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Saint Arnoul

(v. 580 au château de Lay, près de Nancy - v. 640 au monastère de St-Mont, près de Remiremont)
Fêté le 18 juillet
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      Saint Arnoul, tige de la race carlovingienne, naquit vers 580, au château de Lay, près de . Elevé par les soins de Goudulphe, maire du palais d'Austrasie, sous Théodebert II, il fut à la fois guerrier, évêque, diplomate, homme d'Etat, et acquit dans chacune de ces professions une réputation de sagesse et d'habileté dont l'histoire nous a transmis le souvenir, trop négligé par les biographes modernes. Il gouvernait, sous Clotaire, le vaste royaume d'Austrasie, dont Metz était la capitale, lorsque la chaire épiscopale de cette ville devint vacante. Tous les regards, tous les vœux se portèrent aussitôt sur lui, et on le força de prendre les ordres et de recevoir le bâton pastoral (611). Ses vertus brillèrent alors d'un nouvel éclat ; il conduisit avec sagacité les affaires de l'Eglise et de la monarchie, et sut concilier les intérêts du peuple avec ceux du trône ; mais le tumulte du grand monde, l'éclat belliqueux de la cour, lui devenaient de jour en jour plus pénibles à supporter : il aspirait après la retraite, tournait toutes ses pensées vers la religion et réclamait un successeur. Clotaire le retint à la cour malgré lui et le força à enseigner l'art de régner à son fils, à ce jeune Dagobert qu'il venait d'associer à l'empire. Arnoul obéit, et tant que son royal élève écouta ses conseils, tant qu'il consentit à gouverner par son ministre plutôt que par lui-même, la nation fut heureuse. Mais le mauvais naturel du prince l'emporta : livré à toute la fougue des passions, il méprisa les avis d'Arnoul ; et le saint prélat, perdant tout espoir de le ramener dans la bonne voie, quitta une cour aussi dissolue qu'orageuse, pour aller s'ensevelir dans un désert des Vosges, près de Remiremont, où saint Romaric, son ami, avait fondé un monastère de St-Mont, près du lieu qui depuis a reçu le nom de Remiremont. Une année après, Goéric, parent de saint Arnoul et son successeur à l'évêché de Metz, alla présider à leur exhumation et les fit transporter avec pompe dans l'église des Apôtres, hors des murs de la capitale de l'Austrasie, là où fut ensuite établie l'abbaye devenue célèbre sous l'invocation de saint Arnoul. Ce prélat avait épousé Dode, fille du comte de Boulogne, dont il eut deux fils, Anchise et Glodulphe. Le premier donna naissance à Pépin d'Héristal, père de Charles-Martel et aïeul de Charlemagne ; le second, connu sous le nom de saint Clou, gouverna pendant quarante ans l'Eglise de Metz.
      Saint Arnoul fut ainsi la tige de la seconde race des rois de France et de plusieurs autres maisons souveraines. Il serait superflu d'examiner s'il descendait aussi des rois de la première race, par Blitilde, fille de Clotaire, qui, selon plusieurs généalogies, fut son aïeule (1). La vie de saint Arnoul que Mabillon a insérée dans le tome 1er des Acta Sanctorum ordinis S. Benedicti, p. 140, est intitulée : Vita sancti Arnulphi, auctore monacho anonymo coevo. Elle a été traduite en français par Arnauld d'Andilly (2). L'auteur anonyme dit qu'il a été témoin de la plupart des faits qu'il raconte, ou qu'il en a été instruit par des personnes qui avaient vécu avec saint Arnoul. Cette vie a éprouvé le sort de beaucoup d'anciennes chroniques. Un copiste nommé Umnon, sous prétexte d'en retoucher le style et de réparer des omissions, y a interpolé plusieurs anecdotes au moins suspectes. Elle a été attribuée mal à propos à Paul Diacre par quelques écrivains, qui l'ont confondue avec l'article qu'il a consacré à saint Arnoul dans les Gesta episcoporum Metensium (3). Paul Diacre rapporte, ainsi qu'Umnon, l'histoire de l'anneau jeté par Arnoul dans la Moselle, et qui se retrouva, quelques années après, dans les entrailles d'un poisson destiné à être servi sur sa table. Il assure avoir recueilli le fait de la bouche même de Charlemagne. Ce qu'il y a de certain, c'est que l'on célébrait tous les ans, le 16 août, à l'abbaye de St-Arnoul, une cérémonie qui rappelait ce prodige. Les détails curieux de cette solennité ont été retracés par les bénédictins de St-Vannes (4). L'anneau du saint, que l'on conservait dans le trésor de la cathédrale de Metz, a été gravé dans l'Histoire de Lorraine par D. Calmet, in-fol., t. 4, pl. 5, fig. 22. Il n'était sans doute pas nécessaire que cette bague eût été retrouvée dans les entrailles d'un poisson, pour qu'une fête commémorative vint, en consacrant le souvenir d'un grand homme, témoigner tout le prix qu'on devait attacher à un objet qui lui avait appartenu. L'article que D. Calmet a donné sur saint Arnoul, dans sa Bibliothèque de Lorraine, p. 69, est loin d'être complet. Tandis que les plus minces théologiens y figurent dans de hautes proportions, le père des Carlovingiens y obtient à peine trente lignes.


