10.
Le moment de la naissance est arrivé.
Les puissances supérieures après avoir formé en nous par
l'
esprit la
conception de notre fils spirituel, ont décrété
selon leur sagesse que le moment est venu de lui donner le
jour. Nous allons donc
sortir de ces abîmes dans lesquels nous avons séjourné, dans lesquels,
le saint par excellence n'a pas craint de descendre lui-même, et dans lesquels
il ne craint pas de descendre tous les
jours pour en arracher les victimes, et
pour libérer les esclaves ; nous allons recevoir dans la nouvelle atmosphère
où nous arrivons, des affections plus vives et plus douces que celles de
cette région ténébreuse d'où nous sortons et qui dès
lors est censée morte pour nous.
Nous n'aurons
pas cependant de beaucoup plus vastes connaissances, ou plutôt, nous recevrons
la lumière et tous les secours de la vie sans pouvoir contempler leur source,
encore moins sans pouvoir nous en emparer ; comme l'
enfant jouit de tous les biens
que ses parents et ses guides lui procurent sans qu'il puisse se rendre compte
de la manière dont tous ces bienfaits lui sont prodigués.
Défie-toi donc, homme, de ces lumières précoces
qui t'arrivent sur la nature de l'être qui veut te gouverner à ton
insu. Il est le
Dieu inconnu, il veut planer sur toi, comme le
soleil plane sur
les humbles plantes, et lorsqu'il te viendra de ces rayons brillants qui ont tant
de pouvoir pour nous éblouir, dis-leur : vous me ravissez, vous m'éclairez,
mais dès que je vous vois, vous n'êtes point mon
Dieu, vous n'en
êtes que les images. Mon
Dieu est encore au-dessus de vous, parce que son
action doit être éternellement une surprise et un miracle pour moi,
sans quoi je ne serais pas son fils. Dis-leur que tu veux rester constamment et
exclusivement dans la main de ce
Dieu inconnu qui t'approche secrètement,
et te soulève pour te faire voguer en sûreté au-dessus des abîmes,
et te remplir par là de plus de joies et de consolations que si tous les
trésors des cieux étaient ouverts devant tes regards. Car voilà
la véritable renaissance ; voilà ce fils chéri qui vient
de recevoir le
jour.
Tremble Hérode, ton
trône est menacé. Il vient de naître un roi des Juifs. Les bergers ont
entendu les
anges chanter la naissance de ce fils de l'homme ; les mages ont vu
son étoile dans l'Orient, ils viennent le visiter, et leur offrir leur
or et leur encens. Tu as beau faire exterminer les
enfants de Rachel pour calmer
tes craintes, ce fils est un fils qui ne s'extermine point par la main de l'homme,
parce qu'il n'est point né de la volonté de chair, ni de la volonté
de l'homme, ni de la volonté du sang, mais il est né de
Dieu ; aussi
le
Dieu qui l'a formé saura veiller sur ses
jours, et il le fera réfugier
dans l'Égypte, jusqu'à ce que les temps de ta fureur soient écoulés,
et que le temps de la gloire de son fils soit arrivé.
Et toi, homme, ne t'offense point de te voir naître dans une étable
et parmi des
animaux, tu ne nais que dans l'humiliation, tandis qu'auparavant
tu existais dans des abîmes. Ces
animaux vont faire pour toi, ce que tu aurais
dû faire pour eux si tu eusses conservé tes droits ; ils vont te réchauffer
de leur
haleine, comme tu aurais dû les réchauffer de ton
esprit, et leur
conserver par là leur caractère, et leurs formes primitives. Car
c'est aujourd'hui ta forme qui te préserve, au lieu qu'autrefois tu aurais
dû préserver ta forme. Tu iras bientôt au temple pour y recevoir la circoncision,
et Siméon chantera le
cantique de joie en te prenant dans ses bras et en
disant
que tu es un enfant né pour le salut et pour la ruine de plusieurs.
