Childéric Ier, regardé comme le quatrième roi de la première race des monarques français, succéda à
Mérovée, son père, en 458. Les affaiblissements successifs qu'avaient éprouvés l'empire, par l'irruption des barbares, auraient permis à ce prince d'étendre son royaume et de faire reconnaître formellement son indépendance par les empereurs, si la
dissolution de ses murs n'avait provoqué contre lui des ressentiments si vifs, qu'il fut obligé de quitter ses Etats, et de chercher un asile en
Thuringe, auprès d'un roi dont il séduisit la femme (Voyez
Basine). La
royauté, qui ne signifiait encore que le commandement de l'armée, fut déférée, disent les vieilles chroniques, au maître de la milice des Romains ; ce qu'il est difficile de croire, quand on connaît les murs des
Francs, qui ne manquaient pas de chefs, et chez lesquels chaque chef se regardait comme l'égal du roi ; mais l'
histoire de Childéric ressemble beaucoup à un roman, inventé pour remplir le vide que laissait dans la chronologie l'obstination des
historiens à faire remonter jusqu'à
Pharamond l'établissement du royaume de France.
Childéric avait un ami fidèle ; il rompit, avant son départ, une pièce d'or, dont il lui remit la moitié, et ils convinrent que ce serait pour eux la marque de la confiance qu'ils accorderaient à leurs messagers respectifs. Cet ami fidèle se fit le premier courtisan de l'usurpateur, afin d'avancer sa chute par les conseils qu'il lui donnerait. Quand il vit les grands mécontents du roi qu'ils s'étaient choisis, il en instruisit Childéric, qui revint, fut reçu avec acclamation, et rentra dans ses droits. L'
épouse du roi de
Thuringe, nommée Basine, abandonna son mari pour rejoindre son séducteur, qui la prit pour femme. De ce
mariage naquirent Clovis et trois filles, dont la première épousa
Théodoric, roi des Ostrogoths ; les deux autres se firent chrétiennes et gardèrent le
célibat. La conduite de Basine, racontée avec simplicité et même dans des termes favorables par nos premiers
historiens, indique que les barbares qui renversèrent l'empire n'avaient aucune idée de la sainteté du
mariage, avant d'avoir été éclairés par le christianisme, et l'on voit en effet, par la suite de l'
histoire, combien les
évêques eurent, à cet égard, de peine à soumettre les rois de la première race aux lois de l'
Eglise.
La mort de Childéric est placée en l'année 482, ce qui lui donne un règne de vingt-trois ou vingt-quatre ans ; mais il faut se rappeler que la véritable
histoire de France ne commence qu'à Clovis, et que, pour les temps qui l'ont précédée, il est aussi difficile de garantir l'exactitude des dates que l'authenticité des faits. Il fut enterré près de
Tournay, où il faisait sa résidence.
Son tombeau y fut découvert en 1653, et l'empereur
Léopold fit présent à
Louis XIV du cachet et d'une partie
des armes et des médailles qui s'y trouvèrent. On les voit au
cabinet des antiques de la bibliothèque royale (Voy. Jean-Jacques Chifflet).
Le tombeau de Childéric est le monument le plus ancien de la monarchie
française, et il semble détruire l'opinion de ceux qui ne font
commencer notre
histoire qu'à Clovis.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 8 - Pages 19-20)