Saint Barnabé était né dans l'île
de Chypre, d'une famille de la
tribu de Lévi.
Saint Luc lui donne le
titre d'apôtre, parce que, bien qu'il ne fût pas du nombre des douze
disciples dont Jésus-Christ avait
composé le
collège apostolique,
il eut beaucoup de part à leur mission dans l'établissement du
christianisme.
Son nom était ordinairement
José,
ou
Joseph. Après l'Ascension, les apôtres y substituèrent
celui de Barnabé, qui, selon saint
Luc, signifie,
Fils de consolation,
et selon saint Jérôme,
Fils de prophète, double qualité
qui lui convenait parfaitement, soit parce qu'il possédait un rare talent
pour consoler les affligés, soit parce qu'il était doué
du don de prophétie. Il avait été
condisciple de saint
Paul sous Gamaliel. Il signala sa conversion par la vente de son patrimoine,
qui était considérable, et dont il déposa le prix aux pieds
des apôtres, pour être employé au soulagement des pauvres
et à l'entretien des fidèles. Lorsque
saint Paul eut embrassé
la foi, ce fut lui qui le présenta à saint Pierre et à
saint Jacques, en se rendant garant de la sincérité de sa conversion.
L'Ecriture l'appelle un homme
bon, plein de foi, rempli du Saint-Esprit.
Ayant été envoyé par l'
Eglise de Jérusalem vers
celle d'Antioche, pour y accélérer, par ses instructions, les
progrès de l'
Evangile, il y reçut la mission du
ciel pour aller
avec
saint Paul prêcher la foi aux Gentils. Cette mission leur fut confirmée
dans le
concile de Jérusalem, où ils avaient beaucoup contribué
à faire rendre le décret contre les cérémonies
légales.
Ils parcoururent ensemble l'Asie, la Syrie, la Grèce et plusieurs autres
contrées, exerçant partout, avec le plus grand zèle et
le plus grand succès, le ministère de l'
apostolat. S'étant
séparés dans la suite pour donner plus d'extension à ce
ministère, Barnabé prit avec lui
saint Marc, son cousin, avec
lequel il alla en Chypre. Ici se termine ce que l'on sait de plus positif sur
cet apôtre ; le reste n'est fondé que sur des conjectures.
Les Grecs, d'après une relation d'Alexandre, moine
de Chypre eu VIème siècle, croient que Barnabé souffrit
le
martyre à Salamine, après avoir converti une grande partie
des habitants de l'île, par ses
prédications et ses miracles. D'autres
l'envoient prêcher l'
Evangile en diverses contrées. L'
Eglise de
Milan le reconnaît pour son apôtre, parce que, suivant l'ancienne
tradition du pays, c'est de lui qu'elle aurait reçu la première
prédication de la foi. Il y a même une
église sous son invocation,
desservie par les clercs réguliers, qui en ont pris le nom de
barnabites.
Saint Paul parle de
saint Barnabé comme vivant en 56 ; saint Chrysostome
place sa mort en 63 ; tous les auteurs s'acordent à dire qu'il parvint
à une extrême vieillesse. Les deux
Eglises grecque et latine célèbrent
sa fête le 11
juin. On rapporte qu'en 488, son tombeau fut découvert
dans les environs de Salamine, et qu'on trouva sur sa poitrine l'
Evangile de
saint Matthieu, écrit en hébreu de sa propre main. Anthime,
archevêque
de Salamine, profita de cette découverte pour soutenir, contre Pierre
le Foulon, que son
église étant de fondation
apostolique devait
être indépendante du
patriarcat d'Antioche, conformément
aux décrets du
concile d'
Ephèse.
Les
Actes et l'
Evangile qui portent le nom de saint
Barnabé sont des ouvrages supposés et indignes du saint apôtre.
L'
Epitre qu'on lui attribue est citée, par saint Clément
d'
Alexandrie, comme étant de lui.
Saint Eusèbe et saint Jérôme
la mettent dans la classe des livres
apocryphes : c'est comme telle qu'on la
lisait anciennement dans les
églises. Elle était connue avant
la fin du second siècle. Le style a le caractère des temps apostoliques
; mais jamais l'
Eglise ne l'a admise au rang des livres
canoniques. Elle fut
adressés aux Juifs convertis peu de temps après la
destruction
du temple de Jérusalem, pour leur prouver l'abolition des cérémonies
légales par la
prédication de l'
Evangile, et les convaincre de
la nécessité de l'incarnation. L'auteur y dit que les six
jours
de la création signifient, dans un sens
allégorique, six mille
ans, après la révolution desquels arrivera l'embrasement général,
idée qui lui est commune avec plusieurs anciens Pères. Le texte
grec des cinq premiers chapitres est perdu ; mais nous l'avons entière
d'une très ancienne version. D.
d'Achéry la fit imprimer, en 1645,
in-4°, avec une préface de sa façon, et les notes de D. Nicolas-Hugues
Ménard. Elle a été insérée dans le recueil
de Cotelier, dans les
Varia Sacra de
Lemoyne, et traduite en français par le Père Legras, de
l'Oratoire.
(Biographie universelle ancienne et moderne
- Tome 3 - Pages 409-410)