On nous donne peu d'instruction sur les soins que l'on
doit à l'enfance ; cependant, homme, ce temps va être pour ton fils
le temps le plus précieux de sa vie, car tu vas être à la
fois ton fils, ton père, ta mère, tous les serviteurs qui seront
employés à la plus sublime des tâches. Que ce fils nouveau-né
devienne donc pour toi l'objet de tes soins les plus assidus. Ce fils est
amour,
et il est
amour Divin, tâche que toutes les lumières qui se développeront
en lui ne lui parviennent que par cette même voie ; j'allais presque dire,
que par son nom ; ce sera un moyen de le rendre homme dans un âge où tant
d'hommes sont, non seulement encore
enfants, non seulement pas encore nés,
mais même pas encore conçus ; sans compter ceux qui sont nés par
avortement, ou qui ont péri depuis longtemps par mille autres accidents,
quoique tu les voies marcher devant toi, se bien porter, et remplir parfaitement
toutes les fonctions ostensibles de l'homme.
Mais
n'oublie pas que ce fils est aussi le fils de la douleur, que c'est le second
né de Rachel, qu'il a coûté la vie à sa mère, qu'il
est le seul des douze chefs de tribus qui soit né dans la terre promise,
et qu'il y est né après que son père eût offert un sacrifice
au Seigneur, et qu'il lui eût érigé un
autel à
Béthel.
Si tu veux donc conserver ce précieux rejeton,
nourris-le chaque
jour des mêmes
éléments qui lui ont donné
naissance ; fais couler à chaque instant sur lui le sang de l'alliance
qui doit le préserver du
glaive de l'
ange exterminateur ; bien plus, fais
pénétrer sans cesse dans toutes ses veines, ce même sang de
l'alliance qui doit donner la mort à tous les Égyptiens, et le mettre
à même de les
dépouiller un
jour de leurs vaisseaux d'or et
d'
argent avec lesquels ils font des
festins d'iniquité. Laisse couler
dans ses veines ce sang
corrosif qui n'aura point de relâche qu'il n'ait rongé
jusqu'aux moindres traces du péché ; tu verras par là les
membres de ton fils acquérir peu à peu de la
force et de la consistance.
Et pourquoi ce sang accumulera-t-il ainsi la vie dans
les membres de son fils ? C'est qu'il est le sang de la douleur, et que la douleur
n'est point sans la vie, puisqu'elle n'est qu'une contraction de la mort contre
la vie, et de la vie contre la mort ; voilà pourquoi plus il y a
de
douleurs plus il y a de
vie, voilà pourquoi ce sang de l'alliance
est si souffrant puisqu'il est
composés des ténèbres et de
la lumière de la corruption et de la santé, de la nature et de la
Divinité, du temps et de l'éternité.
Fais donc tomber à grands flots ce sang de la douleur sur ton fils,
plonge-le dans cette mer de douleur qui seule peut lui donner et lui conserver
le sentiment ; qu'il y séjourne plus longtemps que Jonas dans la baleine,
plus longtemps que Moïse sur la
montagne, plus longtemps que l'arche sur les
eaux
du
déluge, plus longtemps que les Hébreux dans le désert,
plus longtemps que ces mêmes Hébreux dans toutes les captivités,
qu'il y séjourne pendant toute sa vie terrestre, parce que ce n'est que
par ce moyen que ce sang
déposera dans son cur, dans ses os, dans
sa moëlle, dans ses veines, dans toutes les fibres de son être le vrai élément
sacerdotal d'où doivent naître pour lui la lance et l'
épée.
Qu'il mange chaque
jour de ce pain sacerdotal, et qu'il s'enivre du vin de la
colère du Seigneur.
Qu'il passe les
jours
et les nuits dans les déserts, que la mort des
lions soit comme
les
jeux de son enfance ; et qu'il s'annonce de bonne heure comme devant être
redoutable aux nations, attendu qu'il aura mangé chaque
jour de sa vie
le pain sacerdotal. Les temps viendront où l'élément sacerdotal
qui se sera déposé en lui y fera fleurir à son tour l'hysope
et l'olivier ; car, ce n'est que pour triompher de la mort et faire régner
la vie que le sang de l'alliance s'est rendu le sang de la douleur.
Mais que les longueurs du temps ne te fassent pas manquer ton but
par l'impatience. Vois avec quelle lenteur se forment les pierres dans les carrières
: ce ne sera de même qu'après une longue suite de périodes
progressives que tu sentiras déposées en toi une assez grande quantité
de substances réelles, et se consolidant à mesure, pour qu'elles
puissent former cette pierre fondamentale de l'
église. C'est dans ces substances
ainsi rassemblées et consolidées que s'accumule le
feu de vie ;
et quand sa mesure est complète, il
fermente, il fait une explosion qui
rompt les barrières, il s'enflamme, et devient à jamais inextinguible.
