Biographie universelle ancienne et moderne Saint Damase, élu pape le 1er
octobre 366, succéda à Libère. Espagnol de naissance, et fils d'un écrivain, il avait reçu une éducation soignée dans les lettres et dans la piété. Admis fort jeune dans le clergé, il édifia tous les chrétiens par sa conduite et surtout par sa continence, suivant le témoignage de saint Jérôme lui-même. Il était diacre de l'
Eglise romaine, en 355, lorsque Libère, son prédécesseur, fut chassé de son siège par l'empereur Constance. Il eut la générosité de suivre l'exilé à Bérée en Thrace, et demeura toujours fidèlement attaché à sa communion. Après la mort de ce pape, Damase fut élu unanimement par la plus grande partie du clergé et du peuple romain ; mais un compétiteur, nommé
Ursin ou
Urcisín, aussi diacre de l'
Eglise, se fit nommer par une troupe de
séditieux, et sacrer par l'
évêque de Tivoli, au mépris de la tradition générale, qui exige que l'ordination
épiscopale se fasse par trois
évêques. Ce nouveau schisme fut appuyé par une fâcheuse
sédition, où il y eut beaucoup de sang répandu de part et d'autre ; mais le parti de Damase demeura le plus fort, et Ursin fut chassé de Rome. Ce fut après ces premiers troubles que l'empereur
Valentinien ordonna que l'
évêque de Rome jugerait les autres
évêques conjointement avec ses
collègues.
Cependant l'
antipape Ursin entretenait toujours dans Rome des partisans qui ne cessaient d'importuner l'empereur Valentinien Ier pour demander son retour. Le prince l'accorda, avec ordre au préfet de le punir sévèrement, ainsi que ses affidés, s'ils recommençaient à se brouiller. Ursin revint à Rome avec deux de ses diacres, et s'y comporta si mal qu'au bout de deux mois, il se fit chasser de nouveau. Cependant les schismatiques demeurèrent encore pendant quelque temps en possession d'une
église que l'autorité de l'empereur leur fit rendre, mais à main armée. Damase, qui ne respirant que la paix, fit des vux aux saints
Martyrs pour le retour des schismatiques ; il fut exaucé à l'égard du clergé, qui se réunit enfin à lui. Quelques ecclésiastiques étaient mécontents de Damase, à cause de la sévérité qu'il maintenait dans la discipline. Il fit publier une loi de l'empereur Valentinien, rendue en 370, qui faisait défense aux membres du clergé, aux
cénobites, et à tous séculiers qui menaient la vie
ascétique, d'aller dans les maisons des veuves et dans celles des filles qui demeuraient seules, et elle permettait à leurs proches ou à leurs alliés de les dénoncer. Elle ordonnait de plus qu'ils ne pourraient rien recevoir de la femme à laquelle ils se seraient particulièrement attachés, sous prétexte de direction spirituelle, ou de quelque autre motif de
religion, ni par testament, ni par quelque autre sorte de donation que ce pût être, ni même par une personne interposée, à moins qu'ils ne fussent les héritiers naturels de ces femmes par droit de proximité. Cette
loi est un monument des murs du temps.
Damase eut à combattre l'
arianisme que l'empereur d'Orient protégeait, et au sujet duquel il persécutait saint Athanase,
évêque d'
Alexandrie. Dans un
concile qui se tint à Rome, Ursace et Valens, deux
évêques d'
Illyrie, furent condamnés pour ces erreurs.
Saint Athanase écrivit au pape pour le remercier de son zèle.
Saint Basile,
évêque de
Césarée en Cappadoce, l'exhortait en même temps à travailler à la réunion des
Eglises d'Orient et d'Occident. Le pape assembla à Rome un autre
concile composé de quatre-vingt-treize
évêques. Auxence, usurpateur du siège de Milan, et ses adhérents y furent condamnés, et la foi de
Nicée confirmée.