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(1)  Duchesne, Hist. Fr. Script., t. 2, p. 643 ; la Chronique de Fontenelles, publiée par d'Achéry (Spicileg, t. 3, p. 185), font descendre saint Arnoul de Blitilde et d'Ansbert, sénateur. Un très ancien manuscrit, qui se trouvait dans l'abbaye de Longeville-lez-Metz (Histoire de Lorraine, par D. Calmet, t. 1 , preuves, p. 101), et l'Inventaire général des archives de Lorraine, par Honoré Caille du Fourny (Mss. in fol., t. 1, p. 192), nous apprennent que l'empereur Justinien avait envoyé Ansbert, un des principaux seigneurs de sa cour, vers Clotaire, roi de Soissons, pour le détourner de ses projets d'envahissement sur le royaume d'Austrasie. Clotaire, désirant se rendre l'empereur favorable, donna sa fille en mariage à Ansberg. De cette union naquirent quatre enfants, dont l'aîné, Arnoal, fut le père de saint Arnoul. Ces récits apocryphes ont donné lieu à des discussions très vives entre plusieurs savants, dans les années 1647-1648. Chifflet et le Père Labbe se firent remarquer par la chaleur qu'ils mirent à soutenir, contre Chantereau-Lefèvre et Adrien Valois, que le mariage d'Ansbert et de Blitilde n'était point imaginaire. Les bénédictins auteurs de l'Histoire de Metz (t. 1, P. 378), l'avait d'abord embrassé, manis dans la seconde (t. 1, preuves, p. 116), il revint au système de Chifflet. Dans ses Antiquités de la maison de France et des maisons mérovingienne et carlienne (p; 289), Legendre de Saint-Aubin a achevé de le battre en brèche. Toute cette polémique présenterait par elle-même peu d'intérêt, si elle ne se rattachait aux prétentions que l'on supposait, du temps de la Ligue, aux princes de la maison de Lorraine, qui, s'il fallait en croire des généalogistes zélés, descendaient, non seulement des Carlovingiens, mais encore des rois de la première race. C'est ce que le marquis de Fortia croit avoir prouvé aussi bien qu'on peut le faire pour ces temps reculés. (Voyez l'Histoire de Hainaut, par Jacques de Guyse, préface des t. 6 et 7.)

(2)  Vies des saints illustres, traduit en français, Paris, 1675, p. 318.

(3)  Cette chronique est insérée dans le Corpus historiæ Francorum, et dans les preuves de l'Histoire de Lorraine, de D. Calmet.

(4)  Histoire de Metz, par D. Jean-François et D. Nic Tabouillot, Metz, 1769-87, in-4°, t. 1, p. 362.  (Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 2 - Page 278)


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