11.
Lorsque
Dieu voit qu'en nous donnant à lui, nous n'avons
rien gardé de nous, il nous donne en retour une étincelle sacrée
qui, à elle seule, est des millions de fois plus que notre être,
et qui nous apprend combien nous avons gagné dans cet échange. Oui,
notre
Dieu est un
Dieu effectif et réel ; ce qu'il opère alors en
nous doit être effectif et réel comme lui. Ainsi ce n'est point une
espérance mensongère que celle qui nous promet de nous faire sentir
physiquement l'
épée divine, le souffle divin, le
feu du
sanctuaire,
et le contact vif de la puissance active et animante. Et même nous ne sommes
que dans les ombres et dans les figures, tant que ce mouvement sacré et
sensible ne s'est pas opéré en nous ; comme le
feu des
corps est
nul en quelque sorte, tant qu'il n'est pas en contact et en
conjonction avec tous
les points de l'
air libre, et de l'atmosphère vivante qui l'environne.
Ce n'est même qu'après que ce grand mouvement
est opéré en nous que nous avons mis le pied dans la ligne, et d'après
ce qui nous est promis, nous devons voir s'il y a rien qui doive nous coûter pour
franchir la barrière. Mets-toi en
sang, mets-toi en
lambeaux,
comme en passant au travers des ronces et des épines ; car n'est que de
l'autre côté de la haie qu'est le trésor. Tu le manqueras si, pour
former cette entreprise, tu attends que tu jouisses du repos et des commodités
de la vie ; car, si tu jouissais de ce repos et de ces commodités, il faudrait
les oublier en entier pour aller en avant ; comment songerais-tu donc à
t'y appuyer en espérance, et ne les ayant point encore ? L'
ennemi ne sait
que te tromper par ces considérations
illusoires ; ne dispute point avec
lui, mais marche sans lui rien dire ; car, si tu l'écoutes, il t'abusera
jusqu'à la fin de ta vie, par des promesses flatteuses de circonstances
plus favorables qui n'arriveront jamais si tu ne les crées, c'est-à-dire,
si tu ne les prends hors de cette région de ténèbres.
Car dès que ces circonstances favorables en apparence
t'arriveront, le même
ennemi qui se défend, mettra dessus son tarif,
et les diminuera, par là, au point de les rendre presque nulles, pour ne
pas dire préjudiciables, en ce qu'elles te rendront son esclave et son
tributaire, au lieu de l'état libre que tu en avais attendu. Mais si c'est
hors de la région des ténèbres que tu ailles créer
tes circonstances, l'
ennemi ne peut y établir d'imposition, il ne sait
pas même que ces circonstances existent, et tu le laisses errer dans son
abîme, sans qu'il puisse apercevoir ni tes mouvements ni tes succès.
N'espère donc que de ton courage et de tes sacrifices
ces circonstances puisées
dans la ligne ; elles seules te découvriront les trésors qui t'attendent, comme c'est un seul
soleil qui manifeste les riches
couleurs de l'arc-en-ciel.
Car, ce n'est
point assez que l'
ennemi diminue par son tarif les circonstances favorables qu'il
t'aura fait longtemps attendre ; il essayera, lorsqu'il te verra décidé
à t'avancer, de te retrancher même celles dont tu jouissais, afin
d'augmenter tes entraves ; ne sais-tu pas que les royaumes du monde lui appartiennent
? S'il ne les donne pas en entier à ceux qui l'adorent, au moins il les
leur promet, et il ne retient pas toujours tout pour lui ; mais il les retranche
à ceux qui ne le suivent pas, parce que ceux qui ne le suivent pas, ne
se trouvant ni sous son action, ni sous celle du monde qui est la même chose,
il n'est pas étonnant qu'ils soient comme étrangers à l'une
et à l'autre, et même, c'est une grâce d'en haut quand on les en
dépouille ; c'est une marque de leur avancement.
