théodore, le
voyant, fuyait. L'ayant rassurée, il lui proposa de changer d'habillement et de sortir, en enfonçant son chapeau pour se couvrir le visage, afin de n'être point reconnue ; elle sortit heureusement. Une heure après, le
juge, apprenant ce qui s'était passé, fit venir Didyme, qui confessa hautement Jésus-Christ. Il fut condamné à être décapité ; et comme on le conduisait au supplice, Théodore accourut pour lui disputer la
couronne du
martyre. « C'est moi, s'écria Didyme, qui ai été
condamné. Je ne veux pas être coupable de votre mort, reprit
Théodore. Vous avez bien voulu me sauver l'honneur, mais je ne consens point que vous me sauviez la vie ; j'ai fui l'infâmie et non la mort. Vous m'auriez trompée si vous aviez cherché à me priver du
martyre. » Le
juge mit fin à ce combat en ordonnant qu'ils fussent tous les deux décapités. Voyez les
Actes sincères de Ruinart ; et saint
Amboise,
De virginitate. Le
martyre de
sainte Théodore est le sujet de l'une des plus mauvaises tragédies du grand Corneille.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 41 - Page 263)