Dictionnaire M. Bescherelle
Substantif masculin [Par corruption du latin natale, ou suivant d'autres de l'hébreu Emmanuel] Liturgie
Fête de la nativité de Notre-Seigneur, qui se célèbre le 24 décembre.
Les fêtes de
Noël.
Noël est une des quatre grandes fêtes de l'année. Le terme de
Noël. La messe de
Noël. Les trois messes de
Noël.
Noël :
Cette fête remonte presque au berceau de l'
Eglise d'Occident ; on en attribue
l'institution au
pape Télesphore, qui mourut en 138. Mais à cette
époque, cette fête était la plus mobile de toutes les fêtes
chrétiennes, car, parmi les
Eglises orientales, les unes la célébraient
au mois de mai ou au mois d'avril, d'autres au mois de
janvier. Au IVème
siècle, le
pape Jules Ier, après une enquête sur l'époque
de la naissance du Christ, la fixa au 25 décembre, sans que cette opinion
fût appuyée sur des preuves bien authentiques.
Pendant longtemps, la fête de
Noël et celle de l'
Epiphanie se faisaient le même
jour. Ce ne fut que vers l'an 377 que l'on commença à les célébrer séparément à Antioche. Cependant, les Arméniens continuèrent à confondre ces deux fêtes jusqu'au
XIIème siècle. L'usage de célébrer trois messes dans cette solennité, l'une à minuit, l'autre au point du
jour, la troisième le matin, est très ancien ; il remonte plus haut que le VIème siècle. Au
moyen-âge, pour rendre cette fête encore plus brillante, on introduisit des sortes de mystères dans l'office, et le peuple chantait des
noëls versifiés en langue vulgaire, accompagnés de l'orgue ; mais cette espèce de spectacle, innocent d'abord, dégénéra en bouffonnerie, et eut beaucoup de ressemblance avec la fête des fous. On supprima ces fêtes dans toute la chrétienté. Cependant quelques
églises en conservèrent encore longtemps quelques restes ; il n'y a pas encore un siècle que des fêtes de ce genre avaient lieu à Valladolid en Espagne. Dans le Nord,
Noël est la fête des
enfants, l'
enfant Jésus étant devenu le Sauveur du monde. En différents pays, de petits cadeaux viennent ce jour-là encourager leurs efforts et récompenser leur bonne conduite.
A la fête de Noël, et elliptiquement à la Noël :
A l'époque de la fête de
Noël.
Les écrivains modernes emploient aujourd'hui ce mot généralement
sans article.
Arbre de Noël :
Grosse branche de sapin ou de houx, étincelante de lumières, de
fruits et de dorures dans les maisons des riches, qui fait aussi, avec des dehors plus modestes, le bonheur des chaumières, dans quelques pays du Nord.
Bûche de Noël :
Grosse bûche qu'on met au
feu la veille de
Noël au soir, afin qu'elle
entretienne le
feu pendant toute la nuit.
Jeu de Noël :
S'est dit pour Réjouissance publique.
On a tant chanté, tant crié Noël, qu'à la fin il est venu : Proverbe figué et populaire
Se dit en parlant d'une chose qui arrive après qu'on l'a fort désirée, et qu'on en a souvent parlé. Ce proverbe est né de l'usage où l'on était autrefois de crier
Noël dans les rues, et de chanter dans l'
église des
Noëls pendant la quinzaine qui précède cette fête.
Quand Noël a son pignon, Pâque a son tison, ou plus ordinairement, Quand à Noël on voit les moucherons, à Pâques on voit les glaçons :
Quand l'
hiver vient tard, le printemps est froid.
Le Noël est plus beau aux champs qu'à la ville : Proverbe
Noël :
Cantique spirituel fait en l'honneur de la nativité de Notre-Seigneur. On était autrefois dans l'habitude de faire presque tous les ans des couplets sur cette naissance, et sur les différentes circonstances qui l'ont accompagnée. On a donné à ces chansons le nom de
noëls, parce qu'on les chantait aux fêtes de
Noël.
Un beau
noël. Un
noël qui est sur un bel
air. Chanter des
noëls. Les
noëls bourguignons. Un recueil de
noëls.
Noël :
Airs sur lesquels ces
cantiques ont été faits.
Exécuter des
noëls sur l'orgue.
Noël :
Certaines chansons satiriques qui se font sur ces airs. Il courut un
noël contre le ministère. On en faisait paraître tous les ans vers la fin de l'année. C'était une revue quelquefois spirituelle, quelqufois cynique, des abus du temps et des personnages de la cour qui prêtaient à la satire par leurs ridicules ou par leurs vices. Ce mot vieillit en cette acception.
Noël : Histoire
Cri que le peuple poussait autrefois à l'occasion d'un événement
politique qu'il considérait comme heureux, c'est-à-dire à propos de la naissance d'un héritier du trône, du
mariage ou de l'arrivée du souverain, etc., et en général à toutes les grandes fêtes. Il correspondait au
vive le roi de nos
jours.
M. Bescherelle, aîné, Dictionnaire national ou Dictionnaire universel de la langue française - Volume II (G-Z) (1856), p. 645.