Ami, tu es peut-être surpris que je te parle si peu de sciences,
et que je te parle tant d'exhortation et d'avertissement. C'est que j'ai sondé
la science, et que j'ai sondé l'exhortation. La science est grande, elle
est fille de la lumière, elle est l'éclat vivant du
soleil éternel
; mais elle ne veut pas connaître d'autre organe et d'autre voie que le cur
de l'homme : quand on la
force de se présenter par une autre entrée,
elle souffre de se voir prostituée, et elle se sauve aussitôt qu'elle le
peut. Aussi, homme, mon ami, si l'on t'avait communiqué le tableau universel
de la lumière, et le flambeau de toutes les révélations passées,
présentes et futures, tu pourrais encore n'avoir pas fait un pas si tu
n'avais commencé par ouvrir ton
âme à l'
esprit de la vie, et à
ce médicament actif dont tout ton être a besoin à tous les
instants ; et au contraire, si tu ouvrais un instant ton
âme à cet
esprit
de la vie, tu te sentirais marcher comme naturellement dans le sentier de la lumière
et de la science.
D'ailleurs, veux-tu voir par toi-même
les effets de cette science si respectable, et combien elle a peu profité
aux hommes ? La terre est remplie des monuments de cette science Divine, et des
immenses développements qu'elle n'a cessé de fournir depuis le commencement
du monde ? Tout a été écrit, dit, publié ; il n'y
a point de profondeur ici-bas qui n'ait été sondée, il n'y
a point de secret qui n'ait été découvert, point de lumière
qui n'ait été manifestée; les hommes regorgent de trésors
en ce genre, ils en sont inondés, entourés, encombrés ; et
cependant quel chemin leur vois-tu faire dans la carrière de la vérité
et de la paix ? Ils croient leur cur en sûreté, dès que leur
esprit voit des rayons de lumière ; et ils ne songent pas que sans le secret
et douloureux médicament, ils ne font, avec toutes leurs clartés,
que se jeter plus sciemment dans le précipice.
Veux-tu savoir ce qui leur est nécessaire, et ce qu'ils peuvent attendre
de la voie simple, cachée et naturelle ? C'est qu'une parcelle puisse se
détacher de la grande mesure, et apporter sur tout leur être cet
esprit de mesure, d'aplomb, d'
équilibre, de
justesse, de sécurité,
de certitude, et de confiance animée et irrésistible dont elle est
à la fois le foyer, la source, l'organe, le sceau, le signe, le caractère,
et le continuel, majestueux, universel et triomphant effet : tâche de parvenir
à ce degré à la fois délicieux et sanctifiant ; tâche
qu'il n'y ait plus en toi qui ait quelque chose à toi ; car plus cette
parcelle imperceptible, que j'ai appelée la mesure, trouvera en toi de
choses qui lui appartiennent, plus tu seras plein de ces mesures si salutaires,
et dont la seule présence peut servir de date à ta régénération.
Je voudrais bien qu'ils me crussent, mes malheureux
frères, je pourrais leur présenter sur cet objet des vérités
bien consolantes. Je leur dirais : vous voyez que votre langue et votre palais
ont le discernement des saveurs, et des diverses propriétés des
sels ; vous voyez que les substances alimentaires sont soumises à ce discernement
de votre organe matériel ; vous voyez que votre intelligence a le discernement
des
esprits, et que par elle vous pouvez les éprouver, les vérifier,
les
goûter, et les juger ; eh bien, descendez encore un peu plus au fond
de vous-mêmes, vous allez trouver que votre cur a le discernement
des intentions, des facultés, des opérations, et des mouvements
de votre
Dieu lui-même ; et que vous êtes l'organe sacré auquel
il veut bien laisser faire l'épreuve de tout ce qu'il daigne envoyer hors
de son éternel centre ; c'est sur cette langue invisible, mais impérissable
que se peut faire l'essai de tous les
sels Divins que la sagesse envoie
continuellement dans l'atmosphère l'
esprit.
Oh ! Homme, purifie donc sans cesse cet organe ; l'usage en est si doux, la perspective
qu'il t'offre est si sublime, que je ne sais pas comment tu pourrais encore permettre
à tes yeux de se
fermer après avoir considéré une
semblable merveille. Cependant quelqu' admirable qu'elle soit, elle ne te surprendrait
plus si tu te rappelais que la Divinité doit nous traverser tout entière,
soit dans sa souffrance, soit dans sa gloire : car si elle doit nous traverser
tout entière, il n'est plus étonnant pour nous que nous soyons ordonnés,
et formés pour en avoir le discernement ; apprends donc ici à simplifier
tes idées sur le caractère et l'emploi du prophète ; compare
son élection et tout ton être avec ce fils qui vient d'être
conçu en toi par l'
esprit, et avec tous les autres types que tu as parcourus ;
car il faut t'attendre à trouver la même chose à tous les
pas.