D'autres schismatiques, les lucifériens, excitèrent
aussi le zèle et l'animadversion de Damase, qui fit envoyer en exil un
évêque et un
prêtre de cette secte. Les
donatistes avaient aussi, sous ce même pape, un
évêque qui résidait dans Rome, et que l'on envoyait d'Afrique, où était toujours le centre du schisme. Deux
hérésiarques, Apollinaire et Timothée son
disciple, qui n'admettaient point d'entendement humain en J.-C., mais seulement la substance corporelle, furent condamnés aussi dans un
concile tenu en 376. Cependant, la vertu de saint Damase fut attaquée. C'étaient Ursin et son parti qui favorisaient ces accusations. Valens étant mort, Gratien, qui lui avait succédé, éleva bientôt le jeune Théodose à l'empire. Ce fut dans ces circonstances que se tint le
concile d'
Aquilée en Occident. Là furent examinées les imputations dont on chargeait la conduite de saint Damase. Ne pouvant attaquer sa foi, on avait essayé de rendre ses murs suspectes ; mais la calomnie fut confondue, et le pape sortit de cette lutte plus pur et plus respecté que jamais.
Saint Damase se vit en butte aux
priscillianistes. Il refusa de voir Priscillien, leur chef, qui se présenta devant lui pour se justifier. Les païens regardaient Damase comme un redoutable adversaire, car il s'opposa fortement au rétablissement de l'
autel de la Victoire au milieu du sénat. Il se chargea dans cette occasion de la requête des sénateurs chrétiens
contre celle des sénateurs païens ; il l'adressa à
saint Ambroise,
qui sut la faire valoir auprès de Gratien et de Valentinien le Jeune, et sa demande eut un heureux succès.
Au courage
apostolique, Damase joignait une
charité bienfaisante, et il n'y avait personne qui n'eût part à sa bienveillance. Au
concile qui se tint à Rome pour prononcer sur la légitimité de l'
évêque d'Antioche, on remarque
saint Ambroise, saint Valérien, saint Ascole et saint Jérôme. Celui-ci continua de demeurer avec Damase, lui servit de secrétaire, et l'aida de ses conseils et de sa plume éloquente dans tous ses travaux
apostoliques. Entre autres ouvrages célèbres et utiles, ce fut alors que saint Jérôme travailla à corriger la version latine du
Nouveau Testament, et qu'il composa le dialogue contre les lucifériens.
Saint Damase, après avoir gouverné l'
Eglise pendant dix-huit ans et quelques mois, mourut ågé de 80 ans, le 11 décembre 384, et eut pour successeur
saint Sirice. On assure qu'il se fit plusieurs miracles sur son tombeau.
Saint Jérôme l'appelle le
docteur vierge de l'Eglise vierge, et Théodoret ne lui a pas donné de moindres éloges. Il reste de saint Damase sept à huit lettres, dont deux se trouvent dans les uvres de saint Jérôme. Toutes les autres, qui lui ont été attribuées, sont supposées, ainsi que les décrets mis sous son nom dans la collection de Gratien ; il avait
composé un
Poème de la virginité qui est perdu. Les
épigrammes et les
épitaphes que
Baronius et Gruter rapportent, en les lui attribuant, sont, du moins pour la plupart, d'un poète espagnol nommé
Damase. Les véritables ouvrages du pape Damase ont été imprimés à
Paris, en 1672, in-8°. Cette édition est précédée de la
Vie de ce
pontife qu'on trouve aussi dans la
Bibliothèque des Pères, et dans les
Epist. Rom. Pontif. de don Constant, in-fol. Il y a quelques vers latins de Damase dans le
Corpus poetarum de Maittaire. On prétend, mais sans preuves bien évidentes, qu'il fit chanter les psaumes suivant la
confection des Septante, et qu'il introduisit la coutume de chanter l'
Alleluia pendant le temps de Pâques.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 10 - PageS 60-61)
Dictionnaire universel d'histoire et de géographie de Bouillet Saint Damase Ier, pape, né en portugal, fut élu en 366, travailla à la conservation de la discipline ecclésiastique, tint plusieurs
conciles contre les
Ariens, anathémisa plusieurs hérétiques ou schismatiques, et mourut en 384. Il avait saint Jérôme pour secrétaire. Il a laissé quelques
poésies chrétiennes et des écrits
théologiques, réunis à
Paris, avec sa
Vie, 1672, in-8. On le fête le 11 décembre.
Marie-Nicolas Bouillet, Dictionnaire universel d'histoire et de géographie, 20ème édition (1866), p. 493.