12.
Puisque notre
Dieu est un être effectif, tout doit
être effectif dans ce qui l'approche, comme dans ce qui sort de lui. Ainsi,
pourvu que nous le recherchions avec une pénitence effective, une humilité
effective, un courage effectif, nous ne devons pas douter qu'il ne vienne à
nous avec des puissances effectives, avec des dons effectifs, et qu'il n'imprime
sur nous des témoignages effectifs de son intérêt et de son
effectivité ; croyons en outre que si par cette effective
influence
Divine, nous nous trouvons dans une nouvelle situation effective de joie, de lumières,
de
forces, de vertus, de foi, de piété, de sainteté, enfin
si nous nous trouvons effectivement dans une atmosphère réellement
vive, nous pouvons espérer de produire cette même température
effective dans tout ce qui nous environne, parce que la vraie et vive
effectivité
de notre
Dieu ne cherche qu'à s'établir et se répandre, afin
que selon son désir tout soit plein de lui.
Lorsque David écrit, psaume cent dix, verset 7 :
Les uvres de
ses mains ne sont autre chose que vérité et que justice, il
dit plus, que l'intelligence ordinaire ne peut apercevoir dans ces paroles, et
on ne peut les comprendre effectivement que par la jonction de cette
influence
effective pour laquelle nous sommes tous faits, et qui nous est si nécessaire,
que nous ne pouvons être renouvelés sans elle. Mais aussi dès
qu'elle existe, nous devons nous remplir d'une ardeur sans borne pour obtenir
d'en être pénétrés à tous les moments, et d'en
pénétrer à notre tour tous les ouvrages de nos mains, et
tous les objets de nos uvres.
Oui,
Dieu de
ma vie, tu m'appelleras, et je te répondrai en t'immolant des sacrifices
effectifs dont les
fruits et la récompense seront de vivre avec ton
esprit,
par ton
esprit, et dans ton
esprit. Tu veux bien ne pas dédaigner mon
âme
quelque misérable et quelqu'infirme qu'elle soit ; après lui avoir
fait prendre le médicament d'amertume, tu lui feras connaître aussi le
médicament de la joie, et de l'adoucissement ; et cet adoucissement, ce
sera de t'emparer d'elle, de la presser par l'impulsion de ta main dans tous les
mouvements qu'elle a à faire, et de ne pas la laisser un instant sans toi.
Venez, humilité sainte, venez vivre dans la
prédication
intérieure que mon
âme entend chaque
jour au-dedans d'elle-même,
et unissez votre activité à la parole intérieure qui me poursuit,
afin que je sois sans interruption un être effectif, et que, par votre moyen,
le Divin et universel défenseur repose sur moi, et me préserve de
la colère du Seigneur.
L'homme est tranquille
au milieu des abîmes qui l'environnent ; il oublie que ses
ennemis sont si redoutables,
qu'il ne peut pas abattre le moindre degré de leur puissance, qu'autant
que la
force Divine, elle-même, se met en mouvement, et sans qu'il n'en
coûte à
Dieu, une opération, et un acte réel de sa
force
et de son action entière. L'
ennemi ne l'ignore pas cette vérité
; aussi, il ne remue pas tant que nous ne mettons en
jeu que nos puissances inférieures
et particulières à l'homme ténébreux ; et un de ses
grands secrets, c'est d'abuser les mortels par d'apparents succès fondés
sur des prières faibles et
illusoires, qui les font dormir dans le sommeil
de la mort ; c'est par là qu'il dévore journellement toute la terre.
Mais quand nous avons le bonheur de ne pas nous reposer
sur nos propres
forces, quand enfin c'est cet être puissant, lui-même,
qui agit et qui opère, l'
ennemi tremble, et fuit dans ses antres obscurs,
ne pouvant pas résister à la
force invincible du
lion de la tribu
de
Juda,
à qui l'Éternel a juré par son nom redoutable,
que tout empire lui serait donné ; c'est cette promesse
irréfragable
qui assure le triomphe à la seule présence de cet
agent sacré,
et qui fait sentir à l'
ennemi la différence de la parole de vérité
à une parole variable ou fausse.
Cet
ennemi
de toute vérité a des puissances à ses ordres qu'il envoie
devant lui comme des espions dès qu'on le poursuit et qu'on l'attaque dans
son pays ; il a à
ses ordres des chiens, des loups qui observent
s'ils ne pourront pas dévorer le cavalier et sa monture, et ensuite faire
main basse à leur aise sur toute la bergerie. Mais sitôt qu'ils aperçoivent
ou seulement qu'ils sentent le
lion de la
tribu de Juda, ils fuient à toutes
jambes, tant ce
lion de la
tribu de Juda a des armes tranchantes et à l'épreuve
de tout. Ses armes n'ont pas même besoin de se mouvoir ; il approche et
tout tremble devant lui.
Ne cherchons pas un autre
chef. N'est-ce pas lui qui a appelé l'
âme de l'homme et qui lui a dit :
sur cette pierre je bâtirai mon église ? Mais notre
âme embrasse
et pénètre tout notre être, comme l'
esprit du Seigneur embrasse
et pénètre tout l'univers ; ainsi chaque portion de nous, chacune
de nos facultés, chacune de nos pensées, chacun de nos mouvements
peuvent donc se transformer en autant d'
églises où le nom du Seigneur
soit perpétuellement honoré ; c'est pour cela
que le nom du Seigneur
sera loué de l'orient jusqu'à l'occident, du nord au midi, et dans
toute l'étendue de la terre. C'est là ce que seront les fonctions
de ce nouveau-né à qui l'
esprit vient de donner le
jour ; car, son
ministère circulera dans le quaternaire ; ainsi l'homme aura à vaquer
aux fonctions Divines à l'
angle d'orient, aux fonctions spirituelles dans
l'
angle du nord, aux fonctions de l'ordre mixte dans l'
angle d'ouest et aux fonctions
de la justice, du combat et du
jugement dans l'
angle du midi. De là il
retournera sur ses pas, pour purifier, et sanctifier de nouveau les régions
et leur faire part de ses triomphes et venir ensuite en
rendre hommage à
l'universel triomphateur, sans lequel il n'y aurait aucun conquérant.
Mais répétons-le, c'est dans les plus
creuses profondeurs de l'
âme humaine, que l'architecte doit venir poser le fondement
de l'
église ; et il faut qu'il les cimente avec
la chair, le sang et
la vie de notre verbe, et de tout notre être. Voilà le travail
le plus pénible de la régénération ; c'est celui qui
porte sur cette intime substance de nous-mêmes. Au milieu des supplices
que notre
corps peut subir, nous pouvons dans notre
âme en subir un plus grand
encore.
C'est ce qui est arrivé au réparateur
qui ne songeait point à la mort de son
corps lorsqu'il demandait que ce
calice s'éloignât de lui ; enfin c'est le combat de l'
esprit, c'est
cette douleur à laquelle aucune douleur ne se compare, et qui, par sa grandeur
même, nous met dans le cas de supporter toutes les autres avec une sorte
d'indifférence.
Car, si nous voulions courageusement
faire pénétrer notre
esprit vivant dans toutes les subdivisions
et régions de notre être, pour y porter la vie et la renaissance,
nous ne compterions pour rien les maux ordinaires auxquels notre nature et notre
vie temporelle nous exposent ; et il n'y aurait plus de douleur qui pût se mettre
en parallèle avec notre douleur ; mais aussi, où seraient les joies
qui finalement pourraient se mettre en parallèle avec nos joies ?
Nous apprendrions là, en peu de temps, toute notre
histoire. Nous y apprendrions que nous naissons dans le Divin, que nous prenons
forme dans l'
esprit, que nous rectifions l'apparence, et que nous séparons
l'
iniquité, et que ces quatre grandes opérations se font par l'impression
de la
force, de l'
amour et de la sainteté, sur notre
corps, notre cur
et notre front ; le tout sous l'aspect du grand nom central qui plane au-dessus
de nous, pour nous vivifier, comme il vivifie tous les êtres dont il est
à jamais le centre unique et universel.